Archives dans 10 septembre 2021

Témoignage de Julie – Inceste

témoignage inceste

Voici le témoignage de Julie, une maman séparée d’un ex-conjoint manipulateur. En 2019, sa fille Inès se plaint d’inceste. L’inceste est d’abord nié par le tribunal puis reconnu en appel, le droits de visite du père sont alors suspendus. Mais un jugement JAF de 2020 revient sur cette décision. Julie décide alors de ne plus représenter sa fille au père pour la protéger et elle devient hors-la-loi.

Ce témoignage est en deux parties car depuis les choses ont évolué, mais hélas pas en bien. Vous trouverez cette seconde partie plus bas.


🔸 Aujourd’hui Julie est perçue comme une maman aliénante et le juge menace de placer sa fille.

🔸 Pourquoi en France n’applique-t-on pas le principe de précaution ? Pourquoi le parent protecteur se heurte-t-il aussi systématiquement au déni de la justice ?

🔸 Aujourd’hui les médecins ne signalent pas car ils ont peur des sanctions.

🔸 Lorsque l’enfant parle, lorsque le parent protecteur parle, ils ne sont ni écoutés ni crus. La libération de la parole est une chose, mais ne suffit pas.

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Seconde partie

🔸 Vous connaissez le début de l’histoire d’Inès, victime d’inceste et de violence de la part de son père, Marc, depuis l’âge de 5 ans.
Sa maman, Julie attend depuis 3 ans que sa fille soit protégée du comportement incestueux de Marc.
Voici la suite de leurs vies malmenées.

🔸 En mars 2021, le Juge pour enfant semble trouver que les éléments à charge concordent, il reconduit l’AEMO, la garde classique et demande au père de « stopper ses pincements » sans évoquer les attouchements..

🔸 Quelques jours plus tard, Marc débarque pendant la récréation de sa fille et insiste pour lui parler. Inès est stressée de cette intrusion dans son école, lieu qu’elle estimait protégé. La maîtresse et le directeur étouffent l’affaire. Inès est terrorisée au point que sa mère finit par faire de la non-représentation d’enfant. Cela rend furieux le juge pour enfant qui déclare :  » Puisque vous ne respectez pas la loi, je vais vous apprendre la moralité et le sens de la justice, à vous et à votre fille « 
Il place aussitôt Inès chez père en accordant à ce dernier les droits principaux de la garde classique. Julie ne comprend plus la Justice.

🔸 Quid du principe de précaution ? Ne s’applique-t-il qu’aux parents soupçonnés d’aliénation ? Et les parents soupçonnés d’inceste alors ?

👉 Pour en savoir plus
https://www.protegerlenfant.fr/2021/02/04/proteger-lenfant-est-puni-de-prison/

Une avancée dans la réforme du délit de non représentation d’enfant ?

Réforme de délit de NRE

Éric Dupond-Moretti était auditionné par la délégation aux droits des femmes du Sénat le 7 juillet 2021. Suite aux échanges, on se prend à rêver d’une réforme du délit de NRE !

La sénatrice Laurence Rossignol a déploré que les mères victimes de violences, si elles ne remettaient pas l’enfant au père violent par peur de coups, risquaient de se retrouver devant le tribunal.

🔸 Le Garde des Sceaux a répondu : « La femme qui ne donne pas ses mômes parce qu’elle a peur de recevoir une raclée, elle ne mérite pas d’aller devant le tribunal ». Il se dit être prêt à travailler sur ce sujet afin de trouver une solution, lors de l’examen prochain d’un projet de loi réformant la justice.

🔸 Rien n’est fait évidemment, mais la reconnaissance lors d’une séance au Sénat que le délit de non représentation d’enfant pose problème est déjà une avancée en soi.
Maintenant évidemment il faut aller plus loin…

réforme du délit de NRE


Non à la pénalisation des parents protecteurs !

Oui à la réforme du délit de non représentation d’enfant !

👉 https://www.publicsenat.fr/article/societe/eric-dupond-moretti-et-laurence-rossignol-prets-a-travailler-ensemble-sur-le-delit

👉 https://www.protegerlenfant.fr/2021/02/04/proteger-lenfant-est-puni-de-prison/

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Le droit à la parole de l’enfant

la parole des enfants

Les viols sur mineur sont probablement le crime le plus impuni qui soit.” (Dr Emmanuelle Piet)

🔸 Il est inacceptable que la justice échoue à protéger les victimes. Les chiffres sont affolants : 1 fille sur 5 et 1 garçon sur 13 subissent des violences sexuelles , dont la moitié sont incestueuses. Aujourd’hui les violences sur enfants sont invisibilisées.

🔸 Pourtant les enfants parlent, émettent des signaux de souffrance, mais nous ne sommes pas capables de les entendre.

parole des enfants



🔸 Nous souhaitons que la parole de l’enfant soit mieux prise en compte, que l’on applique le principe de précaution pour l’enfant, et que les magistrats, policiers, gendarmes, psys, personnel de l’éducation nationale, professionnels de l’enfance et de santé soient mieux formés : aux mécanismes de contrôle coercitif et de violences post séparation, au recueil de la parole de l’enfant sur le modèle du Protocole NICHD et de la formation Calliope.
Enfin nous souhaitons que ne soient pas utilisés de façon inappropriée les termes « aliénation parentale » « conflit familial » ou « instrumentalisation ».

🔸 Notre société doit apprendre à protéger ses enfants. Nos institutions doivent entrer dans une culture de la protection : un parent violent n’est pas un bon parent, le lien parent – enfant n’est souhaitable que si le parent respecte son enfant.

Nous vous conseillons la vidéo @konbini sur ce sujet :
👉 https://www.instagram.com/tv/CSWZG88oN4M/?utm_source=ig_web_copy_link
👉 https://fb.watch/7i1BoRMM6U/

Merci à Jeannine, bénévole à Protéger l’enfant, pour le texte des slides.

Le violentomètre, un outil d’alerte

violentomètre
violentomètre

« Présenté sous forme de règle graduée, le violentomètre rappelle ce qui relève ou non des violences à travers une graduation colorée regroupant 23 exemples de comportements types qu’un partenaire peut avoir.

🔸 Il indique s’il s’agit d’une relation saine en vert, s’il s’agit de violences qui n’ont pas lieu d’être en orange et regroupe les cas de danger en rouge. Dans les deux derniers cas, demander de l’aide pour se protéger est nécessaire.

violentomètre



🔸 Créé en Amérique latine, le violentomètre a été repris et adapté en 2018 par l’Observatoire des violences envers les femmes du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, en partenariat avec l’Observatoire parisien de lutte contre les violences faites aux femmes et l’association En Avant Toute(s). »

violentomètre
violentomètre
violentomètre

Pour poursuivre le sujet :

👉 Le violentomètre un outil pour mesurer la violence dans le couple

Rapport catastrophique du Haut Conseil à l’Égalité

rapport 2021 du haut conseil à l'égalité

🔸 Le Haut Conseil à l’Égalité a publié le 9 juin 2021 et pour la première fois des indicateurs afin d’améliorer les dispositifs de lutte contre les violences conjugales… et nous mesurons tout le chemin qu’il reste à parcourir…

Haut Conseil à l’Égalité



🔸 Ernestine Ronai , responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes, souhaite que la dangerosité des hommes violents soit mieux prise en compte : il est nécessaire de croire les victimes quand elles témoignent et de les protéger.

🔸 Il faut aussi reconnaitre que les enfants sont co-victimes des violences conjugales. 80 % des femmes victimes de violences ont des enfants, il faut donc également protéger leurs enfants.

🔸 « Cela ne sert à rien de mettre en place des mesures de protection de l’enfance et un suivi pédopsychiatrique si la protection de l’enfant n’est pas assurée sur le plan de la parentalité, c’est à dire si on laisse le violent conjugal maintenir sur la mère et l’enfant l’emprise par l’exercice de l’autorité parentale. » Edouard Durand, juge des enfants et co-Président de la Commission Inceste
L’exercice de l’autorité parentale après la séparation devient pour le violent conjugal le moyen de perpétuer la violence et l’emprise sur son ex-conjoint et sur les enfants.
Pourquoi alors y-a-t-il si peu de retrait d’autorité parentale en cas de violences conjugales ?

rapport 2021 du haut conseil à l'égalité

Pour poursuivre la réflexion :

👉 Le rapport du Haut Conseil à l’égalité
👉 Davantage de plaintes déposées depuis le début de la crise sanitaire

Formons les magistrats aux différents contrôles coercitifs

contrôle coercitif

Les magistrats sont insuffisamment formés aux mécanismes de contrôle coercitif. Le contrôle coercitif s’étend bien au-delà de la violence physique et sexuelle, il peut comprendre des intimidations, l’isolement, le harcèlement, le dénigrement systématique, etc. Il existe hélas une palette très variée des violences (psychologiques, économiques, domination…).

Ces mécanismes sont très présents lors des séparations où l’un des conjoints exerce une emprise sur l’autre. Pourtant, la justice ne les prend pas en compte, ne les voit pas ou est à sous tour instrumentalisée. Elle devient un outil entre les mains du parent agresseur, pour maintenir l’emprise.

C’est le parent toxique qui va prendre le pouvoir par des procédures et continuer ainsi son emprise sur ses victimes.

contrôle coercitif



🔸 Des groupes de recherche comme le Réseau International des Mères en Lutte travaillent sur le sujet du contrôle coercitif post séparation, mais ces concepts ne sont pas encore bien maitrisés par la justice. Les magistrats devraient pouvoir bénéficier d’une formation sur ces sujets.

🔸 Une piste intéressante : pourquoi ne pas créer des tribunaux de la famille qui regrouperaient, civile et pénal, Juge aux affaires Familiales, Juge des Enfants et Juge d’instruction pour une même famille ? Ils pourraient ainsi travailler ensemble, qu’ils partagent les informations et se coordonnent afin d’être moins manipulés. Actuellement il n’y a pas de véritable coordination entre les juridictions et leurs intervenants.

🔸 On pourrait imaginer la création de tribunaux spécifiques dédiés aux violences intra-familiales, avec une formation spécifique au recueil de la parole de l’enfant et aux mécanismes des violences conjugales et familiales.

Pour en savoir plus sur le contrôle coercitif

Voici quelques articles à lire pour creuser le sujet.

👉 Qu’est-ce que le contrôle coercitif ?

👉 Le huis-clos se referme sur les victimes

La violence et le pouvoir

violence et pouvoir dans les familles

Violence et pouvoir sont les deux armes des personnes maltraitantes. Pour protéger l’enfant dans le cadre de violences, il faut garder à l’esprit qu’on est en présence d’un agresseur. D’un mari, d’un père, mais aussi d’un agresseur, qui fonctionne dans un registre de pouvoir et de violence, y compris envers l’enfant.

violence et pouvoir dans les familles

Violence et pouvoir

L’exercice de l’autorité parentale après la séparation devient pour le violent conjugal le moyen de perpétuer la violence et l’emprise sur son ex-conjoint et sur les enfants.

Ce que la justice appelle conflit familial peut cacher en réalité des violences conjugales et familiales ; en ne nommant pas correctement les choses la justice maintient l’emprise et le risque de violence. En appelant les violences dénoncées par l’un des parents « conflit familial », les magistrats prennent le risque d’appliquer des mesures inadaptées voire destructrices pour l’enfant, par exemple de demander une médiation, une résidence alternée, de condamner le parent protecteur pour non représentation d’enfant et même de manière punitive de retirer l’enfant au parent protecteur pour le placer chez le parent agresseur.

Le juge Édouard Durand fait bien la différence entre la violence conjugale et familiale d’une part, et un conflit familial d’autre part. On ne peut pas requalifier une réalité de violence en conflit familial car cela masque le rapport de pouvoir de l’un sur l’autre, le rapport de domination, on occulte le contrôle coercitif de l’agresseur sur la victime. Dans le cadre d’une séparation, un juge qui plaquerait un concept de conflit familial sur une réalité de violence, risquerait de séparer l’enfant de son parent protecteur.

Enfin nous estimons qu’il faut rendre automatique le couplage du retrait de l’autorité parentale avec le retrait des droits de visite et d’hébergement. En effet maintenir des droits de visite malgré le retrait de l’autorité parentale permet à la personne violente de maintenir son pouvoir et son emprise sur son ex conjoint et ses enfants.

Témoignage de Noémie, Éternelle histoire de violence faite aux femmes et aux enfants

Témoignage de Noémie, Éternelle histoire de violence faite aux femmes et aux enfants

Éternelle histoire de violence faite aux femmes et aux enfants

Ce qu’on vit dans l’enfance détermine souvent les limites qu’on arrive à fixer quand on devient adulte. Noémie fait partie de ces enfants qui ont grandi dans l’ombre d’un père dur, aux propos toxiques, qui la formate dès le départ à un certain schéma relationnel.

A 19 ans, elle devient maman d’une première fille.

Le père refuse de prendre ses responsabilités et sa fille ne le connaitra presque pas.

En 2006, Noémie rencontre un autre homme, Syd, un manipulateur qui prend rapidement le pouvoir sur la jeune femme.

Profitant de ses sentiments, il allie chantage et plainte systématique pour la garder sous son emprise puis l’isoler des autres. Très présent car il ne travaille pas, il finit par s’installer chez elle en février 2007 sans autorisation et passe ses journées à boire et à fumer des substances illicites.

A l’emprise psychologique malsaine se rajoutent vite des violences physiques. Noémie est totalement sous le joug de Syd.

Elle ne remet pas en question leur modèle de relation car elle n’en a jamais connu d’autres.

Syd s’en prend également à la fille ainée de Noémie et la maltraite violemment, ce qui provoque chez l’enfant des crises d’asthme et des troubles du comportement.

L’entourage constate une partie des violences subies mais ne réalise pas à quel point Noémie et sa fille en pâtissent. Même les amis de Syd tentent de d’avertir la jeune femme de la dangerosité de celui-ci mais elle ne comprend que bien plus tard qu’ils essayaient de l’aider.

Malgré les violences au quotidien, malgré ses addictions de Syd, malgré ses tromperies, Noémie, fataliste et persuadée que nulle vie meilleure ne l’attend ailleurs, continue de subir les maltraitances.

Puis en 2015, c’en est trop et elle fait une tentative de suicide.

A l’hôpital, pendant sa convalescence, elle rencontre une personne qui lui parle d’opération pour perdre des kilos. En effet, à cette époque, Noémie a pris beaucoup de poids, ce qui rajoute du mal-être, de la culpabilité et du manque de confiance. Elle se persuade qu’en perdant du poids, les choses iront mieux et qu’elle apaisera son compagnon.

La procédure obligatoire avant de se faire poser un bypass sera sa chance. Noémie doit rencontrer des psychologues et des diététiciens. Ces professionnels lui font du bien. Elle commence à sentir à sentir l’envie de prendre soin de sa santé mentale, donc d’elle-même.

Elle perd 15 kg et surtout regagne de la confiance. Elle tient davantage tête à Syd. Ce dernier déteste constater ce changement d’attitude et augmente les violences et les menaces. Noémie tient bon car elle veut remettre sa vie en ordre.

Dans ses priorités, il y a protéger sa fille qui subit toujours les mêmes maltraitances qu’elle. Son enfant devient sa force pour résister.

En 2016, Syd entreprend une formation de 8 mois et déménage.

Noémie et sa fille revivent !

C’est une renaissance. Finis les coups, finies les manipulations, finie l’emprise. Pourtant Syd réapparait parfois, et toujours il les violente.

En avril 2017, Noémie s’interpose pour protéger sa fille. Syd la tabasse et la viole une nouvelle fois. Elle réalise 4 mois plus tard qu’elle est enceinte.

A l’annonce de la grossesse, Syd se réinstalle immédiatement dans l’appartement, sans demander l’autorisation. Sa violence se focalise sur la grande fille de Noémie, comme moyen de punir la mère. Il casse la porte de la salle de bain pour regarder l’enfant se laver. Il va dans sa chambre le soir.

Décembre 2017, Noémie donne naissance à une seconde petite fille. Syd s’en désintéresse totalement. Pire, au retour de la maternité, il chasse Noémie de chez elle. Elle s’installe chez sa maman avec ses filles tandis qu’il continue de squatter son appartement.

Un semestre se passe sans qu’il daigne prendre des nouvelles de son enfant. En août 2018, Noémie constate que son appartement est déserté alors elle se réinstalle chez elle. Hélas, il en profite pour rappliquer immédiatement.

Le 13 octobre 2019, il viole la grande fille de Noémie. Sans doute, cela s’est produit également avant mais sa fille ne parle que de cette fois-là.

Le lendemain, Noémie se fait passer à tabac. Habituée à subir, elle ne serait pas allée à l’hôpital sans un autre accident : elle se coince les doigts dans sa portière de voiture. En la voyant arriver avec ses contusions, un médecin la prend sous son aile, atteste ses marques de violence et l’enjoint à se rendre au commissariat.

Le 17 octobre, sa suggestion ayant cheminée, Noémie parle à sa fille de sa décision d’aller porter plainte. C’est à ce moment que celle-ci s’effondre et lui avoue s’être faite violer par Syd.

Cette révélation provoque un déclic très puissant chez Noémie.

Aidée par sa haine et son dégoût, elle réussit à virer Syd de chez elle. Puis elle contacte le médecin qui l’a aidée et celui-ci contacte la police. Noémie porte plainte au commissariat (où elle est très mal reçue…).

Sa plainte est enregistrée en décembre 2019 et en octobre 2020, Syd est condamné à

800€ de dommages (!!!),

  • 2 ans d’interdiction d’approcher Noémie et ses filles,
  • 6 mois de prison avec sursis
  • et à l’obligation d’avoir des soins psychologiques.

En janvier 2020, Noémie porte plainte à nouveau, cette fois-ci pour protéger sa seconde fille de 2 ans car les rares fois où celle-ci à vu son père, elle s’est plainte avec ses mots d’enfants de « bobos » au sexe.

Happy end ?

Pas vraiment… Les violences et les injustices continuent.

Le même mois, Noémie se fait agresser dans un magasin par la mère de Syd.

En mai 2021, le Juge aux Affaires Familiales autorise des droits de visites médiatisées et ordonne une expertise psychologique…. sur Noémie ! Car Syd l’accuse de manipulation…

La Justice montre une fois de plus ses incohérences pour protéger les femmes et les enfants victimes de violence.

Noémie a peur. Elle et ses filles ont besoin d’être mises à l’abri afin d’espérer un jour se reconstruire et guérir de toutes ces violences !

Pour mieux comprendre le lien entre violences conjugales et parentalité vous pouvez lire notre article Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité .

Pour mieux comprendre les mécanismes d’emprise et de contrôle coercitif vous pouvez lire l’article Qu’est-ce que le contrôle coercitif ?

Témoignage de Khatidja : violences conjugales et familiales

Temoignage Khatidja 8 ans de violences conjugales

… et 33 procédures judiciaires

Khatidja, victime de violences conjugales, cherche à se protéger elle et ses enfants.

Elle a vécut 8 ans de violences conjugales et 33 procédures procédures judiciaires.. et ce n’est pas fini.

Ce témoignage montre combien les violences conjugales et les violences faites aux enfants sont imbriquées.

Combien il est difficile de protéger ses enfants.

Qu’une femme qui bénéficie d’ordonnance de protection ou de téléphone grave danger doit les renouveler régulièrement et qu’entre temps elle n’est plus protégée.

Qu’il n’y a pas de coordination entre les juridictions (Juge aux affaires Familiales, Juge des Enfants, pénal Juge d’Instruction).

Quand les victimes cherchent à se protéger et à protéger leurs enfants, elles rentrent dans des méandres juridiques qui durent de longues années, leur parcours est semé d’embûches.

Les victimes découvrent la violence institutionnelle.

Khatidja a pu se sortir des violences conjugales et familiales, mais au prix d’une énergie et d’une ténacité hors norme. 33 procédures judiciaires et ce n’est pas encore fini… ce n’est pas normal…

1978 – Naissance de Khatidja en Inde, aimée et choyée par sa mère mais rejetée par son père car elle nait fille.

Sa mère victime de violence conjugale se bat pour sauver la vie de ses enfants et la sienne. Khatidja et elle finissent par migrer en Afrique puis en France.

Khatidja grandit dans le manque de confiance en soi, persuadée d’être moche.

En 2002, elle rencontre son futur mari.

En 2005, ils se marient en Inde. Khatidja pressent que ce n’est pas un bon humain, mais elle se sent coincée, acculée. Elle pense ne pas mériter mieux.

La même année, elle tombe enceinte et les violences psychologiques commencent.
A trois mois de grossesse, pour se protéger, elle quitte pour la première fois son mari.

Nov. 2006 – Naissance de sa fille ainée. Eprouvée par sa situation, fatiguée physiquement et psychologiquement, Khatidja décide de laisser une seconde chance à son couple. Elle retourne vivre avec lui.
Une fois la porte refermée, il déclare « maintenant, c’est moi qui décide ».
Le piège se referme à nouveau. Son mari ne travaille pas, il se fait entretenir tout en veillant à ce qu’elle limite ses contacts extérieurs. L’homme est également humiliant, méprisant.

Les violences psychiques s’intensifient et les violences conjugales physiques commencent à l’arrivée de leur troisième enfant (juillet 2010) où au sortir de la maternité, elle se prend une gifle. Son mari lui explique qu’elle est responsable des coups qu’elle reçoit et qu’il ne s’en excusera jamais.
Ce sont ses 3 enfants qui donneront à Khatidja la force de tenir pendant 8 ans. Au quotidien, elle met en place une stratégie d’évitement pour limiter la violence conjugale qui pleut sur elle.

Son mari cherche à lui faire croire qu’elle est folle. De son côté, elle s’organise pour collecter toutes les preuves disponibles.

16 Juin 2013 – Son mari la roue de coups, lui crache au visage et déclare « tu n’es qu’une merde ».
Cette énième atteinte à son humanité la pousse à passer à l’acte. Khatidja prétexte de devoir aller au travail pour dérouler son plan de sauvetage. Porter plainte, obtenir des certificats médicaux de ses traces de coups, confier ses documents officiels à une amie… La vapeur s’inverse enfin. Son mari fait même 48h de garde à vue.

Avec l’aide d’une association, elle parvient à se reloger accompagnée de ses 3 enfants. Elle obtient également une première ordonnance de protection et la garde exclusive, avec une interdiction d’approcher pour son mari.

Les combats juridiques commencent aussi. Khatidja découvre les vides juridiques entre deux périodes de protection. Elle entre en extrême vigilance pour faire face au chantage, aux pressions constantes de son mari et à ses menaces de mort. La police intervient régulièrement pour constater les mises en scène de celui-ci visant à la décrédibiliser.
En moyenne, elle reçoit 70 appels et 200 messages par jour. Tout ceci est épuisant et très éprouvant. Elle réussit à le faire condamner pour harcèlement (10 mois de prison avec sursis…) en 2015, avec une mise à l’épreuve avec interdiction de rentrer en contact par quelques moyens que ce soit, pour 3 ans.

Khatidja cherche à mettre de la distance entre elle et son mari pour protéger les siens. Une structure nantaise spécialisée dans la protection des victimes de violences conjugales l’accueille un temps mais son mari retrouve leur trace à cause de l’autorité parentale conjointe, remettant leur sécurité en cause.

En février 2016, il porte plainte pour non représentation d’enfant.
Des visites médiatisées avec les enfants sont mises en place. En même temps, Khatidja bénéficie une nouvelle fois du téléphone Grave Danger (connecté 24h/24 au commissariat), ce qui indique la dangerosité.
Pourtant, suite à la plainte du père, Khatidja est reconnue coupable par le Tribunal correctionnel. Elle voulait simplement protéger ses enfants des violences conjugales et familiales. Elle fait appel.

En parallèle, son mari fait un signalement, accusant Khatidja d’être alcoolique, prostituée, etc… Une enquête est donc menée pour savoir si elle est une « bonne mère ». Cette même enquête se retourne contre lui et démontre son « caractère dangereux et toxique ».

Début 2016, la protection de l’enfance saisit le juge des enfants et l’Aide sociale à l’enfance prend les enfants en charge en organisant à nouveau des visites médiatisées.

Les visites médiatisées s’interrompent rapidement suite à l’agression des éducatrices par le père. Une AEMO est mise en place.

D’audience en audience, Khatidja doit faire face aux contradictions des décisions judiciaires. Entre les interventions de nombreux juges et le manque de coordination, les sentences sont parfois aberrantes, quand on sait la violence du mari. On mesure combien il est difficile pour une victime de violences conjugales de se protéger au long terme.

Octobre 2018, on touche le fond. Le père se fait passer pour mort. L’annonce est faite aux enfants sans que les professionnels vérifient le certificat de décès. C’est Khatidja qui insiste pour que quelqu’un aille vérifier. Le commissariat confirme le soir même que l’homme est toujours vivant…
Elle porte plainte pour violences psychologiques sur mineurs de moins de 15 ans.

Suite à cette mise en scène macabre, l’unité d’accueil des enfants en danger reçoit les 3 enfants et ordonne 10 jours d’ITT (sachant qu’au-delà de 8 jours, une audience au tribunal correctionnel est obligatoire). Trois ans plus tard, il n’y a toujours pas de date pour cette audience…
Pourtant, le tribunal pourrait statuer un retrait de l’autorité parentale au père, ce qui protègerait les enfants de sa violence. Khatidja est protégée des violences conjugales par une ordonnance de protection, mais pas ses enfants.

Avril 2019, le JAF organise une audience où le père ne se rendra pas car il est en prison. En effet, il a menacé le mort le procureur de la république, qui a révoqué toutes ses condamnations de sursis en ferme. Ses droits parentaux sont suspendus et il n’a plus la possibilité de rentrer en contact avec les enfants. La violence contre le procureur a permis de protéger enfin les enfants, ce que n’avaient pas permis les violences conjugales.

Juillet 2019, il écrit de prison à ses enfants (alors que l’adresse de Khatidja est sensée être secrète car protégée) : « Les enfants, ayez la foi, c’est bientôt fini « …

Khatidja, suite à cette nouvelle pression, a 30 jours d’ITT. Elle quitte Nantes pour Avignon où elle espère retrouver un peu de paix.

Janvier 2020, son mari sort de prison.

Mars 2020, l’audience correctionnelle de Pontoise suite à ses jours d’ITT… RELAXE son mari ! Elle ne peut faire appel.
Elle écrit alors à la Présidente du tribunal de Pontoise qui a déclaré quelques jours plus tôt  » faire de la violence aux femmes sa priorité « .
Le lendemain, le parquet l’informe de son appel, toujours pas statué à ce jour.

Juillet 2020, l’école communique par erreur l’adresse de Khatidja au père qui recommence son harcèlement. Elle obtient immédiatement une nouvelle ordonnance de protection pour violences conjugales, ainsi que son 7ème téléphone Grave Danger.

Avril 2021, Khatidja est relaxée de la condamnation de 2017 pour les Non Représentations d’Enfants, plaidant l’état de nécessité (article122.7 du Code pénal) !

Si Khatidja se sent soulagée de ce verdict, elle reste très méfiante face aux décisions de justice qui peuvent leur porter préjudice à tout moment. Des procédures sont toujours en cours qui menacent encore de la refaire basculer du côté de la double peine des victimes.
Néanmoins, en tant que victime de violences conjugales et familiales elle tient à partager son histoire pour donner un regain d’espoir, un élan positif. Il peut y avoir après un long combat des décisions de justice dignes de ce nom. Ce combat vaut la peine d’être relevé fièrement.

Il est nécessaire de s’abandonner pour se ressourcer en énergie mais il ne faut jamais abandonner.

Khatidja

Pour comprendre le mécanisme des violences conjugales et familiales nous vous conseillons la lecture de notre article « Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité ».

Inceste : les mécanismes du silence

Inceste : les mécanismes du silence

« Il y a pour tout le monde une incorporation de la peur et de la grammaire du silence autour de l’inceste.
Le véritable interdit ou tabou de l’inceste, ça n’est pas de le commettre, puisque ça arrive partout, tout le temps, mais c’est d’en parler. »

Dorothée Dussy

Un silence assourdissant

Le silence qui entoure l’inceste est puissant.
Déjà, parce que les victimes subissent sans oser ou pouvoir parler.
Mais le silence le plus puissant est celui de la famille. Car il est là le problème.
L’incesteur fait partie de la famille, du cercle des proches.
Parfois les victimes parlent, mais c’est encore pire.
Ce sont elles qu’on met dehors de la famille, car c’est d’elles que vient le « désordre »… La personne qui dénonce devient le traitre.
La pression sociale actuelle est telle que beaucoup de familles préfèrent préserver les apparences d’une famille normale plutôt que protéger les enfants.

Le silence des victimes

Il existe une foule d’explications au silence des victimes. En voici quelques-unes :

  • Leur âge. L’âge moyen des victimes d’inceste est de 9 ans. A cet âge, on ne comprend rien à la sexualité et donc à ce qui vient de se produire. Les enfants sont sidérés par leur viol.
  • L’injonction impérieuse au secret. Les incesteurs imposent facilement le silence. Souvent, il n’y a même pas d’ordre formulé. Les enfants savent qu’il ne faut rien dire.
  • La verbalisation difficile. Les enfants n’ont pas de mot pour dire la sexualité. Et quand ils s’expriment, les propos sont décalés par rapport à la violence subie.
  • La culpabilité. De n’avoir rien dit, de ne pas avoir su stopper, de craindre d’être responsable…
  • La peur, la honte, le sentiment d’être les seuls à subir ces viols… Les raisons du silence sont presque infinies.

De plus, parfois quand les victimes parlent, on refuse de les croire, on les soupçonne d’inventer.
Les victimes sont dévastées et doivent vivre avec cette douleur et cette construction déviée.

Le silence des proches

Là aussi, nombreuses sont les explications au silence des membres de la famille.

  • Un tabou qui se répète. Il est extrêmement fréquent que l’inceste surgisse dans des familles qui l’ont déjà connu. Les membres du clan ont grandi en étant victime ou en ayant côtoyé une victime. L’injonction au silence est déjà intégrée. Tout le monde est élevé pour se taire.
  • Un manque de réaction. Quand les victimes parlent, souvent, il ne se passe rien. Les adultes informés ne questionnent pas, n’agissent pas. C’est le silence qui accueille les révélations.
  • Le mode survie. Les membres de ces familles bancales privilégient leur propre protection à celle des (autres) victimes, et cela passe par le silence. Les adultes ne protègent pas car ils en sont incapables.

Libération de la parole

Pourquoi certaines victimes parviennent à briser ce tabou et d’autres non ? Une fois de plus, les raisons sont nombreuses.

  • Un trop plein de souffrance, sans réussir à compenser. Il faut que ça sorte !
  • La peur que l’incesteur s’en prenne à d’autres gens
  • La libération par la mort de l’incesteur
  • L’arrivée d’un bébé
  • Une thérapie
  • Une mémoire retrouvée
  • Un regain de force pour affronter son passé

Le pouvoir de la parole

Quand les victimes trouvent le courage et l’énergie de parler, quand on accueille leurs propos, le cercle incestueux familial cesse. Les enfants des victimes qui ont dénoncé leur calvaire ne connaitront pas celui-ci.
Cette bonne nouvelle se limite toutefois à cette descendance-là. Les bénéfices ne sont pas poreux au reste de la famille. Celle-ci reste dans le silence. Et il est probable que les violences sexuelles faites aux enfants continuent en leur sein.


Sources et liens utiles