Maman protectrice, Lettre à mon magnifique garçon Wael

Maman protectrice, Lettre à mon magnifique garçon Wael
Maman protectrice, Lettre à mon magnifique garçon Wael

Cette lettre poignante d’une maman protectrice à son fils nous permet d’effleurer son indicible souffrance.

A chaque fois que je regarde tes photos de toi, bébé, je revis ce moment merveilleux de ton arrivée dans ma vie et de ce jour d’été où tu es né, il y a maintenant 9 ans.

Tu es né sans aucun cri, sans larme, avec les yeux grands ouverts et une jolie tache de naissance sur ton front en forme de cœur.

Quel magnifique cadeau de la vie !

Je t’ai appelé « mon merveilleux bébé zen » ! En devenant maman, j’ai appris le vrai sens du mot amour inconditionnel, qui transcende le temps, le lieu, le chagrin, l’épreuve de séparation et les violences que nous subissons.

Mais, il y a 2 ans, le 1er janvier, un tsunami est venu frapper à notre porte !

Ce père que tu tentes désespérément de fuir, cet homme sans cœur, qui te terrorise, se tient devant le seuil de notre porte, venant te chercher tel un trophée qu’il a gagné. Sans émotion, sans aucune empathie, il est venu t’arracher de la maison.

Mon cœur saigne au souvenir de cette scène. Et j’entends encore cette porte de salle de bain que tu claques de toutes tes forces et fermes à clés, refusant de sortir en hurlant ta terreur.

Et moi, je suis là, impuissante, sous le choc de cette séparation que la juge nous impose malgré la vérité. Comment te contraindre à partir avec ton bourreau ? Ce sadique qui tire tes paupières, te réveille la nuit, t’interdit de pleurer, écrase ton ventre, te menace de mort et hurle « comme un ours ».

Comment en tant que maman, je peux avouer que je ne peux pas te protéger. La justice musèle ta parole et me gomme de ta vie. Matin et soir, je passe devant ta chambre fantôme, que je n’ose pas ouvrir.

Elle est restée comme tu l’as laissé, avec ton pyjama au sol, tes légos éparpillés, ton lit défait, j’ai voulu garder une empreinte. Et lorsqu’on se retrouve à l’espace rencontre, tu te blottis contre mon cœur en me disant “Maman je croyais que tu étais morte”.

Quel supplice !

Chaque jour qui passe, tu étouffes petit à petit ta personnalité et tu tentes de naviguer dans ta nouvelle vie. Obligé de jouer dans la pièce de théâtre que ton père organise en public, ta parole est méthodiquement muselée et instrumentalisée !

Pour survivre, tu évites tout ce qui peut réveiller ta souffrance et ta peur : « je ne dois pas parler, si non maman tu vas disparaitre », « j’ai peur que papa va me faire comme avant ». Ton père vole ton enfance, comme le sien lui a fait en tuant sa mère.

Aujourd’hui, je ne peux pas t’accompagner en sortie scolaire ni t’aider dans tes devoirs comme avant. Je ne peux pas venir t’encourager lors de tes matchs de foot. Je ne peux pas te câliner quand tu es triste ou malade. Je ne peux pas t’embrasser le jour de ton anniversaire.

Je n’entends plus tes mots du matin « bonjour maman chérie d’amour ». Nos fous rires, nos discussions, nos querelles, nos séances de yoga, nos parties de pendus au petit déjeuner me manquent tellement.

LA JUSTICE NOUS TUE PSYCHOLOGIQUEMENT PETIT A PETIT.

Et elle me demande de faire le deuil d’un enfant vivant !

IMPOSSIBLE ! Tu es et resteras à jamais mon enfant, bien en vie et merveilleux.

Alors, continuons à profiter de ces brefs moments et à nourrir l’espoir d’un retour. Mon fils, mon petit cœur, je suis fière de toi ! Merci pour la force que tu me donnes ! Je t’aime avec tout mon amour et de façon inconditionnelle !

Ta maman


Vous pouvez lire d’autres témoignages de mères protectrices publiées sur notre site. Nous croulons hélas sous les appels à l’aide. Vous pouvez également visualiser les préconisation de la CIIVISE. Il faut appliquer le principe de précaution « je t’écoute, je te crois, je te protège ». Les politiques doivent placer les droits de l’enfant comme une politique publique prioritaire, il y a urgence, tant d’enfants sont en grande souffrance. Et il faut protéger leur parent protecteur.

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne

Des violences coercitives aux violences institutionnelles, Liza témoigne.

En 2014, Liza et Tom se rencontrent dans le cadre professionnel. Liza est infirmière en santé au travail et Tom est pompier industriel dans la même entreprise.

Au début, Tom est charmant, attentif et à l’écoute, partageant des intérêts communs avec Liza tels que le jazz, la philo et la politique.

Cependant, ni l’un ni l’autre ne sont libres à cette époque. Tom qui se plaint tout le temps de sa femme, décide de la quitter au bout de 11 mois de mariage, entamant une procédure de divorce compliquée. Liza quitte aussi la personne avec qui elle était en couple. Ils se mettent ensemble, débutant une relation idyllique comme souvent les lunes de miel. C’est l’entente parfaite. Trois mois plus tard, Tom s’installe chez Liza. Les choses évoluent doucement. Ils dénichent ensuite une maison et emménagent ensemble.

Étrangement Liza se sent fragilisée, elle ne se sent pas bien et ne réussit pas à défaire ses cartons. Pourtant à ce stade, leur relation est toujours fusionnelle même si Tom se montre contrôlant (il ne supporte pas l’ex de Liza). Ils voyagent beaucoup, assistent à des concerts de jazz… Tom développe beaucoup cette fusion de couple. Tellement que Liza s’éloigne de ses amis et de sa famille, tandis que Tom lui cache la sienne. Il la décrit comme marquée par des non-dits, des dépressions et des troubles bipolaires, dysfonctionnelle. Il lui confie qu’il a été maltraité enfant par un père tyrannique et violent.

En 2016, Liza tombe enceinte, ils sont ravis. Ils se pacsent et partent à New-York en voyage. La grossesse se passe bien.

Trois mois avant l’accouchement, Tom perd son portefeuille et s’énerve violemment.

C’est la première crise où Liza le voit exprimer sa violence verbale. Il s’excuse et puis l’arrivée de leur fille balaye cette crise, en février 2017.

Tom est présent et soutenant, mais assez vite, sa famille s’immisce dans leur vie, générant rivalités et jalousies.

Ils décident d’avoir un nouvel enfant. Mais quand Liza tombe enceinte, Tom est dépassé et commence à lui faire des reproches, se sentant frustré et contraint. Des conflits éclatent au sein de sa famille. Le frère jumeau de Tom reproche à sa famille des maltraitances subies dans l’enfance envers eux. Celui-ci décide de faire bloc avec son frère, et étrangement, ça retombe sur Liza, accusée d’être à l’origine du conflit familial. Cette situation perturbe la grossesse. En juillet 2018, leur fils naît. Liza allaite mais ne se sent pas soutenue et en souffre.

Tom devient distant, nerveux.

Il revoit ses amis et accuse Liza de tous leurs problèmes, dont son manque de libido (“tu es comblée par ton fils qui te bouffe les seins”). Tout est prétexte à crise, à dénigrements (dirigés même contre les enfants), parfois suivis d’excuses peu convaincantes et d’un retour à la normalité (par ex : elle offre des cadeaux à Tom, mais il l’accuse violemment de surconsommation, puis s’excuse, etc.).

Liza justifie encore souvent ses comportements délétères jusqu’en 2019, où elle commence à consulter un psy. Elle s’avoue enfin son envie de partir, bien qu’elle soit financièrement dépendante car en congé parental. La situation s’aggrave avec la pandémie. Les négligences s’accumulent, accompagnées de violences verbales qui génèrent l’effondrement de Liza.

Elle découvre de nombreux défauts de surveillance vis à vis des enfants. Elle perd 14 kilos en 3 mois, fait des insomnies, de la tachycardie. En sortie de confinement, Liza révèle tout à sa famille, et sa mère lui suggère que Tom est un pervers narcissique, ce qui résonne en elle.

En juin 2020, elle dépose une main courante pour les défauts de surveillance et envisage une séparation, ce qui déclenche des violences physiques.

Elle porte plainte en septembre, et son avocate lui conseille d’obtenir une ordonnance de protection. Liza découvre que Tom la trompe depuis des mois et obtient 7 jours d’ITT après une visite aux UMJ. L’ordonnance de protection est refusée malgré l’avis favorable du procureur. La magistrate accorde la garde principale à Liza et un week end sur deux à Tom malgré les éléments prouvant sa dangerosité.

Son avocate et l’OPJ conseillent de ne pas lui confier les enfants. En février 2021, la Cour d’appel reconnaît l’erreur judiciaire et retire les droits de visite à Tom. Cependant, il continue de miner le terrain en se rapprochant de la directrice de crèche, qui prend son parti et tente de discréditer Liza en l’accusant même de maltraitance.

Une enquête de l’ASE est lancée chez Liza, mais pas chez Tom. Il l’accuse d’aliénation parentale et cherche à récupérer la garde pour la détruire. Liza se retrouve devant le juge 15 jours plus tard, qui ne comprend pas la situation. L’audience se passe plutôt bien. Liza est mutée dans le sud ce qui provoque une réaction violente de Tom qui l’assigne en référé. En octobre, la juge accorde la garde à Tom, imputant à Liza les conséquences de sa mutation et réduisant ses droits à un week end par mois et la moitié des vacances.

Liza, effondrée, fait appel. Tom, dans sa toute-puissance, exige de prendre les enfants le week-end suivant. Liza temporise, estimant qu’il faut d’abord préparer les enfants à cette décision ultra violente, ce qui conduit Tom à l’accuser de soustraction d’enfant.

Convoquée en vue d’une garde à vue, un accord est trouvé pour que Tom revienne chercher les enfants dans quinze jours. Les enfants vont chez leur père et Tom en profite pour remplacer le psy de leur fille par un autre, pro-père. Il dit aux enfants que leur mère les a abandonnés, qu’elle ne les aime pas, fait de la rétention d’infos et leur demande de mentir.

En février 2022, la fille de Liza lui révèle que « papa m’a mis un doigt dans les fesses pendant la douche« . Une psy fait un signalement au procureur.

Cependant, le commissariat minimise la situation et l’audition de la fille est mal conduite (l’OPJ dit que sa fille veut rentrer le soir chez son père pour prendre sa douche). La consultation à l’UMJ accuse Liza de fausses déclarations.

La petite, obligée de retourner chez son père, s’effondre.

Pour ses 5 ans, Tom refuse que Liza la voie et demande à l’école d’éviter tout contact. Puis il invoque un état de nécessité (folie) pour ne plus rendre les enfants. Liza, épuisée et en burn-out, se retrouve en arrêt maladie, privée de ses enfants pendant quatre mois. Tom saisit le JAF pour demander le retrait de l’autorité parentale de Liza, une expertise psy, des visites médiatisées et une pension alimentaire, l’accusant de manipulation.

Le JAF le déboute heureusement de toutes ses demandes. En juin 2022, Liza récupère le droit de garde et met fin à l’impunité de Tom.

Tom exerce alors une violence financière, gardant l’argent de la vente de leur appartement sous séquestre.

Plus tard, lors d’une audience, une JDE rencontre les enfants seuls et conclut qu’il est indispensable de rééquilibrer les droits parentaux…

Liza obtient finalement la garde alternée, mais doit céder sur des tas de critères imposés par Tom (convention parentale à son avantage, le choix de l’école et des thérapeutes, pas de pension alimentaire…). La garde alternée ne fonctionne pas bien pour les enfants, qu’elle récupère toujours en détresse. En septembre 2023, Liza est convoquée à la suite de la plainte de Tom pour violence conjugale (déposée en 2022, quand il est accusé d’inceste).

Ça n’en finit jamais. Après 4 ans de cauchemars, de violence institutionnelle et d’impunité pour Tom, Liza attend toujours une véritable justice pour protéger au mieux ses enfants.


Vous pouvez trouver d’autres témoignages sur le site à la rubrique  » Articles et témoignages « .

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Pourquoi se former au Contrôle Coercitif pourrait changer la donne

Le contrôle coercitif est un concept qui nous vient de l’américain Evan Stark, ancien travailleur social et sociologue. En 2007, il publie Coercive Control : The Entrapment of Women in Personal Life, dans lequel il s’attaque aux idées préconçues autour des violences dites domestiques. Selon lui, il est rare que la violence physique soit une impulsion sortie de nulle part. Au contraire, la plupart du temps, les coups ne sont que l’aboutissement d’un « motif récurrent de comportements contrôlants, relevant du terrorisme ou de la prise d’otage ».

Cette compréhension plus large et plus juste des mécanismes de violences intrafamiliales a déjà été intégrée dans plusieurs codes pénaux (d’abord l’Angleterre en 2015, puis l’Écosse, plusieurs États australiens, le Canada…). Nous espérons que la France sera la suivante.

Le contrôle coercitif englobe toutes les formes de violences intrafamiliales sans se focaliser sur la violence physique.

Il désigne un schéma plus large de domination et de contrôle systématique qui vise à contrôler et assujettir la victime.

  • Isolement : Séparation de la victime de ses amis, sa famille et d’autres réseaux de soutien.
  • Intimidation : Utilisation de menaces, de regards, de gestes ou de destructions de biens pour créer un climat de peur.
  • Dégradation : Attaques verbales ou comportement humiliant pour diminuer l’estime de soi de la victime.
  • Contrôle des ressources : Surveillance ou restriction de l’accès aux ressources, par ex financières, éducatives ou professionnelles.
  • Surveillance : Utilisation de moyens de surveillance pour contrôler les mouvements et les communications de la victime.

Andreea Gruev-Vintilla a écrit un livre en français qui présente en détail ce concept. On souhaiterait voir cet ouvrage dans les mains de tous les intervenants dans la gestion des violences intrafamiliales.

Selon la chercheuse, le concept de contrôle coercitif remplace la sempiternelle question “Pourquoi la victime n’est-elle pas partie ? “ par “Comment l’agresseur s’y est-il pris pour l’empêcher de partir ?”. Et ça change tout.

Pourquoi ? Parce que la focale est enfin dirigée vers la source du problème, l’agresseur, et non sur les conséquences de ses actes (dont l’emprise qu’il exerce sur les victimes et leur incapacité à s’extirper de cette situation).

Le contrôle coercitif propose une meilleure définition du mécanisme de la violence, en mettant en valeur que l’essence de l’oppression, c’est d’être définie de l’extérieur, par un tiers qui lui-même s’auto-proclame supérieur.

La seule émancipation possible est alors de pouvoir se définir soi-même, ce qui n’est pas une mince affaire dans un cadre de violences intrafamiliales, d’oppression, de manipulation.

Pour autant, les proches ou les tiers témoins ont un rôle décisif à jouer dans la poursuite ou l’arrêt de ces processus. Au pire, leur indifférence ou leur neutralité servent l’agresseur. Au mieux, ils peuvent remarquer quelques actes. Mais s’ils ne sont pas formés au contrôle coercitif, le processus fragmenté mais continu de cette violence passe totalement sous leur radar.

Depuis 2023, au Royaume-Uni, la police est tenue de traiter la violence intrafamiliale comme une “menace nationale”, au même titre que la criminalité organisée, le terrorisme et la maltraitance des enfants.

En France, la cour d’appel de Poitiers vient de faire entrer le contrôle coercitif dans les tribunaux avec une série de cinq arrêts rendus le 31 janvier 2024.

Ces derniers mettent en lumière comment les faits s’inscrivent « dans un mécanisme historique et collectif d’inégalités structurelles entre les femmes et les hommes », et affirment que la violence intrafamiliale est une « forme de violence sociale » basée sur la domination.

La Cour d’appel a précisé que le contrôle coercitif est une atteinte aux droits humains en ce qu’il empêche la victime de jouir de ses droits fondamentaux.

C’est la première fois en France que des décisions judiciaires abordent les violences conjugales non plus juste sous l’angle de la protection de la famille, mais comme une atteinte aux droits fondamentaux des victimes. La cour a ainsi condamné un prévenu qui dénigrait sa compagne, contrôlait ses ressources alimentaires, l’isolait, la menaçait de mort…

L’arrêt indique : « Cette forme structurelle de privation contraint à l’obéissance par la monopolisation des ressources vitales ». La victime résume : « Il voulait avoir le contrôle sur tout ce que je faisais. » Dans une autre affaire, le prévenu interroge sans cesse sa compagne sur ses déplacements et « fait régner un climat de terreur au domicile ». Il la traite de pute, connasse, salope, lui crache dessus, profère des menaces de mort. Sa compagne « ne compte plus » les coups car « me frapper était la seule façon de me faire taire. »

Le contrôle coercitif est identifié comme un problème systémique. Il serait urgent de changer la loi pour qu’il soit érigé en infraction pénale.

De plus une formation obligatoire devrait être dispensée aux forces de l’ordre, aux magistrats, et à tous les intervenants concernés par la lutte contre les violences intrafamiliales.

Un suivi de la mise en œuvre de cette loi serait important au début pour qu’elle ne reste pas lettre morte. Tout comme le lancement de campagnes nationales d’information et de sensibilisation permettraient à cette notion de contrôle coercitif d’infuser plus vite et donc de mieux aider les victimes.

La société et ses forces représentantes doivent entamer un processus de transformation profond, aussi urgent que vital dans la gestion des violences structurelles actuelles.


Pour approfondir ce sujet, nous vous conseillons la lecture des articles « Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales« , « Violences conjugales : le « contrôle coercitif », nouvelle arme des juges » et « Violences intra-familiales : « les magistrats doivent partager des connaissances conceptuelles »« .

PETITION pour obtenir des chiffres précis sur la pénalisation de l’inceste

PETITION pour obtenir des chiffres précis sur la pénalisation de l'inceste

Résumé

Pétition sur des données statistiques relatives à l’inceste et au respect des conventions et du droit de l’Union européenne par la France

Thème(s): Affaires sociales,  Égalité de chances et de genre,  Droits fondamentaux,  Justice

Pays: France

Le pétitionnaire invite le Parlement européen à demander au gouvernement français des données statistiques concernant les violences familiales et les violences sexuelles commises par des ascendants. Le pétitionnaire a pour objectif de mieux comprendre l’étendue du problème et de faciliter l’adoption de politiques efficaces pour le combattre. Le pétitionnaire s’interroge sur les données relatives au classement des affaires sans suite et déplore que l’absence de statistiques détaillées sur l’inceste en France ne permette pas de connaître le nombre de condamnations par type d’auteur et que la segmentation des données soit trop générale pour permettre une analyse adéquate. Le pétitionnaire affirme que la CIIVISE (commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants) n’est pas parvenue à obtenir ces informations et que le ministère de la justice refuse de les communiquer au pétitionnaire ainsi qu’aux avocats et associations de protection de l’enfance. Selon le pétitionnaire, les Nations unies sont très inquiètes de la revictimisation des enfants et des femmes à la suite de révélations d’inceste en France. Sur la base de sa propre expérience, le pétitionnaire se plaint de la longueur des procédures et souligne les erreurs graves et nombreuses commises lors de la phase d’enquête, qui révèlent un laxisme total apparent de la part du pouvoir judiciaire. Il considère que le droit de l’Union et les conventions internationales en la matière sont violés de manière systématique par la France et demande à la Commission européenne de mener une enquête.


Bonne nouvelle ! Cette pétition a été déclarée recevable le 26 avril 2024 ! Il faut continuer à voter pour lui donner encore plus de visibilité !


Et nous vous encourageons à signer également la pétition de notre association :

Protégeons les enfants victimes de violences

La différence cruciale entre lien et contact face à un parent agresseur

La différence cruciale entre lien et contact face à un parent agresseur

Maintenir le lien ou le contact entre un enfant et son parent dangereux ?

Ces deux mots ont l’air voisin mais dans le cadre de violences intrafamiliales, ils ne signifient pas la même chose et ne portent pas aux mêmes conséquences…

  • Le lien fait référence à la connexion biologique, légale ou émotionnelle réciproque qui existe entre un enfant et ses parents ou autres membres de la famille. Ce lien est souvent perçu comme inaliénable et fondamental pour le développement de l’identité de l’enfant. Il est associé à des notions de patrimoine, d’héritage culturel et familial, et d’une continuité à travers les générations.
  • Le contact, en revanche, se réfère à l’interaction physique ou communicationnelle entre un enfant et un membre de sa famille. Il est possible de réglementer, limiter ou superviser ces interactions en fonction de ce qui est considéré comme étant dans le meilleur intérêt de l’enfant.

La distinction entre « lien » et « contact » est fondamentale lorsqu’on aborde la question de la nécessité ou non de maintenir des relations familiales en présence de violences intrafamiliales, entre des enfants victimes et des parents potentiellement dangereux. Cette différence prend une importance cruciale dans le contexte judiciaire et social, où les acteurs de la protection de l’enfance ne sont pas toujours assez formés sur ces notions.

La chercheuse canadienne Suzanne Zaccour explique :

« Les juges et les expert·es vont souvent considérer qu’il faut maintenir le lien père-enfant à tout prix, même en cas de violence familiale. Pourtant, le mythe selon lequel un enfant a absolument besoin de contacts avec ses deux parents, même en cas de violence, a été démenti par les sciences sociales, qui montrent plutôt que l’enfant a besoin d’une relation solide et sécuritaire avec la principale figure parentale.« 

Derrière le choix de maintenir un lien ou stopper le contact, se cache les gros pavés de l’autorité parentale et des droits de visite.

La société a tendance à penser que dès qu’il y a la filiation, il faut qu’il y ait absolument l’autorité parentale + le lien + la rencontre (le contact).

L’argument pour préserver le lien entre l’enfant et l’agresseur repose sur la fausse croyance que chaque parent a un rôle essentiel à jouer dans la vie de l’enfant, indépendamment de son comportement. Cette vision passéiste masque l’impact des violences subies par l’enfant, voire les renforce. Les professionnels devraient savoir que perpétuer un contact parent agresseur/enfant est très nocif, très traumatisant pour les victimes.

On le sait, on le voit, les espaces rencontres ne transforment pas un parent violent en bon parent. De même, le maintien d’un droit de visite est pour l’agresseur la preuve que finalement ce qu’il a fait n’est pas si grave, qu’il n’y a pas de danger, vu qu’il peut continuer le contact avec ses victimes…

Soutenir un parent violent dans sa parentalité au prétexte erroné qu’un enfant a besoin de ses 2 parents pour se développer, c’est faire preuve d’une grande méconnaissance de l’impact des violences faites aux enfants. Un enfant a besoin d’amour et de sécurité. Peu importe le nombre ou l’identité des personnes qui répondent à ces urgences vitales.

Et on revient alors à la différence entre le lien et le contact. Jean Louis Nouvel, pédopsychiatre, précise :

Le lien c’est psychique, le contact, c’est physique”.

Couper le contact est la seule option pour qu’un jour, peut-être, il existe à nouveau un lien en bonne santé.

Si on veut aider les victimes, il faut savoir couper le contact, pendant une période suffisamment longue. L’enfant a besoin du temps de la cicatrisation, de la prise en compte de ses traumatismes, du phénomène d’emprise. Il faut que la peur recule, que la confiance gagne du terrain. Et cela, seul l’éloignement total avec l’agresseur peut le permettre. On n’avance pas dans sa guérison en côtoyant son bourreau. Et les bourreaux ne doivent pas se servir des enfants comme médicaments.

Un jour, si l’enfant est protégé, s’il se sent assez fort, s’il en a envie, il pourra reprendre le lien avec le parent qui le maltraitait.  A son rythme.

D’ici-là, maintenir le contact ne rend service à personne. Ni à l’agresseur qui en retire un sentiment d’impunité et qui peut perpétuer les violences en accusant l’autre parent d’aliénation. Ni aux victimes qui ressortent de ces rencontres avec de la peur, un traumatisme renforcé et une perte de confiance vis-à-vis des professionnels qui ne prennent pas leur parole au sérieux.

La question finale est qui voulons nous protéger ?

Si on veut vraiment aider l’enfant à se « délier » de l’emprise psychologique de l’agresseur, cela passe par une rupture avec l’agresseur.

Les contacts doivent cesser pour préserver le bien-être psychologique de la victime.

Stopper le contact pour garantir que les enfants puissent vivre une vie sans être constamment hantés par les traumatismes passés.

Cela inclut de pouvoir dormir paisiblement, apprendre efficacement à l’école et interagir avec leurs pairs sans être submergés par les souvenirs traumatiques.

La Justice doit comprendre l’importance d’une approche centrée sur l’enfant, où les décisions concernant l’autorité parentale, le lien, le contact, sont prises en tenant compte de leur impact sur la santé mentale et physique de l’enfant, et non pas uniquement sur la préservation des structures familiales traditionnelles ou des droits parentaux.

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Bonjour John Sturgeon. Vous êtes un maitre de conférences écossais, spécialisé sur les questions de violences intrafamiliales.

Vous connaissez aussi très bien le système français et ses dysfonctionnements. Pouvez-vous nous expliquer les méthodes d’intervention pour la protection de l’enfance en Écosse ?

Bien sûr. Déjà, pas d’angélisme, l’Écosse n’échappe pas à son lot de violences physiques, sexuelles, psychologiques. Néanmoins, depuis plus de 20 ans, nous avons privilégié plusieurs politiques de lutte efficaces, d’une manière très différente de la France.

Dès la fin des années 90, la priorité a été mise sur la prévention. L’idée était à la fois d’intervenir le plus rapidement possible pour protéger les victimes et en même temps de limiter les coûts pour la société.

Comment travaillent les autorités locales pour effectuer au mieux ces interventions ?

A l’inverse de la France, l’Écosse a pris le parti de faire travailler ensemble tous les services. Partant du principe que nul ne possède toutes les infos ou les compétences, il faut agir conjointement. La police, la Justice, les assistants sociaux, les soignants, etc. Tous travaillent dans les mêmes lieux, ils peuvent se parler des dossiers, échanger… Ils utilisent également les mêmes outils, faits pour faciliter la communication entre les services.

Effectivement, c’est différent de la France où tout est cloisonné entre les différents magistrats, où on peut condamner un médecin qui fait des signalements et où le secret professionnel est érigé en modèle.

Le secret professionnel existe en Écosse mais il est plutôt géré en circuit fermé. Si vous êtes un pro et avez besoin de savoir, vous saurez.

Nous pensons qu’il y a plus de problèmes liés au non partage des informations que l’inverse. Et beaucoup d’usagers apprécient de ne pas avoir à répéter les mêmes informations sensibles.

L’Ecosse est connue pour être un des pays où on prend le mieux en compte les traumatismes.

C’est vrai. Tous les employés des services publics sont formés aux traumas et à leurs effets. Ils savent repérer les signes, connaissent les marques d’un développement dysfonctionnel du cerveau chez un enfant ou une femme victime de violence… Cette conscience permet des interventions à la fois plus sympathiques pour les victimes mais aussi génère une aide plus adaptée aux genres, à l’âge et au contexte. Même au niveau de la loi, c’est intégré. Ainsi la Justice doit prendre en compte l’âge de l’agresseur jusqu’à ses 26 ans. Depuis 2019, les châtiments corporels sont interdits. Et actuellement, le parlement écossais étudie un projet de loi qui obligerait chaque future loi à respecter la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

En France, hélas, le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant.

Ici, le droit de l’enfant (ou son intérêt supérieur) passe avant le droit du parent. D’ailleurs, les parents n’ont pas de droits sur leurs enfants, juste des responsabilités. Ils ne doivent pas leur causer du tort et de la souffrance.

Ça fait rêver… Et sinon, concrètement, comment sont gérés les cas de violences intrafamiliales ?

Cela a pas mal changé depuis ces 20 dernières années. Au début de notre siècle, les assistants sociaux étaient formés pour identifier les dangers potentiels. C’était à eux de mettre en place la protection des enfants. Le corolaire de cela, c’est que les assistants sociaux avaient peur d’être accusés de ne pas s’être rendu compte du problème. Ils étaient donc toujours à la recherche de signes de violence. Ce n’était pas sain.

Il y a 5 ans, nous avons rééquilibré cette approche fondée sur la considération du risque pour se tourner vers le pendant, plus positif : les signes de sécurité (“Signs of Safety”). Les assistants sociaux travaillent en partenariat avec les familles et le reste des intervenants, dans des relations plus égalitaires. Tous travaillent pour identifier le problème et se tourner vers la solution : comment créer une famille sûre et saine. Cela a un gros impact sur la motivation des professionnels, la satisfaction des intervenants et surtout, cela améliore grandement la capacité d’identifier les risques et les dangers. La peur de l’erreur d’évaluation perdure, se faire confiance mutuellement (famille et services sociaux) n’est pas aisé pour tout le monde, mais les choses s’améliorent tous les jours.

C’est donc le système actuellement en place ?

Non, il est encore en train d’évoluer. Depuis 2 ans, des régions testent l’approche “Safe & Together”.

“Safe and together” signifie “En sécurité et ensemble” ? Quel est ce nouveau modèle ?

« Safe and Together » est utilisé spécifiquement dans les cas de violences intrafamiliales par la plupart des autorités écossaises. Cela a un effet transformateur sur notre pratique. Il fonctionne sur 3 principes :

  • Il n’y a pas de violence sans agresseur, donc l’attention doit porter sur cette personne, ses responsabilités ; et non pas sur le parent protecteur. En cas de signalement, la police intervient immédiatement. L’accusé sera retiré de la maison et interrogé au commissariat. Les enfants et la victime présumée seront interrogés à domicile. Dans le cadre des processus d’enquête et de suivi, un représentant de l’autorité locale (un assistant social), un employé du National Health Service (généralement une infirmière) effectueront des recherches dans leurs bases de données à la recherche d’informations.

L’enquête pénale est menée uniquement par la police, mais des dispositions sont prises pour obtenir des informations auprès d’autres organismes de l’État. Ces dispositions aident la police dans ses enquêtes et aident les organismes de l’État à s’acquitter de leurs responsabilités en matière de protection du public.

Cela facilitera l’enquête, éclairera l’évaluation des risques et guidera les stratégies de protection qui doivent être mises en place. Il s’agit là d’un très bon exemple de la façon dont nous travaillons ensemble en Écosse afin que chaque organisme d’État puisse exercer ses responsabilités légales en matière de protection des enfants et des personnes vulnérables, au motif qu’un seul organisme ne disposera pas de toutes les informations.

Tout le monde est formé au contrôle coercitif. En Écosse, on préfère cette dénomination plutôt que « emprise ». Dans le cas d’emprise – le focus est sur la capacité et réaction de la victime mais dans l’essence du contrôle coercitif, c’est la stratégie de l’agresseur qui est sous la loupe.

Et si la situation n’est pas “grave” ?

Alors l’agresseur pourra rentrer chez lui mais il saura que toutes les structures sont au courant de ses actes et qu’il est surveillé.

Les 2 autres principes du “safe and together” sont :

  • Le parent protecteur et les enfants doivent rester ensemble. C’est la personne problématique qui doit quitter le foyer. Les services sociaux s’engagent à maintenir les victimes ensembles.
  • Les services sociaux travaillent en partenariat avec le parent protecteur. Ils reconnaissent que cette personne prend en charge la sécurité de ses enfants.

Waooo…. Cela démontre combien le contrôle coercitif est un concept intégré chez vous.

L’Écosse est un des rares pays au monde à avoir des lois spécifiques contre le contrôle coercitif.

Depuis 2018, il est illégal de contrôler son partenaire en restreignant ses accès à ses amis, sa famille, ses finances, son travail, peu importe le moyen. La peine maximale prévue est de 14 ans de prison ferme.

Les services sociaux savent que la violence est genrée, ils sont formés à la recherche de ces signes. De plus, ils ont conscience que si une personne est “contrôlée” par son partenaire alors leurs enfants sont aussi victimes de cette stratégie, directement ou indirectement. C’est pourquoi, cette personne n’a pas besoin de porter plainte (ni même de le vouloir). Si elle est repérée comme subissant des violences coercitives, alors on peut porter plainte à sa place, que la personne se reconnaisse comme victime ou non, car c’est le comportement contrôlant qui est illégal.

Merci beaucoup John. Nous espérons que la France saura s’inspirer du meilleur de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales.


Vous pouvez également consulter nos articles « Loi espagnole sur les violences intrafamiliales : pourquoi on devrait s’en inspirer » et « Violences sexuelles en Australie : une réalité glaçante révélée« .

Vies maternelles entravées

Vies maternelles entravées, protéger l'enfant

Merci à Philomène V. pour ce touchant et délicat témoignage : le parcours semé d’embûches d’une mère qui cherche à se protéger et à protéger son enfant.


Vous savez que la violence qui s’est insinuée dans votre couple devrait vous faire prendre la fuite. Mais il y a un bébé, qui, vous répète-t-on, « a besoin de ses deux parents ». Donc pas de départ.

La violence s’amplifie, « partez Madame, vous avez un petit, partez pour lui ! Mettez-le à l’abri », vous enjoint-on. Mais « si tu pars, tu vas voir ce que tu vas voir », vous susurre-t-on. Donc pas de sécurité.

Vous avez bravé la défense de quitter le territoire domestique, déclenchant l’ire conjugale ; vous savez qu’il vous faudrait partir sans laisser d’adresse pour vous évaporer enfin, légère et hors d’atteinte, vers la liberté. Mais ce conjoint, qui tait ses devoirs, hurle ses droits. Alors vous devez rester à sa portée. Donc pas de libération.

Vous devriez vous « protéger pour vous relever, couper les liens de cette relation maltraitante ». Mais vous avez l’obligation de tout faire pour favoriser « le dialogue coparental ». Donc pas de solution.

Vous devez être « une mère dans le compromis avec le père de l’enfant ». Mais vous devez vous montrer « une femme qui ne se laisse plus dominer par son ex-conjoint ». Donc pas de répit.

Vous suffoquez sous la chape des écrits menaçants et humiliants ; il vous faudrait suivre les préconisations du médecin et accepter les arrêts de travail. Mais pour le dossier concernant la garde de votre enfant, une mère en dépression, ce n’est pas bon. Donc pas d’arrêt.

Vous voudriez porter plainte contre le harcèlement que vous fait subir votre ex-conjoint mais sans arrêts de travail, pas de preuve suffisante de harcèlement : donc pas de plainte.

Vous êtes exsangue. Mais une mère triste, ce n’est pas bon pour les enfants, alors vous faites semblant : pas de repos.

Vous devez veiller au bien-être de votre enfant et déroger au jugement s’il est en danger physique ou psychologique avec son père. « Soyez une mère protectrice. C’est ça que fait une bonne mère ». Donc non représentation d’enfant.

Vous devez appliquer le jugement. Ne soyez pas une « mère toute-puissante ». « Une mère qui respecte les droits du père, c’est ça une bonne mère ». Donc pas de légitimité à préserver l’enfant.

Prise entre les coups réguliers du marteau de la violence psychologique et l’enclume institutionnelle, vous en venez quelques fois à souhaiter que ce marteau vous explose une bonne fois pour toutes le cerveau – fin du supplice.

Et quand vous parvenez parfois à vous endormir, vous rêvez de cette déflagration de votre chaire endolorie par toutes ces années de survie – d’asphyxie. Une déflagration qui mettrait fin à la torture des injonctions contradictoires. Vous n’auriez plus à assister, impuissante, à l’impunité de la violence qui abime votre enfant. Et, en mille morceaux, vous vous évaporeriez enfin, loin du bourreau – avec l’espoir que la moindre brisure de votre être s’en ira trouver les instants de légèreté partagés avec votre enfant, que tant d’années de tourment vous ont volés.

Mais pour protéger votre enfant, il vous faut rester. Donc vous restez, entre le marteau et l’enclume.

Philomèle V.


Vous pouvez retrouver de nombreux autres témoignages sur notre site.

Pourquoi la Justice favorise-t-elle le lien avec le père, au dépend des victimes ?

Pourquoi la Justice favorise-t-elle le lien avec le père, au dépend des victimes ?

Parmi les incompréhensions les plus fréquentes rapportées par les victimes de violences intrafamiliales, il y a celle où la Justice favorise le lien entre le père et l’enfant, même dans les cas d’inceste.

Pendant le temps des procédures, les enfants sont tenus d’aller vivre chez leur père ou de le voir dans des lieux prétendus neutres. Cela donne lieu à des scènes traumatisantes d’enfants terrorisés à l’idée d’être confrontés à leur agresseur, fut-il leur papa.

Du côté des mamans protectrices, c’est une aberration. L’image souvent invoquée est celle-ci : si un voisin était soupçonné de violences sur les enfants de la maison d’à-côté, personne ne demanderait que ces derniers continuent de le voir, au nom du maintien des bonnes relations de voisinage ou de la présomption d’innocence…

Parce qu’effectivement, quand une affaire n’est pas encore statuée, c’est souvent le principe de présomption d’innocence qui est invoqué. En France, chaque individu est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. En conséquence, la Justice accepte de remettre un enfant à son père, pourtant accusé par sa progéniture du pire, tant qu’elle n’a pas rendu son verdict au nom du principe de la présomption d’innocence.

Or la présomption d’innocence n’est pas incompatible avec le principe de précaution : on peut vouloir protéger un enfant de son potentiel agresseur, sans pour autant que la condamnation ait eu lieu.

C’est exactement ce qui se passe pour les femmes avec l’ordonnance de protection : la femme est éloignée de son potentiel agresseur, même s’il n’a pas été condamné. Mais les enfants ?

Quand bien même ils n’auraient pas subis directement de violences mais auraient été témoins, et donc victimes, des violences faites à leur mère, dans tous les cas les enfants doivent être protégés.

Pourquoi ne pourrait-on pas appliquer une ordonnance de protection pour les enfants ?

Le Collectif pour l’enfance, qui regroupe 45 associations dont la nôtre, porte ce projet (voir proposition d’amendement législatif).

La CIIVISE également, elle préconise dans son rapport final (préconisation no 26) :

« Créer une Ordonnance de Sûreté de l’Enfant (OSE) permettant au juge aux affaires familiales de statuer en urgence sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste parental vraisemblable. »

La Justice aime « donner une chance » au père, sur l’argument de favoriser le lien père/enfant. Pourtant, on le sait, maintenir un lien entre l’enfant et le parent toxique peut être totalement contre-productif pour l’enfant. A quel moment, un humain accusé de violences peut-il jouer un rôle positif dans la vie de la personne qu’il maltraite ?

Quand la Justice “donne une chance” à un parent violent, elle oublie que la chance lui a déjà été accordée trop souvent par la mère et que ça suffit ! Il s’agit d’un biais de genre qui favorise les pères aux dépens des mères.

Et si on essayait des critères validés par des experts formés aux violences intrafamiliales ?

  • La gravité et la fréquence de la violence sont des facteurs cruciaux. Dans les cas de violence grave, qui mettent en danger la sécurité physique ou émotionnelle de l’enfant, il est généralement peu probable qu’un parent violent puisse être jamais considéré comme un bon parent.
  • La sécurité de l’enfant est la priorité absolue. S’il y a risque, des mesures devront être prises pour protéger l’enfant, en interdisant son droit de visite.
  • La violence peut entraîner des conséquences graves sur le développement émotionnel et psychologique de l’enfant. Les professionnels de la santé mentale recommandent un éloignement total de l’agresseur pour permettre à la victime de s’apaiser et guérir doucement.
  • Pour être un bon parent, il faut avoir la capacité de prendre soin de l’enfant, de répondre à ses besoins émotionnels et physiques, en lui fournissant un environnement stable et aimant. Un parent violent en est dépourvu. Tout comme sa capacité à changer est faible. Peu de pères agresseurs sont disposés à chercher de l’aide, à suivre un traitement et à travailler sur leurs problèmes pour changer leur comportement.

En presque 2024, favoriser le lien père/enfant aux dépens des victimes n’a plus de sens. La diversité des modèles familiaux a démontré que l’important est de prioriser le bien-être de l’enfant dans TOUTES les situations. Ce dernier doit pouvoir grandir dans un environnement sûr et affectueux, et tant pis si cela implique de le séparer de son père violent. Les droits de l’agresseur ne devraient jamais être placés au-dessus de la sécurité et du bien-être de l’enfant.

Quand on perpétue des violences, est-ce qu’on est vraiment un parent ?

« C’est clair que l’agression physique est quelque chose qui abime les liens, ce qui est encore plus intolérable et scandaleux quand on est un parent, avec un devoir de responsabilité et de protection.
Et quand on violente un enfant, on casse plus que toute autre personne l’estime de lui. On lui envoie un message selon lequel il ne mérite pas le respect. Il ne mérite pas d’être préservé dans son intégrité physique. Il peut être détruit.

Et surtout, il peut être détruit par la personne qui apparemment désirait sa venue, qui avait l’air de l’accueillir et lui donner des repères.
Quand un parent blesse et frappe, il indique à son enfant que le monde entier est contre lui et ne l’accueille plus. Et il abime son estime. »

Sophie Galabru, Agrégée et docteure en philosophie
au micro de Grégory Pouy dans l’épisode 287 du Podcast Vlan

Vous trouverez l’ensemble des préconisation de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) dans notre article  » Les 82 recommandations de la CIIVISE « .

Merci à Édouard Durand pour son immense travail au sein de la Civiise

Merci à Édouard Durand pour son immense travail au sein de la Civiise

Édouard Durand : Un Engagement Inébranlable envers la Protection de l’Enfance

Vous le savez très probablement, le 11 décembre 2023, il a été annoncé que la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) serait reconduite avec des compétences élargies. Cependant, les coprésidents initiaux, Édouard Durand et Nathalie Mathieu, ont été remplacés. Les nouveaux responsables nommés sont l’ancien rugbyman et responsable associatif Sébastien Boueilh, en tant que président, et l’experte judiciaire Caroline Rey-Salmon, en tant que vice-présidente. Cette décision a été perçue comme surprenante par certains experts et par de nombreuses associations dont la nôtre, compte tenu de l’excellent travail accompli par la Ciivise sous sa première direction.

Avant toute chose, nous souhaitons rendre officiellement hommage à Édouard Durand, dont on ne comprend pas l’écartement de la Civiise tant il a incarné la figure emblématique de la protection de l’enfance dont on a tant besoin.

Magistrat dévoué, il s’est illustré en tant que juge des enfants à Marseille, juge aux affaires familiales, et formateur à l’École Nationale de la Magistrature. Sa carrière, marquée par un engagement profond pour la défense des plus vulnérables, a culminé avec son rôle de vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au TGI de Bobigny et de membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance.

Édouard Durand a toujours été un fervent défenseur de la parole des victimes. « Si la CIIVISE n’est plus l’espace de reconnaissance de la parole des victimes, ce n’est plus la CIIVISE« .

Il s’est battu pour que chaque voix soit entendue et chaque enfant protégé, comme en témoigne son implication puissante dans la Ciivise aux côtés de Nathalie Mathieu.

Nous reconnaissons et célébrons son apport inestimable à la cause et nous regrettons déjà sa persévérance, son intégrité et son esprit innovant.

Merci, Édouard Durand, pour votre passion sans concession et votre dévouement inébranlable à la protection des enfants.

Parallèlement, hélas, nous trouvons extrêmement symbolique le fait qu’il ait été démis de ses fonctions sans explication ni remerciement. Dix membres historiques sont actuellement en train de démissionner, comme Laurent Boyet de l’association Papillons, car “ils ne sauraient faire partie de cette mascarade”.

Nous sommes en droit de nous interroger sur la continuité de la Civiise, alors que ses membres dénoncent un “processus de silenciation” de la part de l’État. Processus qui rappelle étrangement celui des agresseurs que la commission dénonce justement.

La peur est celle d’un retour en arrière alors que les avancées mettent déjà tant de temps et d’énergie à voir le jour. Le travail sans précédent fourni par Édouard Durand et son équipe va-t-il retourner aux oubliettes ?

Sans parler des prises de positions du nouveau duo à la tête de la Civiise qui font déjà couler de l’encre car à rebours sur les préconisations de la commission.

Si le pire n’est jamais certain, il semblerait que les premiers signaux ne soient pas très encourageants.

A quand le retour d’Édouard Durand ??


Ce n’est pas une question de feuille de route, c’est d’abord une question de doctrine, une politique publique du soutien social : « je te crois, je te protège ». La nouvelle organisation ne donne aucune garantie sur cette doctrine.
Dans le communiqué de presse du gouvernement, il n’y a pas un seul mot pour les personnes qui ont confié leur témoignage à la CIIVISE. Les silences sont éloquents, les vides sont parfois à envahir tout l’espace. Pas un mot.

Edouard Durand 12 décembre 2023

Vous pouvez retrouver nos articles concernant les prises de position d’Édouard Durand et le travail de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) :

Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité

Rapport CIIVISE : résumé et préconisations supplémentaires

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

Pour en savoir plus sur les violences sexuelles faites aux enfants, nous vous recommandons la lecture de cet article, qui contient beaucoup de ressources et de liens utiles : Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants .

Enfin, voici un article qui permet de mieux comprendre le profil des agresseurs : Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants .

Témoignage de Françoise, victime d’inceste de la part de ses 3 frères dès l’âge de 10 ans…

Témoignage de Françoise, victime d’inceste de la part de ses 3 frères dès l’âge de 10 ans...

WARNING Attention contenu très sensible

Françoise est une enfant née dans les années 60, son père est boucher, sa mère nounou. Elle mène une enfance représentative de l’époque, ni malheureuse ni heureuse, avec des parents peu présents et peu chaleureux. Dernière enfant d’une famille de 5, c’est la seule fille, elle a donc 4 grands frères. Son père est le second compagnon de sa mère qui a eu un premier enfant à 17 ans, Joël, et qu’elle a délaissé en le confiant à sa propre mère pour aller travailler.

Françoise ne se souvient de rien de spécifique jusqu’à l’âge de ses 10 ans, période qu’elle associe à son premier souvenir d’inceste. Il reste néanmoins possible qu’il se soit passé des choses auparavant qu’elle aurait enfouie dans sa mémoire.

Un jour de ses 10 ans, sa mère s’affaire en cuisine en bas, ses frères sont à l’étage et Françoise s’ennuie.

Assise en haut des marches de l’escalier, elle demande à jouer avec ses grands frères, âgés de 12, 14 et 16 ans, qui sont enfermés dans la chambre. Cette chambre est aussi la sienne car elle dort habituellement dans la même pièce qu’eux dans son lit une place (seul l’ainé a une chambre pour lui tout seul).

Ses frères refusent qu’elle les rejoigne dans un premier temps puis changent d’avis 15 minutes plus tard, comme s’ils avaient réfléchi (ou manigancé ce qui suivra). Ils lui disent : « Si tu veux jouer avec nous, tu dois te laisser faire« . Françoise est toute contente et accepte bien volontiers les conditions. Ils lui demandent alors : « Allonge toi sur le lit« . Puis… ils lui enlèvent sa culotte.

Françoise est surprise mais elle a confiance dans ses frères. Elle voit le plus jeune faire le guet pour vérifier que leur mère reste en bas.

Et puis, les choses dérapent vraiment. L’ainé grimpe sur elle et la viole. Françoise ne comprend rien de ce qui se trame mais elle a mal, elle sent les va et vient dans son corps et elle demande qu’il arrête. Elle se souvient de lui avoir dit « Va-t’en« . Françoise est terrorisée. Le second de ses frères intervient, mais pas pour la sauver : « A moi maintenant” et tente à son tour de la pénétrer. Pareil pour le troisième ensuite mais ils ne savent pas vraiment y faire.

Françoise se souvient qu’ils étaient obsédés par être dedans « le trou » et qu’ils lui demandent sans cesse s’ils étaient “dedans”. Instinctivement, elle comprend qu’elle doit mentir pour se protéger et leur dit qu’ils sont bien dedans… La torture dure longtemps. Ses trois frères se relayeront 2 fois chacun jusqu’à ce que Françoise trouve le courage de dire : « J’entends maman, elle monte…« 

Elle profite de la confusion de ses frères pour remonter sa culotte et se sauver dans le salon. La fillette s’assoit sur un fauteuil, prostrée. Sa mère, qui est dans la cuisine, jette un œil et lui dit « Tu es bizarre« . Françoise ne répond rien, reste figée comme une statue. Ses frères arrivent rapidement après, le plus jeune s’approche d’elle et discrètement, la menace : « Si tu parles, on dira que tu mens et on te cassera la gueule« .

Françoise est persuadée que ses parents ne la croiront pas alors, terrifiée, elle garde tout sous silence.

Dès cet âge, elle culpabilise d’avoir participé à leurs jeux et d’avoir menti, comme si elle était responsable de ce qui lui était arrivé !

Parallèlement, Joël, le 1er enfant de sa mère, est devenu papa d’un petit Laurent. Il revient voir sa mère. L’histoire se répète, Joël et sa compagne abandonnent Laurent à sa mère.

Ils disparaissent pendant des mois. La mère de Françoise finit par aller voir la police pour abandon d’enfant et récupère la garde peu de temps après du jeune Laurent. Ce dernier dort dans la chambre de ses grands-parents durant ses premières années mais quelques mois après le viol de Françoise, ses parents décident qu’il doit déménager et dormir avec les autres enfants.

Il est prévu que Laurent dorme avec le plus jeune des frères de Françoise qui a un lit double. Mais Laurent est souvent malade, il passe des nuits compliquées qui perturbe le sommeil de son oncle. Un jour il vomit abondamment, alors le frère en profite et exige que ce soit Françoise qui dorme avec lui.

Rassemblant son courage, Françoise s’oppose fermement à cette disposition mais rien n’y fait, ses parents acceptent le changement.

Dès la première nuit, le frère tente à nouveau d’abuser d’elle. Il sait que Françoise ne veut pas dormir avec lui alors il met en place un chantage : « Si tu te laisses faire, je dis à Laurent de terminer la nuit dans mon lit et tu retournes dans le tien« . A vrai dire, dans tous les cas, Françoise n’a guère le choix… Et la violence sexuelle se remet en place… Toutes les nuits c’est la même chose. Son frère glisse son sexe entre ses cuisses pour tenter de la pénétrer. Et à chaque fois, elle lui fait croire qu’il y parvient.

Ce manège angoissant, traumatisant, va durer 3 ans. Pendant trois années, TOUTES les nuits, il vient se frotter contre elle et jouir contre son corps.

Ce qui mettra fin à cette horreur est un incident imprévu.

Françoise a 13 ans et ses premières règles arrivent. Elle file prévenir sa mère.

Celle-ci, pour une raison obscure, raconte l’événement à ses frères qui n’hésitent pas à retrouver Françoise pour se fiche de sa tête. Cela met Françoise en colère. Toute sa rage liée à son impuissance, tout ce qu’elle a subi la porte… Elle se lève face à ses frères et assène : “C’est fini, vous ne me toucherez plus ! »

Elle met son énergie à convaincre ses parents et elle récupère la chambre de son frère ainé, fraichement parti du domicile. Les violences sexuelles cessent enfin.

Aussitôt, le cerveau et sa mémoire amnésique font leur travail de protection. Françoise oublie ce qu’elle a subi les dernières années. Ses souvenirs disparaissent en surface.

Mais on sait bien que rien ne disparait réellement. Et le corps prend le relai, en dysfonctionnant, en criant sa douleur autrement.

Françoise grandit comme une cocotte-minute, toujours sous pression, régulièrement malade, apeurée. Il n’y a qu’à l’école puis au travail qu’elle s’épanouit, car elle s’y sent appréciée et reconnue pour ce qu’elle est.

A 27 ans, Françoise fait des crises d’angoisse, son sommeil est très perturbé, elle en vient à vouloir se suicider. Elle en parle à un médecin et au fil de l’eau, elle retrouve la mémoire de ce qu’elle a vécu ! Elle comprend enfin ce qui ne va pas et décide de se soigner, comme elle peut.

Elle participe à des séjours psychiatriques, pratique des séances d’EMDR, consulte des spécialistes… Des années durant, elle traine son mal-être sans trouver de solution miracle.

A la cinquantaine, elle se décide à tout raconter à sa famille, en commençant par sa mère qui lui reproche de ne pas lui en avoir parlé avant…

Elle a également une conversation avec un de ses frères des années plus tard, celui qui lui a fait subir des agressions sexuelles pendant 3 ans. Il reconnait son comportement et s’excuse, pensant ainsi être absout. Les autres diront plus tard ne pas s’en souvenir…

Alors il y a 6 mois, Françoise a décidé d’aller en justice, presque symboliquement. Elle se sent comme dépossédée de sa vie. Pour elle, ses frères ont tout eu, maison, femmes, enfants, petits-enfants. De son côté, tout a été compliqué, ses amours, sa sexualité… Françoise se sent seule.

Elle veut témoigner ici pour que sa parole aide d’autres victimes d’inceste de son âge, pour qu’elles trouvent le courage de dénoncer à leur tour les horreurs subies !

Le procureur de la république a transféré le dossier pour une enquête. On espère que la loi sur la prescription changera. Françoise demande justice !


Vous trouverez sur ce site d’autres témoignages d’anciennes victimes devenues majeures, elles témoignent courageusement de leur parcours chaotique : Ana Madet, victime d’inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans et Pierre, 39 ans, ancienne victime de violences sexuelles, physiques et psychologiques, assigne l’État pour fautes lourdes et déni de justice .