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Connaissez-vous l’anonymat dissociatif ? Pourquoi on ose tout dire (ou presque) sur Internet ?

Connaissez-vous l’anonymat dissociatif ?

L’anonymat dissociatif est une notion développée par le psychologue John Suler (2004) dans son article fondateur The Online Disinhibition Effect.

En clair, c’est un des mécanismes qui expliquent pourquoi certaines personnes se permettent, en ligne, des comportements qu’elles n’auraient pas dans la “vraie vie” : insultes, harcèlement, confidences très intimes, propos violents ou au contraire très vulnérables.

Derrière un pseudo ou un avatar, on ne se perçoit plus comme une personne entière.

On devient une voix détachée, sans nom, sans visage. Et cela change notre rapport aux autres… et à nous-mêmes.

Les six facteurs de désinhibition de Suler :

  1. Anonymat dissociatif
  2. Invisibilité (on ne se voit pas)
  3. Asynchronie (on répond plus tard)
  4. Introjection solipsiste (on se fait une image mentale de l’autre)
  5. Imagination dissociative (Internet comme un jeu)
  6. Minimisation de l’autorité sociale (pas de profs, pas de parents, pas de police visibles)

D’autres effets aggravants existent : désengagement moral (on se sent moins responsable), effet de groupe (dilution de la responsabilité), normalisation de la violence, surenchère, contagion émotionnelle (la haine circule vite…)

Concrètement :

  • On peut s’autoriser à dire des choses qu’on n’oserait pas exprimer en face.
  • L’absence de lien direct avec sa véritable identité civile fait croire que les actes ou paroles en ligne ne “rejailliront pas” sur la vraie vie.
  • Cela peut mener à deux formes de désinhibition :
    • désinhibition toxique : insultes, propos haineux, comportements violents.
    • désinhibition bénigne : confidences personnelles, auto-révélations, entraide plus libre.

Effet psychologique

Quand on croit que nos paroles n’ont pas de conséquences dans la vraie vie, on se permet des comportements inhabituels.

L’anonymat est un des ingrédients à ce comportement, mais il n’est pas seul

S’ajoutent :

– l’invisibilité (on ne se voit pas en face).

– l’asynchronie (on peut répondre plus tard, sans pression).

– l’imagination (on projette ce qu’on veut sur l’autre).

– la minimisation des règles sociales (on se croit hors cadre).

Résultat : insultes massives, fake news, cyberharcèlement…

Des chercheurs parlent d’ensauvagement du web (The Conversation, 2018).

Un espace où la civilité recule et où la brutalité gagne du terrain.

Mais attention : “ensauvagement” ne signifie pas que tout est mauvais. La désinhibition peut aussi être un moteur de solidarité et de libération.

Internet permet à des victimes ou à des personnes isolées de parler, souvent pour la première fois.

L’anonymat peut protéger des stigmates et ouvrir un espace d’expression salutaire. Un ado qui n’oserait pas parler à ses parents peut demander de l’aide et recevoir parfois des réponses salvatrices.

L’anonymat devient alors un outil de survie.

À l’inverse, et c’est hélas bien plus fréquent, un internaute peut insulter ou menacer sans scrupule, en toute impunité souvent.

Persuadé que son pseudo le protège, il se croit hors de portée de toute conséquence.

L’anonymat devient alors un bouclier pour la violence.

Comme dans les violences intrafamiliales, l’agresseur profite du secret, du silence, du manque de réactivité de la Justice voire de l’absence de témoins.

En ligne, l’anonymat dissociatif masque, protège, encourage la répétition des violences.

En 2023, Lindsay, une jeune adolescente de 13 ans, s’est suicidée après des mois de harcèlement en ligne. Ce geste tragique aurait pu être la fin de son calvaire.

Hélas, même après sa mort, les attaques ont continué. De nombreux internautes ont craché leur venin, commentant son geste de manière malaisante et déplacée.

De la violence supplémentaire rendue possible par la dissociation et l’absence d’empathie.

Ce cas illustre un phénomène bien connu par les victimes : les violences vécues dans la sphère privée (moqueries, isolement, brimades) ne s’arrêtent pas avec Internet. Elles s’y prolongent, s’y amplifient, et deviennent insoutenables.

Protéger les enfants et les victimes de violences, c’est aussi repenser nos usages numériques.

Comment préserver l’espace d’expression des victime tout en reconnaissant et régulant les agressions, les harcèlements et les discours haineux ?

Comment garder l’équilibre entre la dangerosité de l’anonymat dissociatif dans le cyberharcèlement (et son lien avec les violences intrafamiliales), tout en rappelant qu’il reste une porte de sortie précieuse pour les victimes ?

  • Quelques pistes :
  • En renforçant la modération et la responsabilité des plateformes.
  • En éduquant les jeunes (et les adultes) à un usage respectueux du numérique.
  • En offrant des espaces d’anonymat protégés pour les victimes, encadrés par des professionnels.
  • En soutenant les parents protecteurs et les associations qui agissent sur ces terrains.

L’anonymat dissociatif ne doit pas être un permis de nuire, mais un outil de protection.


Vous pouvez lire également notre article sur le grooming qui aborde les problématiques de cybercriminalité.

Connaissez-vous le Grooming ?

Connaissez-vous le Grooming ?

Nom masculin, d’origine anglaise

Le grooming désigne une stratégie de manipulation utilisée par des agresseurs pour gagner la confiance d’un enfant (ou parfois d’un adulte vulnérable) en vue de l’exploiter, notamment sexuellement.

Grooming : ce que la loi française refuse encore de nommer

Dans les affaires de violences sexuelles intrafamiliales, la France continue de peiner à appréhender certaines formes d’agression pourtant bien connues des cliniciens, des victimes… et des agresseurs. L’un des angles morts les plus criants reste la notion de grooming.

Ce mot n’a toujours aucun équivalent juridique en droit français alors qu’il est pourtant central dans les législations anglo-saxonnes.

Une absence aux conséquences lourdes.

Le grooming, qu’est-ce que c’est ?

Dans les pays anglo-saxons, le grooming est défini comme un processus intentionnel de manipulation mentale, affective et parfois logistique, mis en place par un agresseur pour obtenir la soumission ou le silence de sa victime, souvent un mineur.

Il précède généralement les actes d’agression sexuelle et en constitue le terreau psychologique. Le mot signifie littéralement “faire la toilette”, “soigner l’apparence”. Un euphémisme cruel qui rappelle la manière feutrée et insidieuse dont ces agressions s’introduisent dans la vie des victimes.

Au Royaume-Uni, la loi sur les infractions sexuelles définit clairement le grooming comme une infraction distincte, passible de jusqu’à 10 ans de prison, dès lors qu’un adulte engage un échange intentionnel avec un mineur en vue d’un acte sexuel.

Aux États-Unis, de nombreux États criminalisent explicitement le child grooming, y compris dans ses formes numériques (cyber-grooming), et les forces de l’ordre sont formées à repérer ces pratiques.

En France, rien de tel. Le code pénal continue d’aborder les violences sexuelles presque exclusivement sous l’angle de la violence physique, de la contrainte, de la menace ou de la surprise.

Le grooming se déroule souvent en plusieurs étapes :

  1. Création d’un lien de confiance : l’agresseur se montre bienveillant, offre une attention particulière, se positionne comme une figure de soutien ou d’amitié.
  2. Isolement : Il tente d’éloigner la victime de ses proches, de la rendre dépendante émotionnellement.
  3. Introduction de la sexualisation : Par des discussions, des images, des sous-entendus, l’agresseur banalise des comportements inappropriés.
  4. Contrôle et silence : Il utilise la culpabilisation, la peur ou le chantage pour maintenir la victime sous emprise et l’empêcher de parler.

Le souci est que tout ce “travail préparatoire”, cette installation d’un climat de domination psychique, d’isolement ou de confusion, ne sont pas reconnus comme une méthode d’agression à part entière.

Cette lacune a des effets très concrets sur les affaires judiciaires. Lorsqu’il y a violence physique manifeste, la question du consentement ne se pose pas : les faits parlent d’eux-mêmes. Mais dans les cas où l’agression s’inscrit dans un processus lent et dissimulé, que ce soit dans une famille, une école, un club sportif ou un cadre religieux, la justice française interroge la victime plutôt que l’agresseur. A-t-elle dit non ? Pourquoi n’est-elle pas partie ? A-t-elle envoyé des messages ambigus ?

Exemples concrets :

  • Un adulte qui discute avec un enfant sur un jeu en ligne et l’amène progressivement à partager des photos inappropriées.
  • Un proche de la famille qui devient “l’ami” privilégié d’un enfant en lui offrant des cadeaux et en cultivant une relation exclusive avant d’introduire des comportements abusifs.
  • Un enseignant, coach, ou toute autre figure d’autorité qui utilise sa position pour manipuler un enfant et obtenir des faveurs sexuelles sous couvert d’affection.

Pourquoi le Grooming est un problème majeur ?

Le grooming est particulièrement pernicieux car la victime peut ne pas réaliser qu’elle est manipulée et croire qu’il s’agit d’une relation normale. Cela rend la dénonciation et la prise de conscience encore plus difficiles. Le cyber-grooming est aussi une menace croissante. Les prédateurs contactent des enfants via les réseaux sociaux, les jeux en ligne, etc, et se font passer pour des amis.

L’agresseur peut s’en prendre à plusieurs enfants en même temps mais selon des modalités ou des moments différents. Parfois, ces derniers ignorent que leurs frères ou sœurs sont aussi victimes.

Ce qu’apporterait une reconnaissance du grooming

Inscrire le grooming dans la loi, c’est reconnaître l’existence de stratégies prédatrices spécifiques, qui exploitent la confiance, la dépendance, l’admiration, la peur ou la solitude des enfants. C’est aussi former les magistrats, les avocats, les enquêteurs, les cliniciens à repérer ces schémas.

Cela permettrait de poser d’autres types de questions lors des procédures judiciaires. Au lieu de scruter la victime, on pourrait viser l’agresseur et ses actes : Pourquoi avez-vous demandé le silence sur vos échanges ? Comment avez-vous gagné sa confiance et organisé son isolement ? Pourquoi tous ces cadeaux ?

En refusant de nommer le grooming, la loi française refuse de voir ce que les victimes, les cliniciens et même les agresseurs savent depuis longtemps : la violence sexuelle ne commence pas au moment de l’acte. Elle prend racine bien avant, par des gestes d’approche, des phrases banales, des attitudes faussement bienveillantes. Elle commence là où l’intention prédatrice se dissimule sous un masque d’innocence.

C’est cette dissimulation qui doit être mise en lumière, non seulement dans les textes, mais aussi dans les pratiques judiciaires, les formations professionnelles, l’écoute clinique.

Reconnaître le grooming, c’est se doter d’outils pour mieux protéger les enfants, mieux juger les crimes, mieux réparer les victimes.

Doit-on utiliser le mot Pédophile ou Pédocriminel ?

Doit-on utiliser le mot Pédophile ou Pédocriminel ?

Les médias et la société parlent de pédophile.

La justice parle de pédocriminel.

Et ce n’est pas la même chose.

Confondre les deux termes brouille la compréhension… et peut freiner la protection des enfants.

Le mot pédophile désigne une attraction sexuelle pour les enfants prépubères.

(Définition psychiatrique, OMS)

Le mot pédocriminel désigne une personne qui commet un crime ou un délit sexuel sur un mineur.

(Définition juridique)

Pédophilie

La pédophilie est avant tout une notion psychiatrique. Elle désigne une attirance sexuelle persistante et préférentielle, parfois exclusive, pour les enfants qui n’ont pas encore atteint la puberté. Cette attirance, décrite par l’OMS dans la classification des troubles mentaux, n’implique pas nécessairement un passage à l’acte.

Certaines (rares) personnes concernées en sont conscientes et cherchent de l’aide. Elles consultent et mettent en place des stratégies pour ne jamais mettre un enfant en danger.

Mais il existe hélas aussi des personnes pédophiles qui peuvent devenir des pédocriminels. Soit en consommant des images pédopornographiques, soit en agressant des enfants.

À l’inverse, un adulte peut abuser sexuellement d’un enfant sans être pédophile. Les violences sont motivées par la domination, le contrôle, dans le cadre de violences intrafamiliales, sans qu’il y ait d’attirance spécifique pour les enfants.

En d’autres termes, la pédophilie décrit une attirance, mais pas un acte. Et c’est justement ce qui la distingue de la pédocriminalité.

Pédocriminalité

La pédocriminalité appartient au domaine du droit. C’est la justice qui emploie ce terme pour désigner l’ensemble des crimes et délits commis à l’encontre de mineurs : viols, agressions sexuelles, corruption ou incitation, mais aussi la production, la diffusion ou la possession de pédopornographie, ou encore l’exploitation sexuelle organisée.

Contrairement à la pédophilie, la pédocriminalité ne renvoie pas à une attirance mais à des actes concrets, répréhensibles et punis par la loi.

Tous les pédocriminels ne sont pas pédophiles.

L’inceste en est un exemple frappant : de nombreux auteurs ne présentent pas d’attirance pédophile au sens psychiatrique, mais utilisent la sexualité comme un instrument de pouvoir et de contrôle.

Parler de pédocriminel permet de replacer le débat sur la responsabilité des auteurs.

Dans les médias, le mot pédophile est encore trop souvent utilisé comme synonyme d’agresseur d’enfant.

Exemple : “Un pédophile arrêté après avoir agressé sa belle-fille”.

Cette formule laisse entendre que l’agresseur aurait une attirance spécifique pour les enfants. Or, bien souvent, ce n’est pas le cas.

Dans de nombreux dossiers, l’auteur n’a jamais manifesté d’intérêt sexuel particulier pour les enfants. L’agression est commise dans un contexte de violence intrafamiliale, d’emprise, ou simplement parce que l’enfant était vulnérable et à portée de main.

L’inceste illustre parfaitement cette dynamique. Ce n’est pas l’existence d’une orientation pédophile qui explique l’abus, mais la logique de domination et de contrôle à l’intérieur de la famille.

Les recherches scientifiques confirment que la réalité est bien plus complexe que l’image véhiculée par les médias.

Entre 25 % et 50 % seulement des personnes condamnées pour abus sexuels sur mineurs présentent un profil de pédophilie au sens clinique (Seto, 2008 * ; Lussier, 2011). Autrement dit, plus de la moitié des auteurs ne sont pas pédophiles : ils ont commis un crime pour d’autres raisons.

On observe aussi des différences selon les contextes. Les auteurs intrafamiliaux, par exemple, présentent beaucoup moins de caractéristiques pédophiles que les auteurs extrafamiliaux. À l’inverse, le taux de pédophilie est plus élevé chez les agresseurs extrafamiliaux, notamment ceux qui ciblent des garçons.

Pourquoi la confusion entre pédophile et pédocriminel est dangereuse pour les victimes ?

La confusion entre pédophile et pédocriminel ne nuit pas seulement à la prévention, elle a aussi un impact direct sur les victimes.

Lorsqu’on réduit un abus sexuel à une “maladie” ou à une “orientation”, on tend à minimiser la responsabilité de l’agresseur. L’acte est alors présenté comme le symptôme d’un trouble, presque inévitable, plutôt que comme un choix criminel.

Pour les victimes, ce discours est destructeur. Il peut faire douter de la gravité de ce qu’elles ont subi, ou donner l’impression que leur agresseur n’est pas pleinement responsable.

En parlant de “pédophile” à tort et à travers, comme de “monstres isolés”, on renforce l’idée que le danger viendrait uniquement de l’extérieur, de prédateurs tapis dans l’ombre.

La réalité est toute autre.

Les chiffres le montrent : 8 victimes sur 10 de violences sexuelles subies durant l’enfance et l’adolescence concernent des faits d’inceste. (Actes de colloque – Regards croisés sur la conduite de recherches sur la maltraitance intrafamiliale envers les enfants et les adolescents – 2023)

Beaucoup de victimes n’osent pas parler parce que leur agresseur ne correspond pas à cette image du “monstre” : c’est leur père, leur beau-père, leur oncle, parfois même leur grand frère.

Résultat : leur témoignage est perçu comme moins crédible, et leur souffrance reste trop souvent dans l’ombre.

Enfin, croire que seules des personnes identifiées comme des pédophiles menacent les enfants détourne la vigilance sur la mécanique réelle des violences intrafamiliales, qui représentent la majorité des situations.

En réduisant les violences sexuelles sur mineurs à un “problème psychiatrique”, on oublie que la plupart des auteurs agissent sans être pédophiles. Ils exploitent une position d’autorité, un climat de silence, ou profitent d’une opportunité.

Tant que l’on confondra pédophilie et pédocriminalité, pédophile et pédocriminel, on passera à côté de ces mécanismes, et on privera les enfants d’une protection efficace.

Ce qu’il faut dire alors ? Pédophile ou Pédocriminel ?

Quand un adulte agresse un enfant, ce n’est pas “un pédophile”.

C’est un pédocriminel.

Et il faut le condamner.


Vous trouverez d’autres ressources utiles dans notre article Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants.


* Seto, M. C. (2008). Pedophilia and Sexual Offending Against Children: Theory, Assessment, and Intervention. Washington, DC: American Psychological Association.

(Dans cet ouvrage, Seto montre que seule une partie des auteurs d’infractions sexuelles contre des enfants répond aux critères cliniques de pédophilie.)

Le petit chaperon rouge, une histoire d’inceste ?

Le petit chaperon rouge, une histoire d’inceste ?

On connaît tous l’histoire du Petit Chaperon rouge. Le loup, la forêt dangereuse, la grand-mère, la fillette naïve, la morale de Charles Perrault qui met en garde les jeunes filles contre les inconnus…

Et si, depuis des siècles, nous étions passés complètement à côté de l’essentiel ? Et s’il s’agissait là d’un faux-semblant ?

C’est la thèse passionnante que défend Lucile Novat dans son essai De grandes dents, enquête sur un petit malentendu (Éditions La Découverte, 2024), présentée dans une émission de France Culture.

Un ouvrage qui relit ce conte fondateur et en bouleverse la signification.

La réécriture du danger : de l’extérieur à l’intérieur

On voit habituellement ce conte comme une mise en garde contre les dangers de la forêt, de l’étranger. Pour Lucile Novat, c’est en réalité tout l’inverse. Le danger n’est pas un inconnu qui rôde dehors, un monsieur qui offre des bonbons, c’est un proche, inscrit au cœur de la maison familiale, voire au lit. Selon elle, le loup serait une métaphore d’un père incestueux, dont l’acte violent est camouflé derrière la fable du prédateur sauvage.

Elle illustre ce pivot à partir de l’image mythologique : tout comme dans le mythe de Cronos, la figure parentale abusive se mue en créature monstrueuse. Le conte devient alors une métaphore contemporaine des violences intrafamiliales que l’on connait bien.

Le loup agresse à l’intérieur

Un détail qui n’en est pas un : pourquoi le loup ne dévore-t-il pas le Petit Chaperon rouge lorsqu’il la rencontre dans la forêt ? Il en aurait pourtant la possibilité. Mais non : il attend que la fillette soit entrée dans la maison, dans l’espace intime et clos, là où personne ne peut voir, ni entendre. C’est une stratégie typique des agresseurs : agir à l’abri des regards, dans le secret du foyer.

Autre similitude, le loup ne reste pas un loup, prédateur évident. Il ne surgit pas pour mordre, il opte pour une autre stratégie. Il se déguise en grand-mère, figure d’autorité et de confiance pour maquiller sa violence derrière un masque respectable, il travestit son apparence pour mieux tromper.

Ce basculement de la menace visible à la menace dissimulée et enjôleuse rappelle des mécanismes bien connus des violences sexuelles intrafamiliales :

  • L’agresseur se fait passer pour protecteur. Il abuse de la confiance naturelle que l’enfant accorde.
  • Il travaille son emprise, cherchant à convaincre de sa bienveillance, pour mieux abuser.
  • C’est un opportunistes qui vise l’impunité.

Le conte met en scène explicitement, la logique perverse de l’inceste : le danger ne vient pas de l’extérieur, de l’inconnu, de l’étranger, mais de l’intérieur, de la famille, du domestique.

Il porte le masque de la tendresse pour mieux violenter ses victimes.

D’autres indices plus psy semés dans le texte

  • La “folie” des femmes, dès les premières lignes : Perrault insiste sur une affection excessive, obsessionnelle, jusqu’à la “folie”, pour le personnage de l’enfant. Un amour puissant que Novat suggère comme un possible symptôme de dérive émotionnelle et sexuelle.
  • La chevillette et la bobinette : ce mécanisme complexe de fermeture symbolise une forteresse censée protéger, mais aussi une mise en scène artificielle du danger extérieur (un leurre pour masquer ce qui est véritablement menaçant à l’intérieur).
  • Trouble entre les genres et les rôles : la fillette est évoquée au masculin (“le petit chaperon rouge”), tandis que la grand-mère-loup est décrite avec des attributs masculins (corps velu, poils impressionnants).

Relu ainsi, Le Petit Chaperon rouge devient le récit d’un danger intime et indicible : l’inceste, que la littérature populaire a masqué derrière la figure commode du loup.

Là où la société continue de maintenir l’illusion d’une violence qui viendrait surtout de l’extérieur, l’enseignante Lucile Novat cherche à faire émerger une réalité plus glaçante.

Elle raconte que quand elle introduit Le Petit Chaperon rouge dans sa classe de sixième, le conte libère la parole des élèves et ouvre une occasion de sensibilisation, de prise de conscience. Il permet également aux adultes accompagnants de trouver des médiations justes et sensibles avec les enfants.

Le conte devient une boîte à outils pour penser l’indicible.

En France, l’inceste reste largement tabou : selon la Ciivise, 1 enfant sur 10 est victime de ces violences. Notre imaginaire collectif masque ce drame et le conte du Petit Chaperon rouge contribue, malgré lui, à occulter cette réalité.

Changer de regard sur ces lectures, c’est faire bouger un discours figé, retrouver tous les jours un peu plus une parole tétanisée par le secret. C’est aussi redonner aux parents, aux enseignants, aux institutions, des outils symboliques et analytiques pour accompagner les enfants victimes, sans retomber dans la censure du réel.

Luttons contre ces faux loups.

La maison, le territoire où les violences se commettent sans témoins, doit redevenir un lieu de paix et sécure.

Témoignage de Corinne, mère de 5 enfants, victime de violences conjugales, parentales et institutionnelles

Témoignage de Corinne, mère de 5 enfants, victime de violences conjugales, parentales et institutionnelles

Corinne pensait avoir une vie de famille “normale”.

Et puis un jour, elle a réalisé.

30 ans sous emprise.

Une séparation.

Des plaintes ignorées.

Des enfants enlevés.

Voici le témoignage d’une mère protectrice, effacée par la justice, rattrapée par la violence.

Un récit qui montre à quel point le système, encore aujourd’hui, ne protège pas les enfants.

Et continue de punir celles qui essaient de le faire.

Corinne avait une vingtaine d’années quand elle a rencontré celui qui allait devenir son mari.

Ayant grandie dans un environnement très religieux, presque sectaire, elle a été élevée dans l’idée que l’épouse doit obéissance, que les souffrances sont offertes à Dieu et que le pardon est la plus haute vertu. Elle a porté sa croix, exactement comme on le lui avait appris.

Très tôt, le mari qu’on lui a choisi prend le contrôle. Il décide de tout : l’argent, les fréquentations, le rythme de vie. Il surveille, critique, impose. Les humiliations et les violences physiques sont quotidiennes, sous les yeux des enfants. Comme beaucoup de femmes, Corinne croit que c’est sa faute, qu’elle doit être plus calme, moins « provoquer ». Elle subit pendant des années.

Ensemble, ils ont cinq enfants. Corinne s’efforce d’être une mère attentive, douce, présente. Les enfants sont sa force… mais aussi sa faille. Chaque fois qu’elle évoque l’idée de partir, il la menace de les lui enlever. Il sait qu’elle le croit capable de tout. Il a déjà commencé à distiller l’idée qu’elle est instable, trop émotive, déconnectée de la réalité. Il s’en servira plus tard devant les juges.

Quand elle finit enfin par quitter le domicile conjugal, Corinne pense qu’elle va pouvoir protéger ses enfants.

Mais le cauchemar prend une autre forme, plus institutionnelle et froide : celle des procédures, des jugements, des rapports, des classements sans suite.

Le père se présente en victime, et la présente en mère déséquilibrée.

Le système tranche : il faut « préserver le lien« .

Même au prix de la sécurité.

Elle porte plainte pour violences, menaces, harcèlement, enlèvement d’enfant. Après sept ans de parcours juridique, les plaintes sont classées sans suite, y compris celle, liée à 30 jours d’ITT ordonnés par un médecin légiste. Sept ans d’attente, de relances, d’espoir. Pour rien. Son premier avocat lui avait déconseillé de parler des violences pour « préserver les chances d’une garde partagée« . Corinne, encore sous emprise, pense alors que protéger ses enfants, c’est éviter les conflits. Elle ne sait pas, à ce moment-là, nommer les choses. Et ce silence a biaisé tout le reste.

Une expertise judiciaire est ordonnée.

La psychologue ne voit ni le traumatisme, ni l’emprise.

Elle évoque plutôt une mère confuse, instable, fatiguée.

Cette “experte” ignore les témoignages des enfants, des amis, les certificats médicaux, les écrits de professionnels. La parole de Corinne est toujours suspectée, celle du père crédible.

Pourtant, les enfants parlent. Ils racontent les cris, les coups, les menaces. Ils expliquent pourquoi ils ne veulent pas vivre chez leur père. Ils parlent des scènes de violence. Mais les éducateurs concluent que « des souvenirs ont été induits« , que Corinne aurait manipulé ses enfants. Une manière de renverser la charge. Une stratégie connue qui malheureusement fonctionne toujours.

Pendant ce temps, l’ex-mari exerce une violence économique. Il retire Corinne de sa mutuelle mais garde les enfants.

Elle paie les soins, il touche les remboursements.

Il refuse de participer aux frais de cantine ou d’activités, prétextant que rien n’est validé d’un commun accord. Elle s’endette. Elle passe par la commission de surendettement. Lui continue à jouer le rôle du père stable.

Même l’avocat médiatique de Corinne s’y met : il encaisse un chèque qu’il avait promis d’encaisser plus tard. Elle se retrouve fichée bancaire. Cet avocat ne se déplace pas aux audiences… mais la fait payer. Un harcèlement institutionnel de plus.

Dans sa propre famille, qui ne supporte pas son éloignement religieux, elle ne trouve pas d’appui. Son père, pédiatre respecté, prend parti pour son ex-mari. Sa mère dit préférer voir ses petits-enfants placés plutôt qu’avec Corinne. L’isolement devient total.

Même entourée, elle est seule. Et le sentiment d’injustice s’accumule.

Elle tente pourtant de faire valoir ses droits, d’être entendue. Elle change d’avocat, rejoint des associations, rencontre des professionnels compétents, mais toujours trop tard. Le mal est fait. Le dossier est jugé à travers un prisme biaisé. La parole maternelle, comme celle de tant d’autres, est reléguée au rang de stratégie.

Pendant le confinement, son ex-mari finit par obtenir la garde de deux de leurs enfants. Corinne, en précarité, n’a pas pu s’y opposer. Elle voit ses enfants s’éloigner, happés par la version de leur père, construite patiemment depuis des années. Elle tente de garder le lien, mais le poids du mensonge est lourd.

Et les enfants, pour survivre, finissent parfois par croire leur père, bien plus fort.

Corinne participe à une exposition photographique sur les parents aliénés. Quand il découvre le projet, le père fait pression pour faire retirer le témoignage. Bien qu’il ne soit pas nommé, il comprend que c’est elle. Et il exige le silence. Encore.

Comme si dire la vérité dérangeait plus que la vérité elle-même…

Aujourd’hui, Corinne continue de se battre. Elle forme des travailleurs sociaux aux réalités du contrôle coercitif. Elle milite pour une meilleure reconnaissance de l’emprise. Elle intervient parfois dans des conférences. Elle écrit.

Elle envisage un livre, tiraillée entre la nécessité de témoigner et le souci de protéger ses enfants.

Elle ne sait pas encore si la justice réparera un jour ce qui a été cassé. Mais elle sait que se taire serait une double peine. Alors elle parle. Pour elle. Pour ses enfants. Pour toutes les femmes qui vivent encore dans l’ombre de ce que la société appelle, à tort, un conflit parental.

Ce que Corinne aimerait qu’on comprenne, c’est que les violences ne s’arrêtent pas à la séparation.

Souvent, elles ne font que commencer.

Témoignage : Les violences intrafamiliales vues par Jack, enfant victime

Les violences intrafamiliales vues par Jack, enfant victime

Jack a 23 ans. Il parle doucement, en hésitant sur chaque mot.

Il ne veut pas déranger avec son histoire et en même temps, il a un besoin urgent de prendre la parole, de témoigner. Il n’en peut plus du silence.

Son père est un homme autoritaire, qui se complaît dans une position de dominant et ne tolère ni opposition ni discussion.

Il décide. Les autres obéissent. Comme son fils est un “homme”, son père veut le préparer à être le chef de sa famille, celui qui contrôle, qui impose, qui dicte. Mais Jack est sensible.

Et cette sensibilité, son père la broie : un homme ne doit pas pleurer.

Pour que la leçon rentre, les brimades et les coups pleuvent au quotidien.

Son père frappe surtout quand ils sont seuls, à l’abri des regards.

Dans la maison, la terreur est quotidienne et n’épargne personne.

La chambre de Jack n’est pas un refuge : même réfugié sous le lit, il reçoit des coups.

Son père utilise tout ce qui lui tombe sous la main. L’enfant vit dans une vigilance extrême, il observe pour tenter d’échapper à la fureur paternelle. Il apprend à cacher les objets utilisés contre lui pour se protéger.

Protester ne sert à rien.

Résister aggrave les choses.

Le message est clair : “Où que tu ailles, je te retrouverai et je te punirai”.

Jack se souvient des menaces de mutilation physique proférées par son père, comme si son corps n’avait jamais été à lui.

Par exemple, quand il était petit, le père menaçait son fils de lui couper le sexe s’il faisait une bêtise. Jack pensait que c’était une punition en l’air, que c’était impossible qu’un adulte fasse cela. Alors un jour, son père est passé à l’acte symboliquement. Jack avait dû faire un truc qui l’avait mis en rage. Il a alors traîné son fils aux toilettes, lui a ordonné de baisser son pantalon, a sorti une paire de ciseaux. Jack se souvient encore de sa panique totale. Il a hurlé, pleuré, supplié. Son père a fini par s’arrêter… et en a profité pour renforcer la menace. Il a dicté une règle que Jack a dû réciter par cœur : “La prochaine fois, la sanction sera pire, tu dormiras dans les toilettes, puis le jardin, le garage et enfin la rue”. Jack est encore capable de réciter la liste des lieux où il finirait en cas de nouvelle bêtise.

Les violences physiques se combinent quotidiennement à un climat de terreur permanente. Jack peine parfois à se remémorer certains souvenirs, certains sont flous. Mais il n’a aucun doute sur le fait qu’il a vécu un enfermement psychologique délétère.

Parce qu’il se souvient d’être allé jusqu’à vouloir fuguer enfant, sans trop savoir où aller.

Il se souvient de s’être enfermé dans sa chambre, sans que ça n’arrête la fureur de son père. Il se souvient d’avoir été triste, apeuré d’avoir pleuré, et d’avoir été puni pour ça.

Il a retrouvé un carnet rédigé à 12 ans, dans lequel on lit les mots d’un enfant sous pression. Il a contacté une ancienne professeure d’école primaire : elle aussi se rappelle de son anxiété constante. Elle est prête à témoigner.

Des flashs, des bribes remontent et lui serrent le bide… Mais ce sont ces grands trous noirs, ces absences de mémoire qui l’inquiètent vraiment. Les aléas de l’amnésie traumatique sont connus et difficiles à appréhender. Le pire est douloureux à atteindre.

Pendant longtemps, Jack a pensé que ce qui se passait chez lui était la norme.

Ce n’est que plus tard, vers l’adolescence, qu’il a réalisé que d’autres enfances étaient possibles, plus douces et aimantes.

Il comprend aussi qu’il n’est pas le seul enfant à vivre de la violence intrafamiliale, que c’est hélas bien trop fréquent.

Une chose est sûre : il ne se taira plus.

Il redresse alors la tête autant qu’il le peut. Et c’est progressivement ce qui le sauve.

Il souhaite témoigner aujourd’hui, parce qu’il pense que ce qui a pansé un peu ses plaies, c’est d’avoir rencontré des gens qui lui ont montré ce qu’est l’amour, la vie heureuse.

Le respect. Le soin. La sécurité. Pour la première fois, Jack s’est senti aimé pour qui il était. Et enfin capable d’aimer en retour.

Jack avance, il s’est mis à l’athlétisme (jusqu’à être qualifié au marathon pour tous des Jeux Olympiques). Il consulte. Il écrit.

A 23 ans, il souhaite transmettre un message d’espoir pour ceux qui doutent, qui souffrent, ceux qui n’ont pas encore parlé, alors qu’ils ont un besoin d’extérioriser ce qui leur arrive.

Qu’ils sachent que c’est possible de survivre. Et même de vivre.

D’aimer, d’être aimé, d’avoir un avenir.

Jack a besoin de dire que sa vie et celles des autres enfants victimes de violence intrafamiliales ne se résument pas à leur enfance. Il insiste pour témoigner que des histoires de transformation, de résilience existent. On peut apprendre à s’aimer.

Il souhaite aussi rappeler des vérités simples mais cruciales :

📢 L’enfant doit toujours être cru, protégé, soutenu.

📢 Les violences intrafamiliales sont massives, systémiques, et trop souvent ignorées.

📢 Le silence protège les agresseurs, jamais les enfants.

📢 Témoigner, c’est déjà résister.

Cela permet d’ouvrir une porte pour les autres.


Vous pouvez retrouver d’autres témoignages sur le site.

Affaires Pélicot et Le Scouarnec : Le cri de la petite cuillère

Affaires Pélicot et Le Scouarnec : Le cri de la petite cuillère

Fin 2024 / début 2025 : l’actualité bruit des affaires Pélicot et Le Scouarnec. Deux affaires « hors normes » ont dit les médias, comme s’il y avait une norme à l’infâmie, à l’horreur.

Dans l’affaire Pélicot, la bonne conscience, incrédule, effarouchée, s’est dressée devant l’impensable, devant le caractère industriel de cette atrocité. Prise de conscience que la cinquantaine d’accusés étaient des « Monsieur tout le monde ».

Dans cette affaire, la grande discrétion voire le silence de la plupart des responsables politiques ont pu être notés. Le problème du viol (y compris entre époux) est présent dans tous les milieux et il est trop souvent traité avec une circonspection aussi grande que le malaise qu’il provoque. Le dysfonctionnement de certains services a été évoqué. Et puis, plus grand-chose… Les victimes de viol ou de violences sont toujours des pots de terre qui se heurtent à la majorité silencieuse des pots de fer. Et pour les écouter et les aider, quelques personnes, toujours les mêmes, blessées ou indignées.

Dans l’affaire Le Scouarnec, rien que trois centaines de victimes de viols ou d’agressions sexuelles ! Et les hurlements silencieux de toutes ces victimes, enfants devenus adultes et découvrant parfois ce qu’ils ont subi lors des aveux du violeur, hurlements étouffés par une montagne de défaillances, d’aveuglements, de dénis, de lâchetés, à un point tel que cette omerta relève de la complicité passive de la part des responsables et des témoins présents dans toutes les structures impactées par cette affaire monstrueuse.

Et après cela, se passera-t-il enfin quelque chose dans notre société paternaliste ?

En attendant, il y a encore et toujours des personnes, à titre individuel ou au sein d’associations, qui œuvrent pour accompagner et soutenir les victimes mineures et adultes ainsi que les parents protecteurs, eux aussi victimes à part entière. Sans céder au découragement car, face à la multiplicité effrayante des agressions dont la grande majorité est tue ou ignorée, chaque personne qui en aide une autre ressemble à une petite cuillère voulant vider un marécage. Et le marécage est immense, immense et nauséabond…

Et si la petite cuillère criait tout à coup ? Et si toutes les petites cuillères criaient en même temps ? Leur tintamarre ferait-il sortir de leur vase dissimulatrice et protectrice les crocodiles du marigot ?

Michel

3 juin 2025


Merci à Michel d’avoir accepté la publication de son texte très éclairant. Nous sommes persuadé.e.s que des milliers de petites cuillères existent, souvent dans l’ombre, infatigables et motivées, à nous de nous regrouper pour faire nombre, à nous de vider le marécage par notre volonté. Ne jamais rien lâcher.

Nous dédions ce texte à toutes les petites cuillères de cette planète, votre travail n’est pas vain, il est salutaire, vous êtes des modèles et des locomotives, chaque action compte, c’est en se regroupant que nous y arriverons. Force à vous.


Pour mieux comprendre les mécanismes des violences vous pouvez consulter nos articles Les stratégies de l’agresseur et Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants .

Les Chiffres

On estime que 160 000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles chaque année en France.

8% seulement des jeunes victimes qui ont osé parler sont protégées et l’agresseur n’est éloigné de la victime que dans 6% des cas !

10% des français déclarent avoir été victime d’inceste.

Moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet d’une plainte . 70% de celles-ci sont classées sans suite selon le ministère de la justice.

En conclusion, la prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles est gravement défaillante en France !

Si les enfants méritent sans conditions respect, bienveillance et protection, de nombreuses études pointent aussi le lien entre les violences subies dans l’enfance, les troubles graves de la personnalité et la criminalité. En conséquence, la protection de l’enfance est donc également un impératif pour prétendre vivre dans une société paisible.

ATTESTATION DE TÉMOIN Un acte de soutien essentiel

ATTESTATION DE TÉMOIN Un acte de soutien essentiel

Quand un proche subit des violences intrafamiliales ou conjuguales, doit-on faire une attestation de témoin pour la Justice ?

Qu’est-ce que cela implique ?

A quoi cela sert-il ?

Les réponses présentées ici sont un condensé d’échanges sur ce sujet avec des victimes de violence conjugale et avec Maître Agathe Morel.

A quoi sert une attestation de témoin ?

  • A soutenir les victimes moralement

Quand on est victime de violence conjugale ou intrafamiliale, la première phase importante est d’être cru. On a besoin d’être cru pour se sentir soutenu et s’éloigner de l’impression d’isolement dans laquelle toute victime se retrouve.

Le soutien moral est d’autant plus important que dans notre société le déni des violences est omniprésent.

  • Aider les victimes pour leur combat juridique

Même si une attestation n’a pas un poids juridique très fort, elle fait partie du faisceau d’indices pour s’approcher de la vérité, et donne une nuance à l’affaire. Une victime dont plusieurs personnes apportent un soutien dans une affaire sensible aura plus de chance d’être prise au sérieuse dans ses dénonciations.

Écrire une attestation est une aide pour la protection des victimes de violence conjugale et donc souvent des enfants.

Pour rappel, ces derniers sont également considérés comme des (co-)victimes.

Qui peut faire une attestation et comment la fait-on ?

Les amis, la famille, les collègues de travail…TOUTES les personnes qui ont eu un contact proche avec la victime et qui peuvent attester de sa bonne moralité, compétence sociale, compétence parentale, humanité, ou de la qualité du lien avec son enfant, en s’aidant de scènes vécues ensemble.

C’est très utile de demander une attestation à un proche car cela oblige ce dernier à réfléchir à la situation, à mobiliser ses souvenirs pour pouvoir apporter des preuves.

Comment écrire une attestation et comment parler de la victime ?

On peut rapporter les paroles et les émotions problématiques de la victime :

Exemple : « Mon amie, à telle date, m’a confié ceci : Mon (ex)conjoint m’a fait subir tel acte de violence et depuis j’ai très peur de lui, surtout quand je lui amène les enfants. J’ai toujours peur qu’il s’en prenne directement à moi devant les enfants… »

La crédibilité d’une série d’attestations sera bonne si elles sont toutes différentes.

C’est pour cela qu’on ne donne pas d’attestation type. Quand on écrit une attestation, il faut toujours garder en tête ce qu’on cible, ce que l’on veut prouver.

Plutôt courte, l’attestation doit décrire avec honnêteté des gestes, des paroles directement vécues. On n’évoque pas quelque chose dont on a juste entendu parler ou alors on utilise le conditionnel.

On peut éventuellement donner son sentiment si cela apporte de la compréhension.

Ex : « Je suppose qu’il a tapé l’enfant, je ne l’ai pas vu faire, mais juste après j’ai vu l’enfant figé, tétanisé, avec une trace rouge sur la joue. »

On ne fait pas de conclusions à caractère professionnel.

Par exemple, on ne dit pas :

« Selon mon point de vue, c’est une personne perverse narcissique… »

Les risques encourus lorsqu’on écrit une attestation de témoin ?

Les risques encourus lorsqu’on écrit une attestation en tant que témoin sont très faibles. On risque une poursuite pénale pour faux (pour celui ou celle qui réalise l’attestation) et usage de faux (pour celui ou celle qui utilise l’attestation). Si l’attestation a été écrite avec authenticité, sincérité, sans en rajouter des tonnes, il n’y a pas de raison de mettre en doute cet écrit.

Les risques encourus lorsqu’on n’écrit PAS une attestation de témoin ?

Au-delà de ne pas exercer son devoir civique et moral, le principal risque est d’empêcher la protection des victimes majeures et mineures. Leurs situations sont déjà très difficiles à vivre. Les possibilités juridiques pour se protéger et prouver leur situation demeurent restreintes et complexes. L’erreur serait de considérer qu’il s’agit d’affaires privées et de détourner le regard. Or ces drames ont des conséquences désastreuses sur la santé mentale et physique des victimes et par ricochet sur notre société. Les enfants victimes ne croient plus en nos institutions, en l’empathie, en la bienveillance. Ils perdent confiance et parfois ne savent que reproduire la violence qu’ils ont vécue.

Ne RIEN faire, c’est TOUJOURS se placer du côté de l’agresseur.

Si vous doutez de votre lecture de la situation, voici une liste non exhaustive de comportements problématiques que l’on peut observer ou entendre chez un agresseur intra-familial :

Violences physiques et menaces directes

  • Coups, bousculades, strangulation, pincements…
  • Casse d’objets pour intimider
  • Menaces verbales explicites (« Tu vas voir », « Tu vas me le payer », etc.)
  • Réactions inadaptées (explosions de colère imprévisibles et disproportionnées)
  • Maltraitance animale (frapper ou menacer un animal domestique)

Violences verbales et psychologiques

  • Insultes, cris, propos humiliants
  • Dévalorisation constante, moqueries blessantes
  • Harcèlement moral (y compris messages ou appels incessants)
  • Intimidation physique sans passage à l’acte (postures menaçantes, cris rapprochés)

Contrôle et isolement

  • Surveillance des déplacements, du téléphone, des réseaux sociaux
  • Isolement social imposé : interdiction ou culpabilisation à voir ses proches
  • Refus de laisser la victime travailler, étudier ou avoir une vie personnelle

Manipulation et instrumentalisation

  • Instrumentalisation des enfants (doudou confisqué, menaces de ne plus les voir…)
  • Chantage affectif (“Si tu pars, je me tue”, “Tu vas détruire notre famille”)
  • Multiplication volontaire des procédures pour harceler ou user la victime (plaintes abusives, accusations inversées, pression judiciaire)

Violences économiques et sexuelles

  • Refus de participer financièrement, contrôle abusif du budget
  • Usage de l’argent pour punir ou récompenser
  • Violences sexuelles, y compris viol conjugal
  • Déni ou minimisation des violences subies (« T’exagères », « C’est toi le problème »)

L’association Protéger l’enfant et Maître Agathe Morel, conseillons vivement à toute personne témoin de réaliser des attestations.

Ce soutien, qu’il soit d’ordre moral ou juridique, peut faire la différence.

Au pire cela ne pèsera pas dans le jugement mais le soutien moral reste indéniable.

Et au mieux… on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise…


Vous trouverez sur le site de nombreux autres conseils pratiques tels que :

Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Les mères protectrices : coupables idéales

Les espaces médiatisés, censés garantir un environnement sécurisé pour les enfants victimes de violences intrafamiliales, ont un regard profondément biaisé sur les mères protectrices. Ces lieux, souvent dépourvus de formations spécifiques sur les violences conjugales, perpétuent des stéréotypes et des préjugés, tout en minimisant les traumatismes subis par les enfants et leurs mères.

Quand un enfant refuse de voir son père violent, la responsabilité est systématiquement reportée sur les mères protectrices.

Elle est accusée :

❌ D’être trop angoissée ou méfiante.

❌ De manipuler son enfant contre le père.

❌ De saboter la relation père-enfant.

On reproche souvent aux femmes victimes de violences de ne pas être parties plus tôt, surtout en présence d’enfants. Cette accusation témoigne d’une méconnaissance du contrôle coercitif. Le plus souvent, si elles ne sont pas parties plus tôt, c’est parce qu’elles ont donné, plusieurs fois, une chance à cet homme redevenu charmant (la lune de miel). C’est un processus connu de l’emprise et du cycle des violences. Il faut cesser de reprocher aux victimes d’avoir espéré que leur agresseur pouvait changer. Cesser de les rendre responsables.

La personne a dit « oui » à un moment donné à une relation de couple harmonieuse et amoureuse, elle n’a pas dit « oui » à une relation qui met son intégrité, sa sécurité, son bien-être et sa santé en péril.

L’agresseur est le seul responsable de ses actes. L’auteur des violences EST le coupable.

Une étude* confirme que les perceptions des agresseurs influencent les intervenants eux-mêmes jusqu’à construire un biais accusatif contre les mères protectrices bien ancré.

« Les commentaires dépréciatifs à propos des femmes victimes s’avèrent fréquents. […] Le spectre va de doutes sur la parole de la victime à des raisonnements structurés autour de sa co-responsabilité. »

* Guide du parent protecteur de l’association face à l’inceste

👉 Même lorsque des pères ont été condamnés pour violences, ils ne sont pas perçus comme violents pour les intervenants y compris quand les enfants alertent et témoignent de leur mal-être. Les intervenants cherchent alors des solutions pour faire changer d’avis l’enfant sans investiguer davantage sur les causes profondes de ce refus qu’ils imputent à la mère. En effet, comment un père qui se montre « charmant » avec eux pourrait être violent avec son enfant ?

Un soutien aveugle aux pères violents

Dans ces espaces, les pères violents savent manipuler leur image. Ils se présentent comme des parents modèles, apportent des cadeaux aux intervenants, plaisantent, et jouent les pères attentionnés.

➡️ Les mères, elles,  sont accusées de surprotéger ou d’aliéner l’enfant, renforçant un climat de culpabilisation systématique.

👉 Les enfants sont souvent ignorés, même lorsqu’ils expriment leur mal-être ou leur peur.

« Tant d’enfants sacrifiés sur l’autel du maintien du lien à tout prix, même quand ce lien est violent. Je passe mon temps à déconstruire l’idée absurde du mari violent qui peut être un bon père« 

Marion PIERRE, pédiatre à Rennes

Les intervenants des espaces rencontre restent dans une logique de soutien à la parentalité du père violent et autorisent toujours très rapidement d’élargir le droit de visite. Les mères protectrices doivent alors composer avec ces intervenants peu formés aux spécificités des violences conjugales.

Un témoignage rapporté dans le guide du parent protecteur illustre cet aveuglement :

« Une travailleuse sociale m’a dit : ‘Ne vous inquiétez pas, on est formés. Si l’enfant ment, je m’en rendrai compte.’ Quand je lui ai demandé quelle formation en psychologie elle avait, elle s’est fâchée. »

👉 Ce manque de compétences contribue à un sentiment d’épuisement pour les mères protectrices et leurs enfants, piégés dans un système qui ne les comprend pas.

“C’est du passé”, un discours dangereux

Lorsqu’une mère signale les violences passées et leurs répercussions sur son enfant, la réponse des intervenants est souvent la même : « C’est du passé, il faut tourner la page. »

Les violences qualifiées de « passé » ne le sont jamais vraiment. Pourquoi ?

1️⃣  Le contact parental se poursuit.

Même après une condamnation ou une interdiction d’entrer en contact, les mères protectrices doivent transmettre des informations sur la santé ou la scolarité des enfants ET gérer les stratégies du père pour multiplier les contacts et trouver des prétextes pour se plaindre au JAF.

⚠️ Ces exigences maintiennent un contrôle coercitif déguisé, rendant impossible pour les mères et les enfants de tourner la page.

2️⃣ Trop rare remise en question du comportement des hommes

Les pères profitent des espaces médiatisés pour jouer les victimes. Ils partagent leur « version des faits » avec des intervenants, qui finissent souvent par prendre leur parti.

👉 Les mères protectrices sont accusées de vouloir « se venger », tandis que l’état d’esprit rancunier des pères condamnés est rarement interrogé.

3️⃣ Des violences persistantes.

Même si les violences physiques appartiennent au passé, elles sont remplacées par des stratégies : plaintes, manipulations, ou pressions. Ces comportements visent à faire payer la séparation aux mères protectrices et à maintenir leur emprise.

👉 Les violences conjugales ne s’arrêtent PAS avec la séparation, elles changent de forme. Ignorer cette réalité, c’est condamner les mères et les enfants à une souffrance prolongée.

Comme en atteste le Dr Luis ALVAREZ, pédopsychiatre :

“Il n’y a pas de soin possible tant que la violence persiste. Le contrôle coercitif abîme les enfants : du fait de l’isolement, de la privation de la liberté, de la négligence des besoins vitaux, de violences sexuelles, de l’entrave aux relations entre l’enfant et son parent protecteur, de harcèlement et par la contrainte.

On ne peut PAS soigner ces enfants s’ils continuent à être exposés au trauma. Imaginez une personne qui a eu un accident de voiture et tous les quinze jours on lui impose un accident de voiture.”

Il faut donc cesser d’imposer aux enfants de revoir leur agresseur. Les espaces médiatisés devraient le savoir plus que n’importe qui.

Les espaces médiatisés, dans leur état actuel, échouent à protéger les victimes. Ils deviennent des lieux où les mères protectrices sont injustement jugées et où les pères violents bénéficient d’un soutien aveugle.

Et les JAF ont leur responsabilité, car ils devraient plus souvent demander un arrêt du droit de visite. Insister au nom du lien avec l’agresseur, c’est torturer davantage les victimes.

➡️ Pour que ces espaces remplissent vraiment leur rôle, il est urgent de recentrer leur mission sur la sécurité des enfants, et sur la reconnaissance des mères protectrices comme alliées de leur survie.


Vous pouvez consulter nos autres articles sur les espaces médiatisés et les visites médiatisées et la problématique des mères protectrices :

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

Témoignage d’une grand-mère en colère contre la Justice qui ne protège pas sa fille et ses petites filles (témoignage sur des visites médiatisées)

Le centre médiatisé, un lieu pas si neutre…

Ces articles soulignent la nécessité d’ouvrir un espace de réflexion et des débats concernant ce sujet des visites médiatisées, et notamment repenser l’utilité des visites médiatisées pour les cas de violences intra-familiales.

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

De plus en plus, les juges aux affaires familiales ordonnent des droits de visites médiatisées en centre médiatisé ou en espaces rencontre dans des contextes de violences intrafamiliales. Ces dispositifs, perçus comme des solutions miracles, sont censés permettre des rencontres sécurisées entre un parent violent et ses enfants.

⚠️ Mais dans les faits, ces espaces se transforment souvent en théâtre de manipulation, où les enfants sont livrés à leur agresseur sous couvert de « protection”.

Une solution perçue comme miraculeuse

Les espaces rencontre sont présentés comme une réponse idéale : 

✔️ Les parents ne se croisent pas. 

✔️ Les rencontres sont « encadrées ».

Mais dans la réalité : 

❌ Les intervenants sont rarement formés aux violences intra-familiales ni aux traumatismes. 

❌ Leur rôle se limite souvent à observer.

Parfois, ils ne sont même pas dans la même pièce, mais ils “savent” que tout s’est bien passé…

➡️ Résultat : les enfants ne sont pas protégés, et les agresseurs continuent d’exercer un contrôle coercitif, impunément.

Une vision biaisée de la protection

Ces espaces lors des visites médiatisées ne protègent pas les enfants des abus psychologiques et physiques. 

👉 La souffrance des enfants est souvent ignorée, sous prétexte que « tout se passe bien » s’ils reviennent physiquement indemnes. Personne ne les écoute, ne valide leur avis, personne ne les croit.

⚠️ On oublie que les blessures invisibles – stress, terreur, cauchemars – sont tout aussi graves. Toutes les victimes n’ont pas les mêmes façons d’exprimer leurs peurs.

« Imaginez une personne blessée que l’on force à revivre son accident chaque semaine. » Dr Luis Alvarez

L’impact traumatique des visites médiatisées

Quand les enfants alertent sur leur mal-être, leur parole est souvent minimisée ou interprétée comme un « caprice ». La justice les force à croiser leur agresseur, au nom d’un lien parental qui est pourtant toxique.

Les enfants développent des troubles : 

❌ Stress post-traumatique. 

❌ Troubles somatiques.

❌Cauchemars et insomnies. 

❌ Repli sur soi ou énurésie. 

⚠️ Forcer un enfant à maintenir un contact avec son agresseur renforce son traumatisme et normalise les violences qu’il subit. Le lien avec l’agresseur ne doit pas être supérieur au respect de l’enfant victime.

Une pression injuste sur les mères

Quand un enfant refuse de voir son père violent, c’est la mère protectrice qui est accusée. Elle est jugée responsable de transmettre ses peurs ou ses angoisses à son enfant. On ressort le faux syndrome d’aliénation parentale… Elle est accusée de saboter la relation père-enfant, mais ça ne pose pas de problème que le père critique la mère, même en présence de l’enfant…

⚠️ Cette logique déplace la responsabilité des violences du père vers la mère protectrice.

👉 Cela crée une double peine, qui pousse les mères à se taire pour éviter d’être injustement stigmatisées.

Les violences du passé : un sujet ignoré

Les violences conjugales vécues sont souvent minimisées. Lors des visites médiatisées, les mères qui les invoquent ou signalent les effets négatifs des rencontres sont balayées d’un revers de main. 

Les intervenants disent : 

❌ « C’est du passé. » 

❌ « Les enfants doivent s’exprimer eux-mêmes. »  (mais on ne les croira pas…)

👉 Beaucoup d’enfants n’osent plus parler, sachant que leur parole ne sera ni entendue ni crue. Les intervenants ne comprennent pas le principe de sur-adaptation (un sourire ne fait pas l’enfant épanoui, faut creuser…). Les victimes se sentent seules et impuissantes face à ces simulacres de protection.

Un soutien incompréhensible au parent agresseur

Dans ces espaces : 

🎭 Les pères violents jouent les « parents modèles », manipulant les intervenants avec des cadeaux ou des compliments. 

Hors de la vue des intervenants, ils : 

❌ interrogent les enfants sur leur mère. 

❌ les menacent ou les culpabilisent. 

👉 Les intervenants, sensibles à l’image « charmante » des agresseurs (qui vont jusqu’à apporter des bonbons, des gâteaux), mettent toute leur énergie à « réparer » la relation père-enfant et ignorent les signaux de détresse des enfants.

➡️ Une logique destructrice pour les victimes.

L’urgence de changer la loi

Le rapport Alsalem (Rapporteuse spéciale, Nations unies, 2023) souligne : 

📜 « Les enfants exposés à la violence doivent être protégés, pas forcés à maintenir un lien avec leur agresseur. » 

👉 Pourtant, la loi actuelle privilégie encore et toujours le droit du père sur l’intérêt supérieur de l’enfant. 

➡️ Les droits de visite sont élargis, même en cas de violences avérées, ignorant le traumatisme des enfants ou le principe de précaution. 

⚠️ Il est urgent de repenser nos lois pour mettre la protection des enfants au cœur des décisions judiciaires.

Chaque enfant a droit à une enfance sans violence.

📢 Nous devons agir pour :

✔️ Réformer les espaces rencontre.

✔️ Imposer une vraie formation sur les violences aux intervenants, notamment ceux qui interviennent lors des visites médiatisées

✔️ Donner la priorité à la protection des enfants dans toutes les décisions judiciaires.

➡️ Partagez pour sensibiliser : les victimes méritent mieux que ce vide cruel de la protection de l’enfance.


Vous pouvez consulter nos autres articles sur les espaces médiatisés et les visites médiatisées :

Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

Témoignage d’une grand-mère en colère contre la Justice qui ne protège pas sa fille et ses petites filles (témoignage sur des visites médiatisées)

Le centre médiatisé, un lieu pas si neutre…

Ces articles soulignent la nécessité d’ouvrir un espace de réflexion et des débats concernant ce sujet des visites médiatisées, et notamment repenser l’utilité des visites médiatisées pour les cas de violences intra-familiales.