Étiquette dans violences conjugales

On vous croit !

On vous croit !

Le film On vous croit , de Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys montre la difficulté pour une mère de protéger ses enfants en Justice.

On vous croit met en scène Alice qui se retrouve devant un juge. Elle doit défendre ses enfants, dont la garde est remise en cause. Pourra-t-elle les protéger de leur père avant qu’il ne soit trop tard ?

Pour nous, il était crucial de montrer à quel point la longueur, la répétition et la multiplication des procédures judiciaires peuvent amplifier les traumatismes. Dans notre histoire, comme souvent dans la réalité, les enfants qui sont contraints de revivre sans cesse ce qu’ils ont subi, tout en voyant leur parole mise en doute, finissent par se dire qu’on ne les protège pas.

Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

On vous croit met en lumière les conséquences des violences sexuelles sur les enfants :

  • Conséquences psycho traumatiques
  • Violence envers soi
  • Mauvaise estime de soi
  • Problème de santé physique et mentale…

Et les conséquences sur leurs parents protecteurs (ici la mère, comme dans la majorité des cas de violences intrafamiliales).

Nous voulions rendre compte qu’en plus d’être traumatisées par les agressions sexuelles, de nombreuses victimes le sont aussi par le fait de ne pas être crue ou protégée lors des procédures judiciaires.

Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

La Justice n’est pas adaptée aux problématiques des victimes :

  • Les enfants et leur mère sont obligés de croiser le père agresseur dans la salle d’attente.
  • Les enfants doivent encore et encore raconter leur histoire devant la juge aux affaires familiales.
  • Et une épée de Damoclès pèse sur ces enfants qui vont peut-être devoir aller chez le père qu’ils dénoncent, si la justice le décide, alors qu’ils vivent dans un état de peur et de stress intense à son contact et qu’ils subissent encore les conséquences psycho traumatiques des violences paternelles antérieurement subies.

On vous croit met aussi en lumière les tactiques et stratégies des agresseurs intrafamiliaux

  • La séduction. Alice raconte avec le sourire le temps où elle était amoureuse et fière de cet homme charmant et plein d’affection. D’ailleurs il est plutôt sympathique, il présente bien.
  • Le père se victimise. Il ne comprend pas pourquoi il en est là. Il ne comprend pas pourquoi ses enfants ne veulent plus le voir. On a presque envie de le croire.
  • Avec l’appui de son conseil, le père isole la victime en essayant de la dénigrer auprès des professionnels. Il la dévalorise : madame est fragile, souvent malade. Il y a même une allusion au syndrome de Munchhausen par procuration, sans citer le nom. Ce syndrome est un jackpot assez efficace avec le syndrome d’aliénation parentale pour décrédibiliser le parent protecteur auprès de la justice.

La mère protectrice est souvent la première à faire face à la violence du système, tout en portant la souffrance de l’enfant.

Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

On pense que les mères mentent, manipulent. Mais on perd de vue que d’abord, elles doivent recevoir la parole des enfants, révélation qui peut être extrêmement violente. Ensuite, elles doivent l’expliquer, et elles ont tellement envie d’être crues, qu’elles ont un discours fort et engagé qui peut les faire passer pour folles. Et puis on peut devenir folle, à penser qu’on ne nous croit pas. L’agresseur utilise ça en justice.

Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys

Ce qui est frappant dans la scène majeure de ce film, ce sont les qualités humaine et professionnelle de la juge qui mène l’audition des parents et de leurs conseils. On vous croit nous montre une juge très respectueuse des parties, qui n’est jamais dans le jugement, toujours à l’écoute, qui laisse la place pour s’exprimer de manière bienveillante. Cela est suffisamment rare pour être souligné.

On vous croit mériterait d’être visionné dans toutes les écoles de formation des professionnels voués à traiter d’affaires familiales (magistrats, avocats, travailleurs sociaux, policiers, gendarmes, psys,…).

Ce cas présenté n’est malheureusement pas un cas à part. Ce que vit cette femme et ses enfants, des milliers de familles le vivent encore aujourd’hui. Des milliers d’enfants ne sont pas protégés. 

Que cette juge inspire tous les professionnels de l’enfance qui pourront ainsi (ré)apprendre que le premier pas pour protéger des enfants est de les croire.

On vous croit !


Le film sortira en salle le 19 novembre 2025.

FAMILIA

Familia

Film Familia d’après le livre de Luigi Celeste

Non sarà sempre così

(Il n’en sera pas toujours ainsi)

Familia, c’est l’histoire de deux enfants qui ont vécu leur enfance dans la peur de leur père qui frappait leur mère et les rabaissait.

Familia, c’est l’histoire d’une maman qui a voulu dire stop aux violences, qui a les a dénoncés mais qui a perdu la garde de ses enfants.

Familia, c’est l’histoire d’un papa violent qui voulait tout contrôler et dominer femme et enfants en les insultant et en les rabaissant.

Familia est inspiré de faits réels, basé sur le témoignage écrit de Luigi Celeste, l’un des fils victimes de son père violent.

Récit de la violence, en particulier de la violence psychologique, il montre les blessures les plus profondes qui marquent à jamais une enfance. Par exemple, comment s’instaure une routine du « faire semblant » pour ne pas énerver le père violent…

Le film Familia dénonce également les violences post-séparation auxquelles les victimes peuvent être confrontées et qui sont souvent invisibilisées.

« Le film Familia est aussi un réquisitoire, un appel à l’écoute et à l’action au moindre signe, à chaque demande d’aide ; car les plaintes et les dénonciations finissent souvent sur les étagères de la bureaucratie.

Et l’histoire de la famille Celeste ne fait pas défaut à ce phénomène : une famille abandonnée par les institutions, qui finit par imploser sur elle-même avec les conséquences les plus tragiques. »

Francesco Costabile

Les violences domestiques ne s’arrêtent pas à la séparation. Les victimes vivent souvent dans la peur, leur parole reste minimisée quand elles dénoncent des faits de violences après la séparation.

« Après la sortie du livre puis du film Familia, j’ai été submergé par un nombre incalculable de femmes désespérées qui m’ont contacté via les réseaux sociaux, cherchant de l’aide. Et ce qui m’a le plus choqué, c’est l’incapacité flagrante des institutions à agir, encore aujourd’hui, alors que ce sujet commence enfin à être considéré. La sensibilisation ne suffit pas. Parler ne suffit pas. Nous avons besoin d’actions concrètes. »

Luigi Celeste

Comment pourrait-on protéger les victimes de ces violences post-séparation ?

En cessant de considérer que les violences font partie du passé.

Elles font partie de l’histoire de la famille et souvent inhérentes à son fonctionnement. Elles permettent de comprendre le présent. Chercher à les occulter ne permet pas une réelle protection des victimes.

« Il existe encore une stigmatisation sociale très forte qui empêche tant de personnes de dénoncer les abus dont elles ont été victimes. »

« C’est la raison pour laquelle Licia (une femme qui tente de réagir à la violence qu’elle a subie) finit par retomber dans la même spirale, accablée par la culpabilité, trahie par l’État et les institutions vers lesquelles elle s’est tournée pour obtenir de l’aide. Il existe une violence institutionnelle spécifique qui abandonne ces femmes à leur sort, jusqu’aux conséquences les plus tragiques. »

Francesco Costabile

En permettant aux mères de dire à leurs enfants que le comportement des pères violents n’est pas acceptable. Elles doivent être soutenues dans cette démarche.

Actuellement si un enfant dit que sa maman lui a expliqué que ce n’est pas bien de faire ce que son papa a fait, c’est encore considéré comme du dénigrement par bon nombre de professionnels. Il est primordial de laisser les mères victimes mettre des mots sur ces violences pour réduire le risque de violences transgénérationnelles.

Les enfants ont souvent une image très négative des femmes, à cause de leurs pères (dont la parole est impunie), il faut que les enfants comprennent que leurs mères doivent être respectées.

Licia, la mère de Luigi, se voit retirer la garde de ses enfants après avoir révélé les violences. Ce n’est plus acceptable. Il faut cesser de considérer les mères coupables des violences des pères alors que les mesures de protection sont minimes.

« Le cœur du problème réside dans l’éducation et les valeurs. Nous devons éduquer des hommes meilleurs, des hommes qui apprennent dès leur plus jeune âge à respecter les femmes comme leurs égales, comme la source de la vie, comme ils respecteraient leur propre mère. »

Luigi Celeste

En assurant un vrai suivi psychologique des victimes.

Les violences domestiques ont des répercussions sur l’état psychologique des victimes. Il est donc primordial qu’elles aient un suivi psychologique.

Actuellement les enfants sont contraints de fréquenter leur père agresseur comme si les violences n’avaient jamais existé. Ces rencontres se font généralement dans des espaces de rencontre ou centres médiatisés sans présence constante d’un professionnel. Cela ne permet pas aux enfants d’être protégés et sécurisés, d’autant plus quand leur parole est discréditée. Et cela ravive les traumatismes, sans permettre de cicatriser.

Ils ont donc besoin a minima d’un soutien psychologique par des professionnels formés.

L’Etat finance des espaces de rencontre qui amènent souvent plus de problèmes psychologiques pour les enfants. Cette capacité de financement devrait être attribuée en priorité au financement de suivi psychologique. Ce n’est pas normal que ces frais soient assurés principalement par les mères. Il est urgent de remettre le monde à l’endroit.

« Dans ma propre expérience, les institutions ont ignoré nos innombrables appels à l’aide, y compris quelques jours seulement avant que l’irréparable ne se produise. La plupart du temps, nos supplications ont été balayées d’un revers de main. »

Luigi Celeste

En remettant en question le système de suivi des auteurs de violences, qui reste très hétérogène en France. Certains auteurs en ressortent persuadés qu’ils sont en fait victimes de leurs victimes…

Lorsque les auteurs ont une obligation de soin, les professionnels n’ont pas connaissance de tout le passif et donc peuvent être facilement manipulés sans qu’un vrai travail soit effectué.

Ce suivi ne doit plus permettre de fonctionner comme un permis de repartir à zéro.

« Certains programmes se limitent à une approche plus médicalisée et d’autres peuvent même représenter un espace de socialisation masculine renforçant les stéréotypes de genre. »

1er rapport d’évaluation du GREVIO – 2025

Laissons une chance à ces enfants d’aller mieux en arrêtant de croire que pour bien grandir, ils ont besoin de voir leur père violent.

Laissons les professionnels mettre des mots sur les violences que les enfant ont subies, et poser clairement des interdits sur les violences.

Les contraindre, c’est normaliser les violences.

Les contraindre, c’est culpabiliser les enfants qui finissent par penser qu’ils sont méchants s’ils ne laissent pas une énième chance à leur père (alors que les violences perdurent).

Les contraindre, c’est les forcer à s’adapter à la situation au lieu de les en protéger.

Et si un enfant insiste pour voir son père violent, voire le défend, il faut en discuter avec lui pour qu’il ne grandisse pas en normalisant les violences. Il doit aussi être protégé.

Témoignage de Corinne, mère de 5 enfants, victime de violences conjugales, parentales et institutionnelles

Témoignage de Corinne, mère de 5 enfants, victime de violences conjugales, parentales et institutionnelles

Corinne pensait avoir une vie de famille “normale”.

Et puis un jour, elle a réalisé.

30 ans sous emprise.

Une séparation.

Des plaintes ignorées.

Des enfants enlevés.

Voici le témoignage d’une mère protectrice, effacée par la justice, rattrapée par la violence.

Un récit qui montre à quel point le système, encore aujourd’hui, ne protège pas les enfants.

Et continue de punir celles qui essaient de le faire.

Corinne avait une vingtaine d’années quand elle a rencontré celui qui allait devenir son mari.

Ayant grandie dans un environnement très religieux, presque sectaire, elle a été élevée dans l’idée que l’épouse doit obéissance, que les souffrances sont offertes à Dieu et que le pardon est la plus haute vertu. Elle a porté sa croix, exactement comme on le lui avait appris.

Très tôt, le mari qu’on lui a choisi prend le contrôle. Il décide de tout : l’argent, les fréquentations, le rythme de vie. Il surveille, critique, impose. Les humiliations et les violences physiques sont quotidiennes, sous les yeux des enfants. Comme beaucoup de femmes, Corinne croit que c’est sa faute, qu’elle doit être plus calme, moins « provoquer ». Elle subit pendant des années.

Ensemble, ils ont cinq enfants. Corinne s’efforce d’être une mère attentive, douce, présente. Les enfants sont sa force… mais aussi sa faille. Chaque fois qu’elle évoque l’idée de partir, il la menace de les lui enlever. Il sait qu’elle le croit capable de tout. Il a déjà commencé à distiller l’idée qu’elle est instable, trop émotive, déconnectée de la réalité. Il s’en servira plus tard devant les juges.

Quand elle finit enfin par quitter le domicile conjugal, Corinne pense qu’elle va pouvoir protéger ses enfants.

Mais le cauchemar prend une autre forme, plus institutionnelle et froide : celle des procédures, des jugements, des rapports, des classements sans suite.

Le père se présente en victime, et la présente en mère déséquilibrée.

Le système tranche : il faut « préserver le lien« .

Même au prix de la sécurité.

Elle porte plainte pour violences, menaces, harcèlement, enlèvement d’enfant. Après sept ans de parcours juridique, les plaintes sont classées sans suite, y compris celle, liée à 30 jours d’ITT ordonnés par un médecin légiste. Sept ans d’attente, de relances, d’espoir. Pour rien. Son premier avocat lui avait déconseillé de parler des violences pour « préserver les chances d’une garde partagée« . Corinne, encore sous emprise, pense alors que protéger ses enfants, c’est éviter les conflits. Elle ne sait pas, à ce moment-là, nommer les choses. Et ce silence a biaisé tout le reste.

Une expertise judiciaire est ordonnée.

La psychologue ne voit ni le traumatisme, ni l’emprise.

Elle évoque plutôt une mère confuse, instable, fatiguée.

Cette “experte” ignore les témoignages des enfants, des amis, les certificats médicaux, les écrits de professionnels. La parole de Corinne est toujours suspectée, celle du père crédible.

Pourtant, les enfants parlent. Ils racontent les cris, les coups, les menaces. Ils expliquent pourquoi ils ne veulent pas vivre chez leur père. Ils parlent des scènes de violence. Mais les éducateurs concluent que « des souvenirs ont été induits« , que Corinne aurait manipulé ses enfants. Une manière de renverser la charge. Une stratégie connue qui malheureusement fonctionne toujours.

Pendant ce temps, l’ex-mari exerce une violence économique. Il retire Corinne de sa mutuelle mais garde les enfants.

Elle paie les soins, il touche les remboursements.

Il refuse de participer aux frais de cantine ou d’activités, prétextant que rien n’est validé d’un commun accord. Elle s’endette. Elle passe par la commission de surendettement. Lui continue à jouer le rôle du père stable.

Même l’avocat médiatique de Corinne s’y met : il encaisse un chèque qu’il avait promis d’encaisser plus tard. Elle se retrouve fichée bancaire. Cet avocat ne se déplace pas aux audiences… mais la fait payer. Un harcèlement institutionnel de plus.

Dans sa propre famille, qui ne supporte pas son éloignement religieux, elle ne trouve pas d’appui. Son père, pédiatre respecté, prend parti pour son ex-mari. Sa mère dit préférer voir ses petits-enfants placés plutôt qu’avec Corinne. L’isolement devient total.

Même entourée, elle est seule. Et le sentiment d’injustice s’accumule.

Elle tente pourtant de faire valoir ses droits, d’être entendue. Elle change d’avocat, rejoint des associations, rencontre des professionnels compétents, mais toujours trop tard. Le mal est fait. Le dossier est jugé à travers un prisme biaisé. La parole maternelle, comme celle de tant d’autres, est reléguée au rang de stratégie.

Pendant le confinement, son ex-mari finit par obtenir la garde de deux de leurs enfants. Corinne, en précarité, n’a pas pu s’y opposer. Elle voit ses enfants s’éloigner, happés par la version de leur père, construite patiemment depuis des années. Elle tente de garder le lien, mais le poids du mensonge est lourd.

Et les enfants, pour survivre, finissent parfois par croire leur père, bien plus fort.

Corinne participe à une exposition photographique sur les parents aliénés. Quand il découvre le projet, le père fait pression pour faire retirer le témoignage. Bien qu’il ne soit pas nommé, il comprend que c’est elle. Et il exige le silence. Encore.

Comme si dire la vérité dérangeait plus que la vérité elle-même…

Aujourd’hui, Corinne continue de se battre. Elle forme des travailleurs sociaux aux réalités du contrôle coercitif. Elle milite pour une meilleure reconnaissance de l’emprise. Elle intervient parfois dans des conférences. Elle écrit.

Elle envisage un livre, tiraillée entre la nécessité de témoigner et le souci de protéger ses enfants.

Elle ne sait pas encore si la justice réparera un jour ce qui a été cassé. Mais elle sait que se taire serait une double peine. Alors elle parle. Pour elle. Pour ses enfants. Pour toutes les femmes qui vivent encore dans l’ombre de ce que la société appelle, à tort, un conflit parental.

Ce que Corinne aimerait qu’on comprenne, c’est que les violences ne s’arrêtent pas à la séparation.

Souvent, elles ne font que commencer.

Affaires Pélicot et Le Scouarnec : Le cri de la petite cuillère

Affaires Pélicot et Le Scouarnec : Le cri de la petite cuillère

Fin 2024 / début 2025 : l’actualité bruit des affaires Pélicot et Le Scouarnec. Deux affaires « hors normes » ont dit les médias, comme s’il y avait une norme à l’infâmie, à l’horreur.

Dans l’affaire Pélicot, la bonne conscience, incrédule, effarouchée, s’est dressée devant l’impensable, devant le caractère industriel de cette atrocité. Prise de conscience que la cinquantaine d’accusés étaient des « Monsieur tout le monde ».

Dans cette affaire, la grande discrétion voire le silence de la plupart des responsables politiques ont pu être notés. Le problème du viol (y compris entre époux) est présent dans tous les milieux et il est trop souvent traité avec une circonspection aussi grande que le malaise qu’il provoque. Le dysfonctionnement de certains services a été évoqué. Et puis, plus grand-chose… Les victimes de viol ou de violences sont toujours des pots de terre qui se heurtent à la majorité silencieuse des pots de fer. Et pour les écouter et les aider, quelques personnes, toujours les mêmes, blessées ou indignées.

Dans l’affaire Le Scouarnec, rien que trois centaines de victimes de viols ou d’agressions sexuelles ! Et les hurlements silencieux de toutes ces victimes, enfants devenus adultes et découvrant parfois ce qu’ils ont subi lors des aveux du violeur, hurlements étouffés par une montagne de défaillances, d’aveuglements, de dénis, de lâchetés, à un point tel que cette omerta relève de la complicité passive de la part des responsables et des témoins présents dans toutes les structures impactées par cette affaire monstrueuse.

Et après cela, se passera-t-il enfin quelque chose dans notre société paternaliste ?

En attendant, il y a encore et toujours des personnes, à titre individuel ou au sein d’associations, qui œuvrent pour accompagner et soutenir les victimes mineures et adultes ainsi que les parents protecteurs, eux aussi victimes à part entière. Sans céder au découragement car, face à la multiplicité effrayante des agressions dont la grande majorité est tue ou ignorée, chaque personne qui en aide une autre ressemble à une petite cuillère voulant vider un marécage. Et le marécage est immense, immense et nauséabond…

Et si la petite cuillère criait tout à coup ? Et si toutes les petites cuillères criaient en même temps ? Leur tintamarre ferait-il sortir de leur vase dissimulatrice et protectrice les crocodiles du marigot ?

Michel

3 juin 2025


Merci à Michel d’avoir accepté la publication de son texte très éclairant. Nous sommes persuadé.e.s que des milliers de petites cuillères existent, souvent dans l’ombre, infatigables et motivées, à nous de nous regrouper pour faire nombre, à nous de vider le marécage par notre volonté. Ne jamais rien lâcher.

Nous dédions ce texte à toutes les petites cuillères de cette planète, votre travail n’est pas vain, il est salutaire, vous êtes des modèles et des locomotives, chaque action compte, c’est en se regroupant que nous y arriverons. Force à vous.


Pour mieux comprendre les mécanismes des violences vous pouvez consulter nos articles Les stratégies de l’agresseur et Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants .

Les Chiffres

On estime que 160 000 enfants sont victimes d’agressions sexuelles chaque année en France.

8% seulement des jeunes victimes qui ont osé parler sont protégées et l’agresseur n’est éloigné de la victime que dans 6% des cas !

10% des français déclarent avoir été victime d’inceste.

Moins de 4% des viols sur mineurs font l’objet d’une plainte . 70% de celles-ci sont classées sans suite selon le ministère de la justice.

En conclusion, la prise en charge des enfants victimes de violences sexuelles est gravement défaillante en France !

Si les enfants méritent sans conditions respect, bienveillance et protection, de nombreuses études pointent aussi le lien entre les violences subies dans l’enfance, les troubles graves de la personnalité et la criminalité. En conséquence, la protection de l’enfance est donc également un impératif pour prétendre vivre dans une société paisible.

ATTESTATION DE TÉMOIN Un acte de soutien essentiel

ATTESTATION DE TÉMOIN Un acte de soutien essentiel

Quand un proche subit des violences intrafamiliales ou conjuguales, doit-on faire une attestation de témoin pour la Justice ?

Qu’est-ce que cela implique ?

A quoi cela sert-il ?

Les réponses présentées ici sont un condensé d’échanges sur ce sujet avec des victimes de violence conjugale et avec Maître Agathe Morel.

A quoi sert une attestation de témoin ?

  • A soutenir les victimes moralement

Quand on est victime de violence conjugale ou intrafamiliale, la première phase importante est d’être cru. On a besoin d’être cru pour se sentir soutenu et s’éloigner de l’impression d’isolement dans laquelle toute victime se retrouve.

Le soutien moral est d’autant plus important que dans notre société le déni des violences est omniprésent.

  • Aider les victimes pour leur combat juridique

Même si une attestation n’a pas un poids juridique très fort, elle fait partie du faisceau d’indices pour s’approcher de la vérité, et donne une nuance à l’affaire. Une victime dont plusieurs personnes apportent un soutien dans une affaire sensible aura plus de chance d’être prise au sérieuse dans ses dénonciations.

Écrire une attestation est une aide pour la protection des victimes de violence conjugale et donc souvent des enfants.

Pour rappel, ces derniers sont également considérés comme des (co-)victimes.

Qui peut faire une attestation et comment la fait-on ?

Les amis, la famille, les collègues de travail…TOUTES les personnes qui ont eu un contact proche avec la victime et qui peuvent attester de sa bonne moralité, compétence sociale, compétence parentale, humanité, ou de la qualité du lien avec son enfant, en s’aidant de scènes vécues ensemble.

C’est très utile de demander une attestation à un proche car cela oblige ce dernier à réfléchir à la situation, à mobiliser ses souvenirs pour pouvoir apporter des preuves.

Comment écrire une attestation et comment parler de la victime ?

On peut rapporter les paroles et les émotions problématiques de la victime :

Exemple : « Mon amie, à telle date, m’a confié ceci : Mon (ex)conjoint m’a fait subir tel acte de violence et depuis j’ai très peur de lui, surtout quand je lui amène les enfants. J’ai toujours peur qu’il s’en prenne directement à moi devant les enfants… »

La crédibilité d’une série d’attestations sera bonne si elles sont toutes différentes.

C’est pour cela qu’on ne donne pas d’attestation type. Quand on écrit une attestation, il faut toujours garder en tête ce qu’on cible, ce que l’on veut prouver.

Plutôt courte, l’attestation doit décrire avec honnêteté des gestes, des paroles directement vécues. On n’évoque pas quelque chose dont on a juste entendu parler ou alors on utilise le conditionnel.

On peut éventuellement donner son sentiment si cela apporte de la compréhension.

Ex : « Je suppose qu’il a tapé l’enfant, je ne l’ai pas vu faire, mais juste après j’ai vu l’enfant figé, tétanisé, avec une trace rouge sur la joue. »

On ne fait pas de conclusions à caractère professionnel.

Par exemple, on ne dit pas :

« Selon mon point de vue, c’est une personne perverse narcissique… »

Les risques encourus lorsqu’on écrit une attestation de témoin ?

Les risques encourus lorsqu’on écrit une attestation en tant que témoin sont très faibles. On risque une poursuite pénale pour faux (pour celui ou celle qui réalise l’attestation) et usage de faux (pour celui ou celle qui utilise l’attestation). Si l’attestation a été écrite avec authenticité, sincérité, sans en rajouter des tonnes, il n’y a pas de raison de mettre en doute cet écrit.

Les risques encourus lorsqu’on n’écrit PAS une attestation de témoin ?

Au-delà de ne pas exercer son devoir civique et moral, le principal risque est d’empêcher la protection des victimes majeures et mineures. Leurs situations sont déjà très difficiles à vivre. Les possibilités juridiques pour se protéger et prouver leur situation demeurent restreintes et complexes. L’erreur serait de considérer qu’il s’agit d’affaires privées et de détourner le regard. Or ces drames ont des conséquences désastreuses sur la santé mentale et physique des victimes et par ricochet sur notre société. Les enfants victimes ne croient plus en nos institutions, en l’empathie, en la bienveillance. Ils perdent confiance et parfois ne savent que reproduire la violence qu’ils ont vécue.

Ne RIEN faire, c’est TOUJOURS se placer du côté de l’agresseur.

Si vous doutez de votre lecture de la situation, voici une liste non exhaustive de comportements problématiques que l’on peut observer ou entendre chez un agresseur intra-familial :

Violences physiques et menaces directes

  • Coups, bousculades, strangulation, pincements…
  • Casse d’objets pour intimider
  • Menaces verbales explicites (« Tu vas voir », « Tu vas me le payer », etc.)
  • Réactions inadaptées (explosions de colère imprévisibles et disproportionnées)
  • Maltraitance animale (frapper ou menacer un animal domestique)

Violences verbales et psychologiques

  • Insultes, cris, propos humiliants
  • Dévalorisation constante, moqueries blessantes
  • Harcèlement moral (y compris messages ou appels incessants)
  • Intimidation physique sans passage à l’acte (postures menaçantes, cris rapprochés)

Contrôle et isolement

  • Surveillance des déplacements, du téléphone, des réseaux sociaux
  • Isolement social imposé : interdiction ou culpabilisation à voir ses proches
  • Refus de laisser la victime travailler, étudier ou avoir une vie personnelle

Manipulation et instrumentalisation

  • Instrumentalisation des enfants (doudou confisqué, menaces de ne plus les voir…)
  • Chantage affectif (“Si tu pars, je me tue”, “Tu vas détruire notre famille”)
  • Multiplication volontaire des procédures pour harceler ou user la victime (plaintes abusives, accusations inversées, pression judiciaire)

Violences économiques et sexuelles

  • Refus de participer financièrement, contrôle abusif du budget
  • Usage de l’argent pour punir ou récompenser
  • Violences sexuelles, y compris viol conjugal
  • Déni ou minimisation des violences subies (« T’exagères », « C’est toi le problème »)

L’association Protéger l’enfant et Maître Agathe Morel, conseillons vivement à toute personne témoin de réaliser des attestations.

Ce soutien, qu’il soit d’ordre moral ou juridique, peut faire la différence.

Au pire cela ne pèsera pas dans le jugement mais le soutien moral reste indéniable.

Et au mieux… on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise…


Vous trouverez sur le site de nombreux autres conseils pratiques tels que :

Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Espaces médiatisés : quand les mères protectrices sont injustement jugées

Les mères protectrices : coupables idéales

Les espaces médiatisés, censés garantir un environnement sécurisé pour les enfants victimes de violences intrafamiliales, ont un regard profondément biaisé sur les mères protectrices. Ces lieux, souvent dépourvus de formations spécifiques sur les violences conjugales, perpétuent des stéréotypes et des préjugés, tout en minimisant les traumatismes subis par les enfants et leurs mères.

Quand un enfant refuse de voir son père violent, la responsabilité est systématiquement reportée sur les mères protectrices.

Elle est accusée :

❌ D’être trop angoissée ou méfiante.

❌ De manipuler son enfant contre le père.

❌ De saboter la relation père-enfant.

On reproche souvent aux femmes victimes de violences de ne pas être parties plus tôt, surtout en présence d’enfants. Cette accusation témoigne d’une méconnaissance du contrôle coercitif. Le plus souvent, si elles ne sont pas parties plus tôt, c’est parce qu’elles ont donné, plusieurs fois, une chance à cet homme redevenu charmant (la lune de miel). C’est un processus connu de l’emprise et du cycle des violences. Il faut cesser de reprocher aux victimes d’avoir espéré que leur agresseur pouvait changer. Cesser de les rendre responsables.

La personne a dit « oui » à un moment donné à une relation de couple harmonieuse et amoureuse, elle n’a pas dit « oui » à une relation qui met son intégrité, sa sécurité, son bien-être et sa santé en péril.

L’agresseur est le seul responsable de ses actes. L’auteur des violences EST le coupable.

Une étude* confirme que les perceptions des agresseurs influencent les intervenants eux-mêmes jusqu’à construire un biais accusatif contre les mères protectrices bien ancré.

« Les commentaires dépréciatifs à propos des femmes victimes s’avèrent fréquents. […] Le spectre va de doutes sur la parole de la victime à des raisonnements structurés autour de sa co-responsabilité. »

* Guide du parent protecteur de l’association face à l’inceste

👉 Même lorsque des pères ont été condamnés pour violences, ils ne sont pas perçus comme violents pour les intervenants y compris quand les enfants alertent et témoignent de leur mal-être. Les intervenants cherchent alors des solutions pour faire changer d’avis l’enfant sans investiguer davantage sur les causes profondes de ce refus qu’ils imputent à la mère. En effet, comment un père qui se montre « charmant » avec eux pourrait être violent avec son enfant ?

Un soutien aveugle aux pères violents

Dans ces espaces, les pères violents savent manipuler leur image. Ils se présentent comme des parents modèles, apportent des cadeaux aux intervenants, plaisantent, et jouent les pères attentionnés.

➡️ Les mères, elles,  sont accusées de surprotéger ou d’aliéner l’enfant, renforçant un climat de culpabilisation systématique.

👉 Les enfants sont souvent ignorés, même lorsqu’ils expriment leur mal-être ou leur peur.

« Tant d’enfants sacrifiés sur l’autel du maintien du lien à tout prix, même quand ce lien est violent. Je passe mon temps à déconstruire l’idée absurde du mari violent qui peut être un bon père« 

Marion PIERRE, pédiatre à Rennes

Les intervenants des espaces rencontre restent dans une logique de soutien à la parentalité du père violent et autorisent toujours très rapidement d’élargir le droit de visite. Les mères protectrices doivent alors composer avec ces intervenants peu formés aux spécificités des violences conjugales.

Un témoignage rapporté dans le guide du parent protecteur illustre cet aveuglement :

« Une travailleuse sociale m’a dit : ‘Ne vous inquiétez pas, on est formés. Si l’enfant ment, je m’en rendrai compte.’ Quand je lui ai demandé quelle formation en psychologie elle avait, elle s’est fâchée. »

👉 Ce manque de compétences contribue à un sentiment d’épuisement pour les mères protectrices et leurs enfants, piégés dans un système qui ne les comprend pas.

“C’est du passé”, un discours dangereux

Lorsqu’une mère signale les violences passées et leurs répercussions sur son enfant, la réponse des intervenants est souvent la même : « C’est du passé, il faut tourner la page. »

Les violences qualifiées de « passé » ne le sont jamais vraiment. Pourquoi ?

1️⃣  Le contact parental se poursuit.

Même après une condamnation ou une interdiction d’entrer en contact, les mères protectrices doivent transmettre des informations sur la santé ou la scolarité des enfants ET gérer les stratégies du père pour multiplier les contacts et trouver des prétextes pour se plaindre au JAF.

⚠️ Ces exigences maintiennent un contrôle coercitif déguisé, rendant impossible pour les mères et les enfants de tourner la page.

2️⃣ Trop rare remise en question du comportement des hommes

Les pères profitent des espaces médiatisés pour jouer les victimes. Ils partagent leur « version des faits » avec des intervenants, qui finissent souvent par prendre leur parti.

👉 Les mères protectrices sont accusées de vouloir « se venger », tandis que l’état d’esprit rancunier des pères condamnés est rarement interrogé.

3️⃣ Des violences persistantes.

Même si les violences physiques appartiennent au passé, elles sont remplacées par des stratégies : plaintes, manipulations, ou pressions. Ces comportements visent à faire payer la séparation aux mères protectrices et à maintenir leur emprise.

👉 Les violences conjugales ne s’arrêtent PAS avec la séparation, elles changent de forme. Ignorer cette réalité, c’est condamner les mères et les enfants à une souffrance prolongée.

Comme en atteste le Dr Luis ALVAREZ, pédopsychiatre :

“Il n’y a pas de soin possible tant que la violence persiste. Le contrôle coercitif abîme les enfants : du fait de l’isolement, de la privation de la liberté, de la négligence des besoins vitaux, de violences sexuelles, de l’entrave aux relations entre l’enfant et son parent protecteur, de harcèlement et par la contrainte.

On ne peut PAS soigner ces enfants s’ils continuent à être exposés au trauma. Imaginez une personne qui a eu un accident de voiture et tous les quinze jours on lui impose un accident de voiture.”

Il faut donc cesser d’imposer aux enfants de revoir leur agresseur. Les espaces médiatisés devraient le savoir plus que n’importe qui.

Les espaces médiatisés, dans leur état actuel, échouent à protéger les victimes. Ils deviennent des lieux où les mères protectrices sont injustement jugées et où les pères violents bénéficient d’un soutien aveugle.

Et les JAF ont leur responsabilité, car ils devraient plus souvent demander un arrêt du droit de visite. Insister au nom du lien avec l’agresseur, c’est torturer davantage les victimes.

➡️ Pour que ces espaces remplissent vraiment leur rôle, il est urgent de recentrer leur mission sur la sécurité des enfants, et sur la reconnaissance des mères protectrices comme alliées de leur survie.


Vous pouvez consulter nos autres articles sur les espaces médiatisés et les visites médiatisées et la problématique des mères protectrices :

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

Témoignage d’une grand-mère en colère contre la Justice qui ne protège pas sa fille et ses petites filles (témoignage sur des visites médiatisées)

Le centre médiatisé, un lieu pas si neutre…

Ces articles soulignent la nécessité d’ouvrir un espace de réflexion et des débats concernant ce sujet des visites médiatisées, et notamment repenser l’utilité des visites médiatisées pour les cas de violences intra-familiales.

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

Visites médiatisées et violences intrafamiliales : une fausse solution

De plus en plus, les juges aux affaires familiales ordonnent des droits de visites médiatisées en centre médiatisé ou en espaces rencontre dans des contextes de violences intrafamiliales. Ces dispositifs, perçus comme des solutions miracles, sont censés permettre des rencontres sécurisées entre un parent violent et ses enfants.

⚠️ Mais dans les faits, ces espaces se transforment souvent en théâtre de manipulation, où les enfants sont livrés à leur agresseur sous couvert de « protection”.

Une solution perçue comme miraculeuse

Les espaces rencontre sont présentés comme une réponse idéale : 

✔️ Les parents ne se croisent pas. 

✔️ Les rencontres sont « encadrées ».

Mais dans la réalité : 

❌ Les intervenants sont rarement formés aux violences intra-familiales ni aux traumatismes. 

❌ Leur rôle se limite souvent à observer.

Parfois, ils ne sont même pas dans la même pièce, mais ils “savent” que tout s’est bien passé…

➡️ Résultat : les enfants ne sont pas protégés, et les agresseurs continuent d’exercer un contrôle coercitif, impunément.

Une vision biaisée de la protection

Ces espaces lors des visites médiatisées ne protègent pas les enfants des abus psychologiques et physiques. 

👉 La souffrance des enfants est souvent ignorée, sous prétexte que « tout se passe bien » s’ils reviennent physiquement indemnes. Personne ne les écoute, ne valide leur avis, personne ne les croit.

⚠️ On oublie que les blessures invisibles – stress, terreur, cauchemars – sont tout aussi graves. Toutes les victimes n’ont pas les mêmes façons d’exprimer leurs peurs.

« Imaginez une personne blessée que l’on force à revivre son accident chaque semaine. » Dr Luis Alvarez

L’impact traumatique des visites médiatisées

Quand les enfants alertent sur leur mal-être, leur parole est souvent minimisée ou interprétée comme un « caprice ». La justice les force à croiser leur agresseur, au nom d’un lien parental qui est pourtant toxique.

Les enfants développent des troubles : 

❌ Stress post-traumatique. 

❌ Troubles somatiques.

❌Cauchemars et insomnies. 

❌ Repli sur soi ou énurésie. 

⚠️ Forcer un enfant à maintenir un contact avec son agresseur renforce son traumatisme et normalise les violences qu’il subit. Le lien avec l’agresseur ne doit pas être supérieur au respect de l’enfant victime.

Une pression injuste sur les mères

Quand un enfant refuse de voir son père violent, c’est la mère protectrice qui est accusée. Elle est jugée responsable de transmettre ses peurs ou ses angoisses à son enfant. On ressort le faux syndrome d’aliénation parentale… Elle est accusée de saboter la relation père-enfant, mais ça ne pose pas de problème que le père critique la mère, même en présence de l’enfant…

⚠️ Cette logique déplace la responsabilité des violences du père vers la mère protectrice.

👉 Cela crée une double peine, qui pousse les mères à se taire pour éviter d’être injustement stigmatisées.

Les violences du passé : un sujet ignoré

Les violences conjugales vécues sont souvent minimisées. Lors des visites médiatisées, les mères qui les invoquent ou signalent les effets négatifs des rencontres sont balayées d’un revers de main. 

Les intervenants disent : 

❌ « C’est du passé. » 

❌ « Les enfants doivent s’exprimer eux-mêmes. »  (mais on ne les croira pas…)

👉 Beaucoup d’enfants n’osent plus parler, sachant que leur parole ne sera ni entendue ni crue. Les intervenants ne comprennent pas le principe de sur-adaptation (un sourire ne fait pas l’enfant épanoui, faut creuser…). Les victimes se sentent seules et impuissantes face à ces simulacres de protection.

Un soutien incompréhensible au parent agresseur

Dans ces espaces : 

🎭 Les pères violents jouent les « parents modèles », manipulant les intervenants avec des cadeaux ou des compliments. 

Hors de la vue des intervenants, ils : 

❌ interrogent les enfants sur leur mère. 

❌ les menacent ou les culpabilisent. 

👉 Les intervenants, sensibles à l’image « charmante » des agresseurs (qui vont jusqu’à apporter des bonbons, des gâteaux), mettent toute leur énergie à « réparer » la relation père-enfant et ignorent les signaux de détresse des enfants.

➡️ Une logique destructrice pour les victimes.

L’urgence de changer la loi

Le rapport Alsalem (Rapporteuse spéciale, Nations unies, 2023) souligne : 

📜 « Les enfants exposés à la violence doivent être protégés, pas forcés à maintenir un lien avec leur agresseur. » 

👉 Pourtant, la loi actuelle privilégie encore et toujours le droit du père sur l’intérêt supérieur de l’enfant. 

➡️ Les droits de visite sont élargis, même en cas de violences avérées, ignorant le traumatisme des enfants ou le principe de précaution. 

⚠️ Il est urgent de repenser nos lois pour mettre la protection des enfants au cœur des décisions judiciaires.

Chaque enfant a droit à une enfance sans violence.

📢 Nous devons agir pour :

✔️ Réformer les espaces rencontre.

✔️ Imposer une vraie formation sur les violences aux intervenants, notamment ceux qui interviennent lors des visites médiatisées

✔️ Donner la priorité à la protection des enfants dans toutes les décisions judiciaires.

➡️ Partagez pour sensibiliser : les victimes méritent mieux que ce vide cruel de la protection de l’enfance.


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Pourquoi les Centres médiatisés ne sont pas des espaces protecteurs

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Sept Conseils et astuces pour espérer être entendu face aux interlocuteurs socio-judiciaires

7 Conseils et astuces pour espérer être entendu face aux interlocuteurs socio-judiciaires

Pourquoi ces conseils ?

Les interlocuteurs socio-judiciaires (juges, experts, éducateurs) cherchent souvent à détecter des conflits, parfois au détriment de la compréhension de la situation réelle (de la violence et non du conflit). Or ils ont hélas un poids considérable sur les décisions de Justice. Les magistrats débordés se réfèrent parfois uniquement à leurs rapports. Voici donc quelques conseils pour gérer ces rendez-vous délicats sans qu’ils se retournent contre le parent protecteur.

🎯 Votre objectif : montrer que vous êtes responsable et crédible, sans alimenter les stéréotypes ou idées préconçues.

1. Privilégiez les faits, pas les émotions.

🛑 Pas de débats inutiles. Les faits parlent d’eux-mêmes : racontez une scène précise plutôt que de généraliser. Ne donnez pas matière à interprétation, soyez factuel, concis.

🛑 Évitez les jugements sur l’autre parent en utilisant des termes émotionnels forts comme « manipulateur ou « menteur », qui peuvent être perçus comme un biais.

Exemple :

❌ « Il est toujours irresponsable. »

✅ « Lors de l’anniversaire de notre enfant, il a oublié de venir le chercher. »

2. Adoptez une attitude calme et tempérée.

Pourquoi ? Une attitude posée vis à vis des interlocuteurs inspire confiance et crédibilité. Alors prenez votre temps pour gérer vos émotions (évitez de couper la parole, crier ou s’emporter), et la qualité de vos réponses.

🎤 Exemple : Si on vous pose une question surprenante, prenez une inspiration, buvez une gorgée d’eau, et reformulez :

❌ « Vous n’avez pas lu le dossier ?« 

✅ « Si je comprends bien, vous souhaitez savoir… ? »

Le non-verbal compte autant que vos mots. Restez ouvert(e), les bras détendus, avec un contact visuel respectueux.

3. Prenez le temps de réfléchir

Les interlocuteurs peuvent chercher à tester votre réaction ou feindre une empathie.

💡 Exemple de clarification :

« Qu’est-ce qui vous fait dire que… ? »

« Pourriez-vous préciser votre question ? »

Ne vous sentez pas obligé(e) de répondre immédiatement si la question vous déstabilise (surtout si elle vous déstabilise d’ailleurs). Vous pouvez prendre du temps pour réfléchir, trouver les mots justes et éviter les discours tranchés. L’objectif est de rassurer l’interlocuteur, montrer subtilement que vous ne correspondez pas au discours de l’agresseur, en le nuançant et, dans le meilleur des cas, en parvenant à le balayer.

4. Soyez courtois, même si c’est difficile.

Donner une impression de coopération aux interlocuteurs peut désamorcer les tensions :

« Merci pour votre observation, je vais réfléchir à votre point de vue. »

Appelez l’autre parent par son prénom, parler de « NOTRE enfant”…

S’il est question de parler des difficultés passées : « Je n’aurais pas abordé ce point spontanément, grâce à un travail thérapeutique, c’est du passé, mais pour répondre à votre question… »

🎯 Objectif : rester professionnel(le), même face à des remarques injustes ou biaisées. Ne coupez pas la parole et surtout évitez de paraître sur la défensive.

5. Structurez vos propos ET vos documents.

Apportez aux interlocuteurs des preuves tangibles ET simplifiées dans l’idée d’être vite compréhensible :

Une page ou deux pour résumer, un peu comme le ferait un CV.

📁 Gardez les documents officiels à portée de main mais ne les sortez que si on vous les demande

Une frise chronologique peut aider.

Exemple :

« Voici les comptes rendus des deux dernières années qui confirment ce que j’avance. »

Évitez les monologues et les digressions.

6. Adoptez une apparence soignée et sobre.

Pourquoi ? Dans nos sociétés, l’apparence influence hélas la première impression.

✅ Tenue recommandée : tenue sobre, simple et surtout, propre.

🛑 À éviter : maquillage vraiment trop prononcé, vêtements qui font trop négligés, vêtements troués. Trop de bijoux (certains sont parfois bruyants, ce qui peut parasiter l’entretien).

Astuce : Préparez votre tenue à l’avance pour éviter le stress.

7. Adoptez une attitude disponible et ouverte.

Disponibilité pour les rendez-vous : lorsqu’il y a trop de rendez-vous annulés avec les interlocuteurs socio-judiciaires, même pour de bonnes raisons, tels que travail ou rdv médical (et ils le sont souvent pour de bonnes raisons), cela n’est pas forcément bien compris par vos interlocuteurs.

N’hésitez pas à donner votre accord si les travailleurs sociaux souhaitent contacter le médecin traitant, le pédiatre, l’école, le psychologue,… Cela donne une image d’ouverture, et cela permet parfois que vos dires soient confirmés par des professionnels.

Tous ces conseils ne seront pas forcément pertinents pour vous, piochez et prenez ceux qui vous correspondent.

Votre calme et votre préparation peuvent tout changer.

Prenez soin de votre image, de vos mots, et restez centré(e) sur l’intérêt de votre enfant.


Cet article a été rédigé avec le concours d’une mère protectrice coachée par Ariane Fayon. https://www.arianefayon.fr/


Vous trouverez sur ce site d’autres conseils pratiques : Comment contester les honoraires d’un avocat ? , Demander une aide financière à la CAF après la séparation ?, L’assurance juridique : une option intéressante pour les victimes de violences intrafamiliales , Conseils pour éviter le piratage , Conseils à connaitre avant de porter plainte contre des violences intrafamiliales , Plainte avec constitution de partie civile (procédure pénale) , Violences familiales , 5 conseils auxquels on ne pense pas souvent et qui peuvent aider .

Qu’est-ce que “l’Entitlement“ et comment le repérer

Qu’est-ce que “l’Entitlement“ et comment le repérer

Qu’est-ce que “l’Entitlement“

Dans le sillage du procès de Dominique Pelicot, un débat a émergé concernant la nécessité d’une éducation renforcée au consentement. Nul ne remet en question cette urgence, il est évidemment important que les enfants grandissent en ayant conscience que le consentement est la base fondamentale des interactions respectueuses. Ils doivent apprendre que toute personne a le droit de fixer ses propres limites, de dire non, et que ces limites doivent être respectées par tous, sans exception.

Cependant, ce serait une erreur de considérer cette éducation comme une solution miracle.

Supposer que les violences sont dues à une incompréhension du consentement ou à une éducation défaillante est réducteur et erroné. Les hommes impliqués dans le procès de Mazan, par exemple, sont parfaitement conscients de leurs actions, ayant délibérément cherché sur le site internet ce type de viol.

  • Ce ne sont pas des naïfs mal informés sur la nature de leurs actes.
  • Ce ne sont pas des petits garçons mal éduqués.
  • Ce ne sont pas des hommes qui recherchaient le consentement.

Non. Ce sont des hommes qui ont TOUT fait pour violer en toute impunité.

Les agresseurs des victimes de violences intrafamiliales procèdent de la même manière. Ils savent et cherchent à ne pas se faire prendre.

Réduire la violence à une histoire de manque d’éducation, en plus d’infantiliser les hommes et favoriser l’impunité, c’est se contenter de gratter le sommet de l’iceberg.

Or, sous l’eau, il y a des dysfonctionnements immenses : les rapports de domination (inhérents au genre et à l’hétérosexualité), il y a le contrôle coercitif, les dynamiques de pouvoir…

Les Anglais ont un mot pour désigner cette notion de droit implicite ou explicite exercé par les dominants dans la société :

  » ENTITLEMENT « 

On peut traduire Entitlement en français par « sentiment de droit » ou « prétention ».

Ce mot décrit une attitude selon laquelle certains individus croient avoir des droits incontestés sur autrui ou mériter certains privilèges indépendamment de leurs actions ou mérites réels. Et ces croyances sont renforcées par la société.

En effet, les structures de pouvoir permettent souvent aux violences de se perpétrer non parce que les agresseurs ne comprennent pas le tort qu’ils infligent, mais parce qu’ils le font impunément. L’entitlement est une arme aussi silencieuse que puissante parce que justifiée par des normes culturelles, des dominations physiques, psychologiques, économiques…

Comment repérer l’entitlement ?

Les red flags :

  • Une personne qui impose systématiquement ses choix sans considérer les opinions ou les besoins des autres membres de la famille.
  • Utilisation de justifications telles que « c’est pour ton bien » ou « je sais ce qui est mieux pour toi » pour manipuler ou contrôler les autres.
  • Ignorer ou ridiculiser les limites personnelles établies par d’autres, qu’elles soient émotionnelles, physiques ou psychologiques.
  • Réponses extrêmes de colère ou de déception lorsque les choses ne se passent pas comme souhaité ou lorsque leur autorité est remise en question.

Nos souhaits :

  • Promouvoir une éducation qui met en avant l’égalité, le respect mutuel et l’importance de l’autonomie individuelle dès le plus jeune âge. Intégrer des programmes qui discutent des rôles de genre et des dynamiques de pouvoir au sein des familles.
  • Encourager une communication honnête et ouverte au sein de la famille, où chaque membre peut exprimer ses sentiments et ses opinions sans crainte de jugement ou de répercussion.
  • Inciter les victimes à chercher du soutien extérieur, que ce soit par le biais de thérapie ou de groupes de soutien, pour contrer les dynamiques de pouvoir déséquilibrées.

On a évidemment du mal à croire en l’arrivée prochaine d’une société où des comportements de ce type auront disparu. En attendant, plus on saura les reconnaitre, plus on pourra tenter de les démanteler.

Cela requiert un engagement collectif pour changer non seulement le regard et les comportements individuels mais aussi les normes culturelles et sociales qui perpétuent ces dynamiques de pouvoir toxiques.

La priorité reste encore de croire les victimes, pour ensuite commencer à changer la narrative et créer des familles et des communautés plus sûres pour tous.


Vous pouvez trouver d’autres ressources sur ce site, ainsi que des témoignages.

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Violence Vicariante : ce qui se cache derrière cette notion très importante

Qu’est-ce que la violence vicariante ? Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ?

Peut-être avez-vous déjà vu passer le mot de « vicariant » ? Ce terme rare est utilisé pour décrire un phénomène où une personne expérimente indirectement quelque chose à travers une autre. Pour donner un exemple léger, si une personne vous raconte le dernier film qu’elle a vu, vous pouvez vivre l’histoire à travers elle. C’est ce qu’on appelle apprendre ou ressentir quelque chose de manière “vicariante”. Pas besoin de l’expérimenter par soi-même, on le vit via un tiers.

Le mot « vicariant » vient du latin « vicarius », qui signifie « substitut » ou « remplaçant ». Dans le domaine de la psychologie, l’apprentissage vicariant, popularisé par Albert Bandura, se réfère donc à l’apprentissage qui se produit en observant les conséquences des actions d’autrui.

Cette forme d’apprentissage est centrale dans la théorie sociale cognitive. Cependant, son application s’est étendue à des mécaniques humaines plus sombres et plus complexes. Récemment, le terme « vicariant » a été réapproprié dans le contexte des violences intrafamiliales pour décrire des situations où un membre de la famille, souvent un enfant, devient la cible de violences initialement dirigées vers un autre membre de la famille.

Par exemple, si un parent violent ne peut plus cibler son agressivité vers son partenaire à cause de l’absence ou de l’impossibilité de ce dernier à subir davantage de violence, l’enfant peut devenir le « remplaçant » involontaire, subissant ainsi la violence indirectement destinée à un autre.

Dans ce contexte, l’enfant est considéré comme une victime de violence vicariante.

C’est la même chose si l’agresseur s’en prend aux enfants pour augmenter la violence qu’il inflige à l’autre parent. Ils deviennent aussi des victimes de violence vicariante.

La différence entre une victime collatérale ou une “victime de violence vicariante”, c’est l’intention de nuire. La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, mais comme elle est étroitement liée à la situation, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La victime qui subit de la violence vicariante n’est pas la cible initiale, l’agresseur l’utilise pour nuire à la personne qu’il veut détruire.

La première a avoir associé le mécanisme à la violence est la psychologue espagnole Sonia Vaccaro :

«  En assassinant les fils et filles, l’agresseur s’assure que la femme ne s’en remettra jamais  » explique-t-elle. Toujours en avance dans la lutte contre les violences, l’Espagne a intégré cette notion de violence par substitution au Pacte d’État contre la violence de genre dès 2017.

Et quand en juin 2021, un tragique double infanticide a ébranlé ce pays, le concept de « violence vicariante » fut utilisé par le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez. Thomas venait d’assassiner ses deux filles, Olivia (6 ans) et sa sœur Anna (1 an), dans le but de torturer psychologiquement leur mère, Beatriz, suite à leur séparation.

Dans son discours, le premier ministre déclarait :

« La violence vicariante représente une forme de machisme particulièrement brutale et inhumaine, car elle inflige de la souffrance non seulement à la femme mais également à ses enfants. »

Pedro Sanchez exprimait également sa frustration face au déni persistant de la violence vicariante par certains, malgré les efforts de son gouvernement, des associations et des militantes féministes pour intégrer cette terminologie dans le langage courant.

On le déplore également, même si, vu de France, cette notion a au moins le mérite d’exister dans un pacte d’Etat. Il faudrait que les mécaniques de violences vicariantes soient mieux prises en compte partout.

Il nous semble important de populariser le terme « vicariant » dans le cadre de la sensibilisation aux violences intra-familiales.

  • Cela aide à mettre un mot sur un phénomène souvent invisible et mal compris, fournissant ainsi une base pour reconnaître et articuler les expériences des victimes indirectes.
  • Cela permet également de sensibiliser à la nécessité de protéger tous les membres de la famille, en soulignant que les dommages causés par la violence domestique peuvent s’étendre au-delà de la cible initiale.

Plus on saura identifier ce genre de mécanismes, plus, (on l’espère), on pourra développer des interventions ciblées et des supports adaptés à ceux qui ne sont pas seulement témoins, mais aussi victimes indirectes de cette violence.


Vous pouvez trouver d’autres ressources sur ce site, ainsi que des témoignages.