Étiquette dans violences conjugales

Les stratégies de l’agresseur

stratégies de l’agresseur

Les stratégies de l’agresseur

Les auteurs de violences intrafamiliales utilisent une stratégie cyclique redoutable visant à contrôler et à dominer leurs victimes

Séduction et Charme

Au commencement, l’agresseur se révèle sous une lumière séduisante, proche de la perfection, dévoué. Cette phase, souvent appelée « lune de miel », marque le début de leur interaction, caractérisée par une générosité et une affection débordante.

  • Objectif : Gagner la confiance et l’affection de la victime pour établir rapidement une relation.
  • Exemple : Une avalanche de compliments, cadeaux… Des promesses d’engagements futurs, tableau idyllique de la vie commune.
  • Conséquences : La victime devient émotionnellement attachée et commence à faire confiance à l’agresseur, ce qui la rend vulnérable aux manipulations futures.
  • Red Flag : Un engagement trop rapide dans la relation, accompagné parfois de critiques sévères envers des ex-partenaire(s), décrit(e)s de manière outrageuse.

Isolement

Petit à petit, l’agresseur isole sa victime de son entourage (famille, amis, même travail), limitant aux maximum ses interactions sociales, son soutien extérieur et son autonomie.

  • Objectif : Éloigner la victime de son réseau de soutien pour la rendre plus dépendante de l’agresseur.
  • Exemple : L’agresseur critique les amis et la famille de la victime (ces gens-là ne sont pas assez bien pour elle…), insistant pour passer plus de temps seul avec elle, ou déménageant dans un lieu nouveau, inconnu.
  • Conséquences : La victime se retrouve isolée, sans soutien externe, ce qui augmente son sentiment de dépendance envers l’agresseur.
  • Red Flag : L’agresseur dénigre les relations pré-existantes amicales ou familiales et suggère /demande à ce que la victime se retire de ses activités sociales habituelles.

Dévalorisation et Critique

L’agresseur commence à critiquer, dévaloriser et dénigrer la victime, érodant son estime de soi et sa capacité à se défendre. Il utilise les techniques de gaslighting pour l’amener à remettre en cause ses choix, sentiments, émotions, etc. et la faire douter de sa santé mentale.

  • Objectif : Miner l’estime de soi de la victime pour la contrôler plus facilement.
  • Exemple : L’agresseur fait des remarques négatives de manière répétée sur l’apparence de la victime, ses compétences, sa vision du monde ou ses décisions.
  • Conséquences : La victime commence à douter de sa valeur et de ses capacités, ce qui la rend plus susceptible d’accepter les abus.
  • Red Flag : Changements dans l’estime de soi de la victime, qui peut commencer à se dévaloriser. Elle intègre et répète des critiques qu’elle a reçues de son partenaire.

Intimidation et Peur

Par des menaces, des actes d’intimidation ou même de violence physique, l’agresseur instille la peur pour contrôler davantage sa victime.

  • Objectif : Dominer par la peur, en utilisant la violence physique et/ou psychologique pour obtenir obéissance et soumission.
  • Exemple : L’agresseur peut détruire des objets personnels, menacer de violence ou faire des démonstrations de force.
  • Conséquences : La victime vit dans la peur de l’agression, ce qui la pousse à se conformer aux désirs de l’agresseur pour éviter la violence. Elle est dans un état d’anxiété permanente
  • Red Flag : La victime semble anxieuse ou craintive en présence de son partenaire, ou modifie son comportement pour éviter de « provoquer » des réactions.

Culpabilisation

La victime se voit faussement accusée d’être à l’origine des violences subies, inversant les rôles de bourreau et de victime. L’agresseur détourne la culpabilité pour s’en dédouaner.

  • Objectif : Faire porter à la victime la responsabilité des abus pour détourner la faute de l’agresseur.
  • Exemple : Après une altercation, l’agresseur accuse la victime de l’avoir provoqué ou insinue que son comportement justifie les abus.
  • Conséquences : La victime finit par croire qu’elle est responsable des abus et mérite d’être punie, ce qui diminue sa volonté de chercher de l’aide ou de s’échapper.
  • Red Flag : La victime s’accuse des tensions et des abus, tentant de justifier les actions de l’agresseur. Elle l’a cherché, c’est de sa faute, elle l’a mérité…

Alternance entre violence et réconciliation

La relation devient un tourbillon d’épisodes violents suivis de réconciliations, où l’agresseur exprime des remords et promet du changement. Cela piège la victime dans l’espoir d’une amélioration.

  • Objectif : Créer un cycle abusif qui désoriente la victime et renforce sa dépendance émotionnelle.
  • Exemple : Après un épisode de violence, l’agresseur peut se montrer doux, repentant, offrir des cadeaux ou promettre de changer.
  • Conséquences : La victime retourne dans l’étape de « lune de miel » après la violence, ce qui la convaincre de rester dans la relation.
  • Red Flag : La victime relate des périodes d’affection inattendue après des accès de violence. Elle pardonne et culpabilise.

Contrôle Financier

En contrôlant les ressources économiques, l’agresseur renforce la dépendance financière de la victime, entravant sa capacité à prendre des décisions autonomes et sa liberté.

  • Objectif : Rendre la victime incapable financièrement de quitter la relation.
  • Exemple : L’agresseur prend le contrôle des finances en donnant à la victime des sommes insuffisantes. Il l’empêche de travailler ou l’accuse d’être la source des problèmes.
  • Conséquences : La victime se trouve dans une situation où son sentiment d’impuissance et de dépendance la paralyse. L’argent devient une prison pour elle et ses enfants.
  • Red Flag : La victime a un accès limité aux finances familiales, demande fréquemment de l’argent ou semble inquiète pour des dépenses mineures, signalant un contrôle financier.

On le voit, la stratégie globale des agresseurs a pour but de maintenir la victime dans un état de vulnérabilité et de dépendance, rendant difficile son émancipation et la rupture du cycle de violence.

Chacune de ces étapes contribue de manière plus ou moins avancée à renforcer son contrôle, en créant un environnement de peur et de confusion. On parle de cycle, d’étapes, mais il n’y a pas vraiment d’ordre, de parcours obligatoire et fléché.  Il s’agit de contrôle coercitif : une sorte de mille-feuilles malaisant, un maillage serré qui se dénoue juste le temps de laisser à la victime l’énergie de survivre et… d’abandonner la lutte.

Reconnaître ces signes (ces red flags) est important, crucial, pour offrir le soutien nécessaire aux victimes de violences intrafamiliales.

Rester neutre, c’est être du côté des agresseurs…


Vous pouvez aussi consulter nos articles « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP » et « Le gaslighting, vous connaissez ? » ou encore « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« .

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Pourquoi on devrait s’inspirer de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales

Bonjour John Sturgeon. Vous êtes un maitre de conférences écossais, spécialisé sur les questions de violences intrafamiliales.

Vous connaissez aussi très bien le système français et ses dysfonctionnements. Pouvez-vous nous expliquer les méthodes d’intervention pour la protection de l’enfance en Écosse ?

Bien sûr. Déjà, pas d’angélisme, l’Écosse n’échappe pas à son lot de violences physiques, sexuelles, psychologiques. Néanmoins, depuis plus de 20 ans, nous avons privilégié plusieurs politiques de lutte efficaces, d’une manière très différente de la France.

Dès la fin des années 90, la priorité a été mise sur la prévention. L’idée était à la fois d’intervenir le plus rapidement possible pour protéger les victimes et en même temps de limiter les coûts pour la société.

Comment travaillent les autorités locales pour effectuer au mieux ces interventions ?

A l’inverse de la France, l’Écosse a pris le parti de faire travailler ensemble tous les services. Partant du principe que nul ne possède toutes les infos ou les compétences, il faut agir conjointement. La police, la Justice, les assistants sociaux, les soignants, etc. Tous travaillent dans les mêmes lieux, ils peuvent se parler des dossiers, échanger… Ils utilisent également les mêmes outils, faits pour faciliter la communication entre les services.

Effectivement, c’est différent de la France où tout est cloisonné entre les différents magistrats, où on peut condamner un médecin qui fait des signalements et où le secret professionnel est érigé en modèle.

Le secret professionnel existe en Écosse mais il est plutôt géré en circuit fermé. Si vous êtes un pro et avez besoin de savoir, vous saurez.

Nous pensons qu’il y a plus de problèmes liés au non partage des informations que l’inverse. Et beaucoup d’usagers apprécient de ne pas avoir à répéter les mêmes informations sensibles.

L’Ecosse est connue pour être un des pays où on prend le mieux en compte les traumatismes.

C’est vrai. Tous les employés des services publics sont formés aux traumas et à leurs effets. Ils savent repérer les signes, connaissent les marques d’un développement dysfonctionnel du cerveau chez un enfant ou une femme victime de violence… Cette conscience permet des interventions à la fois plus sympathiques pour les victimes mais aussi génère une aide plus adaptée aux genres, à l’âge et au contexte. Même au niveau de la loi, c’est intégré. Ainsi la Justice doit prendre en compte l’âge de l’agresseur jusqu’à ses 26 ans. Depuis 2019, les châtiments corporels sont interdits. Et actuellement, le parlement écossais étudie un projet de loi qui obligerait chaque future loi à respecter la Convention Internationale des Droits de l’Enfant.

En France, hélas, le droit à l’enfant prime sur le droit de l’enfant.

Ici, le droit de l’enfant (ou son intérêt supérieur) passe avant le droit du parent. D’ailleurs, les parents n’ont pas de droits sur leurs enfants, juste des responsabilités. Ils ne doivent pas leur causer du tort et de la souffrance.

Ça fait rêver… Et sinon, concrètement, comment sont gérés les cas de violences intrafamiliales ?

Cela a pas mal changé depuis ces 20 dernières années. Au début de notre siècle, les assistants sociaux étaient formés pour identifier les dangers potentiels. C’était à eux de mettre en place la protection des enfants. Le corolaire de cela, c’est que les assistants sociaux avaient peur d’être accusés de ne pas s’être rendu compte du problème. Ils étaient donc toujours à la recherche de signes de violence. Ce n’était pas sain.

Il y a 5 ans, nous avons rééquilibré cette approche fondée sur la considération du risque pour se tourner vers le pendant, plus positif : les signes de sécurité (“Signs of Safety”). Les assistants sociaux travaillent en partenariat avec les familles et le reste des intervenants, dans des relations plus égalitaires. Tous travaillent pour identifier le problème et se tourner vers la solution : comment créer une famille sûre et saine. Cela a un gros impact sur la motivation des professionnels, la satisfaction des intervenants et surtout, cela améliore grandement la capacité d’identifier les risques et les dangers. La peur de l’erreur d’évaluation perdure, se faire confiance mutuellement (famille et services sociaux) n’est pas aisé pour tout le monde, mais les choses s’améliorent tous les jours.

C’est donc le système actuellement en place ?

Non, il est encore en train d’évoluer. Depuis 2 ans, des régions testent l’approche “Safe & Together”.

“Safe and together” signifie “En sécurité et ensemble” ? Quel est ce nouveau modèle ?

« Safe and Together » est utilisé spécifiquement dans les cas de violences intrafamiliales par la plupart des autorités écossaises. Cela a un effet transformateur sur notre pratique. Il fonctionne sur 3 principes :

  • Il n’y a pas de violence sans agresseur, donc l’attention doit porter sur cette personne, ses responsabilités ; et non pas sur le parent protecteur. En cas de signalement, la police intervient immédiatement. L’accusé sera retiré de la maison et interrogé au commissariat. Les enfants et la victime présumée seront interrogés à domicile. Dans le cadre des processus d’enquête et de suivi, un représentant de l’autorité locale (un assistant social), un employé du National Health Service (généralement une infirmière) effectueront des recherches dans leurs bases de données à la recherche d’informations.

L’enquête pénale est menée uniquement par la police, mais des dispositions sont prises pour obtenir des informations auprès d’autres organismes de l’État. Ces dispositions aident la police dans ses enquêtes et aident les organismes de l’État à s’acquitter de leurs responsabilités en matière de protection du public.

Cela facilitera l’enquête, éclairera l’évaluation des risques et guidera les stratégies de protection qui doivent être mises en place. Il s’agit là d’un très bon exemple de la façon dont nous travaillons ensemble en Écosse afin que chaque organisme d’État puisse exercer ses responsabilités légales en matière de protection des enfants et des personnes vulnérables, au motif qu’un seul organisme ne disposera pas de toutes les informations.

Tout le monde est formé au contrôle coercitif. En Écosse, on préfère cette dénomination plutôt que « emprise ». Dans le cas d’emprise – le focus est sur la capacité et réaction de la victime mais dans l’essence du contrôle coercitif, c’est la stratégie de l’agresseur qui est sous la loupe.

Et si la situation n’est pas “grave” ?

Alors l’agresseur pourra rentrer chez lui mais il saura que toutes les structures sont au courant de ses actes et qu’il est surveillé.

Les 2 autres principes du “safe and together” sont :

  • Le parent protecteur et les enfants doivent rester ensemble. C’est la personne problématique qui doit quitter le foyer. Les services sociaux s’engagent à maintenir les victimes ensembles.
  • Les services sociaux travaillent en partenariat avec le parent protecteur. Ils reconnaissent que cette personne prend en charge la sécurité de ses enfants.

Waooo…. Cela démontre combien le contrôle coercitif est un concept intégré chez vous.

L’Écosse est un des rares pays au monde à avoir des lois spécifiques contre le contrôle coercitif.

Depuis 2018, il est illégal de contrôler son partenaire en restreignant ses accès à ses amis, sa famille, ses finances, son travail, peu importe le moyen. La peine maximale prévue est de 14 ans de prison ferme.

Les services sociaux savent que la violence est genrée, ils sont formés à la recherche de ces signes. De plus, ils ont conscience que si une personne est “contrôlée” par son partenaire alors leurs enfants sont aussi victimes de cette stratégie, directement ou indirectement. C’est pourquoi, cette personne n’a pas besoin de porter plainte (ni même de le vouloir). Si elle est repérée comme subissant des violences coercitives, alors on peut porter plainte à sa place, que la personne se reconnaisse comme victime ou non, car c’est le comportement contrôlant qui est illégal.

Merci beaucoup John. Nous espérons que la France saura s’inspirer du meilleur de l’Écosse en matière de lutte contre les violences intrafamiliales.


Vous pouvez également consulter nos articles « Loi espagnole sur les violences intrafamiliales : pourquoi on devrait s’en inspirer » et « Violences sexuelles en Australie : une réalité glaçante révélée« .

Vies maternelles entravées

Vies maternelles entravées, protéger l'enfant

Merci à Philomène V. pour ce touchant et délicat témoignage : le parcours semé d’embûches d’une mère qui cherche à se protéger et à protéger son enfant.


Vous savez que la violence qui s’est insinuée dans votre couple devrait vous faire prendre la fuite. Mais il y a un bébé, qui, vous répète-t-on, « a besoin de ses deux parents ». Donc pas de départ.

La violence s’amplifie, « partez Madame, vous avez un petit, partez pour lui ! Mettez-le à l’abri », vous enjoint-on. Mais « si tu pars, tu vas voir ce que tu vas voir », vous susurre-t-on. Donc pas de sécurité.

Vous avez bravé la défense de quitter le territoire domestique, déclenchant l’ire conjugale ; vous savez qu’il vous faudrait partir sans laisser d’adresse pour vous évaporer enfin, légère et hors d’atteinte, vers la liberté. Mais ce conjoint, qui tait ses devoirs, hurle ses droits. Alors vous devez rester à sa portée. Donc pas de libération.

Vous devriez vous « protéger pour vous relever, couper les liens de cette relation maltraitante ». Mais vous avez l’obligation de tout faire pour favoriser « le dialogue coparental ». Donc pas de solution.

Vous devez être « une mère dans le compromis avec le père de l’enfant ». Mais vous devez vous montrer « une femme qui ne se laisse plus dominer par son ex-conjoint ». Donc pas de répit.

Vous suffoquez sous la chape des écrits menaçants et humiliants ; il vous faudrait suivre les préconisations du médecin et accepter les arrêts de travail. Mais pour le dossier concernant la garde de votre enfant, une mère en dépression, ce n’est pas bon. Donc pas d’arrêt.

Vous voudriez porter plainte contre le harcèlement que vous fait subir votre ex-conjoint mais sans arrêts de travail, pas de preuve suffisante de harcèlement : donc pas de plainte.

Vous êtes exsangue. Mais une mère triste, ce n’est pas bon pour les enfants, alors vous faites semblant : pas de repos.

Vous devez veiller au bien-être de votre enfant et déroger au jugement s’il est en danger physique ou psychologique avec son père. « Soyez une mère protectrice. C’est ça que fait une bonne mère ». Donc non représentation d’enfant.

Vous devez appliquer le jugement. Ne soyez pas une « mère toute-puissante ». « Une mère qui respecte les droits du père, c’est ça une bonne mère ». Donc pas de légitimité à préserver l’enfant.

Prise entre les coups réguliers du marteau de la violence psychologique et l’enclume institutionnelle, vous en venez quelques fois à souhaiter que ce marteau vous explose une bonne fois pour toutes le cerveau – fin du supplice.

Et quand vous parvenez parfois à vous endormir, vous rêvez de cette déflagration de votre chaire endolorie par toutes ces années de survie – d’asphyxie. Une déflagration qui mettrait fin à la torture des injonctions contradictoires. Vous n’auriez plus à assister, impuissante, à l’impunité de la violence qui abime votre enfant. Et, en mille morceaux, vous vous évaporeriez enfin, loin du bourreau – avec l’espoir que la moindre brisure de votre être s’en ira trouver les instants de légèreté partagés avec votre enfant, que tant d’années de tourment vous ont volés.

Mais pour protéger votre enfant, il vous faut rester. Donc vous restez, entre le marteau et l’enclume.

Philomèle V.


Vous pouvez retrouver de nombreux autres témoignages sur notre site.

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Ce père de 41 ans, auparavant reconnu coupable de violences conjugales, s’est rendu ce dimanche dans un poste de police à Dieppe, en Seine-Maritime. Il a confessé avoir assassiné ses trois filles chez lui, dans le Val-de-Marne, évoquant le motif de « la crainte de ne plus les voir ». Il avait échangé dans la soirée des mails conflictuels avec la mère et a pris dans la foulée la décision de les tuer.

En 2021, ce père avait été condamné à une peine de prison, incluant un sursis probatoire, pour des actes de violence envers sa conjointe et ses enfants.

Malgré une interdiction de contact avec les victimes, cette restriction avait été levée fin septembre 2022 pour faciliter l’exercice de ses droits parentaux… Il avait accompli une partie de sa peine sous surveillance électronique et avait suivi un stage de responsabilité parentale et un suivi psychologique.

Depuis, on sait que de nouvelles violences (non rapportées officiellement par la mère des enfants) avaient eu lieu, révélant un contexte familial toujours tendu. De plus, curieusement, le soir de la confession du père, le domicile de la mère a été cambriolé, un événement qui se rajoute à l’enquête (dissimulation de preuves ?).

En plus de cette funeste tragédie, ce triple infanticide soulève des questions troublantes et révélatrices de problématiques systémiques.

Premièrement, pourquoi un père, craignant de perdre le contact avec ses enfants, choisit-il de les tuer plutôt que de chercher à maintenir ou restaurer cette relation ?

Cette décision extrême pourrait indiquer un désir de contrôle absolu ou un acte de vengeance envers la mère des enfants, supérieurs au bonheur de sa parentalité et à la vie de ses trois filles.

Deuxièmement, on peut questionner la décision du père de se rendre aux autorités au lieu de se suicider, ce qui est la suite la plus fréquente observée lors de drames similaires.

Évidemment, aucune de ces attitudes n’est la bonne, la seule façon humaine de se comporter aurait été de ne pas tuer ses enfants. Mais cela semble néanmoins révéler un désintérêt pour les conséquences de ses actes. La prison ne lui fait pas peur. Ce n’est pas un frein versus l’exercice de sa domination et de sa capacité à nuire, même au-delà de la mort de ses filles.

Ces comportements et décisions, loin d’être rationnels interrogent sur la logique personnelle déviante des agresseurs et des meurtriers. C’est très difficile à comprendre et pourtant, le nombre des violences intrafamiliales qui ne cesse d’augmenter indique la fréquence de ces raisonnements.

Enfin, ce triple infanticide suscite des interrogations légitimes sur la manière dont le système judiciaire évalue la capacité parentale d’une personne ayant un passé de violence.

Pourquoi la justice actuelle estime-t-elle qu’un homme qui a été condamné pour violence est quand même un bon père ? Comme si la violence s’était évaporée…. L’idée sous-jacente est qu’une personne peut être un parent compétent malgré des antécédents de violence. Dans ce cas, la décision de justice a peut-être considéré la participation à des programmes de responsabilité parentale ou de suivi psychologique comme un changement positif de la capacité parentale ?

Mais pourquoi maintenir des liens parent-enfant, après des violences graves ? La sécurité de l’enfant ne devrait-elle pas être la priorité absolue ? Un passé de violence est toujours un indicateur d’un risque potentiel !

Il aurait certainement fallu vérifier si les fameux changements liés au suivi psy avaient eu lieu ! Car participation ne signifie pas révélation… Un travail d’évaluation des risques devrait être obligatoire. Surtout que la récidive dans les cas de violence familiale est malheureusement courante, et les programmes de réadaptation ne garantissent pas un changement de mentalité.

La preuve…

Il est crucial de s’interroger sur la manière dont les antécédents de violence sont évalués et pris en compte dans les décisions judiciaires.

La parole des victimes qui n’est déjà pas tellement prise en compte avant les jugements disparait totalement après l’exécution des peines, alors qu’elle devrait être la garante de l’effectivité du changement.


👉 https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/triple-infanticide-dans-le-val-de-marne-leur-pere-reconnait-avoir-tue-ses-filles-2277573.html

👉 https://www.sudouest.fr/faits-divers/val-de-marne-un-homme-se-denonce-apres-avoir-tue-ses-trois-enfants-deux-ont-ete-retrouves-morts-17604724.php

👉 https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-le-pere-meurtrier-avait-administre-un-somnifere-a-ses-filles-avant-de-les-tuer-28-11-2023-PWOLRGQ3D5C2XHWS7OCEBCDCGI.php

👉 https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-de-marne/un-pere-de-famille-avoue-le-meurtre-de-ses-enfants-a-alfortville-deux-deces-ont-ete-confirmes-2879342.html


Pour comprendre les mécanismes de la violence et la stratégie des agresseurs et comment y faire face, vous pouvez lire « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« , « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP« , « La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage » , et notre Manifeste.

Demander une aide financière à la CAF après la séparation ? Violences intra-familiales.

Violences intra-familiales, Demander une aide financière à la CAF après la séparation ?

Pourquoi la CAF pourrait vous aider ?

Si vous avez pris la courageuse décision de vous séparer d’une personne violente, il se peut hélas que la problématique financière sonne rapidement à votre porte.

En effet, alors qu’elles entrent d’une période difficile où elles n’aspirent qu’à rebâtir leur vie et celle de leurs éventuels enfants, les victimes de violences intrafamiliales doivent faire face à la suite de la relation abusive dans laquelle elles étaient : l’absence totale de soutien financier de la personne toxique, les frais d’installation et de démarrage d’une nouvelle existence, les difficultés à payer les frais de Justice, à garder son travail dans ces circonstances éprouvantes et traumatisantes…

Pourtant, les victimes n’osent pas toujours se tourner vers la CAF pour connaitre leurs droits.

Elles n’imaginent pas qu’on puisse leur venir en aide. Pourtant, il arrive que la CAF puisse les accompagner dans cette transition importante. Les démarches peuvent sembler intimidantes, mais l’aide éventuelle en vaut la peine.

Les aides de la CAF sont souvent versées sous conditions de ressources aux familles ayant des enfants de 6 à 18 ans scolarisés, en apprentissage ou pris en charge dans un établissement d’accueil spécialisé, mais en cas de violences il existe des dérogations. Il est donc important d’expliquer votre situation.

L’Allocation de Soutien Familial (ASF)

Il est possible de demander l’Allocation de Soutien Familial qui est conçue pour aider à subvenir aux besoins des enfants des victimes lorsque le parent non-gardien ne verse pas la pension alimentaire nécessaire. Si vous êtes dans cette situation, les 187,24 € de l’ASF peuvent assurer le bien-être de vos enfants et alléger le fardeau financier qui pèse sur vos épaules. Elle peut être aussi attribuée pour compléter une pension alimentaire fixée, dont le montant est faible.

L’Allocation de Rentrée Scolaire (ARS)

De même, n’hésitez pas à solliciter l’Allocation de Rentrée Scolaire qui est une aide précieuse pour couvrir les frais liés à la rentrée scolaire, des fournitures aux vêtements en passant par les activités éducatives.

Comme pour les autres prestations familiales, vous devez effectuer une demande via le formulaire de demande cerfa n°12038. Et dans le cas de violences, il doit être accompagné du cerfa n°11423 qui est une déclaration de votre situation.

Voici les conditions fixées par la CAF pour recevoir l’ASF.

  • Vous devez vivre seul, vous devez résider en France de manière stable et vous devez avoir au moins 1 enfant à charge
  • Lorsque vous ne percevez pas de pension alimentaire : l’ASF est accordée en attendant de fixer le montant de la pension alimentaire. Vous recevez l’aide durant 4 mois, temps nécessaire pour faire une demande de pension alimentaire auprès du JAF. Passé ce délai, le versement de l’ASF est suspendu.
  • Lorsque vous ne recevez plus ou en partie, la pension alimentaire : l’ASF peut vous être accordée provisoirement. L’allocation devra ensuite être remboursée par le parent chargé de payer la pension alimentaire.
  • Lorsque vous recevez une pension alimentaire, mais son montant est inférieur au montant de l’ASF : une allocation différentielle vous est accordée.

À savoir que l’ASF n’est plus versée en cas de mariage, de remariage, de concubinage ou de PACS. La seule exception à cette règle est en cas de recueil d’un enfant. En effet, si l’assuré bénéficie de l’ASF pour un enfant recueilli, il a le droit de vivre en couple, etc.

Autre mesure à tenter, dans certaines CAF (comme en Ariège par exemple), vous pouvez bénéficier d’un accompagnement social. Dans ce cadre, n’hésitez pas à demander si vos conditions vous permettent d’accéder à une aide financière en Prêt d’Honneur et à une autre somme de secours, cumulable à la première enveloppe.

L’aide financière individuelle permet la prise en charge des frais liés :

  • à un relogement suite à une décohabitation en urgence,
  • aux transports ou déplacements,
  • à la procédure : honoraires d’avocats…,
  • aux achats destinés aux enfants (habillement, literie, produits d’hygiène…)

Enfin, en mars 2023, le gouvernement a lancé le Pack nouveau départ qui doit permettre aux victimes de violences intra-familiales de partir avant qu’il soit trop tard. Ce dispositif est expérimenté dans le Val-d’Oise. Il sera étendu ensuite à 4 autres départements, avant d’être généralisé sur l’ensemble de la France à l’horizon 2026.

L’idée est de proposer un accompagnement sur-mesure aux victimes : une allocation type RSA, une aide de retour à l’emploi, à la formation, à la garde d’enfant, un soutien psychologique, un hébergement d’urgence… Tout cela sans avoir besoin d’aller frapper à toutes les portes. Il suffira d’aller voir une association, un médecin, la police, un maire qui signaleront cette situation et dirigeront vers un seul référent. Dans le Val-d’Oise, ce référent est la CAF.


Vous pouvez également consulter notre article  » La CAF devient l’organisme officiel des prélèvement des pensions alimentaires « .

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d’un père incestueux

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d'un père incestueux

En 2013, alors qu’elle vit avec une personne qui a des addictions (alcool, etc.) et qu’elle gère au mieux leur petit garçon, Mariette fait la rencontre du locataire de sa sœur, Léo.

Rencontré à l’anniversaire de sa sœur, il tente immédiatement de la séduire. La jeune entrepreneuse part une semaine plus tard au Népal 3 mois pour son business avec son fils et son père. Léo lui écrit tous les jours, au début sous des prétextes pro puis plus intéressé. Mariette est engluée par ses jolis mots qui arrivent en masse.

Quand elle lui confie la violence qu’elle subit, il lui dit « Quitte le, tu mérites mieux« , se positionnant en sauveur. Comme il vit chez sa sœur, il connait plein de choses sur elle, il la sait fragilisée. Mariette décide de quitter le père de son fils et l’annonce à sa sœur malgré la réticence de Léo : « Ne lui dis pas, elle sera heureuse pour nous« .

Quand sa sœur l’apprend, elle semble horrifiée : « tous mais pas lui« . Elle se met en colère, expulse Léo sans s’expliquer ni à son mari ni à sa sœur. Mariette comprendra des années plus tard par son frère que sa sœur avait une histoire avec Léo et qu’il les manipulait toutes les deux. A ce moment, Léo se met en colère, se pose en victime, s’en prend à lui-même, se scarifie.

Mariette, dépassée, déjà sous emprise, a le syndrome de l’infirmière, elle décide de le croire.

Léo lui propose de passer la saison des marchés avec lui. Il loue une maison isolée sans la consulter. Tout va très vite. Même l’arrivée des critiques. Léo la dénigre continuellement, lui reproche sa façon d’être avec les hommes au marché. A la fin de la saison, elle rentre chez elle, là où vit le papa de son fils. Ça énerve Léo qui voudrait qu’elle s’éloigne de lui mais Mariette résiste 2 ans pour que son garçon continue de voir son père. Léo lui fait payer ce choix en étant très agressif et culpabilisant.

Mariette et Léo finalement s’installent 5 mois dans une maison sans vis à vis, à 2km du papa. 5 mois d’horreur où Léo achève de mettre en place son emprise par un yoyo émotionnel puissant. Hyper possessif, violent, il alterne des moments de douceur où il « réclame » un enfant et des crises de jalousie et de schizophrénie : il casse tout, écrit sur les murs, lance des couteaux, répète des trucs en boucle, espionne l’ordinateur de Mariette…

Des amis, passant à l’improviste, sont témoins de cette folie et d’une tentative d’homicide : après avoir projeté des chaises et autres objets sur Mariette, Léo lui lance une hache qui passe à quelques centimètres de son visage. Il menace d’aller tuer son premier compagnon dont il ne supporte pas la proximité. Sidération de la part de Mariette, qui met cela sur le compte de la fatigue ou la drogue. Elle finit par fuir chez son ex qui ne réagit pas à son appel à l’aide. Alors elle retourne chez sa mère et annonce à Léo que c’est fini.

Ce dernier réussit à lui retourner le cerveau, lui faire croire qu’il va changer car il l’aime.

Sous emprise, apeurée, elle cède. Et le cycle infernal recommence. Léo la culpabilise. Tout est de sa faute à elle car elle ne veut pas déménager. Aux violences psychologiques et sexuelles se rajoutent des violences financières. Dépendante, ficelée, elle accepte de déménager dans une autre maison isolée ; loin de s’apaiser, Léo passe aux violences physiques.

Isolée, Mariette subit des coups de poings, de couteaux, des crachats. Il pousse la perversion jusqu’à s’imposer à la cuisine pour la menacer d’empoisonnement. Mariette est dans un état constant de panique et d’hyper vigilance. Elle ne dit plus rien, ne parle à personne. Un jour, elle ose demander pourquoi Léo la frappe, il répond :  » tu m’as demandé d’arrêter de m’en prendre à moi alors je m’en prends à toi « . Manipulateur n’est pas un mot assez fort pour le décrire.

Quand elle lui annonce qu’elle est enfin enceinte, loin de bondir de joie, il lui demande d’avorter. S’en est trop pour Mariette qui tente de fuir. Mais elle se fait rattraper et la violence augmente encore, par représailles. Quand il apprend que c’est une petite fille, Léo décide de garder l’enfant. Il impose un prénom très dérangeant car il veut qu’elle soit une guerrière. L’enfant aussitôt née, c’est comme si Mariette devait disparaitre.

A peine rentrés, il insiste pour qu’elle aille travailler. 3 semaines après la naissance, il lui fait traverser la France pour acheter le camping-car d’un pédo-criminel. Les « vacances » sont horribles, les coups pleuvent, même devant les enfants. De surcroit, elle comprend que Léo maltraite aussi son fils, jusqu’à déchiqueter son doudou. Il ne supporte pas les réveils la nuit. S’en est trop. Pour la 4ème fois, Mariette part se réfugier ailleurs mais il finit toujours par la retrouver et la menacer du pire pour elle et les siens.

Elle rencontre aussi pour la première fois la mère de Léo qui lui dit  » Fuis, il a un dossier psychiatrique, méfie-toi de son intelligence « .

Mais c’est trop tard, Mariette est comme dans une prison mentale où il lui est impossible de dire les choses, voire même de les penser. Elle vit dans un état de terreur, son état est téléguidé par la violence de Léo. P

ar hasard, elle découvre qu’il navigue sur le darknet (il lui dit qu’il cherche un tueur à gage pour elle). Puis furieux de s’être fait découvrir, il achète une arbalète dans la foulée. Un jour où il cherche à la tuer, elle se met à hurler et ses cris attirent les voisins, qui se rassemblent pour la protéger de la violence. Léo, fou de rage, arrache sa fille des bras de la voisine et la jette dans la voiture pour partir en trombe. Dès qu’il revient avec le bébé, Mariette part habiter chez une des voisines qui lui a dit :  » C’est fini, tu ne restes plus avec cet homme « .

Il dépose une plainte aussitôt pour dire qu’elle l’a abandonné, il ment et inverse la situation.

La voisine reloge Mariette en urgence. Cette dernière est terrorisée, épuisée, toujours sous emprise mais elle sait désormais qu’elle ne veut plus retourner chez Léo. Lui la retrouve, défonce sa porte pour la frapper, heureusement, d’autres voisins interviennent et contactent les policiers. Sous leurs conseils, elle porte plainte pour violence conjugale puis pour agression sexuelle.

Léo cesse alors ses visites, mais il la harcèle par téléphone. Et lors de la confrontation, il parvient sans souci à mettre la police de son côté. Les policiers pensent que Mariette est folle. La jeune femme trouve du soutien auprès d’une association, qui l’aide à obtenir la garde de sa fille. Et puis, elle ose prendre contact avec l’ex de Léo qui lui raconte qu’elle a vécu le même calvaire et qu’elle est encore terrorisée.

Petit à petit, Léo se fait plus offensif, il parvient à obtenir des droits plus larges.

Pourtant un rapport d’expert affirme qu’il ne mesure pas l’ampleur de ses impulsivités. En août 2018, tout s’effondre. L’enfant raconte à sa mère que son papa lui met « les doigts dans les fesses » et lui « apprend à l’embrasser sur la bouche« …. Un médecin constate des pustules sur la bouche de l’enfant qui explique « Papa m’a mis un bâton noir dans la bouche, j’ai failli m’étouffer » (un gode).

Horrifiée et en colère, Mariette se démène pour empêcher sa fille de retourner chez son père. Léo se retrouve à nouveau en droit de visite médiatisée. L’association remet un rapport édifiant contre le père et témoigne que l’enfant continue de dénoncer l’inceste, même devant son père. Hélas, le rapport disparait et l’ASE s’acharne à maintenir les visites. Pire leur psy accuse la mère de SAP (syndrome d’aliénation parentale) !

Léo fait systématiquement appel et au troisième, tout bascule. Un juge aux affaires familiales le croit et il récupère la garde exclusive de sa fille qui ne l’avait pas vu depuis un an.

Pendant les deux années suivantes, omnipotent, il manipule l’enfant, qui se verrouille, silenciée comme un soldat.

Mais elle se plaint toujours d’avoir mal au ventre, a un comportement sexualisé avec son grand frère…

Les gendarmes continuent de mener l’enquête, auditionnent l’ex de Léo et comprennent qu’ils ont fait fausse route. Le vent tourne un peu. Il y a quelques jours, le procureur a classé sans suite les plaintes calomnieuses du père. L’instruction est toujours en cours. Mariette espère pouvoir désormais récupérer ses droits et protéger sa fille. Mais hélas, souvent rien n’est moins sûr que la Justice.


Notre association reçoit de nombreux témoignages de parents protecteurs qui ne sont pas écoutés par la Justice. Cliquez sur ce lien pour consulter l’ensemble de ces témoignages.

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins : une reconnaissance officielle en France

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins : une reconnaissance officielle en France

Dans un article de L’école des parents (N°647) aux Éditions Érès, la journaliste Isabelle Gravillon rapporte que les violences conjugales ont un impact particulièrement néfaste sur les enfants de manière indéniable. Ces violences affectent leur construction des liens d’attachement, leur développement psychologique et cognitif, ainsi que leur santé physique.

Un décret de novembre 2021 entré en vigueur en février 2022 reconnaît officiellement les enfants exposés à des violences conjugales comme des victimes à part entière.

Pendant longtemps, la société française et les institutions chargées de la protection de l’enfance ont pensé que les enfants n’étaient pas directement concernés par les violences entre leurs parents, tant que ces violences ne s’exerçaient pas directement à leur encontre.

Cependant, au fil des années, les mentalités évoluent doucement. Ce décret de février 2022 reconnaissant les enfants exposés aux violences intrafamiliales comme des victimes conduit progressivement à une évolution des institutions chargées de la protection de l’enfance dans leur approche de ces enfants. Davantage sensibilisés à l’impact délétère de ces violences sur la santé psychique et physique, ainsi que sur le développement psychologique et cognitif des victimes, ces organismes sont censés mettre en place une meilleure prise en compte des besoins spécifiques de ces enfants et une offre de protection adéquate. Ce n’est pas toujours le cas hélas.

À la différence des conflits, au cours desquels les protagonistes peuvent interagir dans une forme de réciprocité et négocier parfois une solution ensemble, les violences conjugales organisent des relations totalement asymétriques. L’un des deux membres du couple est en position dominante, imposant toutes les décisions à l’autre, qu’il maintient en position de dominé en ayant recours à la disqualification, à la menace, à l’intimidation et à la violence physique. C’est en somme à un système dictatorial que l’enfant est confronté dans sa famille, lui apprenant dès le plus jeune âge comment la loi du plus fort écrase les plus faibles.

Karen Sadlier, docteure en psychologie clinique

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants sont multiples et justifient pleinement qu’on les considère comme des victimes. L’impact est particulièrement délétère sur la construction des liens d’attachement, sur leur développement psychologique et cognitif, ainsi que sur leur santé physique. Assister jour après jour aux coups, insultes et menaces qu’un parent fait subir à l’autre constitue une maltraitance majeure psychique et physique. Les enfants exposés aux violences conjugales peuvent développer des troubles anxieux, dépressifs, de stress post-traumatique, de comportement, de sommeil, de concentration, ainsi que des troubles alimentaires, des maux de tête, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, des ecchymoses, des fractures, etc.

En outre, les enfants exposés aux violences conjugales peuvent développer un sentiment de culpabilité, se persuadant qu’ils sont les fauteurs de troubles, les responsables du malheur qui frappe leur famille. Cette culpabilité est souvent alourdie par la mission impossible qu’ils s’assignent : se vivant comme ayant engendré ce monstrueux désordre, ils fantasment qu’il leur revient de le faire cesser, de protéger la victime et de guérir l’agresseur. En somme, les conséquences des violences conjugales sur les enfants sont graves et durables. Ces violences peuvent affecter leur santé physique et psychologique, leur développement, leur estime de soi, leur capacité à nouer des relations saines, ainsi que leur avenir.

C’est tout sauf anodin.

Quant au déterminisme, qui questionne l’idée que les enfants exposés aux violences conjugales seraient inévitablement destinés à reproduire cette violence ou à en devenir victimes à l’âge adulte, il est loin d’être évident. Il est important de reconnaître que chaque individu est unique et que de nombreux facteurs peuvent influencer le devenir des enfants exposés aux violences conjugales. Les gens qui bénéficient de facteurs protecteurs à un moment donné de leur vie parviennent à échapper à une funeste reproduction de la violence (soutien d’un adulte significatif, environnement stable, éducation et apprentissage, interventions thérapeutiques appropriées…)

En résumé, bien que les enfants exposés aux violences conjugales puissent être confrontés à un risque accru de reproduire cette violence ou d’en devenir victimes à l’âge adulte, il n’y a pas de déterminisme absolu. Les facteurs protecteurs et les interventions appropriées peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention de cette reproduction et dans la promotion d’un avenir différent pour ces enfants. Donc là aussi, il est crucial de ne pas les abandonner autant que de les croire et les protéger. Ces enfants exposés aux violences conjugales sont des victimes et ont besoin d’une meilleure prise en compte de leurs besoins.

Plus généralement, il est essentiel de continuer à sensibiliser, à soutenir et à intervenir pour protéger ces enfants et espérer briser le cycle de la violence conjugale.


Voir aussi notre article Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité.

9 livres pour mieux comprendre les mécanismes des violences intra-familiales

9 livres pour mieux comprendre les mécanismes des violences intra-familiales

9 livres enrichissants….

1. « Le berceau des dominations » Dorothée Dussy

Un incontournable ! Dorothée Dussy est une anthropologue, directrice de recherche au CNRS qui a enquêté sur l’inceste pendant 5 ans, notamment en rencontrant des auteurs d’agressions sexuelles incestueuses en prison.

« A la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme un outil de formation à l’exploitation de genre et de classe. »

Elle montre les enjeux de domination des incesteurs sur des enfants objet sexuel.

2. « Livre blanc sur la protection des enfants maltraités » REPPEA

Ce livre blanc a été réalisé par un groupe de travail du REPPEA – Réseau des Professionnels de la protection de l’enfance et de l’adolescence. Un livre pratique à partager, facile à lire car très court et clair. Il parle des dysfonctionnements de la protection de l’enfance en France, il propose des mesures et préconisations d’urgence. Pas mal de chiffres qui datent de 2015 et 2016 sur les violences sexuelles sont exposés en annexe grâce entre autres à une enquête du REPPEA.

3. « Déviriliser le monde » Céline Piques

Dans ce manifeste, Céline piques, présidente d’Osez le féminisme, tisse des liens entre textes de référence du patrimoine féministe et récits de luttes menées, pour ouvrir une réflexion critique sur la société patriarcale. Petit livre hyper intelligent, riche en ressources et en réflexions constructives ! Tout est clair, concis et le texte donne des pistes concrètes pour un monde plus égalitaire. C’est passionnant et on le recommande vivement à toute personne qui souhaiterait découvrir la pensée féministe radicale ou affiner sa réflexion.

4. « Défendre les enfants » Édouard Durand

Un juge des enfants qui respecte, aime et soutient vraiment les enfants victimes ! Nous, parents protecteurs, avons tou-te-s espoir que sa vision de la protection de l’enfance dans les institutions françaises influence les politiques pour que cette protection ne soit plus théorique mais réelle. Le juge rappelle une vérité toute simple : un homme violent n’aime pas ! C’est également un témoignage très éclairant sur la situation de la justice française et ses dysfonctionnements.

5. « Les mal aimées, L’inceste, un piège transgénérationnel » Caroline Bréhat

Un livre palpitant qui montre l’histoire vraie d’une femme qui survit et tente de protéger sa petite fille d’un mari et père pervers et dangereux. Écrit comme un road movie sur la voie de l’intime, avec justesse et délicatesse. C’est un livre à offrir facilement à son entourage, car il montre très bien ce que vivent les mères protectrices sans être trop technique. Caroline Bréhat parle d’inceste et de violences transgénérationnelles autrement, avec une jolie plume, courageuse, juste et haletante.

6. « La connaissance interdite » Alice Miller

Reconnue pour son travail révolutionnaire en psychologie et son approche novatrice dans le traitement des traumatismes d’enfance, Alice Miller explore les répercussions des traumatismes émotionnels et physiques subis pendant l’enfance sur la vie adulte. Elle aborde des sujets difficiles tels que la maltraitance, la violence familiale et les abus sexuels, avec une approche pleine de compassion et de compréhension. En lisant ce livre, vous pourrez découvrir comment les traumatismes de l’enfance peuvent affecter la vie adulte et comment il est possible de guérir de ces blessures émotionnelles.

7. « La fabrique des pervers » Sophie Chauveau

Sophie Chauveau raconte son histoire familiale : Comment une famille entière devient incestueuse…

« (Les agresseurs) sont sans conséquences car ils n’ont pas de conscience. L’autre n’existe pas ».

« L’inceste n’est pas une affaire de sexe mais de pouvoir… Le corps ne montre rien, ça fait partie du viol incestueux de ne rien laisser paraître. »

Quels sont les indices d’une famille incestueuse ? Une lecture passionnante montrant une famille bourgeoise parisienne dysfonctionnelle.

8. « En finir avec les violences sexistes et sexuelles » Caroline de Haas

Beaucoup de ressources pour pouvoir parler des violences sexistes et sexuelles. C’est un manuel d’action en trois parties pour prendre en main les situations de violence en sachant les repérer et agir pour faire cesser le danger.

La première partie identifie les violences afin d’appréhender leur ampleur dans notre vie quotidienne. La deuxième donne des pistes pour déchiffrer les mécanismes de la violence. La dernière apporte des éléments pour agir selon les circonstances : un auto-diagnostic, des clés pour aider une amie, une victime ou un enfant, mais aussi l’agresseur.

9. « Histoire du Consentement Féminin » Maëlle Bernard

Maëlle Bernard est historienne de la sexualité. Elle propose une très intéressante frise chronologique de l’histoire du consentement. A travers celui-ci, Maëlle parle des violences sexuelles, du viol, du mariage, du désir féminin et de l’évolution des lois. Ce livre se penche sur l’intimité des femmes et des hommes du passé. Ce travail sur le consentement à l’acte sexuel a reçu la mention spéciale du prix de la Société Française d’Études du XVIIIe siècle.


Vous pouvez également consulter nos articles précédents  » Livre « Mauvais père » : l’importance de la plaidoirie  » ou encore  » L’histoire du patriarcat en raccourci « .


Troubles de conjugopathie ? Un paravent bien pratique pour ne pas parler de violences intrafamiliales

Troubles de conjugopathie ? Un paravent bien pratique pour ne pas parler de violences intrafamiliales

Lorsque des conflits émergent dans un couple, il est fréquent de pointer du doigt les problèmes de communication et les désaccords de chacun. Et parfois, les membres du couple peuvent être diagnostiqués par des experts dépêchés par la Justice comme souffrant de « conjugopathie ».

Mais qu’est-ce que la conjugopathie ?

Est-ce réellement un trouble psychologique ? Et surtout, quelle est la véritable signification de cette accusation dans le cadre des violences intrafamiliales ?

La « conjugopathie » est un terme qui désigne un trouble psychologique qui serait lié à une incapacité à communiquer efficacement avec son conjoint ou sa conjointe. Ce concept a été popularisé par certains psychologues et thérapeutes de couple pour expliquer les difficultés de communication entre les partenaires.

Selon cette théorie, un ou les deux membres du couple souffriraient d’un trouble psychologique empêchant une communication efficace et provoqueraient des conflits et des tensions.

Si la conjugopathie peut peut-être exister dans un cadre de conflits conjugaux simples, elle devient un cache misère dans le cadre de violences intrafamiliales. En effet, cette accusation permet de ne pas nommer les vraies causes du problème, à savoir la violence. En utilisant cette notion, on évite de nommer les agresseurs et on continue à les considérer comme des victimes.

De plus, cette idée fausse selon laquelle les torts sont toujours partagés équitablement revient à dire que personne n’est responsable de la violence intrafamiliale.

Il est important de comprendre que la violence conjugale est un phénomène complexe qui ne peut pas être réduit à un simple trouble de communication. Il s’agit d’un comportement violent et contrôlant de l’un des membres du couple envers l’autre, qui peut prendre différentes formes (physique, psychologique, sexuelle, économique, etc.).

La violence conjugale ne se limite pas à de simples disputes entre 2 personnes, mais représente une situation où une personne exerce un pouvoir sur une autre.

Nommer l’agresseur et la violence qu’il déploie fait partie du travail de la Justice.

Or la conjugopathie est une accusation qui empêche de pointer les coupables et permet à l’agresseur de se dédouaner de sa responsabilité en faisant croire que la violence est partagée.

C’est oublier qu’il y a un agresseur et une victime. Les torts (et les conséquences) ne sont pas partagés équitablement.

Dans le cadre des violences, non seulement l’accusation de « conjugopathie » est une vision fausse des phénomènes de pouvoir qui s’exercent, mais elle ne profite qu’aux agresseurs.  Elle empêche les victimes de recevoir l’aide et le soutien dont elles ont besoin.

Les professionnels de la santé mentale doivent être formés pour repérer et aider les victimes de violence conjugale.

Tous les syndromes à l’emporte-pièce comme la conjugopathie, l’aliénation parentale devraient être remisés à la cave des concepts dépassés pour laisser place à une société plus juste et égalitaire.

A cause de ces faux diagnostics (qui accusent majoritairement les mères), au lieu d’être protégés, des femmes et des enfants victimes sont remis dans les mains de leur agresseur, avec le concours et la complicité d’un système qui devrait se remettre en question.
Bannissons la conjugopathie, la parentopathie et tous ces termes creux qui sont des arbres artificiels qui cachent la forêt des agresseurs…

Il est grand temps que la Justice, la police, les experts en tout genre se forment VRAIMENT aux phénomènes d’emprise, de domination, de manipulation pour protéger les victimes.


Nous vous conseillons également la lecture de l’article Le “SAP”, un phénomène pervers par excellence.

Témoignage d’Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux

Témoignage d'Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux.

Un père parfait en apparence

Heidi rencontre Lucas en 2014 et c’est le coup de foudre. Tous les deux ont déjà un premier enfant d’une précédente union.

Un an plus tard, ils emménagent ensemble. Heidi démissionne de son travail, change sa fille d’école et s’éloigne de ses amis pour s’installer chez Lucas. C’est à ce moment-là que la lune de miel se termine. Une fois Heidi avec lui, Lucas change de comportement. Sa violence explose, il enchaine les crises de colère, les cris, il est humiliant, il casse des objets et instaure un climat de peur. Dès la première semaine, Heidi comprend qu’elle a fait une erreur mais elle se sent coincée. Sans argent, sans travail, sans logement, avec sa fille à scolariser, elle n’arrive pas à s’extraire de cette dépendance. A cette violence psychologique, se rajoute la violence sexuelle de viols conjugaux.

Un mois après son arrivée, elle tombe enceinte. A l’annonce de cette grossesse, elle s’effondre, encore plus coincée. Lucas dit « on va l’assumer » et il lui fait acheter une maison. Alors dépitée, résignée, elle suit un petit espoir de fonder une famille normale. Mais pas de miracle. Heidi passe une grossesse seule et voit sa vie se compliquer davantage : Lucas contrôle tout, les finances, sa vie sociale…

Les crises augmentent en puissance jusqu’à ce qu’un jour, voyant Lucas trouer un mur en frappant dedans, la fille ainée d’Heidi interroge sa mère : « et si un jour il fait un trou dans ma tête ? « . Cette phrase fait comme un électrochoc à Heidi, surtout avec la naissance de leur fille Rose. Et puis, un jour d’avril 2018, Lucas rentre dans une rage terrible. Ce qu’il se passe ? Heidi ne s’en souvient pas. Amnésie traumatique. Quand elle reprend conscience, elle devine qu’un truc grave s’est produit.

Elle a visiblement confié Rose à sa grande fille en lui demandant de s’enfermer, elle comprend aussi qu’elle a téléphoné à ses parents. Lucas, lui, est prostré sur le canapé et il marmonne « Je ne le referai plus… ». Le lendemain, il quitte la maison définitivement. Heidi profite de son départ pour reprendre un peu pied. Ils revendent la maison.

Mais Lucas ne change pas. Dans une volonté de maintenir son emprise, il lui annonce qu’il fera ce qu’il faut pour garder Rose. Au début, Heidi est conciliante pour la garde. Lucas récupère Rose quand il le souhaite. Mais il refuse de payer une pension alimentaire alors elle saisit le Juge aux Affaires Familiales (JAF). Lucas réplique en demandant la garde alternée. Elle lui est refusée car Heidi allaite mais il obtient 1 WE sur 2 + la moitié des vacances + 1 mercredi sur 2. De plus le JAF décide que « l’enfant est assez grande pour mettre fin à l’allaitement« .

Cette injonction est faite pour que le père puisse avoir les nuits.

Donc à partir de l’été 2019, Rose passe des nuits chez son père. Fin aout 2019, l’enfant explique à sa mère que son papa lui a mis un doigt dans la minette et que ça lui a fait mal. Heidi pense que c’est un geste brusque de Lucas et rassure sa fille. Mais celle-ci continue de se plaindre. Heidi contacte la Protection maternelle et infantile (PMI) pour avoir leur avis. Ils lui prennent un rdv aux Unités Médico-judiciaire (UMJ).

Là-bas le médecin examine l’enfant et dit qu’il n’y a pas de problème. Heidi ressort soulagée et continue de confier sa fille à son papa. L’enfant persiste dans ses plaintes mais Heidi croit le médecin. Novembre 2020, le comportement de Rose change radicalement. L’enfant refuse de dormir seule, fait des cauchemars, a de l’eczéma sur tout le corps, refait de l’énurésie nocturne et diurne, régresse et reste collée à sa maman.

Elle dit « tu ne comprends pas que papa est méchant ? ». La PMI conseille de consulter à nouveau. Le médecin traitant reçoit l’enfant seule et fait un signalement à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP). Il recommande à Heidi de porter plainte. Pour la jeune femme, le monde s’écroule.

Elle contacte le 119 qui, entre 2 leçons de morale culpabilisante, fait aussi un signalement. Le 4 décembre 2020, Heidi porte plainte pour violence par ascendant et prévient le père qu’elle ne lui remettra pas Rose (à ce stade, la police aurait déjà pu requalifier sa plainte pour violences sexuelles). Quelques jours plus tard, sa fille ne se sent pas bien. Les urgences les redirigent aux UMJ. Là-bas, dans la salle d’attente, Rose dessine le comportement explicite de ton père. Mais le médecin refuse de les recevoir car elles ne sont pas adressées directement par la police.

Heidi saisit le JAF en référé mais hélas celui-ci la somme de remettre l’enfant à son père car « c’est monnaie courante les mères qui saisissent la justice à noël pour ne pas remettre les enfants« .

Heidi obéit pour les vacances de Noël et voit Rose partir dans un silence de plomb. En janvier, Rose est auditionnée 3 jours de suite à la police, puis à la CRIP puis aux UMJ. A chaque fois, malgré des conditions d’écoute exécrables, la petite fille refait les mêmes révélations et raconte d’autres maltraitances : enfermements, coups, menaces.

Elle remet son dessins en disant : « c’est moi avec le doigt de papa tout au fond de moi avec les larmes qui coulent jusqu’au sol« . La CRIP fait un signalement au procureur. Janvier 21, le JAF ordonne des visites médiatisées chaque samedi + une enquête sociale et une expertise psy pour les parents. L’enquête sera à charge de la mère, trop fusionnelle…

Une garde alternée est demandée. Avril 2021 : Heidi repasse au JAF pour demander un report car l’expertise psy n’a toujours pas eu lieu. C’est là qu’elle apprend via le père que sa première plainte a été classée… En mai, Heidi décide de faire sa propre expertise psy puisqu’il ne se passe rien. L’expert conclut : « Présente un tableau clinique spécifique d’un état de stress post traumatique compatible avec les violences sexuelles incestueuses alléguées » .

Le JAF décide d’arrêter les visites médiatisées et met en place un passage de bras en lieu neutre. Cela protège la mère mais pas l’enfant alors Heidi décide de refaire de la non représentation d’enfant (NRE). Rose revit, elle consulte une psy (qui atteste d’un vécu traumatique impliquant son père) et reprend confiance en elle. En octobre l’expertise psy a enfin lieu et ne tire pas de conclusion alarmante !

Pourtant, elle reporte dans son rapport des phrases dites par l’enfant : « papa met un doigt dans la minette« . Elle indique en revanche ne pas avoir de doute sur la qualité du lien mère enfant. Fin décembre, la plainte est de nouveau classée sans suite (sans aucune enquête) ! En mars 2022, Heidi re-porte plainte avec constitution de partie civile pour viol incestueux. La JAF en même temps ordonne la mise en place d’une garde alternée. Heidi fait appel.

Le jugement de l’appel passe à un mode de garde classique : un WE sur 2 etc… + condamnation d’Heidi à verser 800€ (article 700) + une astreinte de 50€ par jour à compter de maintenant !! Tant pis, Heidi continue les NRE car elle estime que sa fille n’est pas à vendre. Sa vie vaut plus que 50€ par jour ! Le 10 octobre, Heidi est placée en garde à vue puis déférée menottée au tribunal en comparution immédiate. Puis le 14 novembre, elle est condamnée à 6 mois de prison avec sursis.

Elle a aussi une interdiction de déménager, une obligation de soin, une obligation de suivre un stage en parentalité + 5000€ au père + 800€ pour frais de justice. Elle fait appel. Le même mois, l’école de Rose fait une information préoccupante.

Le 6 janvier à 7h du matin, la juge d’instruction ordonne une perquisition et confisque des livres sur l’inceste, les violences conjugales et un carnet. Fin janvier 2023, Rose explique au Juge Des Enfants (JDE) convoqué par le procureur que « son papa lui a fait du mal, qu’elle ne veut pas aller chez lui, juste dans une maison protégée« . Pourtant le JDE laisse la garde au père et ordonne une mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE). Et le juge d’instruction rajoute 2 expertises (psychologique et psychiatrique) à Rose qui en aura subi 4…

Alors Heidi, actuellement, continue de protéger seule sa fille. Comme si la Justice préférait voir un simple conflit parental au lieu de vérifier la sécurité d’une enfant mineure.


Si comme nous vous souhaitez comprendre et aider, vous pouvez lire notre Manifeste et signer notre pétition.

Pour en savoir plus sur les violences sexuelles vous pouvez consulter notre article Prévenir et agir contre les violences sexuelles.