Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Ce père de 41 ans, auparavant reconnu coupable de violences conjugales, s’est rendu ce dimanche dans un poste de police à Dieppe, en Seine-Maritime. Il a confessé avoir assassiné ses trois filles chez lui, dans le Val-de-Marne, évoquant le motif de « la crainte de ne plus les voir ». Il avait échangé dans la soirée des mails conflictuels avec la mère et a pris dans la foulée la décision de les tuer.

En 2021, ce père avait été condamné à une peine de prison, incluant un sursis probatoire, pour des actes de violence envers sa conjointe et ses enfants.

Malgré une interdiction de contact avec les victimes, cette restriction avait été levée fin septembre 2022 pour faciliter l’exercice de ses droits parentaux… Il avait accompli une partie de sa peine sous surveillance électronique et avait suivi un stage de responsabilité parentale et un suivi psychologique.

Depuis, on sait que de nouvelles violences (non rapportées officiellement par la mère des enfants) avaient eu lieu, révélant un contexte familial toujours tendu. De plus, curieusement, le soir de la confession du père, le domicile de la mère a été cambriolé, un événement qui se rajoute à l’enquête (dissimulation de preuves ?).

En plus de cette funeste tragédie, ce triple infanticide soulève des questions troublantes et révélatrices de problématiques systémiques.

Premièrement, pourquoi un père, craignant de perdre le contact avec ses enfants, choisit-il de les tuer plutôt que de chercher à maintenir ou restaurer cette relation ?

Cette décision extrême pourrait indiquer un désir de contrôle absolu ou un acte de vengeance envers la mère des enfants, supérieurs au bonheur de sa parentalité et à la vie de ses trois filles.

Deuxièmement, on peut questionner la décision du père de se rendre aux autorités au lieu de se suicider, ce qui est la suite la plus fréquente observée lors de drames similaires.

Évidemment, aucune de ces attitudes n’est la bonne, la seule façon humaine de se comporter aurait été de ne pas tuer ses enfants. Mais cela semble néanmoins révéler un désintérêt pour les conséquences de ses actes. La prison ne lui fait pas peur. Ce n’est pas un frein versus l’exercice de sa domination et de sa capacité à nuire, même au-delà de la mort de ses filles.

Ces comportements et décisions, loin d’être rationnels interrogent sur la logique personnelle déviante des agresseurs et des meurtriers. C’est très difficile à comprendre et pourtant, le nombre des violences intrafamiliales qui ne cesse d’augmenter indique la fréquence de ces raisonnements.

Enfin, ce triple infanticide suscite des interrogations légitimes sur la manière dont le système judiciaire évalue la capacité parentale d’une personne ayant un passé de violence.

Pourquoi la justice actuelle estime-t-elle qu’un homme qui a été condamné pour violence est quand même un bon père ? Comme si la violence s’était évaporée…. L’idée sous-jacente est qu’une personne peut être un parent compétent malgré des antécédents de violence. Dans ce cas, la décision de justice a peut-être considéré la participation à des programmes de responsabilité parentale ou de suivi psychologique comme un changement positif de la capacité parentale ?

Mais pourquoi maintenir des liens parent-enfant, après des violences graves ? La sécurité de l’enfant ne devrait-elle pas être la priorité absolue ? Un passé de violence est toujours un indicateur d’un risque potentiel !

Il aurait certainement fallu vérifier si les fameux changements liés au suivi psy avaient eu lieu ! Car participation ne signifie pas révélation… Un travail d’évaluation des risques devrait être obligatoire. Surtout que la récidive dans les cas de violence familiale est malheureusement courante, et les programmes de réadaptation ne garantissent pas un changement de mentalité.

La preuve…

Il est crucial de s’interroger sur la manière dont les antécédents de violence sont évalués et pris en compte dans les décisions judiciaires.

La parole des victimes qui n’est déjà pas tellement prise en compte avant les jugements disparait totalement après l’exécution des peines, alors qu’elle devrait être la garante de l’effectivité du changement.


👉 https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/triple-infanticide-dans-le-val-de-marne-leur-pere-reconnait-avoir-tue-ses-filles-2277573.html

👉 https://www.sudouest.fr/faits-divers/val-de-marne-un-homme-se-denonce-apres-avoir-tue-ses-trois-enfants-deux-ont-ete-retrouves-morts-17604724.php

👉 https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-le-pere-meurtrier-avait-administre-un-somnifere-a-ses-filles-avant-de-les-tuer-28-11-2023-PWOLRGQ3D5C2XHWS7OCEBCDCGI.php

👉 https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-de-marne/un-pere-de-famille-avoue-le-meurtre-de-ses-enfants-a-alfortville-deux-deces-ont-ete-confirmes-2879342.html


Pour comprendre les mécanismes de la violence et la stratégie des agresseurs et comment y faire face, vous pouvez lire « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« , « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP« , « La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage » , et notre Manifeste.

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

La CIIVISE est une commission indépendante créée pour enquêter sur les violences sexuelles faites aux enfants en France et formuler des recommandations pour mieux protéger les enfants contre ces violences.

Le Président de la République a annoncé le 23 janvier 2021 le lancement de cette initiative pour deux ans.

La Ciivise a vu son mandat prolongé le 8 décembre 2022 jusqu’au 31 décembre 2023 et nous espérons qu’il le sera à nouveau.

Lundi dernier, elle a présenté son rapport, où elle restitue ces trois années d’engagement, livre son analyse des violences sexuelles faites aux enfants et présente 82 préconisations de politique publique selon 4 axes : le repérage des enfants victimes, le traitement judiciaire, la réparation incluant le soin, la prévention.

Update : la Ciivise a été renouvelée mais hélas avec une autre équipe à sa tête. Nous craignons que que cette version deux de la Ciivise ne soit pas du tout équivalente à la première.


AXE 1 de la Ciivise : Le repérage des enfants victimes

 1 : Organiser le repérage par le questionnement systématique des violences sexuelles auprès de tous les mineurs et auprès de tous les adultes par tous les professionnels

2 : Organiser le repérage pour les tout petits en s’appuyant sur le carnet de santé qui permet de vérifier le suivi médical

3 : Intégrer l’incestuel dans la pratique du repérage

4 : Intégrer les cyberviolences dans la pratique du repérage

5 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations de jeunes filles mineures pour une IVG et pour toute grossesse précoce

6 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations à la suite d’une tentative de suicide d’un enfant ou d’un adolescent

7 : Evaluer la mise en œuvre des 2 rendez-vous de dépistage et de prévention à l’école primaire et au collège

8 : Instaurer un entretien individuel annuel d’évaluation du bien-être de l’enfant et de dépistage des violences

9 : Veiller à l’utilisation effective du référentiel de la HAS d’évaluation du danger et du risque de danger et inclure le repérage systématique des violences sexuelles

10 : Rechercher, en cas de mort par suicide, si la personne a été victime de violences sexuelles dans l’enfance

11 : Former tous les professionnels au repérage par le questionnement systématique :

  • En garantissant une doctrine nationale par la formation avec l’outil « Mélissa et les autres » de la CIIVISE ; –
  • En mettant en œuvre le plan de formation initiale et continue des professionnels impulsé par la CIIVISE.

12 : Veiller au signalement des violences sexuelles faites aux enfants (plutôt qu’à la transmission d’une information préoccupante)

13 : Clarifier l’obligation de signalement par les médecins des enfants victimes de violences sexuelles

14 : Systématiser les retours du parquet sur les signalements émis par les administrations et les professionnels

15 : Clarifier et unifier la chaîne hiérarchique du signalement

16 : Créer une cellule de conseil et de soutien pour les professionnels destinataires de révélations de violences sexuelles de la part d’enfants

17 : Garantir l’immunité disciplinaire des médecins et de tous les professionnels

18 : Renforcer les moyens des services sociaux et des services de santé scolaires de la maternelle au lycée

19 : Veiller à prendre en charge le traumatisme vicariant des professionnels, via l’organisation d’un suivi psychologique individuel ou (et de préférence) collectif (analyse des pratiques)


AXE 2 de la Ciivise : Le traitement judiciaire

20 : Reconnaître une infraction spécifique d’inceste

21 : Créer par la loi une infraction spécifique réprimant l’incestualité

22 : Ajouter le cousin ou la cousine dans la définition des viols et agressions sexuelles qualifiés d’incestueux

23 : Elargir la définition du viol incestueux prévu à l’article 222-23-2 du code pénal et de l’agression sexuelle incestueuse prévue à l’article 222-29-3 du code pénal aux victimes devenues majeures lorsque des faits similaires ont été commis pendant leur minorité par le même agresseur

24 : Généraliser dans toutes les administrations le dispositif de prévention et de protection sur le modèle de la cellule “signal-sports”

25 : Faire appliquer, évaluer la mise en œuvre et renforcer les dispositions de l’article 6 du décret du 23 novembre 2021 afin de garantir la sécurité du parent protecteur en cas d’inceste parental

26 : Créer une Ordonnance de Sûreté de l’Enfant (OSE) permettant au juge aux affaires familiales de statuer en urgence sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste parental vraisemblable

27 : Intégrer l’inceste et toutes les violences sexuelles faites aux enfants dans les schémas départementaux de protection de l’enfance

28 : Créer dans chaque département un service d’investigation, un service d’action éducative en milieu ouvert (AEMO) et une maison d’enfants spécialisée dans la protection et l’accueil des enfants victimes d’inceste et de toutes violences sexuelles

 29 : Garantir la protection des enfants victimes de violences sexuelles en suspendant toutes formes de visites médiatisées avec leur agresseur

30 : Envisager le domicile de la victime comme critère de compétence pour la procédure pénale

 31 : Veiller à l’information systématique des victimes en cas de dessaisissement d’une procédure par un parquet

32 : Assurer la mise en place de bureaux d’aide aux victimes dédiés aux violences sexuelles faites aux enfants

33 : Généraliser la réquisition aux fins de saisine d’une association d’aide aux victimes dès le début de l’enquête

34 : Garantir le respect des droits de l’enfant victime de violence sexuelle par l’intervention d’un administrateur ad hoc

35 : Assurer l’assistance de l’enfant par un avocat spécialisé dès le début de la procédure au titre de l’aide juridictionnelle sans examen des conditions de ressources

36 : Garantir que les enquêtes pénales soient conduites par des officiers de police judiciaire spécialisés

37 : Prioriser le traitement des enquêtes pour violences sexuelles faites aux enfants

38 : Désigner un interlocuteur référent accessible pour la victime ou ses représentants

39 : Poursuivre le développement des structures spécialisées dans l’accueil de la parole de l’enfant victime en :

  • Déployant sur l’ensemble du territoire national des unités d’accueil et d’écoute pédiatriques, à raison d’une UAPED par département conformément au second plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2020-2022 ;
  • Déployant les salles Mélanie, à raison d’une salle d’audition par compagnie dans les zones de gendarmerie ;
  • S’inspirant des dispositifs « barnahus ».

40 : Garantir que toute audition d’un enfant victime au cours de l’enquête sera réalisée conformément au protocole NICHD par un policier ou gendarme spécialement formé et habilité

41 : Vérifier la réalisation de tous les actes d’investigation

42 : Poser un principe d’interdiction des confrontations des victimes avec les agresseurs

43 : Encadrer la pratique des examens médico-légaux intrusifs

44 : Assurer la réalisation des expertises psychologiques, pédopsychiatriques et psychiatriques par des praticiens formés et spécialisés

45 : Évaluer les stocks de procédures en cours en attente de traitement

46 : Renforcer les moyens de l’OFMIN notamment contre la cyber-pédocriminalité et assurer cette compétence dans les services enquêteurs de terrain

47 : Renforcer les moyens des forces de sécurité intérieure

48 : Systématiser le visionnage par les magistrats des enregistrements audiovisuels des auditions de mineurs victimes, avec mention en procédure

49 : Interdire le traitement en temps réel (TTR) en matière de violences sexuelles faites aux enfants

50 : Abandonner la terminologie du “classement sans suite” chaque fois qu’une suite est susceptible d’intervenir ou chaque fois que cette décision n’a pas vocation à être définitive

  • Informer de la possibilité d’une suite judiciaire en réparation devant le juge civil
  • Informer d’une suite administrative, notamment disciplinaire
  • Pour les suites de l’enquête pénale elle-même, créer un avis de suspension provisoire d’enquête qui en informe la victime

51 : Améliorer la notification du classement sans suite à la victime

  • Contrôler et sanctionner le respect de l’obligation légale de notification de l’avis de classement sans suite à la victime
  • Généraliser la pratique des avis de classement sans suite personnalisés
  • Systématiser la notification verbale du classement sans suite à la victime par le procureur de la République ou toute personne désignée par lui, notamment une association d’aide aux victimes
  • Au-delà de la mention des voies et délais de recours sur l’avis de classement sans suite, continuer à informer la victime de ses droits

52 : Prévoir, dans la loi, la suspension de plein droit de l’exercice de l’autorité parentale et des droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi pour viol ou agression sexuelle incestueuse contre son enfant

53 : Assurer la préparation et la protection du mineur victime au procès en s’inspirant du dispositif québécois « Programme Témoin Enfant »

54 : Faire respecter à l’audience les obligations déontologiques de délicatesse et de modération des avocats de la défense

55 : Veiller à l’égalité des armes et au respect de l’interdiction des confrontations à l’audience

56 : Prévoir le retrait systématique de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour violences sexuelles incestueuses contre son enfant

57 : Permettre à la partie civile de faire appel des décisions pénales sur l’action publique

58 : Veiller à ce que les victimes soient informées de la libération de leur agresseur

59 : Étendre la formation des magistrats sur les violences sexuelles sur mineurs à tous les magistrats spécialisés, siège compris, en cohérence avec la doctrine nationale

60 : Déclarer imprescriptibles les viols et agressions sexuelles commis contre les enfants


Axe 3 de la Ciivise : La réparation incluant le soin

61 : Garantir des soins spécialisés du psychotraumatisme aux victimes de violences sexuelles dans l’enfance en mettant en œuvre le parcours de soin modélisé par la CIIVISE

62 : Garantir la prise en charge par la solidarité nationale de l’intégralité du coût du parcours de soins spécialisés du psychotraumatisme

63 : Garantir une réparation indemnitaire prenant réellement en compte la gravité du préjudice en :

  • Reconnaissant un droit à l’expertise et en l’accordant systématiquement pour une plus juste reconnaissance des préjudices ;
  • Réparant le préjudice sous forme de provision pendant la minorité avec réévaluation du préjudice à l’âge adulte ;
  • Garantissant l’indemnisation par postes de préjudices conformément aux dispositions de la loi n° 2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale ;
  • Elaborant un barème d’évaluation de tous les préjudices prenant en compte les effets du psychotraumatisme ;
  • Reconnaissant de façon plus juste le préjudice sexuel ;
  • Reconnaissant un préjudice intrafamilial spécifique en cas d’inceste ;
  • Reconnaissant un préjudice de peur de mort imminente ;
  • Reconnaissant un préjudice spécifique en cas de grossesse issue du viol ;
  • Reconnaissant un préjudice spécifique d’altération handicapante des fonctions cognitives, mentales ou psychiques liée aux violences sexuelles.

64 : Renforcer les droits des victimes en :

  • Garantissant la spécialisation des experts sur les conséquences des violences sexuelles subies dans l’enfance ;
  • Assurant par l’Ecole Nationale de la Magistrature la formation des experts judiciaires sur le modèle de celle créée sur les traumatismes des victimes d’attentats ;
  • Élaborant une mission d’expertise type du dommage corporel en matière de violences sexuelles dans l’enfance ;
  • Utilisant en expertise l’enregistrement de l’audition de l’enfant victime ;
  • Remboursant l’intégralité des frais du médecin conseil ;
  • Rappelant aux psychologues qu’ils peuvent remettre une attestation descriptive à leur patient, et en rappeler les règles de forme et de fond.

65 : Faciliter l’accès aux avocats spécialisés tant dans les violences sexuelles qu’en réparation du dommage corporel :

  1. En référençant les avocats spécialisés ;
  2. En améliorant la prise en charge au titre de l’aide juridictionnelle.

66 : Améliorer le traitement judiciaire de la demande en réparation du préjudice en :

  1. Complétant systématiquement, pendant l’instruction, l’expertise psychologique par une expertise en évaluation provisoire des dommages ;
  2. Formant au psychotraumatisme les magistrats qui statuent sur l’indemnisation des victimes ;
  3.  Créant des chambres spécialisées sur intérêts civils en matière de violences sexuelles ;
  4.  Créant une commission d’indemnisation dédiée aux violences sexuelles ;
  5.  Dotant les CIVI d’outils de suivi de leur activité, incluant l’identification des indemnisations des victimes dont la plainte a été classée sans suite.

67 : Assurer un soutien durable aux jeunes majeurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance victimes de violences sexuelles dans l’enfance

68 : Libérer les victimes d’inceste par ascendant de toute obligation à son égard (obligation alimentaire, tutelle)

69 : Inscrire dans la loi l’empêchement à reconnaissance par l’agresseur de l’enfant issu du viol


AXE 4 de la Ciivise : La prévention des violences sexuelles

70 : Généraliser le repérage des facteurs de risque par tous les professionnels, en particulier :

  • Violences conjugales
  • Grossesse.

71 : Dispenser rapidement des soins spécialisés du psychotaumatisme aux enfants victimes de violences sexuelles au titre de la prévention primaire

72 : Renforcer les dispositifs de prévention et d’écoute comme le numéro STOP des CRIAVS

73 : Renforcer les moyens des services spécialisés pour le suivi socio-judiciaire des agresseurs et garantir une prise en charge centrée sur le mode opératoire

74 : Renforcer l’efficacité du FIJAISV en :

  • Assurant l’effectivité de l’inscription au fichier ;
  • Allongeant la durée de conservation des données inscrites au FIJAISV pour les mineurs au-delà de la majorité ;
  • Permettant aux agents de police judiciaire d’avoir accès à la consultation du FIJAISV ;
  • Facilitant l’accès au FIJAISV lors des recrutements pour des activités mettant en contact avec des enfants et en permettant un contrôle régulier après le recrutement ;
  • Ajoutant l’état de récidive légale sur le FIJAISV ;
  • Créant la possibilité d’effectuer des recherches par zone géographique, afin de faciliter l’identification de suspects pendant les enquêtes.

75 : Interdire systématiquement l’exercice de toute activité susceptible de mettre une personne condamnée pour violences sexuelles en contact avec des enfants

76 : Renforcer le contrôle des antécédents lors du recrutement puis à intervalles réguliers

77 : Organiser le contrôle des établissements accueillant des enfants (de manière préventive, et en lien avec les remontées d’information relatives aux signalements, et les retours d’expérience/plans d’action qui y feront suite)

78 : Former les professionnels au respect de l’intimité corporelle de l’enfant

79 : Assurer l’organisation sur l’ensemble du territoire d’espaces d’écoute et d’échange accessibles à tous (Handigynéco)

80 : Assurer la mise en œuvre effective à l’école des séances d’éducation à la vie sexuelle et affective et garantir un contenu d’information adapté au développement des enfants selon les stades d’âge

81 : Organiser une grande campagne nationale de sensibilisation annuelle

82 : Assurer la continuité de la CIIVISE


Au sujet de la CIIVISE, nous vous conseillons de lire également Rapport CIIVISE du 31 mars 2022 : résumé et préconisations supplémentaires .

Violences intrafamiliales, Doit-on parler de victimes ou de proies ?

Violences intrafamiliales, Doit-on parler de victimes ou de proies ?

Quand on parle des personnes qui ont subi de l’emprise et des violences psychologiques, sexuelles, financière, etc… on les désigne comme « victimes« . Ce terme reconnait la gravité des préjudices. Il indique qu’une personne a été maltraitée (et dans le cadre de violences intrafamiliales, par un membre de sa propre famille). Il met aussi en évidence l’injustice de la situation et l’importance de soutenir la personne touchée. Cela permet une communication efficace et facilite la compréhension du problème.

Cependant, il est important de noter que le choix des mots peut varier en fonction du contexte et de la perspective.

Certaines personnes peuvent préférer utiliser le terme « proie » au lieu de “victime” pour mettre en lumière la vulnérabilité de la personne concernée.

Certains soutiennent que le terme « victime » peut être stigmatisant et accroitre les difficultés à demander de l’aide. On entend souvent l’expression « faire la victime« , pour reprocher à quelqu’un de se comporter de manière exagérée en mettant en avant sa souffrance. Et si la victime se “victimise”, ce qu’elle fait par essence, elle devient donc partie du problème, voire responsable aux yeux des observateurs.

Dès lors, ses difficultés ou ses problèmes passent en arrière-plan et l’interlocuteur pense qu’il ne s’agit que d’attirer l’attention, de susciter de la compassion ou d’éviter la responsabilité de ses actions. Et il intime d’arrêter de jouer un rôle de « victime » pour « faire face aux situations de manière mature et responsable ».

Comme si c’était le problème…

Comme si c’était la solution…

Au-delà du souci sociétal, c’est un point pour les partisans de l’utilisation du terme « proie » qui estiment qu’hélas « victime » peut renforcer un statut de passivité et de faiblesse, tandis que « proie » met davantage l’accent sur la non-responsabilité de la personne.

Opter pour le mot proie pourrait alors favoriser une meilleure compréhension de la situation en renforçant le fait que cette personne a été repérée, ciblée, qu’elle n’est pas responsable des agressions subies. L’agresseur l’a choisie pour son utilité et son intérêt unilatéral, il l’a harcelée, acculée. Se rendre compte de cela aide à mieux protéger les personnes qui souffrent de ces prédateurs. Le choix des mots influe sur la réception, l’écoute des situations et sur l’accompagnement qui en découle.

Autre argument : en utilisant le terme « proie », on met davantage l’accent sur l’agresseur en soulignant son rôle actif dans le fait de cibler une personne vulnérable au sein de la famille. On déplace la responsabilité /culpabilité vers le responsable/coupable de la nature abusive de du comportement.

Le terme « proie », perçu comme plus fort, plus accusatoire que le terme « victime », contribue à la condamnation sociale des auteurs de violences intrafamiliales.

Est-ce que si la victime se voit comme une proie, si la société aussi la voit en tant que telle, alors tout le monde admettra enfin davantage l’urgence de la situation, ce qui déclencherait, (on en rêve), des mesures de protection à la hauteur du problème ?

Car ces personnes ne sont pas faibles mais affaiblies !

Le choix entre « proie » et « victime » dépend souvent de la perspective de chacun, de la culture et des objectifs de communication. Mais ce débat nourrit une réflexion plus approfondie sur les motivations de l’agresseur et les facteurs qui le poussent à commettre des violences intrafamiliales. Cela contribue à une meilleure compréhension des causes sous-jacentes de ces comportements.

En changeant de langage et donc d’angle, on peut espérer changer la perspective de tous sur les violences intrafamiliales.

Dans tous les cas, l’essentiel est de mettre en lumière les violences intrafamiliales, de les condamner et de promouvoir des mesures pour les prévenir et soutenir les personnes touchées, quels que soient les termes utilisés.


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L’authenticité, un besoin fondamental

Le docteur Gabor Mate est un médecin canadien expert en matière d’addiction, de trauma, de développement de l’enfant et de la relation entre le stress et la maladie. Selon lui, un des besoins fondamentaux de l’être humain, c’est de pouvoir être soi-même, être authentique avec qui on est, être connecté à son corps et à ses sentiments, ses émotions. C’est un besoin fondamental parce que quand nous sommes correctement connectés à ce qu’on ressent, nous discernons intuitivement ce qui est bénéfique pour nous, apprenant à affirmer nos désirs et nos limites avec assurance. On peut suivre les messages de notre être qui nous indiquent ce qui est bien pour nous. On comprend ce qu’on veut et ce que l’on ne veut pas. On sait comment dire non (ou oui).

C’est la clé de notre équilibre psychologique et émotionnel. Ainsi, on peut vivre et survivre. En revanche, lorsqu’on prive un enfant de cette authenticité, lorsqu’on le contraint à se conformer aux exigences des adultes par crainte ou pression, sa souffrance devient double : il endure la douleur de ne pas vivre sa vérité et devient vulnérable aux manipulateurs. Il se perd dans une existence où il ne se reconnait plus, habitué à répondre aux attentes d’autrui plutôt qu’aux siennes. Car si on n’est pas autorisé à être authentique, si on est contraint à suivre des règles extérieures par peur, on devient une personne incapable de comprendre qui elle est vraiment et on accepte trop souvent d’être la personne que les autres veulent que l’on soit.

Les victimes de maltraitance sont souvent dépossédées de cette authenticité essentielle. Cela influe sur les liens d’attachements, qui sont un autre besoin fondamental des êtres humains. Ces derniers construisent une prison. Dans un monde idéal, les liens d’attachements et le besoin d’authenticité ne sont pas en conflit. Il est possible de créer des relations d’attachement où tout le monde peut être soi-même. Mais dans un cadre de violences intrafamiliales, les liens d’attachement deviennent toxiques au lieu d’être une source de sécurité et d’acceptation. Car si un jeune enfant n’est pas accepté dans son authenticité, si ses émotions ne sont pas prises en compte, si sa parole n’a pas de valeur, s’il est puni pour qui il est, alors pour plaire à ses parents, à cause du lien d’attachement, il opèrera un repli.

Le message envoyé est : »tu n’es pas acceptable tel que tu es, tu dois changer pour pouvoir me plaire« . C’est un message d’amour conditionnel qui menace le lien, forçant l’enfant à choisir entre être soi ou être aimé. « Est-ce que je reste attaché à mon père si celui-ci me violente ? Est-ce que la seule façon pour être accepté ou pour survivre, c’est de taire qui je suis et ce que j’éprouve ? Est-ce que si je décide de montrer ma tristesse et ma peur, je menace la relation ?

En réalité, c’est un faux choix. L’enfant choisira l’attachement et renoncera à son identité pour préserver un lien, aussi nocif soit-il. La première violence qu’on inflige à un enfant est donc de nier sa réalité intérieure, non pas pour le protéger des dangers réels, mais pour lui imposer un moule qui ne lui correspond pas, parfois sous des formes extrêmement nocives.

Un des pires aspects du traumatisme est la déconnexion de soi. Ces enfants le font pour maintenir les conditions d’attachement mais cela signifie que pour le reste de leurs vies, ils pourront avoir peur d’être eux-mêmes. Ce déni de soi, initié dans l’enfance, s’implante profondément et peut conduire à une vie marquée par la disposition à trop vouloir plaire et un risque accru de se retrouver dans des situations de vulnérabilité.

Nous invitons chacun à réfléchir à l’importance de l’authenticité et à la façon dont nous pouvons tous contribuer à un environnement où les enfants peuvent grandir en se sentant aimés pour ce qu’ils sont vraiment.

Les personnes qui cherchent constamment à plaire sont les personnes qui ont abandonné, non pas par choix conscient, mais par nécessité de survie, leur authenticité afin de rester aimées et acceptées. Elles sont à risque. Il faut s’inquiéter pour les gens très gentils.

Gabor Mate

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Comment contester les honoraires d’un avocat ?

Comment contester les honoraires d’un avocat ?

Fiche pratique

Articles 174 à 179 du Décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 organisant la profession d’avocat

Quand on réalise qu’on s’est trompé d’avocat, il ne faut pas hésiter à en changer. Or, c’est souvent le moment où des honoraires très élevés sont soudainement réclamés…

Si vous ressentez une prise en otage financière, voici les étapes générales pour contester les honoraires de votre avocat.

  • Communication Directe avec l’Avocat : La première étape est généralement de discuter des honoraires directement avec votre avocat. Un échange clair et ouvert se tente pour résoudre les différends. Il est important de vérifier à ce stade les stipulations de la convention d’honoraires signée avec votre avocat le cas échéant.
  • Lettre de Contestation : Si cette étape ne fonctionne pas, vous devez envoyer une lettre recommandée avec demande d’avis  de réception à votre avocat pour contester formellement ses honoraires.
  • Saisine du Bâtonnier : Si la contestation ne peut être résolue à l’amiable, la prochaine étape est de saisir le bâtonnier de l’Ordre des avocats du barreau dont dépend votre avocat.

L’article 175 du décret n°91-1197 du 27 novembre 1991 dispose que :

« Les réclamations sont soumises au bâtonnier par toutes parties par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou remise contre récépissé. Le bâtonnier accuse réception de la réclamation et informe l’intéressé que, faute de décision dans le délai de quatre mois, il lui appartiendra de saisir le premier président de la cour d’appel dans le délai d’un mois.

L’avocat peut de même saisir le bâtonnier de toute difficulté.

Le bâtonnier, ou le rapporteur qu’il désigne, recueille préalablement les observations de l’avocat et de la partie. Il prend sa décision dans les quatre mois. Cette décision est notifiée, dans les quinze jours de sa date, à l’avocat et à la partie, par le secrétaire de l’ordre, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception. La lettre de notification mentionne, à peine de nullité, le délai et les modalités du recours.

Le délai de quatre mois prévu au troisième alinéa peut être prorogé dans la limite de quatre mois par décision motivée du bâtonnier. Cette décision est notifiée aux parties, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception, dans les conditions prévues au premier alinéa. »

  • Recours Judiciaire : Si la décision du bâtonnier ne vous satisfait pas, ou si celui-ci ne rend pas de décision dans le délai imparti, vous pouvez porter l’affaire devant le Premier Président de la Cour d’appel compétente. Attention au délai de recours qui est d’un mois seulement.

L’article 176 du décret précité dispose en effet que :

« La décision du bâtonnier est susceptible de recours devant le premier président de la cour d’appel, qui est saisi par l’avocat ou la partie, par lettre recommandée avec demande d’avis de réception. Le délai de recours est d’un mois.

Lorsque le bâtonnier n’a pas pris de décision dans les délais prévus à l’article 175, le premier président doit être saisi dans le mois qui suit. »

  • Médiation : Vous pouvez également faire le choix de saisir le Médiateur de la consommation de la profession d’avocat en remplissant un formulaire en ligne (https ://mediateur-consommation-avocat.fr/contacter-le-mediateur/). Vous devez saisir le Médiateur dans un délai maximum d’un an à compter de la réclamation écrite que vous avez adressée à votre avocat. (Articles L.612-1 à L.612-5 du Code de la consommation)
  • Aide juridictionnelle : Si vos revenus sont modestes, vous pouvez demander l’aide juridictionnelle pour couvrir les frais de justice liés à la contestation des honoraires.

Le recours judiciaire

Voici quelques points à considérer et à connaitre si vous envisagez de porter une contestation d’honoraires d’avocat devant le Premier Président de la Cour d’appel compétente :

Rôles du Premier Président

Le Premier Président de la Cour d’appel est une figure judiciaire de haute importance dans le système juridique français. Il est responsable de l’administration de la Cour d’appel et assure la gestion des affaires civiles.

  • Administration et Supervision : Le Premier Président gère les affaires de la Cour d’appel, y compris la nomination des juges aux différentes chambres et le bon déroulement des procédures.
  • Décision : Il est compétent pour trancher des questions relatives aux honoraires d’avocat si la décision du bâtonnier ne vous convient pas.

Procédure à Suivre

  1. Délai : Vous avez un mois à partir de la notification de la décision du bâtonnier pour faire appel devant le Premier Président de la Cour d’appel.
  2. Requête : La requête doit être rédigée par écrit et doit expliquer en détail les raisons pour lesquelles vous contestez les honoraires facturés. Il est conseillé de joindre toutes les pièces justificatives.
  3. Dépôt de la Requête : Cette requête doit être déposée au greffe de la Cour d’appel. Les modalités peuvent varier en fonction de la juridiction.
  4. Audience : Une fois la requête déposée, une date d’audience est fixée. Vous aurez l’opportunité de présenter votre cas oralement en audience publique.

Lors de l’audience, voici les points à préparer pour être le plus convainquant :

  1. Taux horaire : Soyez prêt à expliquer pourquoi vous n’êtes pas d’accord, en vous basant sur des arguments concrets (comparaison avec les taux du marché, par exemple).
  2. Discordance avec le travail réellement effectué : Si vous estimez que le nombre d’heures facturées ne correspond pas au travail qui a été réellement effectué, expliquez pourquoi. Fournissez des preuves ou des arguments qui illustrent ce décalage.

Recommandations pour l’audience

  • Choisissez le bon avocat : Vous avez le choix d’être assisté par un avocat ou de vous représenter vous-même. Si vous choisissez de vous faire représenter, assurez-vous que votre avocat est bien informé sur les détails de votre affaire et sur la procédure.
  • Entrainez-vous : Puisque la procédure est orale, concentrez-vous sur la manière de communiquer vos arguments de façon claire et succincte. Vous pouvez prendre des pièces justificatives avec vous pour les montrer.
  • Essayez d’être neutre : Restez factuel et précis dans votre argumentation. Évitez les émotions excessives ou les remarques non pertinentes.
  • Adressez-vous au juge : Tout au long de l’audience, adressez-vous uniquement au juge. Votre objectif est de le convaincre.

Vous pouvez consulter d’autres fiches pratiques sur notre site :

La Justice face aux violences intra-familiales

La Justice face aux violences intra-familiales

L’expertise à la française…

Les victimes nous confient régulièrement les phrases qui les ont le plus choquées durant leur procédure, elles sont nombreuses hélas, et témoignent souvent de méconnaissance des psychotraumatismes subis.

En voici quelques unes parmi tant d’autres.

C’est un Psy qui l’a dit…

 » Ben vous êtes avec un homme colérique, et quand il vous dit de vous taire, vous insistez, et ça vous étonne qu’il vous ait étranglée ? « 

C’est une Assistante sociale ASE* qui l’a dit…

 » Ce qui est dangereux, c’est que vous aimez trop votre fille, il va falloir casser un peu ce lien. « 

*ASE :  Aide sociale à l’enfance

C’est la psychologue de l’ASE* qui l’a dit…

“ Il faut comprendre qu’un enfant a aussi une sexualité. Vous savez, Monsieur a une masculinité très affirmée et votre fille peut fantasmer les actes sexuels avec son père, ce qui explique les irritations vulvaires. ”

*ASE :  Aide sociale à l’enfance

C’est une enquêtrice de la brigade des mineurs qui l’a dit… (à un jeune adulte victime d’inceste dans son enfance)

“Vous êtes vieux, vous habitez loin de vos parents, vous ne souffrez plus, donc ne relancez pas ! Cela n’est pas prioritaire, on a des urgences. ”

C’est un responsable d’association mandaté par l’ASE* qui l’a dit…

“ Mais Madame, même si Monsieur commet de l’inceste sur votre fille, il restera toujours son père et il faudra toujours qu’il s’occupe d’elle. ”

*ASE :  Aide sociale à l’enfance

C’est un agent de l’AVVEJ* qui l’a dit…

“ Dans la mesure où vos enfants dénoncent des violences, nous allons organiser une confrontation avec le père. ”

*Association Vers la Vie pour l’Éducation des Jeunes

C’est un agent de l’AVVEJ* qui l’a dit…

“ Madame, si vous continuez à alimenter le conflit en dénonçant les violences, nous n’aurons pas d’autre choix que de protéger les enfants en les plaçant. ”

*Association Vers la Vie pour l’Éducation des Jeunes

C’est un agent de l’EPDEF* qui l’a dit…

“ Quand tu offres un dessin à ton père en le représentant avec une tête de mort, tu le rends triste. ”

*Etablissement Public Départemental de l’Enfance et de la Famille

C’est une enquêtrice de la brigade des mineurs qui l’a dit…

“ Monsieur vous a agressée ? Surtout ne portez pas plainte ! C’est pour vous que je dis ça, dans votre intérêt, c’est déjà compliqué comme affaire, si vous portez plainte encore, vous allez alourdir le dossier à votre encontre ! ”


Pour en savoir plus sur les dysfonctionnements de la Justice en matière de violences intrafamiliales nous vous conseillons la lecture de notre Manifeste.

Le site mémo de vie, Outil pour les victimes des violences intrafamiliales

Bonnes pratiques Outils pour les victimes des violences intrafamiliales Le site mémo de vie

Bonnes pratiques

Le site Mémo de Vie propose une plateforme numérique gratuite et sécurisée qui offre plusieurs fonctionnalités très utiles pour conserver des témoignages et des documents liés à un vécu traumatisant.

Il peut être un outil précieux pour les victimes de violences intrafamiliales à plusieurs niveaux.

Voici ses fonctionnalités :

  • Journal Personnel : Vous pouvez utiliser le site pour tenir un journal, idéal pour conserver par écrit l’historique des violences et télécharger les éléments à charge tels que les photos, des vidéos et des enregistrements audio. Ce stockage est sécurisé et accessible facilement.
  • De plus, l’exercice de tenir un journal (démarche plébiscitée par les psychologues) est une aide à la compréhension de son histoire en gardant la mémoire et la chronologie des événements mais aussi un instrument pour mieux relier les différents événements entre eux.
  • Cette fresque permet de recomposer un récit complet qui peut être utilisé pour étayer un dossier, confronter le mis en cause, donner à voir l’environnement global dans lequel sont survenues les violences, avoir des exemples, justifier un point, une demande…
  • Bibliothèque de Ressources : le site propose des ressources et des contacts utiles adaptés à votre situation. Vous pouvez y trouver des réponses à vos questions et vous préparer pour les étapes futures.
  • Un espace safe : le Bouton « Vite, je quitte » permet d’être immédiatement redirigé vers le site officiel d’Ameli. Cela garantit une navigation discrète en cas de besoins.
  • Numéros Utiles pour les victimes : des numéros de téléphone d’urgence sont disponibles ainsi que la possibilité de se faire recontacter par des professionnels de France Victimes spécialistes de l’écoute et de l’orientation. Quels que soient votre âge ou votre situation, vous pouvez obtenir de l’aide et des conseils de la part de professionnels formés pour entendre ces problèmes spécifiques.

Les utilisateurs du site témoignent que Mémo de Vie les aide à prendre du recul, à analyser leur situation, et à libérer leurs pensées en enregistrant leurs expériences. Cela permet non seulement de mieux comprendre ce qui se passe, mais aussi de fournir un support de preuves précieux en cas de procédure judiciaire, évitant les incohérences et les trous de mémoire et aidant les victimes à exprimer leurs souffrances et leurs vécus. C’est une base solide pour obtenir de l’aide et demander justice.


D’autres outils sont disponibles sur notre site :

L’assurance juridique : une option intéressante pour les victimes de violences intrafamiliales

Conseils pour éviter le piratage

Conseils à connaitre avant de porter plainte

Plainte avec constitution de partie civile

Violences familiales , 5 conseils auxquels on ne pense pas souvent et qui peuvent aider

Demander une aide financière à la CAF après la séparation ? Violences intra-familiales.

Violences intra-familiales, Demander une aide financière à la CAF après la séparation ?

Pourquoi la CAF pourrait vous aider ?

Si vous avez pris la courageuse décision de vous séparer d’une personne violente, il se peut hélas que la problématique financière sonne rapidement à votre porte.

En effet, alors qu’elles entrent d’une période difficile où elles n’aspirent qu’à rebâtir leur vie et celle de leurs éventuels enfants, les victimes de violences intrafamiliales doivent faire face à la suite de la relation abusive dans laquelle elles étaient : l’absence totale de soutien financier de la personne toxique, les frais d’installation et de démarrage d’une nouvelle existence, les difficultés à payer les frais de Justice, à garder son travail dans ces circonstances éprouvantes et traumatisantes…

Pourtant, les victimes n’osent pas toujours se tourner vers la CAF pour connaitre leurs droits.

Elles n’imaginent pas qu’on puisse leur venir en aide. Pourtant, il arrive que la CAF puisse les accompagner dans cette transition importante. Les démarches peuvent sembler intimidantes, mais l’aide éventuelle en vaut la peine.

Les aides de la CAF sont souvent versées sous conditions de ressources aux familles ayant des enfants de 6 à 18 ans scolarisés, en apprentissage ou pris en charge dans un établissement d’accueil spécialisé, mais en cas de violences il existe des dérogations. Il est donc important d’expliquer votre situation.

L’Allocation de Soutien Familial (ASF)

Il est possible de demander l’Allocation de Soutien Familial qui est conçue pour aider à subvenir aux besoins des enfants des victimes lorsque le parent non-gardien ne verse pas la pension alimentaire nécessaire. Si vous êtes dans cette situation, les 187,24 € de l’ASF peuvent assurer le bien-être de vos enfants et alléger le fardeau financier qui pèse sur vos épaules. Elle peut être aussi attribuée pour compléter une pension alimentaire fixée, dont le montant est faible.

L’Allocation de Rentrée Scolaire (ARS)

De même, n’hésitez pas à solliciter l’Allocation de Rentrée Scolaire qui est une aide précieuse pour couvrir les frais liés à la rentrée scolaire, des fournitures aux vêtements en passant par les activités éducatives.

Comme pour les autres prestations familiales, vous devez effectuer une demande via le formulaire de demande cerfa n°12038. Et dans le cas de violences, il doit être accompagné du cerfa n°11423 qui est une déclaration de votre situation.

Voici les conditions fixées par la CAF pour recevoir l’ASF.

  • Vous devez vivre seul, vous devez résider en France de manière stable et vous devez avoir au moins 1 enfant à charge
  • Lorsque vous ne percevez pas de pension alimentaire : l’ASF est accordée en attendant de fixer le montant de la pension alimentaire. Vous recevez l’aide durant 4 mois, temps nécessaire pour faire une demande de pension alimentaire auprès du JAF. Passé ce délai, le versement de l’ASF est suspendu.
  • Lorsque vous ne recevez plus ou en partie, la pension alimentaire : l’ASF peut vous être accordée provisoirement. L’allocation devra ensuite être remboursée par le parent chargé de payer la pension alimentaire.
  • Lorsque vous recevez une pension alimentaire, mais son montant est inférieur au montant de l’ASF : une allocation différentielle vous est accordée.

À savoir que l’ASF n’est plus versée en cas de mariage, de remariage, de concubinage ou de PACS. La seule exception à cette règle est en cas de recueil d’un enfant. En effet, si l’assuré bénéficie de l’ASF pour un enfant recueilli, il a le droit de vivre en couple, etc.

Autre mesure à tenter, dans certaines CAF (comme en Ariège par exemple), vous pouvez bénéficier d’un accompagnement social. Dans ce cadre, n’hésitez pas à demander si vos conditions vous permettent d’accéder à une aide financière en Prêt d’Honneur et à une autre somme de secours, cumulable à la première enveloppe.

L’aide financière individuelle permet la prise en charge des frais liés :

  • à un relogement suite à une décohabitation en urgence,
  • aux transports ou déplacements,
  • à la procédure : honoraires d’avocats…,
  • aux achats destinés aux enfants (habillement, literie, produits d’hygiène…)

Enfin, en mars 2023, le gouvernement a lancé le Pack nouveau départ qui doit permettre aux victimes de violences intra-familiales de partir avant qu’il soit trop tard. Ce dispositif est expérimenté dans le Val-d’Oise. Il sera étendu ensuite à 4 autres départements, avant d’être généralisé sur l’ensemble de la France à l’horizon 2026.

L’idée est de proposer un accompagnement sur-mesure aux victimes : une allocation type RSA, une aide de retour à l’emploi, à la formation, à la garde d’enfant, un soutien psychologique, un hébergement d’urgence… Tout cela sans avoir besoin d’aller frapper à toutes les portes. Il suffira d’aller voir une association, un médecin, la police, un maire qui signaleront cette situation et dirigeront vers un seul référent. Dans le Val-d’Oise, ce référent est la CAF.


Vous pouvez également consulter notre article  » La CAF devient l’organisme officiel des prélèvement des pensions alimentaires « .

Le Rôle Crucial des Tiers de Confiance dans la Protection des Enfants Victimes de Violences Intrafamiliales

Le Rôle Crucial des Tiers de Confiance dans la Protection des Enfants Victimes de Violences Intrafamiliales

« Je viens de parcourir votre site et je peux vous dire à quel point c’est aussi compliqué pour les personnes tiers de confiance face aux services sociaux, toujours prêts à essayer de sauver l’insauvable, c’est-à-dire le parent maltraitant, au détriment des enfants.

La parole de l’enfant n’est pas entendue et on ne tient pas compte des observations des tiers dignes de confiance. On menace même ces derniers de placer les enfants s’ils disent quoi que ce soit. L’enfant est constamment obligé de faire face à son bourreau lors des visites médiatisées. Comment peut-il évoluer sereinement en faisant confiance aux adultes (qui lui répètent que le parent maltraitant est gentil et que ce que l’enfant dit, c’est du mensonge) ? »

Notre association reçoit beaucoup de témoignages bouleversants comme celui-ci, provenant de personnes confrontées à leur incapacité d’aider leurs proches victimes de violences intrafamiliales.

Nous profitons de la publication du décret n° 2023-826 du 28 août 2023 relatif aux modalités d’accompagnement du tiers digne de confiance pour partager notre vision des choses.

Dans ce paysage complexe de violences psychologiques, physiques, sexuelles, financières etc, les tiers de confiance émergent comme des figures cruciales dans la protection des enfants. Leur rôle qui devrait être essentiel et déterminant est souvent confronté aux mêmes dysfonctionnements de la Justice.

Et ils souffrent de ne pas être pris en compte par le système. Leurs responsabilités, leurs attentes, et la manière dont ils peuvent soutenir les enfants victimes de violences ne sont pas respectées.

Pour eux aussi, la confiance en la Justice est trahie.

Pourtant, les tiers de confiance devraient émerger comme des acteurs clés dans la protection des enfants.

Ces amis, membres de la famille élargie, enseignants, voisins, professionnels de la santé, etc., ont une relation privilégiée avec ces enfants et les familles, ils ont une connaissance éclairée de leurs souffrances. De part leur proximité, ils ont la confiance, la disponibilité, l’écoute active et le respect de leurs interlocuteurs. Ils sont un réceptacle important de confidences car ils croient la parole des victimes.

Cette proximité émotionnelle et leur accès à l’histoire des victimes devraient être exploitées par la Justice. Leurs observations devraient être rangées dans la catégorie des preuves en fournissant des détails précis.

Tous les tiers de confiance doivent faire face aux attentes formulées ou non des victimes : détecter les signes de maltraitance, fournir un espace sûr pour les enfants, agir comme des observateurs attentifs, etc. Mais on sait aussi qu’ils peuvent être malmenés : pression de la part des parents maltraitants, craintes pour leur propre sécurité, dilemmes moraux.

La Justice devrait apporter un accueil encourageant et un soutien sans faille aux tiers qui s’engagent pour protéger les victimes.

  • Créer un environnement accueillant : offrir aux tiers de confiance un espace où ils se sentent écoutés et compris.
  • Formation et soutien continu : renforcer leurs compétences pour reconnaître et agir face à la maltraitance.

Les tiers de confiance ne sont pas tous des professionnels formés à la protection de l’enfance. Ils ont besoin d’aide et de collaboration bienveillante avec des intervenants compétents. C’est ce travail en équipe qui a une chance de garantir la sécurité et le bien-être de tous (victimes et proches).

Si on trouve cet équilibre entre le soutien crucial aux enfants que les tiers peuvent apporter, leur coopération avec les services sociaux pour maintenir la confiance tout en partageant les informations nécessaires, alors on les aidera à naviguer dans le contexte complexe des violences intrafamiliales.

Le double objectif de soutenir les enfants sans compromettre leur propre sécurité sera respecté et la Justice pourra faire son travail au mieux.

Les tiers de confiance jouent un rôle essentiel dans la vie des enfants victimes de violences intrafamiliales. Leur engagement envers la protection et le bien-être de ces enfants est une force vitale pour un avenir meilleur.

En reconnaissant leur rôle complexe, en les soutenant avec bienveillance et en renforçant leur capacité à agir, nous pouvons contribuer à créer un environnement où les victimes de tout âge se sentent en sécurité, entendues et soutenues dans leur chemin vers la paix et la guérison.


Nous vous conseillons également la lecture de l’article « Les protecteurs experts… Ou comment la Justice force les victimes à devenir expertes dans les domaines liés à leur protection / survie« .

9 livres sur les violences sexuelles expliquées aux enfants

9 livres sur les violences sexuelles expliquées aux enfants

Voici 9 livres très utiles sur les violences sexuelles expliquées aux enfants.

Mon corps m’appartient !

de Isabelle Filliozat et Margot Fried-Filliozat

A partir de 7 ans

Pour aborder sans détour le corps, la sexualité et l’intimité pour prévenir les violences sexuelles envers les enfants. Les autrices aident les enfants à dire non et à protéger leur intégrité corporelle. Elles traitent de thèmes tels que les violences sexuelles, l’inceste et la pédophilie. Des exemples concrets et des explications simples accompagnent ces sujets délicats.


Et si on se parlait ?

d’Andréa Bescond et Mathieu Tucker

3 tomes adaptés à différents âges

Des enfants s’adressent à un lecteur de leur âge, sur des sujets qui peuvent le concerner directement : la jalousie après la naissance d’un petit frère, les parties intimes de l’enfant et le fait de les respecter, les parents, l’influence des médias. Des livres qui aident les enfants à comprendre l’indicible, ces choses importantes à aborder.


J’apprends à me protéger des abus sexuels

de Sébastien Brochot et PedoHelp

A partir de 8 ans

Une histoire illustrée pour apprendre des concepts aussi essentiels que l’amour, la séduction, l’intimité, la manipulation, la pudeur… Ce livre est un bon support pour les parents qui souhaitent aborder le sujet des abus sexuels avec leur enfant. Thème après thème, il y a tout ce qu’il faut savoir et comprendre pour se protéger et apprendre à dire NON ! NON ! NON !


Quand on te fait du mal

de Muriel Salmona et Sokhna Fall

A partir de 8 ans

Voici une brochure d’information gratuite et téléchargeable, illustrée par Claude Ponti. « Quand on te fait du mal » est un ouvrage permettant aux enfants de comprendre ce qui leur arrive ou ce qui arrive à leurs copains et de savoir quoi faire. Il apprend à identifier une violence, pour pouvoir s’en protéger et/ou savoir demander de l’aide. On peut recevoir gratuitement un exemplaire du livret en écrivant à memoiretraumatique@gmail.com.


Interdit dans la famille

de Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustré par Robin

De 3 à 7 ans

L’amour prend diverses formes : entre amoureux, envers les parents, frères, sœurs et amis, etc… Cependant, il existe des limites claires entre ce qui est autorisé et interdit, entre adultes et enfants. Parfois, des adultes proches, y compris les parents, peuvent se comporter de manière irrespectueuse. Ce livre explique que leurs comportements ne sont pas autorisés.


Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte

de Thierry Lenain

A partir de 9 ans

Pas facile de s’affirmer et surtout de faire comprendre ça aux adultes… La petite fille de cette histoire est très polie. Tellement qu’elle laisse même Tatie Jacotte lui faire la bise alors qu’elle ne l’aime pas du tout. Un jour, à l’école, une dame est venue apprendre aux enfants que « mon corps est mon corps  » et qu’on a le droit de refuser un bisou… même un bisou des taties !


Le livre pour dire NON aux abus sexuels

de Rémy Chaurand et Delphine Sauliere D’Izarny-Gargas

A partir de 7 ans

Ce livre présente six histoires d’enfants (sous formes de BD) embêtés et harcelés par des plus grands (un cousin malveillant, un moniteur avec des gestes mal placés, un beau-père intrusif, etc.). À chaque fois, l’enfant trouvera des conseils pour bien réagir face à quelqu’un de dangereux et des solutions pour apprendre à se défendre en toutes circonstances et à dire NON tout simplement.


La princesse sans bouche

de Florence Dutruc Rosset

A partir de 5 ans

C’est l’histoire d’une petite princesse profondément blessée par le roi, son père, qui croit avoir tous les droits, y compris sur le corps et le cœur de sa fille… Heureusement la princesse courageuse trouve le chemin de la reconstruction et de la liberté… Un conte initiatique, dans la tradition de « Peau d’Âne », où les princesses sont plus fortes que la folie des rois.


Le loup

de Mai Lan Chapiron et Coralie Diere

A partir de 3 ans

Miette adore sa maison. On y invite les copains. On y joue aux cartes. On y mange bien. Seulement voilà, personne ne le sait, mais il y a le loup. Le loup n’est plus dans la forêt. Un album à hauteur d’enfant, juste et nécessaire, pour briser le tabou de l’inceste. En fin d’ouvrage, parents et professionnels de l’enfance trouveront un cahier rédigé par une psychologue, avec des outils concrets sur lesquels ils pourront s’appuyer.


Vous pouvez également consulter nos conseils de livres pour adultes.