Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d’un père incestueux

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d'un père incestueux

En 2013, alors qu’elle vit avec une personne qui a des addictions (alcool, etc.) et qu’elle gère au mieux leur petit garçon, Mariette fait la rencontre du locataire de sa sœur, Léo.

Rencontré à l’anniversaire de sa sœur, il tente immédiatement de la séduire. La jeune entrepreneuse part une semaine plus tard au Népal 3 mois pour son business avec son fils et son père. Léo lui écrit tous les jours, au début sous des prétextes pro puis plus intéressé. Mariette est engluée par ses jolis mots qui arrivent en masse.

Quand elle lui confie la violence qu’elle subit, il lui dit « Quitte le, tu mérites mieux« , se positionnant en sauveur. Comme il vit chez sa sœur, il connait plein de choses sur elle, il la sait fragilisée. Mariette décide de quitter le père de son fils et l’annonce à sa sœur malgré la réticence de Léo : « Ne lui dis pas, elle sera heureuse pour nous« .

Quand sa sœur l’apprend, elle semble horrifiée : « tous mais pas lui« . Elle se met en colère, expulse Léo sans s’expliquer ni à son mari ni à sa sœur. Mariette comprendra des années plus tard par son frère que sa sœur avait une histoire avec Léo et qu’il les manipulait toutes les deux. A ce moment, Léo se met en colère, se pose en victime, s’en prend à lui-même, se scarifie.

Mariette, dépassée, déjà sous emprise, a le syndrome de l’infirmière, elle décide de le croire.

Léo lui propose de passer la saison des marchés avec lui. Il loue une maison isolée sans la consulter. Tout va très vite. Même l’arrivée des critiques. Léo la dénigre continuellement, lui reproche sa façon d’être avec les hommes au marché. A la fin de la saison, elle rentre chez elle, là où vit le papa de son fils. Ça énerve Léo qui voudrait qu’elle s’éloigne de lui mais Mariette résiste 2 ans pour que son garçon continue de voir son père. Léo lui fait payer ce choix en étant très agressif et culpabilisant.

Mariette et Léo finalement s’installent 5 mois dans une maison sans vis à vis, à 2km du papa. 5 mois d’horreur où Léo achève de mettre en place son emprise par un yoyo émotionnel puissant. Hyper possessif, violent, il alterne des moments de douceur où il « réclame » un enfant et des crises de jalousie et de schizophrénie : il casse tout, écrit sur les murs, lance des couteaux, répète des trucs en boucle, espionne l’ordinateur de Mariette…

Des amis, passant à l’improviste, sont témoins de cette folie et d’une tentative d’homicide : après avoir projeté des chaises et autres objets sur Mariette, Léo lui lance une hache qui passe à quelques centimètres de son visage. Il menace d’aller tuer son premier compagnon dont il ne supporte pas la proximité. Sidération de la part de Mariette, qui met cela sur le compte de la fatigue ou la drogue. Elle finit par fuir chez son ex qui ne réagit pas à son appel à l’aide. Alors elle retourne chez sa mère et annonce à Léo que c’est fini.

Ce dernier réussit à lui retourner le cerveau, lui faire croire qu’il va changer car il l’aime.

Sous emprise, apeurée, elle cède. Et le cycle infernal recommence. Léo la culpabilise. Tout est de sa faute à elle car elle ne veut pas déménager. Aux violences psychologiques et sexuelles se rajoutent des violences financières. Dépendante, ficelée, elle accepte de déménager dans une autre maison isolée ; loin de s’apaiser, Léo passe aux violences physiques.

Isolée, Mariette subit des coups de poings, de couteaux, des crachats. Il pousse la perversion jusqu’à s’imposer à la cuisine pour la menacer d’empoisonnement. Mariette est dans un état constant de panique et d’hyper vigilance. Elle ne dit plus rien, ne parle à personne. Un jour, elle ose demander pourquoi Léo la frappe, il répond :  » tu m’as demandé d’arrêter de m’en prendre à moi alors je m’en prends à toi « . Manipulateur n’est pas un mot assez fort pour le décrire.

Quand elle lui annonce qu’elle est enfin enceinte, loin de bondir de joie, il lui demande d’avorter. S’en est trop pour Mariette qui tente de fuir. Mais elle se fait rattraper et la violence augmente encore, par représailles. Quand il apprend que c’est une petite fille, Léo décide de garder l’enfant. Il impose un prénom très dérangeant car il veut qu’elle soit une guerrière. L’enfant aussitôt née, c’est comme si Mariette devait disparaitre.

A peine rentrés, il insiste pour qu’elle aille travailler. 3 semaines après la naissance, il lui fait traverser la France pour acheter le camping-car d’un pédo-criminel. Les « vacances » sont horribles, les coups pleuvent, même devant les enfants. De surcroit, elle comprend que Léo maltraite aussi son fils, jusqu’à déchiqueter son doudou. Il ne supporte pas les réveils la nuit. S’en est trop. Pour la 4ème fois, Mariette part se réfugier ailleurs mais il finit toujours par la retrouver et la menacer du pire pour elle et les siens.

Elle rencontre aussi pour la première fois la mère de Léo qui lui dit  » Fuis, il a un dossier psychiatrique, méfie-toi de son intelligence « .

Mais c’est trop tard, Mariette est comme dans une prison mentale où il lui est impossible de dire les choses, voire même de les penser. Elle vit dans un état de terreur, son état est téléguidé par la violence de Léo. P

ar hasard, elle découvre qu’il navigue sur le darknet (il lui dit qu’il cherche un tueur à gage pour elle). Puis furieux de s’être fait découvrir, il achète une arbalète dans la foulée. Un jour où il cherche à la tuer, elle se met à hurler et ses cris attirent les voisins, qui se rassemblent pour la protéger de la violence. Léo, fou de rage, arrache sa fille des bras de la voisine et la jette dans la voiture pour partir en trombe. Dès qu’il revient avec le bébé, Mariette part habiter chez une des voisines qui lui a dit :  » C’est fini, tu ne restes plus avec cet homme « .

Il dépose une plainte aussitôt pour dire qu’elle l’a abandonné, il ment et inverse la situation.

La voisine reloge Mariette en urgence. Cette dernière est terrorisée, épuisée, toujours sous emprise mais elle sait désormais qu’elle ne veut plus retourner chez Léo. Lui la retrouve, défonce sa porte pour la frapper, heureusement, d’autres voisins interviennent et contactent les policiers. Sous leurs conseils, elle porte plainte pour violence conjugale puis pour agression sexuelle.

Léo cesse alors ses visites, mais il la harcèle par téléphone. Et lors de la confrontation, il parvient sans souci à mettre la police de son côté. Les policiers pensent que Mariette est folle. La jeune femme trouve du soutien auprès d’une association, qui l’aide à obtenir la garde de sa fille. Et puis, elle ose prendre contact avec l’ex de Léo qui lui raconte qu’elle a vécu le même calvaire et qu’elle est encore terrorisée.

Petit à petit, Léo se fait plus offensif, il parvient à obtenir des droits plus larges.

Pourtant un rapport d’expert affirme qu’il ne mesure pas l’ampleur de ses impulsivités. En août 2018, tout s’effondre. L’enfant raconte à sa mère que son papa lui met « les doigts dans les fesses » et lui « apprend à l’embrasser sur la bouche« …. Un médecin constate des pustules sur la bouche de l’enfant qui explique « Papa m’a mis un bâton noir dans la bouche, j’ai failli m’étouffer » (un gode).

Horrifiée et en colère, Mariette se démène pour empêcher sa fille de retourner chez son père. Léo se retrouve à nouveau en droit de visite médiatisée. L’association remet un rapport édifiant contre le père et témoigne que l’enfant continue de dénoncer l’inceste, même devant son père. Hélas, le rapport disparait et l’ASE s’acharne à maintenir les visites. Pire leur psy accuse la mère de SAP (syndrome d’aliénation parentale) !

Léo fait systématiquement appel et au troisième, tout bascule. Un juge aux affaires familiales le croit et il récupère la garde exclusive de sa fille qui ne l’avait pas vu depuis un an.

Pendant les deux années suivantes, omnipotent, il manipule l’enfant, qui se verrouille, silenciée comme un soldat.

Mais elle se plaint toujours d’avoir mal au ventre, a un comportement sexualisé avec son grand frère…

Les gendarmes continuent de mener l’enquête, auditionnent l’ex de Léo et comprennent qu’ils ont fait fausse route. Le vent tourne un peu. Il y a quelques jours, le procureur a classé sans suite les plaintes calomnieuses du père. L’instruction est toujours en cours. Mariette espère pouvoir désormais récupérer ses droits et protéger sa fille. Mais hélas, souvent rien n’est moins sûr que la Justice.


Notre association reçoit de nombreux témoignages de parents protecteurs qui ne sont pas écoutés par la Justice. Cliquez sur ce lien pour consulter l’ensemble de ces témoignages.

[Témoignage Vidéo] Dysfonctionnements judiciaires. Pour avoir tenté de protéger sa fille victime d’inceste, May a perdu la garde de son enfant.

Pour avoir tenté de protéger sa fille victime d'inceste, May a perdu la garde

May a perdu la garde de sa fille, elle partage son expérience :


• Non-représentation d’enfant : les conseilleurs ne sont pas les payeurs…
Brigade des mineurs : encore tellement de personnes non formées aux violences intrafamiliales !


Voici un article qui approfondit la question de la non représentation d’enfant.

Pourquoi on devrait adopter le CAVAC en France

Pourquoi on devrait adopter le CAVAC en France (Le centre d'aide aux victimes d'actes criminels au Québec)

CAVAC, c’est le nom du Centre d’Aide aux Victimes d’Actes Criminels du Québec.

C’est un réseau de 17 centres, présents dans toutes les régions du Québec, qui offre des services gratuits et confidentiels aux personnes victimes, mais également aux proches et aux témoins d’actes criminels, tout cela que la personne victime porte plainte ou non.

Le CAVAC propose de l’information, l’accompagnement, une écoute attentive, de l’aide technique, juridique et de l’intervention post-traumatique, des programmes de soutien aux personnes touchées par des violences intrafamiliales et/ou des actes criminels, pour les aider à se reconstruire.

Le travail des CAVAC joue un rôle crucial dans la protection des droits et du bien-être des victimes au Québec.

Beaucoup de personnes pensent qu’il serait urgent d’importer un système similaire au CAVAC en France. Voici quelques-uns des bénéfices potentiels :

  • Accès à des services spécialisés :

Les centres offrent un accès à des services spécialisés, tels que des conseils juridiques, des conseils psy et des services médicaux, aidant ainsi les victimes à comprendre leurs droits, à entamer des procédures judiciaires si nécessaire et à accéder aux soins appropriés.

Cela permettrait par exemple d’aider les victimes à monter des dossiers complets et efficaces. En France, beaucoup perdent leurs procès du fait de leur incapacité à comprendre le système judiciaire voire tout simplement à vivre la violence institutionnelle et administrative de notre Justice.

  • Soutien aux victimes

Le CAVAC fournit un soutien essentiel aux personnes ayant subi des violences et des actes criminels, les aidant à faire face aux traumas, à reconstruire leur vie et à se rétablir émotionnellement et psychologiquement.

En France, ce sont les associations qui pansent comme elles peuvent les victimes.

Ces dernières n’ont pas la possibilité de bien se remettre pour être en capacité de gérer leurs états, ceux de leurs enfants, tenir le quotidien… Sans parler du temps pour mesurer les répercussions des violences coercitives subies. 

C’est beaucoup trop à tenir pour une seule personne et malheureusement les services sociaux français ne sont pas assez actifs pour être des soutiens efficaces. Il faudrait des professionnels formés, capables d’aller chez les gens, de les comprendre et les soutenir.

  • Coordination entre les services

Un système centralisé de soutien aux victimes pourrait faciliter la coordination entre les différents services et agences, permettant ainsi une meilleure assistance globale aux victimes.

  • Prévention de la récidive

En aidant les victimes à se reconstruire et en répondant à leurs besoins, un système similaire pourrait contribuer à prévenir la récidive en aidant les victimes à surmonter les obstacles qui pourraient les pousser à se tourner vers la criminalité à leur tour.

  • Sensibilisation et prévention

Ces centres peuvent également jouer un rôle essentiel dans la sensibilisation et la prévention de la criminalité en informant le public sur les risques et les conséquences des actes criminels.

On en revient toujours au besoin urgent de ressources adéquates, de formation appropriée pour tous les professionnels qui interviennent (des médecins aux experts en passant par les services sociaux, les JAF et autre JDE…), de coopération étroite avec les forces de l’ordre et le système judiciaire, ainsi qu’une prise de conscience et un soutien de la part des décideurs politiques et du grand public.

Ce n’est parfait dans aucun pays mais on peut s’inspirer des nations comme l’Espagne ou le Québec qui sont déjà plus loin que nous sur le chemin de l’aide aux victimes de violences intrafamiliales.


Vous pouvez aussi consulter notre Manifeste.

Violences intrafamiliales et RÉSILIENCE des jeunes victimes

Violences intrafamiliales et RÉSILIENCE des jeunes victimes

Les violences intrafamiliales sont une réalité très préoccupante qui touche de nombreuses personnes en France, dès l’enfance.

Face à ces situations traumatisantes, la résilience apparait souvent comme un objectif salvateur. Elle désigne la capacité à rebondir et à se reconstruire après avoir vécu des expériences traumatiques, une sorte d’évolution cicatrisante, positive malgré les horreurs vécues.

Pour beaucoup de soignants, thérapeutes, scientifiques, travailler la résilience, et cela dès le plus jeune âge, est une solution pour prévenir ou réparer les dégâts psychologiques des violences intrafamiliales.

Voici quelques bénéfices observés :

1. Reconstruire sa vie

La résilience permet aux victimes de violences intrafamiliales de se relever et de reconstruire leur vie après une période difficile. Elle leur offre une lueur d’espoir et la possibilité de se réapproprier leur existence.

2. Trouver un sens à la violence vécue

La résilience peut transformer la souffrance en une force qui pousse les victimes à lutter contre les violences et à aider les autres. Venir en aide à son tour redonne parfois un sens à l’expérience de violence pour la faire vivre autrement.

3. Briser le cycle des violences

La résilience permet de rompre le cycle des violences intrafamiliales en donnant aux victimes la force et les ressources nécessaires pour s’affirmer et protéger leurs enfants. Elle peut favoriser une transmission positive des valeurs et des comportements pour éviter que la violence se reproduise.

4. Préserver l’estime de soi

En développant leur résilience, les survivants peuvent renforcer leur estime personnelle en surmontant les obstacles et en exerçant leur capacité à se reconstruire.

Interrogé dans un podcast, Boris Cyrulnik, médecin neuropsychiatre et psychanalyste ayant vulgarisé le concept de résilience, témoigne :

On sait maintenant qu’un enfant qui acquière un lent développement est un enfant qui acquière confiance en lui.

Au lieu de les stigmatiser ou de les mépriser, on doit augmenter chez les enfants les facteurs de protection, pour mieux les protéger dans la vie. Si le bébé est entouré par une niche familiale affective sécurisante, il acquière des facteurs de projection qui vont faire que chez lui la résilience va être facile. Alors qu’un bébé dont la mère a été traumatisée par la violence conjugale a acquis un facteur de vulnérabilité qui fait que pour lui le processus de nouveau développement sera difficile.

On sait maintenant, en neurobiologie, qu’un être humain seul développe une atrophie cérébrale qu’aujourd’hui on photographie sans aucune difficulté. Or on constate dès qu’on propose un soutien affectif et verbal à ces blessés que ces atrophies se reconstruisent rapidement. Dès qu’on trouve un moyen de sécuriser l’enfant, son électro-encéphalogramme redevient normal en 24h.

Mais si c’est 24h ou 48h chez un bébé, il faut reconnaitre que la plasticité cérébrale est beaucoup moins grande quand on vieillit. Plus on attend, plus la résilience sera difficile à enclencher. Mais si on les aide, on voit qu’un très grand nombre d’enfants reprend un bon développement. Ça ne veut pas dire qu’ils oublient. Ils prennent un autre cadre de vie.

Boris Cyrulnik, médecin neuropsychiatre et psychanalyste

Toutefois, la résilience ne fait pas tout. Il est important d’exprimer certaines limites notamment dans le cadre de violences.

1. Injonction à la résilience

La société a souvent tendance à promouvoir une vision idéalisée de la résilience, plaçant une pression sur les victimes pour qu’elles se relèvent rapidement et surmontent leurs traumatismes. Cela peut créer une forme d’injonction à être « fort » et dissuader les victimes de demander de l’aide.

2. Nier la souffrance

En mettant l’accent sur la résilience, on risque de minimiser la souffrance des victimes. Malgré la résilience, les traumatismes peuvent demeurer et ne doivent pas être niés.

3. La charge émotionnelle

Les victimes de violences intrafamiliales peuvent ressentir une pression supplémentaire lorsqu’elles sont confrontées à des attentes de résilience. Cette charge émotionnelle peut être épuisante et culpabilisante.

4. Les ressources disponibles

Sans un accès adéquat aux services de soutien et aux interventions spécialisées, il peut être difficile pour les victimes de développer leur résilience. Les facteurs sociaux, économiques et culturels jouent un rôle déterminant et souvent injuste dans la capacité d’une personne à se remettre des violences intrafamiliales.

On ne peut que souhaiter aux victimes de violences intrafamiliales d’être résilientes, si cela leur permet de se reconstruire, de préserver leur estime de soi, de briser le cycle des violences et de trouver un sens à leur histoire.

Cependant, ne rajoutons pas de pression au point de nier la souffrance. Une approche équilibrée, adaptée à chacun, serait de valoriser la résilience tout en reconnaissant la nécessité d’un soutien approprié et d’interventions spécialisées pour accompagner les victimes de violences intrafamiliales dans leur processus de guérison.

En fin de compte, la résilience ne doit pas être considérée comme la solution ultime, mais plutôt comme une possibilité pour ceux qui le souhaitent de se reconstruire et de se rétablir à leur propre rythme.


Pour comprendre les conséquences de la violence sur la santé des victimes nous vous conseillons nos articles « Les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins : une reconnaissance officielle en France » et « Violences sexuelles : des conséquences dévastatrices sur la santé des victimes« . Vous pouvez également consulter notre livret « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins : une reconnaissance officielle en France

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants témoins : une reconnaissance officielle en France

Dans un article de L’école des parents (N°647) aux Éditions Érès, la journaliste Isabelle Gravillon rapporte que les violences conjugales ont un impact particulièrement néfaste sur les enfants de manière indéniable. Ces violences affectent leur construction des liens d’attachement, leur développement psychologique et cognitif, ainsi que leur santé physique.

Un décret de novembre 2021 entré en vigueur en février 2022 reconnaît officiellement les enfants exposés à des violences conjugales comme des victimes à part entière.

Pendant longtemps, la société française et les institutions chargées de la protection de l’enfance ont pensé que les enfants n’étaient pas directement concernés par les violences entre leurs parents, tant que ces violences ne s’exerçaient pas directement à leur encontre.

Cependant, au fil des années, les mentalités évoluent doucement. Ce décret de février 2022 reconnaissant les enfants exposés aux violences intrafamiliales comme des victimes conduit progressivement à une évolution des institutions chargées de la protection de l’enfance dans leur approche de ces enfants. Davantage sensibilisés à l’impact délétère de ces violences sur la santé psychique et physique, ainsi que sur le développement psychologique et cognitif des victimes, ces organismes sont censés mettre en place une meilleure prise en compte des besoins spécifiques de ces enfants et une offre de protection adéquate. Ce n’est pas toujours le cas hélas.

À la différence des conflits, au cours desquels les protagonistes peuvent interagir dans une forme de réciprocité et négocier parfois une solution ensemble, les violences conjugales organisent des relations totalement asymétriques. L’un des deux membres du couple est en position dominante, imposant toutes les décisions à l’autre, qu’il maintient en position de dominé en ayant recours à la disqualification, à la menace, à l’intimidation et à la violence physique. C’est en somme à un système dictatorial que l’enfant est confronté dans sa famille, lui apprenant dès le plus jeune âge comment la loi du plus fort écrase les plus faibles.

Karen Sadlier, docteure en psychologie clinique

Les conséquences des violences conjugales sur les enfants sont multiples et justifient pleinement qu’on les considère comme des victimes. L’impact est particulièrement délétère sur la construction des liens d’attachement, sur leur développement psychologique et cognitif, ainsi que sur leur santé physique. Assister jour après jour aux coups, insultes et menaces qu’un parent fait subir à l’autre constitue une maltraitance majeure psychique et physique. Les enfants exposés aux violences conjugales peuvent développer des troubles anxieux, dépressifs, de stress post-traumatique, de comportement, de sommeil, de concentration, ainsi que des troubles alimentaires, des maux de tête, des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements, des ecchymoses, des fractures, etc.

En outre, les enfants exposés aux violences conjugales peuvent développer un sentiment de culpabilité, se persuadant qu’ils sont les fauteurs de troubles, les responsables du malheur qui frappe leur famille. Cette culpabilité est souvent alourdie par la mission impossible qu’ils s’assignent : se vivant comme ayant engendré ce monstrueux désordre, ils fantasment qu’il leur revient de le faire cesser, de protéger la victime et de guérir l’agresseur. En somme, les conséquences des violences conjugales sur les enfants sont graves et durables. Ces violences peuvent affecter leur santé physique et psychologique, leur développement, leur estime de soi, leur capacité à nouer des relations saines, ainsi que leur avenir.

C’est tout sauf anodin.

Quant au déterminisme, qui questionne l’idée que les enfants exposés aux violences conjugales seraient inévitablement destinés à reproduire cette violence ou à en devenir victimes à l’âge adulte, il est loin d’être évident. Il est important de reconnaître que chaque individu est unique et que de nombreux facteurs peuvent influencer le devenir des enfants exposés aux violences conjugales. Les gens qui bénéficient de facteurs protecteurs à un moment donné de leur vie parviennent à échapper à une funeste reproduction de la violence (soutien d’un adulte significatif, environnement stable, éducation et apprentissage, interventions thérapeutiques appropriées…)

En résumé, bien que les enfants exposés aux violences conjugales puissent être confrontés à un risque accru de reproduire cette violence ou d’en devenir victimes à l’âge adulte, il n’y a pas de déterminisme absolu. Les facteurs protecteurs et les interventions appropriées peuvent jouer un rôle crucial dans la prévention de cette reproduction et dans la promotion d’un avenir différent pour ces enfants. Donc là aussi, il est crucial de ne pas les abandonner autant que de les croire et les protéger. Ces enfants exposés aux violences conjugales sont des victimes et ont besoin d’une meilleure prise en compte de leurs besoins.

Plus généralement, il est essentiel de continuer à sensibiliser, à soutenir et à intervenir pour protéger ces enfants et espérer briser le cycle de la violence conjugale.


Voir aussi notre article Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité.

[Témoignage Vidéo] Julie nous parle des dysfonctionnements rencontrés dans le combat pour protéger son enfant victime d’inceste

[Témoignage Vidéo] Julie nous parle des dysfonctionnements rencontrés dans le combat pour protéger son enfant victime d'inceste

Après 5 ans de procédures pour protéger son enfant, voici ce que Julie aurait aimé savoir AVANT de se lancer dans ce parcours au sujet 

  • de la gestion des preuves, des procédures,
  • des relations avec les avocats ainsi que le coût,
  • du quotidien avec un enfant éloigné de son parent protecteur. 

Elle partage son expérience

  • Que faire quand votre enfant vous raconte qu’il a été victime de violences sexuelles ?
  • Comment réagir face à l’agresseur quand on se retrouve avec les révélations de son enfant ?
  • Insistez pour que votre enfant soit reçu par les UMJ
  • Collecter les preuves, un travail préalable rigoureux essentiel
  • Récoltez un maximum de témoignages
  • Bien choisir son avocat et avoir conscience des coûts financiers
  • Ne pas hésiter à changer d’avocat (sans se faire avoir)
  • Comment accompagner son enfant après les révélations malgré la séparation ?

Témoignage de Tamara, maman en fuite depuis 5 ans pour protéger sa fille victime d’inceste

Témoignage de Tamara, maman en fuite depuis 5 ans pour protéger sa fille victime d'inceste

L’histoire de Tamara et de sa fille Ana est extrême, mais ressemble, hélas à bien d’autres dossiers de victimes d’inceste où la mère protectrice devient l’accusée…

Tamara a 37 ans lorsqu’elle rencontre Gérald. Elle est architecte, peintre, et mène une vie sociale épanouie. Le coup de foudre est immédiat, et pourtant l’instinct de Tamara lui indique que quelque chose ne va pas… A plusieurs reprises, elle tente de quitter Gérald, ne se sentant pas libre dans leur relation. Mais il insiste, lourdement, et trouve, à chaque fois, les mots pour la convaincre de l’importance de leur histoire…

Un an plus tard, Tamara est enceinte et les violences psychologiques se font sentir. Gérald lui explique qu’il veut que leur relation continue sans que l’enfant ne sache qu’il est le père…

Puis, vu le refus de Tamara, il la harcèle pour qu’elle aille avorter, sinon « il va devenir fou » et « se suicider »…

Tamara ne cède pas, prend des distances, et se prépare à accueillir l’enfant seule. Mais Gérald revient, s’excuse, explique que « la paternité c’est compliqué pour lui », se montrant, à nouveau sous son meilleur jour. La naissance d’Ana se passe dans un bonheur trompeur.

Alors que leur fille a 15 jours, Gérald est en proie à la 1ère d’une série de crises délirantes, où son rejet de l’enfant va littéralement exploser. Ses crises sont terrifiantes et il reconnaîtra par écrit avoir « terrorisé, montrant l’effrayant portrait d’un autre »…

Gérald séquestre Tamara et Ana, profère des centaines de menaces à leur encontre, et jette une chaise visant Ana qui aurait pu la tuer…

Le 18 mars 2014, il force Tamara à se réfugier dans la réserve d’un magasin, alors qu’il exige de se rendre chez elle pour « exploser sa tête et celle du bébé »…

Les vendeurs appellent la police, mais le traitement de la plainte est lamentable : celle-ci est classée sans suite en moins de 2 heures, alors même que Tamara et Ana sont placées en chambre d’urgence le soir-même…

Incohérence totale, dont Gérald va jouer pour retourner la situation contre la mère auprès du Juge aux Affaires familiales… En effet, en dépit des preuves, c’est elle qui est accusée, par 2 experts judiciaires, de « fantasmer » et de nuire au lien père/enfant. Comme souvent, les juges occultent les violences et parlent d’un « conflit conjugal », faute de poursuites pénales du mis en cause…

C’est de justesse que Tamara conserve la garde d’Ana. Mais, si elle évite le pire, la Justice établit qu’elle aurait « privé le père » de l’enfant alors qu’elle fuyait pour protéger leurs vies… Gérald obtient un droit de garde élargi, mais plus grave encore il obtient la mise en cause de la mère dans 2 expertises judiciaires, ce qui lui permet de perpétuer d’autres violences, impunément…

Ana victime d’inceste…

Ainsi, lorsque Ana, à 2 ans et demi, révèle avoir subi des violences sexuelles chez lui, rien ne va se dérouler normalement… Les associations sont formelles : Tamara doit confier Ana au père, faute de quoi, elle perdra tous ses droits en quelques semaines… Tamara attend donc la réaction du parquet, qui ne saurait tarder, car les dires d’Ana sont criants de vérité. L’enfant mime les faits qu’elle rapporte et revient de chez son père avec les traces sur son corps des violences dénoncées….

MAIS LA JUSTICE NE FAIT RIEN… si ce n’est permettre à nouveau à Gérald de retourner la situation contre la mère…

Et en dépit de 6 signalements judiciaires alertant le Procureur sur la crédibilité des dires d’Ana, aucune enquête sérieuse n’aura lieu…

Le procureur met plus d’un an à auditionner Gérald qui entre temps peut arguer auprès du Juge des enfants que les faits sont « irréels » puisqu’il n’a même pas été entendu ! Et c’est avec cet argument ainsi que les 2 expertises judiciaires à charge contre Tamara qu’il obtient que des investigations soient menées, visant Tamara ! Celle-ci, sur les conseils de 2 psychologues et les dires d’Ana ne laissant plus de place au doute, a cessé de la confier à Gérald. L’enfant, dès qu’elle ne séjourne plus chez son père, va mieux, retrouve son sommeil, sa joie de vivre, tandis que les maladies qu’elle faisait à répétition cessent…

Mais l’enquête du Juge des Enfants est à charge contre la mère et les associations lui conseillent alors d’enregistrer ses entretiens, ce qui va révéler de graves fautes commises par la Justice.

En effet, lorsque Ana est entendue, on lui demande 26 fois en 15 minutes si « c’est maman qui raconte ça ? », puis, alors qu’elle dénonce les faits (« papa, il me met le zizi dans la zézette. Tous les jours il fait ça, ça fait très très mal, tu sais »), c’est le contraire qui est indiqué dans le rapport.

Son « c’est la vérité ce que je dis » se transforme en « c’est maman qui raconte la vérité » !

C’est à l’appui de ce rapport truqué que Gérald obtient la garde d’Ana, le 17 mars 2018, tandis qu’en juridiction pénale, des vidéos « Mélanie » disparaissent, des prélèvements sont détruits, et le Juge d’Instruction s’abstient de toute instruction… Tamara a alors le choix entre accepter qu’Ana aille vivre chez Gérald, ou fuir avec elle… ce qu’elle fait, ne pouvant se résoudre à livrer sa fille à l’homme que l’enfant accuse de viol.

Depuis, les décisions civiles se succèdent où la culpabilité pénale de Tamara est affirmée avant même son procès… Or, la loi en France ordonne à une mère de protéger son enfant, et ôte tout caractère délictueux aux actes nécessaires à la sauvegarde d’une personne (art 122-7 du Code pénal). Pourtant, la Justice, pour l’instant, refuse de reconnaître les erreurs commises dans ce dossier, à savoir que toutes les preuves de l’inceste dénoncé ont été passées sous silence dans les ordonnances judiciaires.

Le combat de Tamara n’est pas fini, même s’il dure depuis 9 ans et lui a déjà coûté 150 000€. Depuis 5 ans, elle vit cachée avec Anna et mène de front une autre bataille : vivre et vivre bien, en dépit de la clandestinité, pour que sa fille grandisse sans violence… N’hésitez pas à la soutenir !


De nombreuses mères ont également témoigné des dysfonctionnements judicaires.

L’assurance juridique : une option intéressante pour les victimes de violences intrafamiliales

L'assurance juridique : une option intéressante pour les victimes de violences intrafamiliales

Les victimes de violences intrafamiliales sont souvent confrontées à des démarches juridiques longues et coûteuses pour obtenir justice, protection, réparation. Les frais d’avocat, d’enquête, de procédure peuvent rapidement s’accumuler et peser lourdement sur le budget des victimes. Pour les personnes qui ont quitté leur agresseur, ces problèmes financiers se rajoutent aux traumatismes liés à la violence déjà subie.

L’assurance juridique est une option intéressante pour les personnes qui souhaitent se soulager des frais d’avocat.

Les victimes de violences intrafamiliales devraient le savoir pour en bénéficier si elles en ont besoin. Cette assurance permet de bénéficier d’une assistance juridique en cas de litige et de prise en charge +/- limitée des frais de procédure et d’enquête.

Elle peut être souscrite dès le mariage ou à tout moment ultérieur et peut être incluse dans une assurance habitation ou automobile ou souscrite de manière autonome.

Quand contracter une assurance juridique ?

Il est conseillé de souscrire une assurance juridique dès que possible, notamment dès le mariage. L’amour n’empêche en rien la prudence et le bon sens.

Si vous êtes déjà en situation de violence intrafamiliale et que vous envisagez de quitter votre conjoint, il est important de souscrire rapidement une assurance juridique pour vous protéger des éventuelles conséquences financières de la procédure de divorce ou de séparation. Les sommes montent très vite, les frais de justice (d’avocat) sont très élevés !

Combien coûte une assurance juridique ?

Le coût varie en fonction de plusieurs critères, tels que l’étendue de la couverture, le type de contrat, le montant de la franchise, etc. Le coût est souvent de moins de 10€ par mois.

Il est important de comparer les différentes offres proposées par les compagnies d’assurance pour trouver celle qui convient le mieux à vos besoins et à votre budget. Il est également possible de bénéficier de tarifs préférentiels en souscrivant plusieurs contrats d’assurance auprès de la même compagnie. Il est important de noter que les termes et les conditions de chaque contrat d’assurance juridique peuvent varier considérablement, il est donc essentiel de bien comprendre les clauses du contrat avant de souscrire. En gros, il faut lire les petites lignes…

Quels sont les bénéfices de l’assurance juridique pour les victimes ?

Les assureurs proposent en général les trois prestations suivantes :

  • Des informations juridiques délivrées par des juristes de la compagnie d’assurance, si on a quelques questions à poser.
  • L’accompagnement de l’assuré(e) dans un cadre amiable ou judiciaire : rédaction de mises en demeure, expertises, conciliation, si la procédure reste légère.
  • La prise en charge des frais de procédure : honoraires d’avocat, frais d’expertise en fonction des barèmes. Un avocat peut ainsi vous conseiller sur vos droits et vous représenter devant les tribunaux.

En somme l’assurance juridique permet de bénéficier d’une assistance juridique assez large en cas de litige tout en vous évitant de supporter totalement les coûts importants d’une procédure judiciaire.

Attention, souvent l’assurance ne couvre pas toujours les premières démarches de séparation mais peut fonctionner dans le cas d’une révision des droits de visite ou de garde d’enfant par le JAF et fonctionne pour le pénal si plainte ou si plainte classée avec constitution de partie civile. Il faut la voir comme une prise en charge qui allège les frais de procédure et d’enquête mais qui ne les annule pas.

Quelles autres options existent pour recevoir une aide juridique moins coûteuse ?

Les frais liés aux démarches juridiques peuvent être pris en charge par l’État dans certaines situations, notamment lorsque la victime n’a pas les moyens financiers de faire face à ces frais. Les victimes de violences intrafamiliales peuvent ainsi bénéficier de l’aide juridictionnelle pour être assistées d’un avocat et pour que les frais de procédure soient pris en charge.

Il existe également la possibilité de faire fonctionner son assurance habitation pour payer partiellement les frais d’avocat, en cas de violence intrafamiliale lorsque la personne n’est pas partie de son domicile. N’hésitez pas à vous tourner vers la vôtre.


Vous trouverez de nombreuses autres ressources ici , par exemple « Le gaslighting, vous connaissez ? » ou encore « Violences sexuelles : des conséquences dévastatrices sur la santé des victimes« , et « La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage« ,…

Faut-il médiatiser son histoire de victime de violences sur les réseaux ?

Faut-il médiatiser son histoire de victime de violences sur les réseaux ?

De nombreuses victimes de violences intra-familiales se tournent vers les réseaux sociaux pour médiatiser leur histoire car elles sont confrontées à des situations où elles ne sont pas entendues par la Justice.

A la fois pour se défendre, pour dire leur vérité, elles prennent le risque d’exposer leur affaire, de manière anonyme ou non, espérant que cela leur apportera de l’aide.

Ces témoignages, bien que très difficiles à exprimer, sont nécessaires dans leur lutte contre les violences intrafamiliales qu’elles ont subies, car ils permettent de rendre visible des dysfonctionnements dont la société n’a pas conscience.

Cependant, ces publications médiatiques sont souvent reprochées à la victime lors des audiences. La Justice, et plus particulièrement la partie adverse, n’apprécient pas du tout cette mise en lumière et le zoom inusuel sur leurs pratiques. L’argument est que ces publications sont considérées comme une forme de pression sur le processus judiciaire, ce qui est faux. Déjà, c’est (hélas) leur donner bien trop de pouvoir…

Mais surtout, c’est passer totalement à côté de ces appels au secours. Les victimes ne médiatisent pas leur affaire pour avoir des likes sur les réseaux, elles ne cherchent pas à corrompre qui que ce soit. Elles le font pour se défendre car elles n’ont plus d’autres choix ! Elles se sentent acculées par les injustices.

Sans doute que dans une société où les victimes seraient entendues, où le principe de précaution aurait plus de poids que la présomption d’innocence, qui protège surtout les agresseurs, où les professionnels seraient formés aux principes de l’emprise et du contrôle coercitif, ces témoignages sur la place publique n’auraient pas lieu d’être. Seulement, on n’en est pas là.

Ces victimes utilisent simplement leur droit à l’information pour rendre publique leur affaire. Ce droit est fondamental pour leur permettre de se défendre et de lutter contre leurs agresseurs. Il permet également de sensibiliser l’opinion publique aux problèmes liés aux violences intra- familiales et de mettre en lumière les failles éventuelles du système judiciaire.

Idéalement, il faudrait que ces personnes soient soutenues par leurs avocats. Ces derniers pourraient avancer quelques arguments pour défendre les clientes à qui on reprocherait d’avoir médiatisé leur affaire.

  • Le droit à la liberté d’expression : En médiatisant son affaire, la victime exerce son droit à la liberté d’expression et cherche simplement à alerter l’opinion publique sur les violences qu’elle subit.
  • L’absence d’alternative : souvent les victimes de violences intra- familiales n’ont pas d’autre choix que de médiatiser leur affaire pour être entendues, surtout si la justice ne leur accorde pas la protection dont elles ont besoin.
  • L’intérêt général : Les publications médiatiques sur les violences intrafamiliales peuvent avoir un impact positif sur la société, en sensibilisant l’opinion publique aux problèmes liés à ces violences ou en brisant le tabou et la honte qui entourent ces violences, encourageant ainsi d’autres victimes à parler.
  • La sécurité de la victime : Dans certains cas, médiatiser peut également contribuer à protéger la sécurité de la victime. En rendant son histoire publique, la victime peut alerter son entourage et les autorités compétentes de la situation de violence qu’elle subit et ainsi obtenir une protection accrue.

Médiatiser ne doit pas être encouragé à tout prix, car le prix est parfois très important pour la victime si la Justice décide de lui faire payer son audace. Mais elle peut parfois être un moyen nécessaire pour faire entendre sa voix. Autre bénéfice, les victimes peuvent trouver un réconfort qui leur était jusqu’alors inaccessible, au travers des gens qui les suivent et les encouragent.

Médiatiser n’est PAS une action futile ou malveillante, elle est un appel à l’aide supplémentaire, justifié au vu du contexte.

Nous encourageons la Justice à prendre en compte ces publications comme une partie intégrante du processus de défense des victimes et à reconnaître que la médiatisation leur permet de retrouver un peu de la confiance kidnappée par l’agresseur. C’est une forme de reprise de pouvoir, nécessaire après des années d’emprise.

De même, n’hésitez pas à soutenir la parole des victimes car elle est difficile à exposer.

Cela demande beaucoup de courage de dévoiler toutes les violences subies par ces femmes et/ou leurs enfants.


Vous trouverez ici les témoignages que nous avons recueillis.

Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP

Comment les agresseurs continuent d'utiliser discrètement le controversé SAP

On le sait, on le répète, le syndrome d’aliénation parentale (SAP) est l’invention d’un psychiatre du siècle dernier, Gardner, par ailleurs critiqué pour ses positions soutenant la pédocriminalité. Le syndrome d’aliénation parentale (SAP) est censé décrire un comportement continu de l’enfant qui rabaisse et insulte l’un de ses parents sans justification. Par exemple, un enfant qui accuse son père d’inceste…  Selon Gardner, ce comportement qui ne nuit qu’au pauvre père est dû à une combinaison de facteurs, dont l’endoctrinement par l’autre parent, la mère manipulatrice et toute puissante…

Depuis, la science est passée par là, il a été prouvé que ce concept de SAP n’a rien de scientifique et que ses arguments sont vagues et subjectifs, sans parler du biais négatif important contre les mères qui dénoncent les abus.

Malgré sa nullité scientifique, le SAP reste un argument apprécié des avocats peu scrupuleux ou misogynes, ainsi que des « experts » et travailleurs sociaux. Mais depuis que des associations, des psychiatres compétents et d’autres professionnels éclairés dénoncent ce faux syndrome et ses conséquences dévastatrices sur les victimes, ces mêmes personnes tentent de jouer profil bas. Elles ont compris qu’il était facile de décrédibiliser cet argument, alors elles le contournent.

Fini le syndrome d’aliénation parentale ! Bienvenue… les synonymes !

La mère n’est plus aliénante. Elle est trop fusionnelle, trop rigide, sans concession, trop protectrice… Les mères influencent, insinuent, profitent, exploitent, utilisent l’enfant pour se venger, l’étouffent… Elles mentent…

Ces expressions ne sortent pas de nulle part. Ce sont celles employées par les défendeurs des agresseurs, celles qui sont martelées lors des plaidoyers et qui convainquent les juges. Sans aucune preuve et visiblement sans aucune honte non plus, ils accusent la « toute puissance maternelle » de n’avoir de cesse que briser la vie des pauvres agresseurs innocents…

S’appuyant sur une vision patriarcale de la société, ces gens affirment avec conviction que la mère place l’enfant dans un conflit de loyauté, qu’elle est atteinte du syndrome de Münchhausen (pour varier les plaisirs), qu’elle transfère son vécu et ses propres angoisses parce qu’elle est paranoïaque, surprotectrice, projective, toxique… Le champ sémantique de la folie est largement exploité :  hystérique, dépressive, manipulatrice. Bref la mère doit se faire soigner…

Voici un extrait de la plaidoirie de la partie adverse d’une maman protectrice, qui a tout perdu suite à cela :

« Madame ose MENTIR ». « Elle veut ÉLIMINER le père de la vie et du cœur de son fils ». « On demande à la justice de supprimer le père » « C’est un homme faible qui se couche devant la puissance de madame ». « Il n’y a qu’une seule façon de sauvegarder l’enfant et faire cesser cette puissance maternelle aliénante ». « Madame développe une argumentation délirante et fantasmée ». « Ce n’est pas la Cour qui va pouvoir lui donner le remède adéquat mais un autre professionnel, elle devrait consulter ». « Il y a beaucoup de choses d’affabulées et destructrices ». « Madame crée des scènes et des histoires inventées »

On pourrait en rire si ce n’était pas aussi pathétique et destructeur pour les victimes.

Il faut en finir avec ce syndrome d’aliénation parentale et toutes ses variantes anti-victimaires, non scientifiques invoquées dans les tribunaux.

Dans son rapport, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) préconise de proscrire le concept de syndrome d’aliénation parentale de tout l’appareil judiciaire. Elle rappelle que cette théorie, qui n’a pas de reconnaissance scientifique dans aucune classification internationale (ni à l’OMS ni au DSM américain), met en danger des enfants victime d’inceste.

Alors pourrait on enfin passer d’une culture de domination des femmes et des enfants à une culture de la protection ?


Vous pouvez aussi télécharger notre livret gratuit « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« , il fournit des ressources utiles pour les victimes. Et consulter notre articles sur le « Profil des agresseurs, dans les violences sexuelles faites aux enfants« .