Témoignage de Julie, mère protectrice à qui on a retiré la garde de sa fille

Témoignage de Julie, mère protectrice à qui on a retiré la garde de sa fille

Julie rencontre John sur un site de rencontres amicales et ils randonnent souvent ensemble. Il s’intéresse beaucoup à elle, occupe le terrain. Il est gendarme réserviste, Julie se dit qu’il protège les gens, qu’il est honnête et droit et qu’on peut lui faire confiance. Ils se mettent en couple, la jeune femme s’installe chez lui dans la foulée.

Rapidement, John montre des aspects plus négatifs, il voit tout en noir, le monde est dangereux, les femmes vicieuses. Julie, totalement sous emprise, se met à voir la vie avec ses yeux, elle est stressée. John l’isole progressivement en lui expliquant qu’il faut qu’elle se méfie de tout. Et puis, cette agressivité constante se retourne également contre elle. Les remarques s’accumulent, les moqueries, la violence verbale.

Mi 2018, un projet bébé voit le jour.

Julie est enceinte. Mais au lieu de la joie de cette nouvelle, ce sont les violences qui explosent. Les reproches sont constants, Julie n’est jamais assez bien, mauvaise ménagère, trop féminine, elle ne mange pas assez bien, elle dépense trop… John se met à tout contrôler, les finances, les sorties, les relations.

Elle gagne pourtant plus d’argent que lui mais son autorité prévaut. Comme selon John « la grossesse n’est pas une maladie« , Julie se fatigue à la tâche impossible de lui plaire et finit par être arrêtée à 7 mois de grossesse. Quand leur fille nait, Julie est épuisée. John n’est d’aucune aide, d’aucun soutien. C’est même l’inverse. Dans sa bouche, Julie devient aussi « une mauvaise mère« …

Julie réalise qu’il y a quelque chose qui cloche dans la relation mais elle a honte et ne sait comment s’en sortir. Elle subit ses exigences et fait de son mieux pour protéger sa fille des colères de son père, qui n’a aucune empathie, aucun geste tendre même quand elle chute des escaliers. Tout est prétexte pour assoir sa tyrannie. Il menace : « si tu te barres un jour, je te tue toi et ta fille« .

Julie est tellement crevée qu’elle n’a plus de recul pour penser. Et puis un jour, en juin 2021, en changeant sa fille, elle constate que son sexe est différent, plus béant. Elle se dit que ce n’est rien. Mais plusieurs jours plus tard, c’est sa maman qui s’étonne de cet aspect anormal. Alors elle consulte un médecin qui confirme l’état maltraité de la vulve. Le lendemain, elle porte plainte et prend la décision de partir.

A ce moment, Julie a encore du mal à imaginer que John puisse être responsable de violences sexuelles sur leur fille, même si elle en subit elle-même régulièrement. Elle penche pour les parents de John, très toxiques.

Julie déménage aussitôt chez ses propres parents, terrifiée et craignant le pire. Elle saisit également le juge aux affaires familiales (JAF) et une avocate. Celle-ci lui suggère de continuer à remettre sa fille au papa. Julie, la mort dans l’âme, suit ce conseil. Le verdit du JAF tombe : garde alternée. Julie obtempère et sa fille séjourne chez son papa. Quand elle rentre, elle fait des cauchemars à propos de son père. Cette petite fille de 2,5 ans parle du « jeu de la baise » ou explique que son père lui « touche le pipi et que ça fait mal ».

De fait, la petite fille ne va pas bien.

Chaque fois qu’elle revient de chez son père, elle est bouleversée. Julie porte plainte à nouveau mais la même avocate lui conseille de ne pas parler de ces accusations car sinon, elle va perdre la garde. Selon elle, les accusations d’inceste sont une preuve pour les juges de l’esprit manipulateur des mères. A l’audience, Julie rapporte les phrases de sa fille et la JAF répond : « il y a des enfants qui mentent« .

Elle ordonne une garde partagée et demande une expertise psy pour la famille car, à l’inverse, l’avocat du père accuse Julie d’avoir le syndrome de Münchhausen. C’est une forme grave de maltraitance où un adulte (souvent une femme) feint, exagère ou provoque des problèmes de santé sérieux chez un enfant, dans le but d’attirer l’attention et la compassion.

Lors de l’expertise psy, Julie parle des révélations de sa fille et des douleurs mentales toujours présentes chez elle suite à sa relation avec John. La psy confronte le père. En juin 2022, le JAF a entre les mains l’expertise à charge contre le père (comportement passif agressif, narcissique et qui ne nie pas clairement les faits).

Pourtant, le JAF n’en tient pas compte et demande, malgré les récriminations des avocats, une nouvelle expertise en nommant un spécialiste connu pour ses prises de positions misogynes. Julie prend contact avec une pédopsy adoubée par des tribunaux pour qu’elle entende son enfant. Le rapport qu’elle lui remet après la consultation est édifiant. Les mots de la petite fille sont affreux et explicites. Elle ne peut pas inventer.

La psy conseille à Julie de ne plus remettre l’enfant au père et fait une information préoccupante.

Julie commence alors de la non-représentation d’enfant (NRE) et dépose une main courante où elle apporte le rapport de la psy comme motif. En aout, elle est convoquée au commissariat et reçoit en parallèle un texto de John qui dit « Rendez-vous au commissariat« . Elle comprend que le délibéré a eu lieu sans qu’elle ne soit informée et qu’il est favorable au père.

Verdict ? Garde exclusive chez le père. Le JAF n’a pris en compte que la plainte de monsieur contre les NRE… Nulle part n’est mentionnée le rapport de la psy. Julie est forcée de remettre sa fille au père.

Julie saisit aussitôt le juge des enfants mais celui-ci refuse de traiter l’affaire, il argumente que le JAF a déjà traité le dossier. Il ordonne un suivi psy du Centre Médico-Psychologique. Julie change d’avocat car elle réalise qu’elle a été très mal accompagnée.

Depuis août dernier, elle est sensée voir sa fille seulement 2 heures deux fois par mois, en lieux médiatisés mais dans les faits, les visites ne commencent qu’en novembre. L’enfant continue de se confier dès qu’elle est seule avec sa maman. Alors Julie achète un enregistreur et consigne les propos de sa fille : « papa ne me donne pas à manger« , « papa me fait mal« , « il me touche le pipi, il ne me laisse pas dormir« , « il dit que je suis moche« . Elle dépose une main courante avec ces preuves.

Actuellement, cela va faire 6 mois que la fille de Julie lui a été retirée. 6 mois qu’elle vit chez son père dont elle dénonce le comportement. Aucun principe de précaution n’a été mis en place dans l’intérêt supérieur de l’enfant. Sa parole est bafouée et les conséquences immenses.

Julie attend le verdict de la cour d’appel prévu en avril 2023. Elle espère que la magistrate saura entendre et protéger son enfant ! Mais c’est très dur de vivre sans sa fille et de la savoir dans un endroit où elle n’est pas en sécurité corporelle, affective, psychologique. Aux maltraitances de son ancien compagnon, se sont rajoutées les maltraitances de la Justice.


Pour trouver des ressources concernant les violences sexuelles faites aux enfants, vous pouvez consulter notre document « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Vous pouvez consulter également le manifeste de l’association qui liste les dysfonctionnements en France ainsi que nos préconisations ; et signer notre pétition.

Je veux protéger mon garçon de son père violent et la Justice m’empêche

Témoignage Je veux protéger mon garçon de son père violent et la Justice m'empêche Victoria

Un mari violent

Victoria tombe amoureuse de Axel via une application de rencontre. Elle a 20 ans, lui 22 ans. Ils se mettent rapidement en ménage. Victoria enchaine les petits boulots alors qu’Axel a du mal à garder du travail. Elle le découvre colérique, il boit beaucoup.

Victoria, apeurée, se retrouve vite sous son emprise, jusqu’à accepter des actes sexuels qu’elle ne désire pas. Très exigeant, dominateur, il l’entraine dans des clubs échangistes, la contraint à faire l’amour avec d’autres partenaires. Lui-même a pourtant des problèmes réguliers d’impuissance qu’il ne vit pas bien et dont il fait porter le poids à Victoria.


L’autorité et la manipulation, Axel les connait bien car il a grandi sous la coupe d’un père difficile et violent.

Sa mère est décédée jeune et le mal être du garçon se confirme quand il fait une tentative de suicide un peu avant de rencontrer Victoria.

Comme souvent dans ces situations, Victoria prend en charge son compagnon, elle essaye de compenser les blessures liées à ses parents défaillants, elle paye tout, le loyer, le quotidien, elle travaille, elle supporte. Elle se définit alors comme « un bon petit soldat ».

Axel lui sombre dans l’alcoolisme et avec cette maladie, la violence s’installe, de plus en plus forte. Tout est une occasion de dénigrement, de rabaissement. Elle a peur de lui, de ses mots, il casse des trucs, il crie, la menace et l’accuse de tous les maux. Les viols conjugaux deviennent quotidiens, accentués par une sexualité problématique.


A cette époque, Victoria vit dans le déni de son propre mal-être, préoccupée qu’elle est à tenter de juguler la violence d’Axel.

Pour être heureuse, elle s’imagine maman. Axel accepte le projet d’un enfant et également l’assistance médicale nécessaire dû à ses soucis d’impuissance.

Si la grossesse se passe bien, Victoria doit supporter Axel, qui ne travaille pas beaucoup et qui prend des cachets pour soigner son anxiété. Leur fils Louis arrive en juin 2012. Deux mois plus tard, le jour de l’anniversaire de sa mère décédée, il décide de les quitter, déclarant qu’il ne les aime pas.

Après un temps de déprime, Victoria réalise qu’elle est finalement mieux sans lui.

Elle reprend le travail et comme toute maman solo, accumule de la fatigue. Axel est aux abonnés absents, il rechigne à payer quoi que ce soit ou alors réclame des factures pour tout, les couches, les repas, etc… Au final, Victoria ne reçoit aucune aide.


En novembre 2013, exaspérée de devoir toujours lutter pour qu’il prenne ses responsabilités, elle lance une première requête auprès d’un Juge aux affaires familiales (JAF). Celui-ci statue qu’Axel a la garde un WE sur deux + la moitié des vacances et qu’il doit s’acquitter de 100€ de pension.

Si dans un premier temps, Victoria est heureuse de confier Louis à son papa, elle réalise rapidement que ce n’est pas si une si bonne idée que cela pour l’enfant, livré à lui-même. La crèche confirme le problème.

Alors en juin 2015, elle se tourne devant la Justice à nouveau. Elle dénonce l’insécurité dans laquelle se trouve son fils quand il revient de chez son père, épuisé, désorienté… Hélas, elle n’a pas les sous pour se payer un avocat et cela joue contre elle. Pire, le juge rajoute un mercredi supplémentaire de garde à Axel.


L’été 2016, la tante d’Axel, gendarme, prévient Victoria qu’elle va faire une information préoccupante contre son neveu car elle s’est rendue compte de dysfonctionnements. Louis est parti en vacances chez elle sans Axel. Et au retour de son fils, Axel fait une tentative de suicide devant lui. Victoria ouvre une nouvelle requête en décembre 2016 et l’autorité paternelle est retirée ainsi que ses droits d’hébergement.

Axel est sensé voir son fils 2h une fois par mois dans un lieu neutre jusqu’en mars 2018 où la fréquence augmente. Il ne viendra qu’à la moitié des visites et parfois alcoolisé.


En septembre 2019, il fait pourtant une requête pour retrouver des droits de garde car il se sent mieux.

La Justice lui redonne des droits progressifs. Il est un peu perdu, il a du mal à comprendre ses jours, débarque quand il ne le faut pas et réciproquement.

Et puis en novembre 2021, Louis rentre de chez son père très chamboulé. Il explique que son père l’a plaqué au sol violemment, l’a étranglé parce qu’il faisait trop de bruit. Quelques mois plus tard, il surprend son père en plein ébat sexuel. Victoria porte plainte contre ces faits traumatisants mais ces accusations lui valent une amende de 200€ ! Elle fait la supposition que c’est dû à la tante gendarme.

A l’audience JAF, plus tard, les droits de visites d’Axel sont limités à la moitié des vacances car il a déménagé sans prévenir personne. On lui demande de payer 60€ de pension (alors qu’il ne payait pas celle d’avant).


La violence sur Louis recommence, l’exhibition sexuelle aussi.

Victoria ne porte plus plainte car elle voit bien qu’on ne l’écoute plus. Elle en parle à l’AEMO mais ils ne font rien. En juin 2022, l’école appelle, Louis est en pleurs car il a peur d’aller en vacances chez son père. La mairie fait une information préoccupante.

Au rdv suivant avec l’AEMO, Victoria emmène son fils qui y dessine un grand bonhomme et un petit rayé. Il dit que si il n’était pas là, il n’y aurait plus de soucis.
La médiatrice présente ne réagit pas. Louis refuse désormais d’aller chez son père. Victoria appelle le 119 enfance maltraitée qui lui conseille d’avoir un certificat médical pour faire une non représentation d’enfant ou d’aller aux urgences pédiatriques.

Elle part aux urgences où la psy constate qu’il ne va pas bien. Victoria refuse alors de remettre Louis à son père puis contacte l’AEMO. Ces derniers décident à leur tour de garder Louis 3 semaines dans leur centre.

Louis se sent protégé. Sa mère vient le voir régulièrement et lui apporte des affaires. Cependant, au fur et à mesure, les droits de visite de la maman s’amenuisent étrangement.


Une audience a lieu en urgence le 25 juillet et là, Victoria apprend que Louis est placé car il y a « un trop fort conflit parental ».

Cela fait 10 ans que Victoria est séparé d’Axel. De plus, pendant la séance, Louis intervient grâce à son avocat : « moi j’ai une vie à vivre, je ne veux pas être placé ». Il rajoute « je ne veux pas aller chez mon père, je veux aller chez maman ».
Rien n’y fait. Plus tard, en consultant les dossiers, Victoria verra un mail ayant circulé entre la psy et la juge qui avaient peur qu’elle kidnappe son fils !

Victoria fait appel et en novembre 2022, Louis peut revenir à la maison un WE sur deux chez sa mère. Hélas, l’Aide Sociale à l’enfance (ASE) intervient et décide que le père a le droit à des visites libres et que la mère non car elle est trop stressée…

Le 18 janvier 2023 aura lieu l’audience des 6 mois de placement. Victoria espère de tout son cœur l’arrêt du placement car son fils ne va pas bien. A la difficile situation qu’il vit, s’ajoutent des violences à l’école, du harcèlement et sans surprise, des soucis scolaires. Même sa famille d’accueil est intervenue. Inversement, l’ASE juge que Louis se pose en victime…

Partagez l’histoire de Victoria pour aider Louis à rentrer chez sa maman, comme il le demande.


Pour mieux comprendre ces dysfonctionnements, nous vous conseillons la lecture des articles Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité, En France protéger l’enfant est puni de prison et de menaces de placement de l’enfant ainsi que notre manifeste.