Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Un père a assassiné ses trois filles (4, 10 et 11 ans) dont il avait la garde pour le week-end, malgré une condamnation pour violences familiales

Ce père de 41 ans, auparavant reconnu coupable de violences conjugales, s’est rendu ce dimanche dans un poste de police à Dieppe, en Seine-Maritime. Il a confessé avoir assassiné ses trois filles chez lui, dans le Val-de-Marne, évoquant le motif de « la crainte de ne plus les voir ». Il avait échangé dans la soirée des mails conflictuels avec la mère et a pris dans la foulée la décision de les tuer.

En 2021, ce père avait été condamné à une peine de prison, incluant un sursis probatoire, pour des actes de violence envers sa conjointe et ses enfants.

Malgré une interdiction de contact avec les victimes, cette restriction avait été levée fin septembre 2022 pour faciliter l’exercice de ses droits parentaux… Il avait accompli une partie de sa peine sous surveillance électronique et avait suivi un stage de responsabilité parentale et un suivi psychologique.

Depuis, on sait que de nouvelles violences (non rapportées officiellement par la mère des enfants) avaient eu lieu, révélant un contexte familial toujours tendu. De plus, curieusement, le soir de la confession du père, le domicile de la mère a été cambriolé, un événement qui se rajoute à l’enquête (dissimulation de preuves ?).

En plus de cette funeste tragédie, ce triple infanticide soulève des questions troublantes et révélatrices de problématiques systémiques.

Premièrement, pourquoi un père, craignant de perdre le contact avec ses enfants, choisit-il de les tuer plutôt que de chercher à maintenir ou restaurer cette relation ?

Cette décision extrême pourrait indiquer un désir de contrôle absolu ou un acte de vengeance envers la mère des enfants, supérieurs au bonheur de sa parentalité et à la vie de ses trois filles.

Deuxièmement, on peut questionner la décision du père de se rendre aux autorités au lieu de se suicider, ce qui est la suite la plus fréquente observée lors de drames similaires.

Évidemment, aucune de ces attitudes n’est la bonne, la seule façon humaine de se comporter aurait été de ne pas tuer ses enfants. Mais cela semble néanmoins révéler un désintérêt pour les conséquences de ses actes. La prison ne lui fait pas peur. Ce n’est pas un frein versus l’exercice de sa domination et de sa capacité à nuire, même au-delà de la mort de ses filles.

Ces comportements et décisions, loin d’être rationnels interrogent sur la logique personnelle déviante des agresseurs et des meurtriers. C’est très difficile à comprendre et pourtant, le nombre des violences intrafamiliales qui ne cesse d’augmenter indique la fréquence de ces raisonnements.

Enfin, ce triple infanticide suscite des interrogations légitimes sur la manière dont le système judiciaire évalue la capacité parentale d’une personne ayant un passé de violence.

Pourquoi la justice actuelle estime-t-elle qu’un homme qui a été condamné pour violence est quand même un bon père ? Comme si la violence s’était évaporée…. L’idée sous-jacente est qu’une personne peut être un parent compétent malgré des antécédents de violence. Dans ce cas, la décision de justice a peut-être considéré la participation à des programmes de responsabilité parentale ou de suivi psychologique comme un changement positif de la capacité parentale ?

Mais pourquoi maintenir des liens parent-enfant, après des violences graves ? La sécurité de l’enfant ne devrait-elle pas être la priorité absolue ? Un passé de violence est toujours un indicateur d’un risque potentiel !

Il aurait certainement fallu vérifier si les fameux changements liés au suivi psy avaient eu lieu ! Car participation ne signifie pas révélation… Un travail d’évaluation des risques devrait être obligatoire. Surtout que la récidive dans les cas de violence familiale est malheureusement courante, et les programmes de réadaptation ne garantissent pas un changement de mentalité.

La preuve…

Il est crucial de s’interroger sur la manière dont les antécédents de violence sont évalués et pris en compte dans les décisions judiciaires.

La parole des victimes qui n’est déjà pas tellement prise en compte avant les jugements disparait totalement après l’exécution des peines, alors qu’elle devrait être la garante de l’effectivité du changement.


👉 https://www.tf1info.fr/justice-faits-divers/triple-infanticide-dans-le-val-de-marne-leur-pere-reconnait-avoir-tue-ses-filles-2277573.html

👉 https://www.sudouest.fr/faits-divers/val-de-marne-un-homme-se-denonce-apres-avoir-tue-ses-trois-enfants-deux-ont-ete-retrouves-morts-17604724.php

👉 https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/val-de-marne-le-pere-meurtrier-avait-administre-un-somnifere-a-ses-filles-avant-de-les-tuer-28-11-2023-PWOLRGQ3D5C2XHWS7OCEBCDCGI.php

👉 https://france3-regions.francetvinfo.fr/paris-ile-de-france/val-de-marne/un-pere-de-famille-avoue-le-meurtre-de-ses-enfants-a-alfortville-deux-deces-ont-ete-confirmes-2879342.html


Pour comprendre les mécanismes de la violence et la stratégie des agresseurs et comment y faire face, vous pouvez lire « Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants« , « Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP« , « La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage » , et notre Manifeste.

Ana Madet, victime d’inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans

Ana Madet Victime d'inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans, Attention contenu très sensible

*** Attention contenu très sensible ***

Les premiers souvenirs d’Ana remontent à ses 5 ans.

Pour elle, c’est à partir de là que son enfance est devenue une torture au quotidien, traversant toutes les formes de violences, physiques, psychologiques, sexuelles et même économiques. Elle se souvient des coups, des douches froides, des tirages de cheveux, des humiliations, des menaces… Et bien sûr de l’inceste. Quand son père rencontre sa mère, il a déjà un enfant d’un premier mariage. Mais il a abandonné cette famille sans se soucier de leur avenir. La maman d’Ana est une femme brillante, qui a réussi à s’extraire d’un milieu modeste, qui reste fragile, pleine de doutes, manquant de confiance en elle. Elle tombe enceinte rapidement d’Ana.

La petite fille grandit avec une maman travailleuse, un père très absent. Elle est couvée par des grands-parents aimants.

Son père manifeste toujours un comportement violent et sa maman finit par vivre sans lui.

Il s’agit d’une séparation un peu floue où il réapparait de temps à autre. Sa maman tombe à nouveau enceinte. Parallèlement, elle se retrouve mutée en Creuse et c’est à cette période que son père décide de revenir au foyer et de les suivre dans cette nouvelle région. Il culpabilise sa mère : « je quitte tout pour toi donc tu vas tout gérer« . Effectivement, il ne travaillera plus. Son rôle sera donc uniquement de s’occuper des enfants. C’est cela qui lui donnera les pleins pouvoirs pour se conduire de manière abjecte sous couvert de père modèle.

Comme souvent avec les manipulateurs, il commence par isoler la maman et la retourne contre sa famille.

Quant à Ana, l’arrivée de son père dans son quotidien transforme sa vie en cauchemar.

En plus des nombreuses maltraitances psychologiques, les violences sexuelles font leur apparition.

L’inceste s’installe progressivement. Son père commence par s’occuper de sa toilette intime, il va lui mettre des doigts dans l’anus pour « bien nettoyer« . Il lui montre son pénis et a des questions manipulatrices :  » tu regardes, ça te plait ? « .

Ana a conscience que ce n’est pas normal car aucun autre adulte n’agit ainsi. Mais il lui fait du chantage : « c’est notre petit secret« , ou la manipule pour l’inclure dans la responsabilité de ce qu’il se passe : « Faut qu’on arrête nos bêtises, ça ne se fait pas, faut que ça s’arrête, je compte sur toi.« 

Il est donc très conscient du mal qu’il fait. Et il continue en passant à des gestes masturbatoires. La petite fille ne comprend pas ce qui lui arrive.

A côté de cette violence sexuelle, il tient des propos très toxiques sur le corps : « tu devrais moins manger pour être belle« .

Un peu avant l’adolescence, il impose les premières fellations. Il la « complimente » : « tu fais ça mieux que maman« , ce qui a pour conséquence de verrouiller encore plus la parole, par un effet de culpabilisation malsaine.

L’inceste quotidien ne cesse jamais de s’empirer. Il finit par sodomiser Ana, sans précaution aucune, de manière douloureuse et régulière. Et là encore, il rajoute : « Maman, elle n’aime pas ça« . Quand l’adolescente se plaint de blessures anales, il l’emmène chez un médecin. Il reste toujours présent pendant les consultations.

Le médecin ne voit que ce papa attentionné qui oriente le diagnostic vers des soucis de constipation et il lui dit qu’ « il faudrait qu’elle mange mieux« .

Vers les 15 ans de la jeune fille, son père finit par lui imposer des pénétrations vaginales (sans protection). Il se pose alors en professeur de sa sexualité « pour rendre son futur mari heureux« .

Il est possessif, parano, il cherche à tout contrôler et lui fait écrire une lettre où elle doit s’engager à ne parler à personne au lycée… Il va jusqu’à la surveiller pour vérifier. Et bien-sûr, les violences physiques ne sont jamais loin, toutes les semaines, Ana se fait taper dessus.

Vers 16 ans, Ana trouve le courage de s’opposer.

Un jour où ils se rendent ensemble au Maroc voir la famille de son père, il réclame des relations, parce qu’il se sent « nerveux » de retourner dans son pays. Elle lui dit « je n’ai pas envie, ça me dégoute, ce n’est pas bien ». Il rétorque : « Mais ce n’est pas le problème, j’en ai besoin là « .

Jusqu’à présent, Ana s’était protégée en se construisant une certaine logique de survie :

« Si j’accepte, il ne va pas me frapper.  Il continue parce que je ne dis pas non… »

Elle réalise qu’il se fiche complètement de son « consentement » et que les rares gentilles phrases auxquelles elle se raccrochait pour supporter cet enfer n’étaient que des mensonges.

A la même époque, sa mère qui subissait également cette violence commence à se rebeller également.

Les humiliations constantes deviennent insupportables. Elle aimerait partir.

Pour Ana, ce sont les études qui la sauvent car en quittant le foyer pour la Fac, l’inceste cesse.

Mais elle tombe dans une forme d’hypersexualisation, elle tombe « amoureuse » facilement, elle est dans une performance sexuelle maladive et perturbante.

Son rapport à l’alimentation est aussi compulsif. Ana fait face au surpoids, aux cauchemars, à une maladie de la thyroïde…

Elle constate que ça ne va pas.

En 2013, sur une impulsion, elle en parle à un amoureux, qui la croit immédiatement et qui lui apporte son soutien.

Elle en parle ensuite à sa mère, qui tombe des nues devant l’indicible horreur. Sa mère la croit aussi. Entourée de gens aimants, en juillet 2013, Ana décide alors de porter plainte. Elle a besoin que ça se sache, besoin de réparation aussi.

Au commissariat, elle est entendue et crue (au bout de 8 heures d’audition, avec des policiers pas franchement aimables au début et désolés à la fin). Pourtant ils conseillent à Ana et à sa mère de faire comme si rien n’avait changé.

Ainsi la maman est incitée à rester chez elle et à protéger au mieux la sœur d’Ana pendant que les policiers montent un dossier.

Les délais judiciaires étant hyper longs, cette situation dure des mois. Puis en février 2014, le père est convoqué au commissariat où il est confronté à toute la famille. Ana et son frère témoignent, ainsi que la mère. C’est une épreuve pour tous car le phénomène d’emprise est toujours actif. Même la petite sœur se retrouve auditionnée, elle que sa famille avait tenté d’épargner. Elle sortira en disant : « on a mis papa en prison« . Effectivement, il est incarcéré dans la foulée pendant 2 ans. Et même si l’emprise continue sur la mère et la petite sœur de la prison, c’est une étape symbolique.

Hélas, il sort au bout de 2 ans, en liberté surveillée en février 2016.

Il doit pointer et ne jamais se rendre dans le département d’Ana.

Rapidement après, il tombe malade et meurt en aout 2017. Ana ressent des émotions complexes, avec une forme de tristesse, un grand soulagement mais aussi l’horrible frustration d’une absence de procès et par conséquent d’une terrible impunité.

Ana témoigne à visage découvert parce qu’elle souhaite passer des messages importants aux victimes :

  • Gardez espoir. Si vous vivez l’enfer, ce ne sera pas toute la vie. Survivre pour lutter plus tard est possible ;
  • Autant que possible, libérez votre parole.

Quant à l’entourage, croyez les victimes.

Acceptez leur parole et entrez en vigilance pour les aider. Soyez courageux pour ne pas rajouter de la violence à ce que ces personnes subissent déjà.

Ne détournez pas le regard.


Vous pouvez consulter notre guide « prévenir et agir contre les violences sexuelles« .

Si vous êtes un professionnel vous pouvez télécharger l’outil de formation de la Ciivise (Violences sexuelles faites aux enfants : repérer et signaler. » Livret de formation des professionnels « Mélissa et les autres »).

Violences intrafamiliales : 158 policiers et gendarmes, condamnés, ont été écartés du contact avec le public…

Violences intrafamiliales : 158 policiers et gendarmes, condamnés par la justice, ont été écartés du contact avec le public en un an

…en un an

Fin septembre, le ministère de l’Intérieur a affirmé à France Info que 158 membres des forces de l’ordre ont été « écartés du contact avec le public » car ils avaient été condamnés par la justice pour des violences intrafamiliales.

Face à l’impunité remarquée des membres violents de la police, gendarmerie, armée, etc., le gouvernement avait promis plus de justice…
Une instruction du ministre de l’Intérieur passée le 2 août 2021 proclame :
« Tout policier ou gendarme définitivement condamné pour violences conjugales ne doit plus être en contact avec le public dans l’attente de la décision du conseil de discipline ».


C’est une bonne nouvelle, dans un cadre où les policiers / gendarmes sont rarement punis de leurs comportements de violences intrafamiliales.
Ils profitent de leur situation privilégiée pour passer entre les mailles d’un filet déjà peu efficace…


Être un représentation de la loi violent augmente l’emprise sur les victimes.

On a tendance à faire confiance à un policier.
Cela rajoute de la peur au moment des violences.


C’est un obstacle de plus au dépôt de plainte car le policier a des relations, connait le système, sait comment se défendre.
La victime a peur de l’arme à feu comme outil de vengeance.
L’impunité doit cesser !


Les forces de l’ordre ayant exercé de la violence intrafamiliale doivent non seulement être écartées du public mais également punies par la loi.

Actuellement, l’omerta par la pression réduit au néant ceux qui dénoncent en interne les dérives. De plus, elle contribue à banaliser les violences. Arrêtons de privilégier la réputation des troupes à la morale, la justice et l’humanité.


https://www.francetvinfo.fr/societe/violences-faites-aux-femmes/info-franceinfo-violences-intrafamiliales-158policiers-et-gendarmes-condamnes-definitivement-ecartes-du-contact-avec-le-public-en-un-an_5377216.html

Vous pouvez consulter ici le Manifeste Protéger l’enfant.