Syndrome de la bonne et de la mauvaise victime

Syndrome de la bonne et de la mauvaise victime

Une victime, c’est une victime. Hélas, dans les faits, il y en a des bonnes et des mauvaises…

Cette idée offusquante peut sembler irréelle, pourtant, on l’observe tous les jours. A chaque nouvelle affaire de violences sexuelles, l’opinion publique s’empresse de juger l’histoire et ses protagonistes selon des critères peu avouables, souvent sexistes. Un bon exemple est le super médiatique procès qui opposait Amber Heard et Johnny Depp.

Le monde entier est devenu expert en violence intra-familiale. Les gens SAVAIENT qui était coupable ! Et cette omniscience populaire commentait partout qu’Amber Heard ne pouvait PAS être une victime. Peu aimable, ayant eu également des comportements violents, une santé mentale fragile, largement moquée sur les réseaux sociaux, la parole d’Amber n’a eu aucun poids face à celle du pauvre (et beau) Johnny Depp…

Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est capable d’avoir des comportements violents ou toxiques qu’on ne peut pas être victime soi-même de violence conjugale. Il y a des personnes qui ne réagissent pas (les « bonnes » victimes, celles qui agissent comme la société l’imagine) et puis d’autres qui finissent par se défendre, en utilisant parfois des procédés similaires à leurs agresseurs.

Et là, tout le monde a un avis sur ce qu’il aurait fallu faire : réagir plus tôt, partir, demander de l’aide, s’habiller autrement, protéger ses enfants… Hélas, si c’était aussi simple, cela se saurait. La liste est longue des mécanismes qui font que les victimes subissent le pire. Cette apparente acceptation de la violence peut venir de dépendance économique, d’isolement familial et social, souvent organisés par le conjoint pour dominer et contrôler.

Parfois, la victime, de par une enfance personnelle difficile, a pu développer une dépendance affective, une idée du couple faussée.

Elle est résignée ou fataliste face aux rapports de sexe et à la vie conjugale. Sans parler des manipulations puissantes de son agresseur, de son emprise, qui multiplie les ruses pour fragiliser la victime. Enfin, si on ajoute la méconnaissance des structures d’aide, le mauvais accueil des professionnels censés venir en aide, une immense partie des victimes ne peuvent ni envisager des solutions de « sortie » ni les mettre en œuvre.

Mais la société n’entre pas dans le « détail » de toutes ces considérations. Selon l’adage simpliste populaire, « quand on veut, on peut » ! Les gens condamnent alors rapidement les personnes qui n’ont pas réagi, preuve selon eux qu’elles ne sont pas si innocentes…

De plus, en dehors des mécanismes méconnus de la violence intrafamiliale, les victimes se retrouvent classées également selon des images d’Épinal. La société se représente les « bonnes » victimes brisées, recroquevillées, avec des bleus… mais ce n’est pas représentatif de ce que vivent toutes les victimes.

Cette surreprésentation de la violence physique efface l’existence de violences psychologiques et sexuelles. Tout comme les représentations des hommes physiquement violents font oublier l’omniprésence de leur autoritarisme coercitif, de leur perversion narcissique, de leur toxicité…

Ce regard binaire biaise la représentation populaire des victimes mais également le regard que les victimes se portent aussi sur elles-mêmes.

Toutes ne s’identifient pas à la victime tuméfiée et ne portent pas plainte. Pour avancer, la société devrait s’attaquer aux violences globales : du harcèlement de rue à la violence économique, en passant par les violences psychologiques.

On a reproché à Amber Heard de se défendre de manière violente.

On pourrait donc penser que l’opinion publique condamne la violence sous toutes ses formes. Sauf que la société ne condamne pas autant celle des hommes dont l’impunité systémique nourrit pourtant leurs comportements délétères. Étrangement, toutefois, parfois de l’empathie surgit.

Quand la violence subie pousse les victimes dans leurs derniers retranchements et qu’elles utilisent à leur tour des comportements violents allant jusqu’au meurtre, les gens peuvent être compatissants. Ainsi, Valérie Bacot qui a fini par assassiner son mari (qui l’avait battue,

violée, prostituée pendant 24 ans) ou Jacqueline Sauvage qui a elle aussi tué son mari (qui a violentée 47 ans durant elle et ses enfants) ont été soutenues par l’opinion publique.

Dans ces rares cas, la société change de camp. D’un coup, on comprend, on évoque la légitime défense. Mais c’est au tour de la Justice d’être frileuse. Ces dossiers de meurtrières ET de victimes de violences conjugales sont considérés comme de simples affaires de crime.

Et la Justice applique la loi sans prendre en compte les circonstances. Peu importe les années de souffrance, ce qui compte c’est leur geste mortel. Ainsi, le droit pénal français refuse de consacrer le féminicide comme violence spécifique à un genre, pas plus qu’il ne prend en compte les conséquences des violences faites aux femmes. Pourtant, la Justice sait réprimander plus fortement les meurtres racistes ou homophobes… Mais pas la violence sexiste.

Finalement, une mauvaise victime, c’est simplement une femme.


Voir aussi https://journals.openedition.org/mots/22114

Voici l’histoire d’Adèle, mère en lutte…

Voici l'histoire d'Adèle, mère en lutte.... pour protéger ses 3 enfants contre leur père violent, incesteur et… militaire

…pour protéger ses 3 enfants contre leur père violent, incesteur et… militaire

Adèle rencontre Damien, qui est militaire, et tombe très vite enceinte ; c’est ce qui enclenche la décision de créer une famille ensemble. Salomé nait début 2010. Adèle constate rapidement de nombreux dysfonctionnements familiaux chez Damien. Et puis Damien est souvent en déplacement, alors elle prend sur elle. La vie continue, ils accueillent un nouvel enfant, Jacques.

Mais finalement 3 années de relation suffisent pour que la situation devienne étouffante. Damien devient menaçant. Les violences psychologiques s’installent et explosent à n’importe quel moment. Aux violences s’ajoutent un autre malaise.

Alors qu’elle s’apprête à accueillir leur troisième enfant, Adèle observe que sa fille Salomé se comporte étrangement. A moins de 4 ans, l’enfant essaie de glisser sa langue dans la bouche de sa maman pour faire des bisous…

Adèle soupçonne son mari de regarder des vidéos pornos devant Salomé. En analysant de plus près l’historique de l’ordi de son mari, elle tombe de haut. Non seulement le temps de visionnage est impressionnant mais surtout il s’agit de recherches de type pédopornographiques.

Suite à cette révélation qui a lieu au retour de la maternité, Adèle, déterminée à protéger ses enfants, décide de se séparer de Damien.

Quand elle l’annonce à ce dernier, il répond :

Tu es la seule femme que je n’ai pas réussi à briser.

Damien négocie immédiatement pour obtenir ce qu’il veut. Il est d’accord pour un divorce à l’amiable s’il peut rester gratuitement dans l’appartement avec eux le temps de trouver un appartement de fonction et si Adèle ne demande pas de pension alimentaire.

Il est décidé que les enfants résideront principalement chez leur mère.

Adèle veut bien tout accepter pour peu que le comportement de sa fille redevienne celui d’une petite fille de son âge. Pourtant, malgré la séparation, les choses n’évoluent pas en ce sens. Adèle se rend compte que ses enfants ont beaucoup de mal à gérer leurs émotions et semblent perpétuellement en colère. Ainsi, un jour où leur père les dépose chez elle, ils attendent, le visage tout blanc et quand le père repart, Salomé met son poing dans sa bouche et se met à crier.

Et puis un jour, Adèle surprend sa fille en train de faire un acte sexuel à son petit frère de 2 ans. Elle lui demande de cesser et Salomé répond : « Est-ce qu’il faut arrêter avec papa aussi ? », et elle parle à Adèle d’autres actes sexuels qu’elle a fait avec son papa. Adèle réalise avec horreur que ce n’est pas « juste » un souci de papa qui regarde du porno devant ses enfants. Un médecin lui conseille de se rendre à l’hôpital.

A l’hôpital on lui recommande de laisser les enfants aller chez lui pour ne pas que ça se retourne contre elle. Puis, ayant constaté la violence et l’hypersexualité de Salomé, l’hôpital porte plainte contre le père.

L’avocat d’Adèle conseille de saisir le juge aux affaires familiales (JAF) qui ordonne en mars une expertise psychiatrique, une enquête sociale, et des visites médiatisées.

Adèle est convoquée par la brigade des mineurs qui l’intimide et qui lui ordonne de se remettre avec son ex-conjoint militaire ! La brigadière est agressive. Elle finit par classer l’affaire soi-disant parce que la mère ne porte pas plainte (la plainte figure pourtant dans le dossier…)  alors même  que l’hypersexualité et la violence ont été constatés. Malgré la recommandation du défenseur des droits et le rapport de l’hôpital, lors de l’audience, le fait que la plainte soit classée sans suite joue en faveur du père, à qui on accorde un droit de visite classique.

Damien devient membre de SOS papa et devient très offensif : désormais, il souhaite avoir la résidence dans un autre pays en Europe où il a déménagé. Il accuse Adèle d’être une femme mensongère, folle et manipulatrice. Du coup, le JAF en déduit que s’il n’y a plus de preuves, il n’y a pas de problème ! Les enfants peuvent partir toutes les vacances chez leur père.

Le JAF suspend son jugement le temps d’avoir un rapport psychiatrique. Le père demande au juge des enfants (JDE) d’intervenir en évoquant le syndrome d’aliénation parentale. Ce dernier accepte de mettre en place une mesure judiciaire d’investigation éducative.

En parallèle, le père menace le pédo-psychiatre qui a  effectué 4 signalements de le poursuivre auprès de l’ordre des médecins. Dans le cadre de la mesure d’investigation par le JDE, les professionnels font un signalement accablant contre le père et attestent des traumas des enfants.

Le juge ordonne des visites médiatisées et demande des compléments d’investigations concernant le père.

Mais tout bascule lorsque le père contracte les services du médiatique et controversé Dr Paul Bensussan qui fait un rapport à charge contre Adèle, sans la voir, et sans voir les enfants.

Le JAF ne fera désormais référence qu’à ce rapport et ignorera les signalements et le jugement de protection du JDE. Coup de grâce, il transfère la garde totale des enfants à Damien, à l’étranger ! Adèle fait appel immédiatement, mais le mois suivant la justice confirme le jugement. Adèle part également à l’étranger.

Là-bas, le juge permet que les enfants voient leur mère un week-end sur 2 et réclame une enquête sociale. Celle-ci atteste que la mère est « normale » et le père très agressif. De son côté, Damien met en place la procédure abandon de famille : il essaye de détruire Adèle financièrement.

Damien continue de maltraiter ses enfants qui racontent la violence, l’hystérie, les cris… Damien ne soigne pas l’otite de Salomé qui perd une grande partie de son audition.

En juillet 2019, Adèle redemande la garde alternée. L’audience de février 2020 est reportée suite au Covid mais comme le JDE  continue de recevoir des signalements, il rouvre le dossier et demande un test psychologique.

Damien annonce alors son déménagement Outre-mer. Le JAF néglige le fait qu’il y a une investigation en cours chez le JDE et l’autorise à partir au bout du monde avec les enfants. Il accorde à Adèle 3 visites dans l’année. Elle s’envole donc en vacances avec les enfants l’été 2020, dans son pays natal. Mais Damien demande au JAF une interprétation du jugement en vue de supprimer les vacances de la mère, ce que le JAF valide… alors qu’Adèle est DEJA en vacances avec ses enfants !

Adèle essaie d’engager une protection depuis son pays natal, mais le père déclenche une procédure pour enlèvement international d’enfant, relatif à la Convention de La Haye. Cette convention place la mère protectrice dans la position du parent ravisseur présumé COUPABLE, et le père comme le parent victime. Aussi lorsqu’elle rentre en France avec ses enfants, elle est immédiatement mise en garde à vue pour enlèvement d’enfants, et ces derniers sont placés dans un foyer.

Les professionnels du foyer notent leurs inquiétudes pour les enfants qui révèlent les violences de la part de leur père. Ils  demandent que les enfants restent placés. Mais le JDE autorise le père à partir avec ses enfants Outre-mer (!) et demande juste une Action Éducative en Milieu Ouvert (AEMO) en plus de la  mesure judiciaire d’investigation éducative déjà ordonnée  plus tôt dans l’année.

Le père continue ses actions d’éradication de la mère et demande que tout contact entre des enfants et Adèle soit interdit.

Adèle n’a pas vu ni parlé avec ses enfants depuis presque 2 ans.

Les enfants pleurent et demandent des nouvelles : les services sociaux leur disent que leur maman les a abandonnés (c’est écrit dans le rapport). Ses lettres sont lues par les services sociaux aux enfants, ils n’ont pas le droit de lire eux même les lettres.

En janvier, horreur, Adèle est condamnée à 1 an de prison ferme exécutoire !

Sans aménagement de peine !

Elle s’attend à tout moment que la police vienne la transférer dans un centre de détention.

Adèle n’a JAMAIS été présentée comme une personne représentant un danger pour ses enfants, elle est une mère aimable, stimulante, stable et rassurante pour des enfants.

Il est déjà très compliqué de protéger un enfant  maltraité en France, il semble que ce soit presque impossible si les violences viennent d’un militaire. Dans ce dossier, ont été ignorés 22 signalements et de multiples plaintes durant 8 ans.

Il y a quelques semaines, un juge qui vendait sa fille sur les sites pédocriminels a été condamné à un an de prison…

Quel est le crime d’Adèle pour mériter cela ?

#JusticePourAdèle

Vous pouvez retrouver ici une interview d’Adèle dans Le Figaro.

Adèle est loin d’être un cas isolé, c’est pourquoi nous avions interpellé les candidats à la présidentiel. Désormais M. Macron vous avez été élu, félicitation, mais que comptez-vous faire à présent pour Adèle et toutes les mères dans sa situation ?

Des réformes sont urgentes, nous attendons une grande loi cadre sur le modèle de la loi espagnole.