9 livres pour mieux comprendre les mécanismes des violences intra-familiales

9 livres pour mieux comprendre les mécanismes des violences intra-familiales

9 livres enrichissants….

1. « Le berceau des dominations » Dorothée Dussy

Un incontournable ! Dorothée Dussy est une anthropologue, directrice de recherche au CNRS qui a enquêté sur l’inceste pendant 5 ans, notamment en rencontrant des auteurs d’agressions sexuelles incestueuses en prison.

« A la faveur du réel, et de la banalité des abus sexuels commis sur les enfants, l’inceste se révèle structurant de l’ordre social. Il y apparaît comme un outil de formation à l’exploitation de genre et de classe. »

Elle montre les enjeux de domination des incesteurs sur des enfants objet sexuel.

2. « Livre blanc sur la protection des enfants maltraités » REPPEA

Ce livre blanc a été réalisé par un groupe de travail du REPPEA – Réseau des Professionnels de la protection de l’enfance et de l’adolescence. Un livre pratique à partager, facile à lire car très court et clair. Il parle des dysfonctionnements de la protection de l’enfance en France, il propose des mesures et préconisations d’urgence. Pas mal de chiffres qui datent de 2015 et 2016 sur les violences sexuelles sont exposés en annexe grâce entre autres à une enquête du REPPEA.

3. « Déviriliser le monde » Céline Piques

Dans ce manifeste, Céline piques, présidente d’Osez le féminisme, tisse des liens entre textes de référence du patrimoine féministe et récits de luttes menées, pour ouvrir une réflexion critique sur la société patriarcale. Petit livre hyper intelligent, riche en ressources et en réflexions constructives ! Tout est clair, concis et le texte donne des pistes concrètes pour un monde plus égalitaire. C’est passionnant et on le recommande vivement à toute personne qui souhaiterait découvrir la pensée féministe radicale ou affiner sa réflexion.

4. « Défendre les enfants » Édouard Durand

Un juge des enfants qui respecte, aime et soutient vraiment les enfants victimes ! Nous, parents protecteurs, avons tou-te-s espoir que sa vision de la protection de l’enfance dans les institutions françaises influence les politiques pour que cette protection ne soit plus théorique mais réelle. Le juge rappelle une vérité toute simple : un homme violent n’aime pas ! C’est également un témoignage très éclairant sur la situation de la justice française et ses dysfonctionnements.

5. « Les mal aimées, L’inceste, un piège transgénérationnel » Caroline Bréhat

Un livre palpitant qui montre l’histoire vraie d’une femme qui survit et tente de protéger sa petite fille d’un mari et père pervers et dangereux. Écrit comme un road movie sur la voie de l’intime, avec justesse et délicatesse. C’est un livre à offrir facilement à son entourage, car il montre très bien ce que vivent les mères protectrices sans être trop technique. Caroline Bréhat parle d’inceste et de violences transgénérationnelles autrement, avec une jolie plume, courageuse, juste et haletante.

6. « La connaissance interdite » Alice Miller

Reconnue pour son travail révolutionnaire en psychologie et son approche novatrice dans le traitement des traumatismes d’enfance, Alice Miller explore les répercussions des traumatismes émotionnels et physiques subis pendant l’enfance sur la vie adulte. Elle aborde des sujets difficiles tels que la maltraitance, la violence familiale et les abus sexuels, avec une approche pleine de compassion et de compréhension. En lisant ce livre, vous pourrez découvrir comment les traumatismes de l’enfance peuvent affecter la vie adulte et comment il est possible de guérir de ces blessures émotionnelles.

7. « La fabrique des pervers » Sophie Chauveau

Sophie Chauveau raconte son histoire familiale : Comment une famille entière devient incestueuse…

« (Les agresseurs) sont sans conséquences car ils n’ont pas de conscience. L’autre n’existe pas ».

« L’inceste n’est pas une affaire de sexe mais de pouvoir… Le corps ne montre rien, ça fait partie du viol incestueux de ne rien laisser paraître. »

Quels sont les indices d’une famille incestueuse ? Une lecture passionnante montrant une famille bourgeoise parisienne dysfonctionnelle.

8. « En finir avec les violences sexistes et sexuelles » Caroline de Haas

Beaucoup de ressources pour pouvoir parler des violences sexistes et sexuelles. C’est un manuel d’action en trois parties pour prendre en main les situations de violence en sachant les repérer et agir pour faire cesser le danger.

La première partie identifie les violences afin d’appréhender leur ampleur dans notre vie quotidienne. La deuxième donne des pistes pour déchiffrer les mécanismes de la violence. La dernière apporte des éléments pour agir selon les circonstances : un auto-diagnostic, des clés pour aider une amie, une victime ou un enfant, mais aussi l’agresseur.

9. « Histoire du Consentement Féminin » Maëlle Bernard

Maëlle Bernard est historienne de la sexualité. Elle propose une très intéressante frise chronologique de l’histoire du consentement. A travers celui-ci, Maëlle parle des violences sexuelles, du viol, du mariage, du désir féminin et de l’évolution des lois. Ce livre se penche sur l’intimité des femmes et des hommes du passé. Ce travail sur le consentement à l’acte sexuel a reçu la mention spéciale du prix de la Société Française d’Études du XVIIIe siècle.


Vous pouvez également consulter nos articles précédents  » Livre « Mauvais père » : l’importance de la plaidoirie  » ou encore  » L’histoire du patriarcat en raccourci « .


Troubles de conjugopathie ? Un paravent bien pratique pour ne pas parler de violences intrafamiliales

Troubles de conjugopathie ? Un paravent bien pratique pour ne pas parler de violences intrafamiliales

Lorsque des conflits émergent dans un couple, il est fréquent de pointer du doigt les problèmes de communication et les désaccords de chacun. Et parfois, les membres du couple peuvent être diagnostiqués par des experts dépêchés par la Justice comme souffrant de « conjugopathie ».

Mais qu’est-ce que la conjugopathie ?

Est-ce réellement un trouble psychologique ? Et surtout, quelle est la véritable signification de cette accusation dans le cadre des violences intrafamiliales ?

La « conjugopathie » est un terme qui désigne un trouble psychologique qui serait lié à une incapacité à communiquer efficacement avec son conjoint ou sa conjointe. Ce concept a été popularisé par certains psychologues et thérapeutes de couple pour expliquer les difficultés de communication entre les partenaires.

Selon cette théorie, un ou les deux membres du couple souffriraient d’un trouble psychologique empêchant une communication efficace et provoqueraient des conflits et des tensions.

Si la conjugopathie peut peut-être exister dans un cadre de conflits conjugaux simples, elle devient un cache misère dans le cadre de violences intrafamiliales. En effet, cette accusation permet de ne pas nommer les vraies causes du problème, à savoir la violence. En utilisant cette notion, on évite de nommer les agresseurs et on continue à les considérer comme des victimes.

De plus, cette idée fausse selon laquelle les torts sont toujours partagés équitablement revient à dire que personne n’est responsable de la violence intrafamiliale.

Il est important de comprendre que la violence conjugale est un phénomène complexe qui ne peut pas être réduit à un simple trouble de communication. Il s’agit d’un comportement violent et contrôlant de l’un des membres du couple envers l’autre, qui peut prendre différentes formes (physique, psychologique, sexuelle, économique, etc.).

La violence conjugale ne se limite pas à de simples disputes entre 2 personnes, mais représente une situation où une personne exerce un pouvoir sur une autre.

Nommer l’agresseur et la violence qu’il déploie fait partie du travail de la Justice.

Or la conjugopathie est une accusation qui empêche de pointer les coupables et permet à l’agresseur de se dédouaner de sa responsabilité en faisant croire que la violence est partagée.

C’est oublier qu’il y a un agresseur et une victime. Les torts (et les conséquences) ne sont pas partagés équitablement.

Dans le cadre des violences, non seulement l’accusation de « conjugopathie » est une vision fausse des phénomènes de pouvoir qui s’exercent, mais elle ne profite qu’aux agresseurs.  Elle empêche les victimes de recevoir l’aide et le soutien dont elles ont besoin.

Les professionnels de la santé mentale doivent être formés pour repérer et aider les victimes de violence conjugale.

Tous les syndromes à l’emporte-pièce comme la conjugopathie, l’aliénation parentale devraient être remisés à la cave des concepts dépassés pour laisser place à une société plus juste et égalitaire.

A cause de ces faux diagnostics (qui accusent majoritairement les mères), au lieu d’être protégés, des femmes et des enfants victimes sont remis dans les mains de leur agresseur, avec le concours et la complicité d’un système qui devrait se remettre en question.
Bannissons la conjugopathie, la parentopathie et tous ces termes creux qui sont des arbres artificiels qui cachent la forêt des agresseurs…

Il est grand temps que la Justice, la police, les experts en tout genre se forment VRAIMENT aux phénomènes d’emprise, de domination, de manipulation pour protéger les victimes.


Nous vous conseillons également la lecture de l’article Le “SAP”, un phénomène pervers par excellence.

Témoignage d’Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux

Témoignage d'Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux.

Un père parfait en apparence

Heidi rencontre Lucas en 2014 et c’est le coup de foudre. Tous les deux ont déjà un premier enfant d’une précédente union.

Un an plus tard, ils emménagent ensemble. Heidi démissionne de son travail, change sa fille d’école et s’éloigne de ses amis pour s’installer chez Lucas. C’est à ce moment-là que la lune de miel se termine. Une fois Heidi avec lui, Lucas change de comportement. Sa violence explose, il enchaine les crises de colère, les cris, il est humiliant, il casse des objets et instaure un climat de peur. Dès la première semaine, Heidi comprend qu’elle a fait une erreur mais elle se sent coincée. Sans argent, sans travail, sans logement, avec sa fille à scolariser, elle n’arrive pas à s’extraire de cette dépendance. A cette violence psychologique, se rajoute la violence sexuelle de viols conjugaux.

Un mois après son arrivée, elle tombe enceinte. A l’annonce de cette grossesse, elle s’effondre, encore plus coincée. Lucas dit « on va l’assumer » et il lui fait acheter une maison. Alors dépitée, résignée, elle suit un petit espoir de fonder une famille normale. Mais pas de miracle. Heidi passe une grossesse seule et voit sa vie se compliquer davantage : Lucas contrôle tout, les finances, sa vie sociale…

Les crises augmentent en puissance jusqu’à ce qu’un jour, voyant Lucas trouer un mur en frappant dedans, la fille ainée d’Heidi interroge sa mère : « et si un jour il fait un trou dans ma tête ? « . Cette phrase fait comme un électrochoc à Heidi, surtout avec la naissance de leur fille Rose. Et puis, un jour d’avril 2018, Lucas rentre dans une rage terrible. Ce qu’il se passe ? Heidi ne s’en souvient pas. Amnésie traumatique. Quand elle reprend conscience, elle devine qu’un truc grave s’est produit.

Elle a visiblement confié Rose à sa grande fille en lui demandant de s’enfermer, elle comprend aussi qu’elle a téléphoné à ses parents. Lucas, lui, est prostré sur le canapé et il marmonne « Je ne le referai plus… ». Le lendemain, il quitte la maison définitivement. Heidi profite de son départ pour reprendre un peu pied. Ils revendent la maison.

Mais Lucas ne change pas. Dans une volonté de maintenir son emprise, il lui annonce qu’il fera ce qu’il faut pour garder Rose. Au début, Heidi est conciliante pour la garde. Lucas récupère Rose quand il le souhaite. Mais il refuse de payer une pension alimentaire alors elle saisit le Juge aux Affaires Familiales (JAF). Lucas réplique en demandant la garde alternée. Elle lui est refusée car Heidi allaite mais il obtient 1 WE sur 2 + la moitié des vacances + 1 mercredi sur 2. De plus le JAF décide que « l’enfant est assez grande pour mettre fin à l’allaitement« .

Cette injonction est faite pour que le père puisse avoir les nuits.

Donc à partir de l’été 2019, Rose passe des nuits chez son père. Fin aout 2019, l’enfant explique à sa mère que son papa lui a mis un doigt dans la minette et que ça lui a fait mal. Heidi pense que c’est un geste brusque de Lucas et rassure sa fille. Mais celle-ci continue de se plaindre. Heidi contacte la Protection maternelle et infantile (PMI) pour avoir leur avis. Ils lui prennent un rdv aux Unités Médico-judiciaire (UMJ).

Là-bas le médecin examine l’enfant et dit qu’il n’y a pas de problème. Heidi ressort soulagée et continue de confier sa fille à son papa. L’enfant persiste dans ses plaintes mais Heidi croit le médecin. Novembre 2020, le comportement de Rose change radicalement. L’enfant refuse de dormir seule, fait des cauchemars, a de l’eczéma sur tout le corps, refait de l’énurésie nocturne et diurne, régresse et reste collée à sa maman.

Elle dit « tu ne comprends pas que papa est méchant ? ». La PMI conseille de consulter à nouveau. Le médecin traitant reçoit l’enfant seule et fait un signalement à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP). Il recommande à Heidi de porter plainte. Pour la jeune femme, le monde s’écroule.

Elle contacte le 119 qui, entre 2 leçons de morale culpabilisante, fait aussi un signalement. Le 4 décembre 2020, Heidi porte plainte pour violence par ascendant et prévient le père qu’elle ne lui remettra pas Rose (à ce stade, la police aurait déjà pu requalifier sa plainte pour violences sexuelles). Quelques jours plus tard, sa fille ne se sent pas bien. Les urgences les redirigent aux UMJ. Là-bas, dans la salle d’attente, Rose dessine le comportement explicite de ton père. Mais le médecin refuse de les recevoir car elles ne sont pas adressées directement par la police.

Heidi saisit le JAF en référé mais hélas celui-ci la somme de remettre l’enfant à son père car « c’est monnaie courante les mères qui saisissent la justice à noël pour ne pas remettre les enfants« .

Heidi obéit pour les vacances de Noël et voit Rose partir dans un silence de plomb. En janvier, Rose est auditionnée 3 jours de suite à la police, puis à la CRIP puis aux UMJ. A chaque fois, malgré des conditions d’écoute exécrables, la petite fille refait les mêmes révélations et raconte d’autres maltraitances : enfermements, coups, menaces.

Elle remet son dessins en disant : « c’est moi avec le doigt de papa tout au fond de moi avec les larmes qui coulent jusqu’au sol« . La CRIP fait un signalement au procureur. Janvier 21, le JAF ordonne des visites médiatisées chaque samedi + une enquête sociale et une expertise psy pour les parents. L’enquête sera à charge de la mère, trop fusionnelle…

Une garde alternée est demandée. Avril 2021 : Heidi repasse au JAF pour demander un report car l’expertise psy n’a toujours pas eu lieu. C’est là qu’elle apprend via le père que sa première plainte a été classée… En mai, Heidi décide de faire sa propre expertise psy puisqu’il ne se passe rien. L’expert conclut : « Présente un tableau clinique spécifique d’un état de stress post traumatique compatible avec les violences sexuelles incestueuses alléguées » .

Le JAF décide d’arrêter les visites médiatisées et met en place un passage de bras en lieu neutre. Cela protège la mère mais pas l’enfant alors Heidi décide de refaire de la non représentation d’enfant (NRE). Rose revit, elle consulte une psy (qui atteste d’un vécu traumatique impliquant son père) et reprend confiance en elle. En octobre l’expertise psy a enfin lieu et ne tire pas de conclusion alarmante !

Pourtant, elle reporte dans son rapport des phrases dites par l’enfant : « papa met un doigt dans la minette« . Elle indique en revanche ne pas avoir de doute sur la qualité du lien mère enfant. Fin décembre, la plainte est de nouveau classée sans suite (sans aucune enquête) ! En mars 2022, Heidi re-porte plainte avec constitution de partie civile pour viol incestueux. La JAF en même temps ordonne la mise en place d’une garde alternée. Heidi fait appel.

Le jugement de l’appel passe à un mode de garde classique : un WE sur 2 etc… + condamnation d’Heidi à verser 800€ (article 700) + une astreinte de 50€ par jour à compter de maintenant !! Tant pis, Heidi continue les NRE car elle estime que sa fille n’est pas à vendre. Sa vie vaut plus que 50€ par jour ! Le 10 octobre, Heidi est placée en garde à vue puis déférée menottée au tribunal en comparution immédiate. Puis le 14 novembre, elle est condamnée à 6 mois de prison avec sursis.

Elle a aussi une interdiction de déménager, une obligation de soin, une obligation de suivre un stage en parentalité + 5000€ au père + 800€ pour frais de justice. Elle fait appel. Le même mois, l’école de Rose fait une information préoccupante.

Le 6 janvier à 7h du matin, la juge d’instruction ordonne une perquisition et confisque des livres sur l’inceste, les violences conjugales et un carnet. Fin janvier 2023, Rose explique au Juge Des Enfants (JDE) convoqué par le procureur que « son papa lui a fait du mal, qu’elle ne veut pas aller chez lui, juste dans une maison protégée« . Pourtant le JDE laisse la garde au père et ordonne une mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE). Et le juge d’instruction rajoute 2 expertises (psychologique et psychiatrique) à Rose qui en aura subi 4…

Alors Heidi, actuellement, continue de protéger seule sa fille. Comme si la Justice préférait voir un simple conflit parental au lieu de vérifier la sécurité d’une enfant mineure.


Si comme nous vous souhaitez comprendre et aider, vous pouvez lire notre Manifeste et signer notre pétition.

Pour en savoir plus sur les violences sexuelles vous pouvez consulter notre article Prévenir et agir contre les violences sexuelles.

Quand les sciences comportementales aident à mieux repérer les victimes de violences conjugales

Quand les sciences comportementales aident à mieux repérer les victimes de violences conjugales

Depuis quelques années, la Haute Autorité de Santé (HAS) ainsi que les équipes en Sciences comportementales de la DITP (Direction interministérielle de la transformation publique) se sont alliées pour aider à la détection des violences faites aux femmes.

Les sciences comportementales explorent les activités et les interactions entre les humains. Ces expérimentations rigoureuses mettent en lumière des processus de décision et des fonctionnements individuels. Ensuite, ces scientifiques proposent des protocoles plus adaptés à la réalité de certains groupes d’humains pour aller vers un mieux-être collectif. Dans ce cadre de cette mission, leur travail consiste à trouver des outils performants pour aider les pros à mieux diagnostiquer les violences intra-familiales.

Cela participe à une meilleure capacité des professionnels à détecter des violences conjugales, avec ou sans signe d’alerte et renforce leur implication dans cette lutte. Il s’agit de recommandations adressées plus particulièrement aux hommes et aux femmes médecins, pédiatres, gynécologues, infirmier(e), puériculteur(trice), etc… susceptibles de croiser des victimes. L’enjeu de travailler sur le processus de diagnostic des violences intra-familiales est hyper important. C’est une façon puissante de multiplier les prises de conscience des professionnels de la santé, de les alerter, les former à une vigilance nécessaire, de favoriser la coordination avec les autres intervenants et in fine de venir en aide aux des victimes.

Ces spécialistes en sciences comportementales ont mis au point 2 nouveaux outils, mis à disposition des praticiens afin que ceux-ci puissent les expérimenter.

  1. Une recommandation simplifiée

Au contact de cette fiche pratique pour repérer, évaluer et agir, les professionnels ayant testé les conseils de cet outil ont su détecter 4.4 victimes par semaine contre 2.5 pour ceux qui qui n’avaient pas eu les éclairages. C’est une excellente nouvelle pour augmenter le nombre de dépistage.

2. Un questionnaire de prévention

Bien moins utilisé, parce que jugé trop chronophage et contraignant, il s’agit néanmoins d’un outil de plus en cas de soupçon.

Voici les conseils qui ont été sélectionnés par les scientifiques, spécialistes en sciences comportementales :

  • Mettre des affiches et des brochures à disposition des patients dans la salle d’attente. Questionner systématiquement, même en l’absence de signe d’alerte.
  • Penser aux violences particulièrement en contexte de grossesse et de post-partum.
  • Considérer l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger.
  • Expliquer les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir.
  • Évaluer les signes de gravité.
  • Établir un certificat médical ou une attestation professionnelle pour faire valoir les droits de la victime et obtenir une mesure de protection.
  • Si besoin faire un signalement avec ou sans l’accord de la victime (si celle-ci est mineure ou jugé vulnérable), porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations constatés, sans nommer l’auteur des faits.
  • Informer la victime qu’elle est en droit de déposer plainte, les faits de violence sont interdits et punis par la loi.
  • L’orienter vers les structures associatives, judiciaires et sanitaires qui pourront l’aider.
  • S’entourer d’un réseau multi-professionnel

Et dans tous les cas, adopter une attitude empathique et bienveillante sans porter de jugement pour favoriser la libération de la parole.

Avec ces conseils, les patientes peuvent être mieux accompagnées dans l’appréhension de tous les différents types de violences (récurrentes et cumulatives bien trop souvent) : psychologiques, verbales, physiques, sexuelles, économiques qu’elles rencontrent.

Après analyse, tous les professionnels ayant reçu ces outils questionnent davantage les femmes et déclarent augmenter leur dépistage. Néanmoins, ils continuent de témoigner être mal à l’aise à aborder le sujet des violences conjugales de manière systématique et privilégient un discours plus ciblé.

Voici un extrait des recommandations diffusées aux professionnels de la santé :


Sources


Pour explorer d’autres recherches et d’autres outils vous pouvez consulter les articles suivants : le violentomètre, violences sexuelles et trouble alimentaire, Repérer prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants, L’EMDR, une solution pour guérir des traumatismes ?

Violences intrafamiliales : Vanessa a besoin d’aide pour protéger sa fille victime d’inceste

Violences Intrafamiliales : Vanessa a besoin d'aide pour protéger sa fille victime d'inceste

Violences intrafamiliales : d’abord les violences conjugales…

Vanessa est une jeune femme hyper sensible, avec un grand imaginaire. Élève modèle, enfant sans souci, elle devient avocate par idéalisme. Ses rêves de princesse chutent une première fois à la suite d’une relation néfaste qui dure 6 ans. Elle réussit à quitter cette personne malaisante mais se retrouve fragilisée.

C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Raphaël.

Celui-ci la poursuit de ses assiduités pendant 18 mois où il s’arrange pour lui offrir du rêve. Rapidement, il lui explique que son regard sur le monde n’est pas le bon et qu’il est là pour lui permettre de mieux le juger. Cela fonctionne. Vanessa passe désormais par son filtre pour savoir quoi penser. Parce qu’elle gagne plus que lui, elle le prend financièrement en charge : restaus, billets de train, etc. Elle se sent au fond d’un seau et Raphaël lui semble si attentionné… Avril 2010, il la convainc de quitter son bureau d’avocat pour le rejoindre à Béziers.

Le jour de son arrivée a lieu la première scène de violence.

Dans la voiture, il la frappe et lui dit : « Maintenant ça suffit, tu te tais, c’est moi qui décide« . Sous le choc, Vanessa est tétanisée. Elle vient de quitter un super emploi, de dépenser 10.000€ pour déménager, elle ne connait personne à Bézier. Dans sa tête, elle est coincée et elle a honte de comprendre qu’elle s’est trompée.

C’est le début du silence et des violences intrafamiliales. Pendant 6 ans, elle va cacher à sa famille et à ses amis la violence morale, psychologique qu’elle subit tous les jours. Quand Raphaël souffre, c’est de la faute de Vanessa.

Elle quémande son amour, elle cherche son approbation, paye tout, de la nourriture à sa société et son redressement judiciaire. Toujours dans la culpabilisation extrême, il est infect sauf devant ses amis. Chaque engueulade dure 3 jours et même quand elle essaye d’aller dans son sens, il lui dit qu’elle le prend pour un con.

Au fil du temps, elle apprend qu’il a grandi dans une secte, où avaient lieu des pratiques libertines, voire des orgies sexuelles devant les enfants. Il a vu son père imposer des relations sexuelles tous les jours à sa mère et trouve normal de faire pareil.

Ce qu’il aime, c’est sa dévotion, il ne veut la partager avec personne.

Il cherche même à devenir le meilleur ami de ses meilleurs amis et manipule tout le monde, avec brio. Pour cette raison d’exclusivité, il ne veut pas d’enfant, ce qui rend Vanessa malheureuse. Et puis un jour, elle a un accident de voiture et elle réalise qu’elle se désintéresse de sa propre vie. Elle entame une psychanalyse qui la réveille. Elle se réaffirme doucement ce qui rend Raphaël fou !

En 2015, elle est prête à le quitter. Alors Raphaël se rend chez ses parents et leur demande la main de Vanessa, sans la consulter. Vanessa ne parvient pas à sortir de son emprise.

Ils se marient en 2016. Il déclare devant tout le monde :  » Maintenant tu m’appartiens, je fais ce que je veux de toi « , sans que personne ne réagisse. Le calvaire de Vanessa continue. Elle est violée tous les jours, la violence explose. Il la menace et lui explique que si elle meurt, personne ne la pleurera.

Vanessa s’étiole, elle n’a plus de travail, plus de sous, ne veut plus d’enfants. Novembre 2017, en rentrant de chez des amis, elle lui fait « l’affront » de le laisser attendre 10mn. Dans la voiture, il explose de violence. Il l’attrape par la gorge. Vanessa voit son regard de haine, il n’arrive pas à desserrer ses mains de son cou et la plaque au sol dès qu’elle se débat. Vanessa part à Paris le lendemain. Il lui dit  » casse toi « .

Sa famille et ses amis enfin au courant l’enjoignent de le quitter. 15 jours après elle apprend qu’elle est enceinte.

On lui conseille d’avorter ou de ne rien dire au père.

Vanessa décide de le prévenir et de rester dans le sud dans un logement séparé. Elle propose une séance de médiation qui se passe mal. Vanessa fait une crise de panique. Raphaël reconnait ses actes mais pas de réaction de la médiatrice. Il lui dit  » je vais te laisser bien seule dans ta merde et comme ça tu vas perdre le bébé  » et ainsi s’achève la médiation.

Pendant la grossesse, Vanessa compartimente, pour pouvoir travailler. Elle fait ce qu’on appelle de l’amnésie traumatique. A la naissance de sa fille, Raphaël s’est déjà remis en couple. Mais il tente immédiatement de reprendre son emprise. Il veut la contrôler. Pendant 4 mois, Vanessa accepte qu’il vienne tous les jours, sans prévenir. Il surveille ses faits et gestes. Elle retourne au travail au bout de 4 mois, en 2018. Jusqu’à mars 2020, il est sensé avoir la garde de sa fille de 14h à 17h le vendredi. Vanessa continue de subir sa violence, il vient chez elle, l’injurie.

Violences intrafamiliales : puis les violences sur l’enfant…

Dès mars 2019, le comportement de leur fille change brusquement. Elle revient énervée de chez son père, elle hurle, elle tape, jusqu’à réussir à s’apaiser. Pendant le confinement, Vanessa s’installe à Paris chez sa sœur. Raphaël s’en fiche et la contacte peu. Leur fille va mieux.

Vanessa décide alors de se réinstaller à Paris. En juillet, la petite fille part une journée chez son père. Quand elle revient, elle est dans un état effroyable : crise de rage, énurésie, elle se griffe, elle se mord, elle ne sait plus parler. L’enfant refuse d’aller voir son père le lendemain. Quand Vanessa demande des explications, Raphaël répond :  » Moi j’ai passé un excellent moment avec ma fille « .

Elle emmène sa fille voir une pédopsy qui lui explique que l’enfant a besoin de connaitre les concepts de bien et de mal, alors qu’elle témoigne :  » Papa est méchant, papa m’a tapé très fort sur la couche et enfermée dans le noir« .

Vanessa se rend aux UMJ en septembre 2020 où on la met en garde contre une violence incestueuse. Vanessa ne veut pas y croire.

En mars 2021, un juge aux affaires familiales refuse une expertise mais ordonne des visites médiatisées pour le père.

L’enfant revoit alors son père en médiation où les intervenants ne brillent pas par leur formation dans la gestion des violences intrafamiliales. Et bien sûr, ils adorent Raphaël… Vanessa fait alors appel pour obtenir une expertise car sa fille est toujours perturbée par les visites.

La Cour prononce l’expertise et les droits évoluent mais pas l’état de sa fille à chaque fois qu’elle revient de chez son père. Sa fille lui explique :  » Tu sais maman, j’ai fait une bêtise. Moi je me caresse la nénette quand je suis stressée. Quand j’étais chez papa, je me suis caressée car j’avais peur et papa, il est venu me voir et il s’est caressé aussi le zizi « . Elle refuse alors par la suite d’appeler son père « papa ».

Quand l’expertise arrive, Raphaël ment avec aisance. La psy conclut que Vanessa manipule sa fille. Il n’y a pas de contradictoire. La petite fille raconte tout pourtant, mais la psy dit que ce sont les paroles de la maman. Lors de l’audience en juin 22, la juge est tellement agressive que l’avocate de Vanessa repart en pleurs et démissionnera ensuite. Les violences intrafamiliales sont niées.

Vanessa refuse néanmoins de laisser sa fille retourner chez son père. Elle est alors convoquée pour non représentation d’enfant. Le même jour, elle apprend que Raphaël est venu chercher leur fille à l’école et qu’elle est partie sans affaire à Bézier. Quand Vanessa parle à sa fille, celle-ci lui redit que son père la tape sans explication et qu’il la caresse car  » il a le droit « . Son avocat et le juge des enfants lui conseillent d’exécuter l’arrêt d’appel. En octobre, une médiation est mise en place pour  » rétablir le contact avec monsieur « . Et la psy de l’enfant fait un 2nd signalement et envoie Vanessa aux urgences à Necker.

Pour la première fois, elle est crue. Le viol de sa fille est aussi confirmé aux UMJ.

Elle porte plainte avec ces deux rapports et continue la non représentation d’enfant. Hélas, avant l’audience, l’avocate découvre que l’ASE a rendu un rapport préconisant le placement, même s’ils n’ont vu Vanessa qu’une heure et jamais l’enfant. Pendant l’audience, c’est le procès de la mère qui est fait. La juge refuse d’entendre l’enfant et demande un placement immédiat.

Quand Vanessa dit au-revoir à sa fille en larmes et lui déclare :  » Personne ne peut nous séparer « , la juge rétorque :  » Ah si, moi « . Vanessa s’insurge : « Ce n’est pas la Justice, c’est de la maltraitance, vous n’avez rien à me reprocher « , la juge lui assène :  » Si, vous êtes un danger à son développement psychologique. »

Depuis, la « Justice » a tranché.

Vanessa a le droit de voir sa fille une fois par mois à cause de ses « débordements émotionnels ». Mais pour Raphaël, il y a présomption d’innocence…


Pour comprendre ces problématiques lors de violences intrafamiliales nous vous conseillons la lectures de l’article « Pourquoi faut-il réformer le délit de non représentation d’enfant ? » et de notre Manifeste. Enfin si vous souhaitez en savoir plus sur un type particulier de violences intrafamiliales que sont les violences sexuelles n’hésitez pas à consulter notre article « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Témoignage de Lise, qui a perdu la garde de ses enfants au profit de son mari violent et très influent

Témoignage de Lise, qui a perdu la garde de ses enfants au profit de son mari violent et très influent

Lise connait Paulo depuis très longtemps.

Elle le rencontre parfois aux réunions familiales. Il a 10 ans de plus qu’elle, semble gentil, cultivé. Elle est en confiance. A l’aube de ses 30 ans, en 2008, elle entame avec Paulo une relation à distance. Ils sont amoureux, tout parait idyllique. Ils finissent par s’installer ensemble. Elle tombe rapidement enceinte alors ils décident de se marier en novembre 2009. Leur fils William arrive en juillet 2010. Hélas, le comportement de Paulo a changé un peu avant. Celui-ci est de plus en plus acariâtre, voire agressif. A la naissance de William, il lui dit qu’il a autre chose à faire que de venir à la maternité : « tu prends mon temps ». Lise met cela sur le compte de l’arrivée de leur enfant et de son côté vieux garçon.

Paulo ne supporte pas les pleurs de son fils, il le secoue pour le « calmer ».

Les dénigrements deviennent systématiques, Lise est la pire mère et la pire femme possible. Lise qui découvre les difficultés de la maternité n’est pas loin de penser pareil. Devant les autres, Paulo change les couches. A la maison, c’est un tyran toxique. Quand il va trop loin, il s’excuse, laisse passer quelques jours puis relance la roue de la violence psychologique. D’un commun accord, en septembre 2012, ils décident de déménager pour se rapprocher de la famille de Lise. Paulo n’obtiendra sa mutation au cabinet de préfet qu’un an plus tard. Lise apprécie ses absences qui l’apaisent. Chaque fois qu’il rentre, il est très énervé et multiplie les violences verbales et psychologiques.

En janvier 2013, il agresse physiquement Lise en l’étranglant avec ses mains et menace de la tuer.

Lise porte plainte mais elle est reçue plus que fraichement par la police qui réalise que Paulo « est de la maison »: « C’est embêtant, il ne vous a pas frappé, il n’y a pas de traces ». Paulo s’excuse (par écrit): « je suis désolé… je vais aller voir un psychologue ». Tout le monde la fait culpabiliser, la famille, le commissariat… Elle retourne au domicile, et effectivement son mari s’apaise 3 mois. Alors Lise retire sa plainte et accepte le projet d’un second enfant. Gisèle nait en mai 2014. Rien ne change. Paulo s’installe à la cave, où il peut boire à loisir, du matin au soir. Son agressivité monte encore d’un cran, il jette et casse des objets, il met la maison à sac.

En octobre 2014, alors qu’elle s’est réfugiée sur son balcon car Paulo est en train de tout casser dans la maison,

Lise prend la décision d’alerter ses voisins qui contactent la police. Quand les policiers arrivent, Paulo leur explique qu’il travaille avec le préfet. Malgré l’état de la maison, l’ébriété de Paulo, le témoignage des voisins et celui apeuré du fils, les policiers disent qu’ils n’ont pas assez de preuves. Néanmoins, ils contactent un médecin (qui, lui, confirme le problème psychologique du mari) et enjoignent Lise de partir du domicile. Lise fait ses valises très rapidement, emmène ses enfants chez ses parents et dépose une main courante à Angoulême afin de ne pas être accusée d’abandon de domicile. Cette fois-ci des policiers bien formés la prennent en charge. L’association SOS violence conjugales de Brive est aussi d’une aide précieuse.

On la convainc de rassembler des preuves et de porter plainte.

Enregistrements audio des menaces de mort, mails, textos, témoignages de l’ancienne compagne de Paulo ou de collègues… Toutes les preuves sont analysées et authentifiées.

Lise réalise qu’elle figure bien dans les statistiques des femmes victimes de violences conjugales. Elle obtient un ITT de 10 jours. Un pédopsychiatre atteste du stress post traumatique de William, accompagné de souvenirs de violence importants. L’avocat demande une ordonnance de protection. Pourtant, à l’audience, on lui dit que « le dossier a disparu ». Lise réalise que son mari a le bras long. Par chance, le brigadier (qui confirme les pressions) a un double du dossier. L’ordonnance de protection est accordée en janvier 2015 (il y est inscrit que William a assisté aux violences).

Paulo n’a le droit qu’à des visites médiatisées (lieu neutre), sans autorisation de sortie.

Aux violences psychologiques, à la culpabilité de Lise, se rajoute la violence économique qu’on oublie souvent. Le coût de ces démarches juridiques est très important (25000€ depuis la première plainte). Le procureur porte la plainte au pénal. Paulo est condamné à 3 mois de prison avec sursis en août 2015 mais obtient une exclusion sur son casier judiciaire. Pendant 3 ans, il voit ses enfants un samedi sur deux pendant 2h. Il n’entreprend aucun accompagnement psychologique et reste agressif. La lenteur des procédures de protection est une autre forme de souffrance. La JAF en 2015 ordonne un bilan psycho social qui aura lieu en 2016… Et à partir de là, tout va se retourner contre Lise.

Le psychologue (imposé) est déplorable, paternaliste, l’assistante sociale d’un autre temps prône les punitions…

Suite à leurs rapports, la JAF décide de mettre en place une AEMO. L’éducatrice qui gère leur famille trouve le papa « structurant » en costume cravate et parfaitement apte à récupérer ses droits. Grâce à eux, Paulo a l’autorisation d’avoir ses enfants une semaine. Dès le premier jour, il s’agace et prive William de repas. Le second, Lise réalise que son fils a des traces de violence sur le cou. Son père confirme s’être énervé et avoir serré son garçon au cou car celui-ci aurait tapé sa sœur. Ces traces sont attestées par l’hôpital. William obtient 8 jours d’ITT. La police les constate aussi. Lise prévient qu’elle ne redonnera pas les enfants à leur papa et porte plainte. Celle-ci sera classée sans suite pour « faits insuffisamment caractérisés » !

Lise se fait convoquer fin 2018 et là, horreur, la juge décide de lui retirer totalement la garde des enfants.

Elle ne reverra pas ses enfants hors du lieu médiatisé avant mars 2019 ! Lise fait appel et reperd (jugement précédent conforté). Aucune trace dans son dossier du témoignage du psy qui atteste pourtant de sa bienveillance maternelle ni de celui de l’école qui alerte du comportement traumatique de William. Lise se bat pour la réouverture de la plainte au procureur général qui répond au bout d’un an et demi (en novembre 2020) que le dossier est (encore) perdu. Habituée, l’avocate renvoie une copie… Le procureur finit par répondre à nouveau 6 mois plus tard, qu’il ne prendra pas le dossier pour insuffisance de preuves… Tout le parcours judiciaire de Lise est empêché par l’influence de son mari.

Aujourd’hui, la situation de Lise est catastrophique.

Malgré la demande explicitement formulée de ses enfants d’être en garde alternée, elle a reçu l’arrêt fin janvier : la garde est maintenue chez le père. C’est son mari qui a été inculpé de violence mais le soupçon d’aliénation semble pire. En prime, Lise est condamnée à verser 800 € pour procédure abusive… Exténuée, traumatisée, sans espoir, au bout de ses finances, Lise pense quand même se pourvoir en cassation. Une autre piste est le jugement de son divorce pour violence où peut-être, les preuves balayées par les précédents juges pourront être entendues, accompagnées d’autres éléments plus récents.

Partagez son témoignage pour le médiatiser. La pression ne doit plus peser sur les victimes.

Vous pouvez lire le Manifeste de l’association ici.

Syndrome de la bonne et de la mauvaise victime

Syndrome de la bonne et de la mauvaise victime

Une victime, c’est une victime. Hélas, dans les faits, il y en a des bonnes et des mauvaises…

Cette idée offusquante peut sembler irréelle, pourtant, on l’observe tous les jours. A chaque nouvelle affaire de violences sexuelles, l’opinion publique s’empresse de juger l’histoire et ses protagonistes selon des critères peu avouables, souvent sexistes. Un bon exemple est le super médiatique procès qui opposait Amber Heard et Johnny Depp.

Le monde entier est devenu expert en violence intra-familiale. Les gens SAVAIENT qui était coupable ! Et cette omniscience populaire commentait partout qu’Amber Heard ne pouvait PAS être une victime. Peu aimable, ayant eu également des comportements violents, une santé mentale fragile, largement moquée sur les réseaux sociaux, la parole d’Amber n’a eu aucun poids face à celle du pauvre (et beau) Johnny Depp…

Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est capable d’avoir des comportements violents ou toxiques qu’on ne peut pas être victime soi-même de violence conjugale. Il y a des personnes qui ne réagissent pas (les « bonnes » victimes, celles qui agissent comme la société l’imagine) et puis d’autres qui finissent par se défendre, en utilisant parfois des procédés similaires à leurs agresseurs.

Et là, tout le monde a un avis sur ce qu’il aurait fallu faire : réagir plus tôt, partir, demander de l’aide, s’habiller autrement, protéger ses enfants… Hélas, si c’était aussi simple, cela se saurait. La liste est longue des mécanismes qui font que les victimes subissent le pire. Cette apparente acceptation de la violence peut venir de dépendance économique, d’isolement familial et social, souvent organisés par le conjoint pour dominer et contrôler.

Parfois, la victime, de par une enfance personnelle difficile, a pu développer une dépendance affective, une idée du couple faussée.

Elle est résignée ou fataliste face aux rapports de sexe et à la vie conjugale. Sans parler des manipulations puissantes de son agresseur, de son emprise, qui multiplie les ruses pour fragiliser la victime. Enfin, si on ajoute la méconnaissance des structures d’aide, le mauvais accueil des professionnels censés venir en aide, une immense partie des victimes ne peuvent ni envisager des solutions de « sortie » ni les mettre en œuvre.

Mais la société n’entre pas dans le « détail » de toutes ces considérations. Selon l’adage simpliste populaire, « quand on veut, on peut » ! Les gens condamnent alors rapidement les personnes qui n’ont pas réagi, preuve selon eux qu’elles ne sont pas si innocentes…

De plus, en dehors des mécanismes méconnus de la violence intrafamiliale, les victimes se retrouvent classées également selon des images d’Épinal. La société se représente les « bonnes » victimes brisées, recroquevillées, avec des bleus… mais ce n’est pas représentatif de ce que vivent toutes les victimes.

Cette surreprésentation de la violence physique efface l’existence de violences psychologiques et sexuelles. Tout comme les représentations des hommes physiquement violents font oublier l’omniprésence de leur autoritarisme coercitif, de leur perversion narcissique, de leur toxicité…

Ce regard binaire biaise la représentation populaire des victimes mais également le regard que les victimes se portent aussi sur elles-mêmes.

Toutes ne s’identifient pas à la victime tuméfiée et ne portent pas plainte. Pour avancer, la société devrait s’attaquer aux violences globales : du harcèlement de rue à la violence économique, en passant par les violences psychologiques.

On a reproché à Amber Heard de se défendre de manière violente.

On pourrait donc penser que l’opinion publique condamne la violence sous toutes ses formes. Sauf que la société ne condamne pas autant celle des hommes dont l’impunité systémique nourrit pourtant leurs comportements délétères. Étrangement, toutefois, parfois de l’empathie surgit.

Quand la violence subie pousse les victimes dans leurs derniers retranchements et qu’elles utilisent à leur tour des comportements violents allant jusqu’au meurtre, les gens peuvent être compatissants. Ainsi, Valérie Bacot qui a fini par assassiner son mari (qui l’avait battue,

violée, prostituée pendant 24 ans) ou Jacqueline Sauvage qui a elle aussi tué son mari (qui a violentée 47 ans durant elle et ses enfants) ont été soutenues par l’opinion publique.

Dans ces rares cas, la société change de camp. D’un coup, on comprend, on évoque la légitime défense. Mais c’est au tour de la Justice d’être frileuse. Ces dossiers de meurtrières ET de victimes de violences conjugales sont considérés comme de simples affaires de crime.

Et la Justice applique la loi sans prendre en compte les circonstances. Peu importe les années de souffrance, ce qui compte c’est leur geste mortel. Ainsi, le droit pénal français refuse de consacrer le féminicide comme violence spécifique à un genre, pas plus qu’il ne prend en compte les conséquences des violences faites aux femmes. Pourtant, la Justice sait réprimander plus fortement les meurtres racistes ou homophobes… Mais pas la violence sexiste.

Finalement, une mauvaise victime, c’est simplement une femme.


Voir aussi https://journals.openedition.org/mots/22114

Conseils à connaitre avant de porter plainte contre des violences intrafamiliales

Conseils à connaitre avant de porter plainte contre des violences intrafamiliales

Quand on s’apprête à déposer plainte pour violence intrafamiliale, en plus de s’armer de courage et de patience, il faut arriver le plus préparé possible. Voici quelques conseils pratiques qui vous aideront à gérer au mieux cette situation complexe et très impactante.

1. Rassembler les preuves !

Maitriser son témoignage personnel

La première chose qu’on va vous demander, c’est de raconter votre histoire. Or très souvent, sous les coups de l’émotion, de la peur, de l’emprise, le discours que l’on tient est décousu. Si vous avez la possibilité psychologiquement de bien retracer en amont tous les faits, via un carnet, une frise chronologique, votre mémoire… cela vous servira. Vous pourrez dérouler les événements malheureux de manière dépassionnée plus facilement, ce qui étrangement vous servira par la suite.

Recueillir des témoignages de témoins

Idéalement, il faudrait que les proches puissent témoigner en votre faveur. Cependant, ces derniers ont souvent peur et refusent. Pour obtenir ces précieux témoignages, il faut procéder pas à pas.

Déjà vous pouvez expliquer qu’il existe un secret d’enquête et que l’agresseur ne sera pas alerté de leur déposition. Cela participe dans un premier temps aux faisceaux d’indices qui alimentent l’enquête. Si les forces de l’ordre jugent, grâce à ces témoignages, que l’agresseur doit être mis en examen, alors leurs éléments serviront.

Mais à ce moment, l’agresseur sera remis en cause, ils auront donc fait leur devoir de citoyen et permis la protection de victime. Vous pouvez expliquer aussi que tout peut servir, pas besoin d’être témoin direct. Ils peuvent parler de comportements problématiques, de formes de violences, d’alcoolisme de l’agresseur. Ou du traumatisme des victimes, prise de poids, etc…

Comment recueillir un témoignage ?

Il n’existe pas de format officiel pour témoigner. Un mail, un papier libre, un doc word peuvent faire l’affaire. Une formulation du type : « Je témoigne librement » + une identification : « je suis XXX »+ une signature et la copie de la carte d’identité, cela suffit. Un formulaire CERFA existe aussi.

Faire valider les preuves

Si vous en avez les moyens, n’hésitez pas à faire authentifier les témoignages audio et vidéo par des huissiers. L’huissier fera des retranscriptions écrites plus rapides à consulter par les juges.

Si vous avez des enfants qui veulent témoigner, demandez de l’aide à des spécialistes de l’interrogatoire respectueux, qui suivent des protocoles du type NICHD. C’est important que ces témoignages soient effectués dans de bonnes conditions pour être validés.

2. Accumuler les preuves médicales

C’est le moment de prendre un stylo et de noter toutes les manifestations de votre mal-être et d’ensuite aller demander des lettres aux professionnels qui peuvent certifier vos traumatismes : médicaments, troubles alimentaires, addictions (drogues mais aussi activité très intense comme le sport jusqu’à la douleur), cauchemars, migraines chroniques, crampes, troubles gynécologiques, sexuels, amnésie ou retour de la mémoire, mise en danger, auto mutilation… La liste des psychotraumatismes est très longue et personnelle.

Pour vous aider, et cela est valable pendant tout le processus, n’hésitez pas à tenir un journal, à vous envoyer des mails, à vous enregistrer pour garder l’historique de ce qui vous arrive.

3. Faire deux dépôts de plainte

Il existe deux méthodes pour déposer plainte, qui ont leurs avantages et inconvénients.

Se rendre au commissariat

On y est parfois mal reçu, mais techniquement ils ne peuvent pas refuser de prendre votre plainte. Votre dossier étayé sous le bras, un ami en soutien, vous devriez ressortir avec un n° de procédure, preuve de la plainte.

Écrire au procureur de la république

Et là, deux autres possibilités à exploiter. L’envoi par accusé de réception est important mais n’hésitez pas à doubler en envoyant votre dossier directement par mail au procureur (composez son adresse mail de cette façon : prenom.nom@justice.fr).

Enfin, n’hésitez pas à recontacter le procureur ou ses équipes (sans les harceler) pour être sûr que votre dossier est enregistré.

4. Le choix de l’avocat

Difficile de tomber sur le bon avocat. Pourtant, c’est un élément clef de votre défense. N’hésitez pas à le choisir en suivant des recommandations ou sa réputation (Google est votre ami). Niveau tarif, demandez de la clarté sur ses honoraires (soit payé au temps passé, soit payé au forfait) et gardez en tête que vous pouvez changer de format au fil du temps.

Ayez en tête que vous avez le droit et le devoir de CHANGER d’avocat si celui-ci ne vous convient pas ! Ne restez pas avec un caillou supplémentaire dans votre chaussure à gérer ! Votre avocat doit être expert dans la situation qui vous concerne, il doit être également un bon communiquant pour ne pas vous laisser dans le flou.

Enfin, faites-vous confiance, suivez votre intuition.

5. Et après la plainte ?

Il y aura vraisemblablement un avant et un après cette plainte. A l’annonce de celle-ci, notez les réactions de l’agresseur. Chronologiquement, consignez sous pdf tous ses mails, ses appels (temps, fréquences), ses menaces, ses chantages, ses diffamations. L’entourage également va changer.

Certaines personnes choisiront un camp et n’en bougeront plus, d’autres vont évoluer (et pas toujours dans votre sens si ils croient les propos de l’agresseur). Anticiper cela aide.

Le piratage va peut-être faire son apparition, soit que l’agresseur cherchera à consulter vos activités soit qu’il cherche à détruire les preuves. Dans tous les cas, soyez très prudent, mettez vos comptes en privé, ne publiez plus, utilisez Signal ou Telegram, multipliez les protections (mot de passe solide, identification à 2 facteurs), disques durs dans des coffres…

6. Continuez de collecter les preuves

Au pénal, l’établissement de la preuve est libre, contrairement au droit civil. Rassemblez les éléments qui éclairent votre situation, les indices, les écrits, les aveux, les témoignages, les rapports d’expertise. Il n’y a aucune hiérarchie des preuves, elles seront toutes appréciées au même titre devant le juge, alors n’hésitez pas.

Attention, tout n’est pas permis pour se procurer des preuves, il faut les obtenir de manière loyale, dans le respect de la dignité de la justice et des droits d’autrui. Donc interdits les ruses, les contraintes ou stratagèmes pour faire avouer l’agresseur. Vous pouvez réfléchir à amener la personne à se révéler, à se contredire, mais soyez malin et cohérent. Le danger serait de vous décrédibiliser si on vous accuse de manipulation.

Courage !

On vous croit !


Et vous ? Auriez-vous des conseils à transmettre aux victimes ? N’hésitez pas à les communiquer dans les commentaires. Le partage des bonne pratiques est très utiles.

Les bracelets anti rapprochement

bracelet anti rapprochement

Le bracelet anti rapprochement (BAR) est un dispositif préventif dans la lutte contre les violences intrafamiliales, comme le téléphone grave danger. Ce système de surveillance électronique permet la géolocalisation d’une victime et de l’auteur réel ou présumé de ces violences.

Le bracelet anti-rapprochement est vu aussi comme une alternative à la prison.

Il est posé à la cheville de l’agresseur. De l’autre côté, un boîtier connecté est donné à la victime qui doit toujours l’avoir sur elle également. Les deux éléments sont géolocalisés de manière coordonnée. Si l’agresseur se rapproche de la victime, celle-ci, ainsi que les forces de l’ordre, sont alertées. En théorie, il ne nécessite aucune intervention de la part de la victime. La police demande d’abord à l’agresseur de sortir de la zone protégée et s’il refuse ou ne répond pas, elle intervient pour mettre la victime à l’abri.

L’arrivée des bracelets anti-rapprochements en France

En septembre 2020, 1000 bracelets sont rendus disponibles. Le nombre de bracelets vraiment délivrés dépend lui des décisions rendues par les juges et des situations de violences conjugales (profil de l’agresseur, dangerosité, configuration des lieux…). Or, en mai 2021, Eric Dupond-Moretti s’agace que seuls 61 bracelets ont été posés.

« Ils n’ont pas vocation à rester au fond des tiroirs », peste-t-il. Six mois plus tard, on est à 509 bracelets activés… Il existe toutefois d’importantes disparités régionales.

A titre de comparaison, 1969 femmes sont équipées d’un téléphone grave danger en début 2021. Et pour rappel, plus de 8000 bracelets ont été utilisés depuis 2009 en Espagne dont 2000 actuellement actifs. « Ils ont permis de freiner les tentatives d’homicide des agresseurs mais ont surtout évité les franchissements« , explique la criminologue Lorea Arenas García dans une étude publiée en 2016, citée par l’AFP.

Quand on parle de BAR, la question du consentement de l’agresseur est souvent évoquée. En effet, depuis septembre 2020, il y a 2 façons d’imposer le port du bracelet. Soit par une procédure pénale, soit via une procédure civile. Et là, il faut que le conjoint violent accepte. S’il refuse, en plus d’apporter du discrédit à son « innocence », l’agresseur peut voir le juge en charge demander l’ouverture d’une enquête pénale pour imposer son port. Néanmoins, de la demande à la mise en action réelle du dispositif, on vous laisse imaginer le temps juridique nécessaire… Et pendant ce temps, les victimes ne sont pas protégées. On est loin de la gestion immédiate de l’urgence vitale.

Une autre problématique est que pour des questions de budget, ces bracelets ne sont pas déployés équitablement sur le territoire comme ils pourraient l’être. On est donc inégalement protégé selon où on habite.

La force du dispositif repose dans sa capacité de dissuasion. Le bracelet est censé créer autour de la victime une zone de protection verrouillée dans laquelle l’auteur ne peut pénétrer. Ce dernier doit se sentir surveillé pour qu’il respecte l’interdiction de se rapprocher de la victime ainsi que l’interdiction de contact ou de se rendre en certains lieux (domicile, lieu de travail ou de vie de la victime). La façon dont on communique avec lui est primordiale pour s’assurer qu’il comprenne qu’il n’est pas libre de ses mouvements.

Tous les agresseurs ne sont pas de bons candidats au bracelet. La prison est préférable pour les profils psychotiques ou déséquilibrés. Les magistrats privilégient les personnalités plus insérées pour le port du bracelet, ce qui pose vraiment la question du diagnostic de l’agresseur… Or, par manque de formation et de moyens, ce n’est pas la grande force de la Justice que de reconnaître les manipulateurs.

Que pensent les victimes du bracelet anti rapprochement ?

Cela est contre-intuitif mais souvent le BAR est une source de stress supplémentaire pour les victimes ! Obligées de trimballer elles-aussi le dispositif comme une double peine, en alerte constante, parfois trop souvent bipées car le périmètre est mal adapté, l’anxiété ne diminue pas. Certaines ont l’impression qu’elles sont piégées dans une peur constante, celle qui existait avant (la peur de leur agresseur) et qui ne disparait pas avec l’existence de ce bracelet (la peur est confirmée et le danger observable, surtout quand les agresseurs en jouent, s’approchant aux limites tolérées, juste pour montrer leur présence).

C’est pourquoi certaines refusent d’être géolocalisées, parce qu’elles ont le sentiment douloureux d’être en lien permanent avec leur bourreau. Elles craignent aussi que ce dernier devine ou déduise dans quel foyer elles ont trouvé refuge ou qui les héberge.

Enfin, il existe aussi des femmes qui refusent le bracelet car elles sont encore sous le joug d’un mécanisme d’emprise, ce qui influe sur leur difficulté à dénoncer des violences (apeurées, traquées, harcelées, épuisées, déposer une plainte est très compliqué pour elles).

Néanmoins, le BAR reste une mesure qui va dans le bon sens de la prise en compte des victimes.

« Le bracelet anti-rapprochement a fait ses preuves, il est très efficace même si certains ajustements sont nécessaires », insiste Françoise Brié, qui rappelle que pour d’autres femmes en revanche, c’est le sentiment de soulagement qui domine.

Car cette forme de protection, aussi imparfaite qu’elle soit, les positionne officiellement dans le camp des victimes. C’est la reconnaissance par la Justice de la malfaisance de l’agresseur, de leur besoin d’être protégée. Le bracelet est une preuve sociale que leur parole est entendue et crue. Et cela fait du bien aux victimes autant qu’à leurs enfants / famille.

Le dernier écueil à remonter, ce sont les dysfonctionnements techniques. Le ministère vient de changer de prestataire car le dispositif actuel remontait trop de bugs. Certains bracelets échappaient à la surveillance,

les bips des victimes s’activaient sans cesse, jour et nuit… Bref, une situation peu propice à la sécurité. Pourtant, pour améliorer cet outil des pistes existent.

Incitons les magistrats à se saisir de cet outil, que les personnels intervenants dans la boucle soient bien formés pour aider la victime et avoir une attitude efficace envers l’agresseur.

Dernier sujet, laissons le choix à la victime bien plus qu’à l’agresseur (option d’être alertée de la présence de l’agresseur ou non). En Espagne, les victimes ne sont pas au courant lorsque leur agresseur est dans la zone proscrite. Tout est géré par un organisme extérieur appelé Viogen pour «violences de genres», ce qui est moins anxiogène. Elles sont aussi régulièrement contactées pour savoir si elles vont bien. Voilà une prise en compte des victimes qui fait rêver.

Pour conclure, ne jetons pas cet outil qu’est ce bracelet. Mais améliorons-le rapidement pour qu’il protège mieux les victimes.

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bracelet anti rapprochement

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Violences conjugales, l’omerta chez les représentants de la loi

violences conjugales omerta dans la police

Ces dernières années ont vu fleurir de nombreuses affaires montrant que la police, la gendarmerie, l’armée, bref toutes les autorités de notre pays étouffaient régulièrement des affaires où l’un de leurs membres était impliqué. Le livre « Omerta dans la police » de Sihem Souid, paru en 2010, dénonçait déjà les abus de pouvoir, la corruption, le trafic de statistiques, le racisme, le sexisme, l’homophobie… La journaliste Sophie Boutboul, ex-conjointe d’un gendarme violent, a publié en 2019 un livre/enquête « Silence, on cogne« , documentant la réalité et l’ampleur de ces dysfonctionnements.

L’omerta dans la police, une gangrène de la société

Ce qu’on appelle l’omerta est une loi du silence. qui réduit au néant par diverses pressions ceux qui dénoncent en interne les dérives. De plus, elle contribue à banaliser les violences, le harcèlement, l’emprise pour privilégier la réputation des troupes à la morale et la justice.

En tant qu’association recueillant la parole de victimes, nous ne comptons plus les témoignages de femmes ayant épousé un représentant de la loi ou faisant également partie du sérail qui se retrouvent bafouées dans leur droit, juste parce qu’elles osent accuser un militaire, un gendarme, un policier de violences conjugales, psychologiques ou sexuelles… omerta ?

Myriam, par exemple, raconte l’enfer qu’elle subit depuis sa séparation en 2017 alors qu’ils sont tous les deux gendarmes. Malgré des preuves de la violence, la diffamation et le harcèlement de son ex, celui-ci reçoit un simple rappel à la loi et bénéficie du soutien de sa hiérarchie. Pire encore, malgré la procédure interne à la gendarmerie « d’événement grave » dû au dépôt de plainte, le père est promu au grade supérieur.

Les traces attestées de coups sur leur fils, la dénonciation par l’enfant de violences sexuelles (pistolet introduit dans les fesses), l’intervention de la PMI, rien n’y fait. Myriam est accusée d’instrumentaliser son fils par les éducateurs et la justice soutient les accusations du père d’aliénation parentale par la mère. Elle finit par perdre la garde de son enfant, elle est criblée de dettes à cause de l’emprunt qu’elle a dû faire pour payer la pension alimentaire et les frais de justice.

Les témoignages des femmes que nous recevons indiquent qu’elles ne sont pas soutenues malgré les preuves, malgré la volonté de justice prétendue des autorités. Elles font face à l’omerta.

omerta dans la police

Les dossiers sont ralentis voire disparaissent, les menaces d’abus de pouvoir sont légions, les plaintes peu souvent reçues…

D’une manière générale, un soutien indéfectible fait rage, la hiérarchie protège les hommes incriminés pour préserver la réputation de l’institution. Ces représentants de la loi sont rarement remis en cause. Le costume semble laver leurs crimes. Et quand les preuves sont trop importantes, quelques sanctions tombent, sans faire illusion : simple blâme, mutation… Des condamnations bien trop faibles face à l’ampleur des accusations de harcèlement et de violences.

La police, la gendarmerie, l’armée… qui devraient être des modèles de justice et de citoyenneté ne sont pas au niveau exigé par une société digne de ce nom. Or ces violences corporatistes internes ont des répercutions puissantes.

Stop à l’impunité. Stop à l’omerta.

Il faut que toutes ces institutions fassent le ménage et évoluent pour rendre effective la tolérance ZÉRO nécessaire à une société protégeant réellement les humains maltraités, par un représentant de la loi inclus. Une pétition lancée par Abandon de famille et signée par 26000 personnes demande à ce que les gendarmes et policiers violents soient recensés.

Pour que cela change, la volonté des institutions et de l’état doit changer.

Il faut que ces derniers s’impliquent et fassent un grand ménage parmi les membres accusés de violence. Des moyens supplémentaires devraient être engagés dans ce sens pour lutter contre la misogynie, le sexisme, le racisme, etc.

Il est également important que tous les personnels actifs dans la prise en charge des victimes et le recueil de parole soient correctement formés sur des sujets comme l’emprise, les psycho-traumas, l’accueil des victimes mineures, la manipulation…

Enfin, il serait souhaitable qu’ils travaillent de concert avec d’autres professionnels pour mettre réellement en sécurité ceux qui viennent chercher du secours. Sans cela, comment les institutions peuvent-elles actuellement intervenir dans des dossiers de violences intrafamiliales alors qu’elles ne savent pas sanctionner les coupables en interne ni bien accompagner les victimes qui demandent de l’aide ?

Des solutions contre l’omerta ?

Si on dézoome, on peut réfléchir à d’autres solutions. Parce qu’imaginons que toutes les victimes de France se rendent dans ces institutions pour être protégées. Bien ou mal reçues, le traitement des dossiers ne serait pas gérable au vu de leur nombre immense. On le voit déjà, les plaintes classées sans suite pullulent faute de moyens et de volonté. Le système carcéral n’est pas en mesure de gérer le flux nécessaire. De plus, si la seule sanction est la prison, elle n’apporte pas de solution. La prison ne transforme pas un humain violent en humain non violent. C’est le cercle vicieux.

Pour résumer, le système judiciaire et policier actuel n’est pas adapté, à aucun niveau, à la gestion des violences intrafamiliales. Il faut donc proposer d’autres sanctions, plus efficaces.

Une piste intéressante serait que la France crée une nouvelle institution qui serait vraiment spécialisée dans les violences de genre, dans la lutte contre l’inceste, les harcèlements sexuels, psychologiques, dans la protection des enfants victimes ou témoins. Une institution apte à reconnaitre les agresseurs, les dominants qui écrabouillent. Une institution qui ne serait pas la police et qui traiterait en direct avec une autre nouvelle institution, judiciaire celle-ci : un tribunal des familles, entité formée également aux violences intra-familiales, qui ne serait dédiée qu’à celles-ci…

Avec un personnel compétent et éclairé, on se surprend alors à rêver d’un monde où les victimes seraient véritablement entendues et secourues. Plus d’omerta.

Sources : https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table/virginie-despentes-meuf-king-kong

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