Pourquoi la Justice favorise-t-elle le lien avec le père, au dépend des victimes ?

Pourquoi la Justice favorise-t-elle le lien avec le père, au dépend des victimes ?

Parmi les incompréhensions les plus fréquentes rapportées par les victimes de violences intrafamiliales, il y a celle où la Justice favorise le lien entre le père et l’enfant, même dans les cas d’inceste.

Pendant le temps des procédures, les enfants sont tenus d’aller vivre chez leur père ou de le voir dans des lieux prétendus neutres. Cela donne lieu à des scènes traumatisantes d’enfants terrorisés à l’idée d’être confrontés à leur agresseur, fut-il leur papa.

Du côté des mamans protectrices, c’est une aberration. L’image souvent invoquée est celle-ci : si un voisin était soupçonné de violences sur les enfants de la maison d’à-côté, personne ne demanderait que ces derniers continuent de le voir, au nom du maintien des bonnes relations de voisinage ou de la présomption d’innocence…

Parce qu’effectivement, quand une affaire n’est pas encore statuée, c’est souvent le principe de présomption d’innocence qui est invoqué. En France, chaque individu est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire. En conséquence, la Justice accepte de remettre un enfant à son père, pourtant accusé par sa progéniture du pire, tant qu’elle n’a pas rendu son verdict au nom du principe de la présomption d’innocence.

Or la présomption d’innocence n’est pas incompatible avec le principe de précaution : on peut vouloir protéger un enfant de son potentiel agresseur, sans pour autant que la condamnation ait eu lieu.

C’est exactement ce qui se passe pour les femmes avec l’ordonnance de protection : la femme est éloignée de son potentiel agresseur, même s’il n’a pas été condamné. Mais les enfants ?

Quand bien même ils n’auraient pas subis directement de violences mais auraient été témoins, et donc victimes, des violences faites à leur mère, dans tous les cas les enfants doivent être protégés.

Pourquoi ne pourrait-on pas appliquer une ordonnance de protection pour les enfants ?

Le Collectif pour l’enfance, qui regroupe 45 associations dont la nôtre, porte ce projet (voir proposition d’amendement législatif).

La CIIVISE également, elle préconise dans son rapport final (préconisation no 26) :

« Créer une Ordonnance de Sûreté de l’Enfant (OSE) permettant au juge aux affaires familiales de statuer en urgence sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste parental vraisemblable. »

La Justice aime « donner une chance » au père, sur l’argument de favoriser le lien père/enfant. Pourtant, on le sait, maintenir un lien entre l’enfant et le parent toxique peut être totalement contre-productif pour l’enfant. A quel moment, un humain accusé de violences peut-il jouer un rôle positif dans la vie de la personne qu’il maltraite ?

Quand la Justice “donne une chance” à un parent violent, elle oublie que la chance lui a déjà été accordée trop souvent par la mère et que ça suffit ! Il s’agit d’un biais de genre qui favorise les pères aux dépens des mères.

Et si on essayait des critères validés par des experts formés aux violences intrafamiliales ?

  • La gravité et la fréquence de la violence sont des facteurs cruciaux. Dans les cas de violence grave, qui mettent en danger la sécurité physique ou émotionnelle de l’enfant, il est généralement peu probable qu’un parent violent puisse être jamais considéré comme un bon parent.
  • La sécurité de l’enfant est la priorité absolue. S’il y a risque, des mesures devront être prises pour protéger l’enfant, en interdisant son droit de visite.
  • La violence peut entraîner des conséquences graves sur le développement émotionnel et psychologique de l’enfant. Les professionnels de la santé mentale recommandent un éloignement total de l’agresseur pour permettre à la victime de s’apaiser et guérir doucement.
  • Pour être un bon parent, il faut avoir la capacité de prendre soin de l’enfant, de répondre à ses besoins émotionnels et physiques, en lui fournissant un environnement stable et aimant. Un parent violent en est dépourvu. Tout comme sa capacité à changer est faible. Peu de pères agresseurs sont disposés à chercher de l’aide, à suivre un traitement et à travailler sur leurs problèmes pour changer leur comportement.

En presque 2024, favoriser le lien père/enfant aux dépens des victimes n’a plus de sens. La diversité des modèles familiaux a démontré que l’important est de prioriser le bien-être de l’enfant dans TOUTES les situations. Ce dernier doit pouvoir grandir dans un environnement sûr et affectueux, et tant pis si cela implique de le séparer de son père violent. Les droits de l’agresseur ne devraient jamais être placés au-dessus de la sécurité et du bien-être de l’enfant.

Quand on perpétue des violences, est-ce qu’on est vraiment un parent ?

« C’est clair que l’agression physique est quelque chose qui abime les liens, ce qui est encore plus intolérable et scandaleux quand on est un parent, avec un devoir de responsabilité et de protection.
Et quand on violente un enfant, on casse plus que toute autre personne l’estime de lui. On lui envoie un message selon lequel il ne mérite pas le respect. Il ne mérite pas d’être préservé dans son intégrité physique. Il peut être détruit.

Et surtout, il peut être détruit par la personne qui apparemment désirait sa venue, qui avait l’air de l’accueillir et lui donner des repères.
Quand un parent blesse et frappe, il indique à son enfant que le monde entier est contre lui et ne l’accueille plus. Et il abime son estime. »

Sophie Galabru, Agrégée et docteure en philosophie
au micro de Grégory Pouy dans l’épisode 287 du Podcast Vlan

Vous trouverez l’ensemble des préconisation de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) dans notre article  » Les 82 recommandations de la CIIVISE « .

Merci à Édouard Durand pour son immense travail au sein de la Civiise

Merci à Édouard Durand pour son immense travail au sein de la Civiise

Édouard Durand : Un Engagement Inébranlable envers la Protection de l’Enfance

Vous le savez très probablement, le 11 décembre 2023, il a été annoncé que la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (Ciivise) serait reconduite avec des compétences élargies. Cependant, les coprésidents initiaux, Édouard Durand et Nathalie Mathieu, ont été remplacés. Les nouveaux responsables nommés sont l’ancien rugbyman et responsable associatif Sébastien Boueilh, en tant que président, et l’experte judiciaire Caroline Rey-Salmon, en tant que vice-présidente. Cette décision a été perçue comme surprenante par certains experts et par de nombreuses associations dont la nôtre, compte tenu de l’excellent travail accompli par la Ciivise sous sa première direction.

Avant toute chose, nous souhaitons rendre officiellement hommage à Édouard Durand, dont on ne comprend pas l’écartement de la Civiise tant il a incarné la figure emblématique de la protection de l’enfance dont on a tant besoin.

Magistrat dévoué, il s’est illustré en tant que juge des enfants à Marseille, juge aux affaires familiales, et formateur à l’École Nationale de la Magistrature. Sa carrière, marquée par un engagement profond pour la défense des plus vulnérables, a culminé avec son rôle de vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au TGI de Bobigny et de membre du Conseil National de la Protection de l’Enfance.

Édouard Durand a toujours été un fervent défenseur de la parole des victimes. « Si la CIIVISE n’est plus l’espace de reconnaissance de la parole des victimes, ce n’est plus la CIIVISE« .

Il s’est battu pour que chaque voix soit entendue et chaque enfant protégé, comme en témoigne son implication puissante dans la Ciivise aux côtés de Nathalie Mathieu.

Nous reconnaissons et célébrons son apport inestimable à la cause et nous regrettons déjà sa persévérance, son intégrité et son esprit innovant.

Merci, Édouard Durand, pour votre passion sans concession et votre dévouement inébranlable à la protection des enfants.

Parallèlement, hélas, nous trouvons extrêmement symbolique le fait qu’il ait été démis de ses fonctions sans explication ni remerciement. Dix membres historiques sont actuellement en train de démissionner, comme Laurent Boyet de l’association Papillons, car “ils ne sauraient faire partie de cette mascarade”.

Nous sommes en droit de nous interroger sur la continuité de la Civiise, alors que ses membres dénoncent un “processus de silenciation” de la part de l’État. Processus qui rappelle étrangement celui des agresseurs que la commission dénonce justement.

La peur est celle d’un retour en arrière alors que les avancées mettent déjà tant de temps et d’énergie à voir le jour. Le travail sans précédent fourni par Édouard Durand et son équipe va-t-il retourner aux oubliettes ?

Sans parler des prises de positions du nouveau duo à la tête de la Civiise qui font déjà couler de l’encre car à rebours sur les préconisations de la commission.

Si le pire n’est jamais certain, il semblerait que les premiers signaux ne soient pas très encourageants.

A quand le retour d’Édouard Durand ??


Ce n’est pas une question de feuille de route, c’est d’abord une question de doctrine, une politique publique du soutien social : « je te crois, je te protège ». La nouvelle organisation ne donne aucune garantie sur cette doctrine.
Dans le communiqué de presse du gouvernement, il n’y a pas un seul mot pour les personnes qui ont confié leur témoignage à la CIIVISE. Les silences sont éloquents, les vides sont parfois à envahir tout l’espace. Pas un mot.

Edouard Durand 12 décembre 2023

Vous pouvez retrouver nos articles concernant les prises de position d’Édouard Durand et le travail de la Ciivise (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants) :

Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité

Rapport CIIVISE : résumé et préconisations supplémentaires

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

Pour en savoir plus sur les violences sexuelles faites aux enfants, nous vous recommandons la lecture de cet article, qui contient beaucoup de ressources et de liens utiles : Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants .

Enfin, voici un article qui permet de mieux comprendre le profil des agresseurs : Profil agresseur, dans les violences sexuelles faites aux enfants .

Témoignage de Françoise, victime d’inceste de la part de ses 3 frères dès l’âge de 10 ans…

Témoignage de Françoise, victime d’inceste de la part de ses 3 frères dès l’âge de 10 ans...

WARNING Attention contenu très sensible

Françoise est une enfant née dans les années 60, son père est boucher, sa mère nounou. Elle mène une enfance représentative de l’époque, ni malheureuse ni heureuse, avec des parents peu présents et peu chaleureux. Dernière enfant d’une famille de 5, c’est la seule fille, elle a donc 4 grands frères. Son père est le second compagnon de sa mère qui a eu un premier enfant à 17 ans, Joël, et qu’elle a délaissé en le confiant à sa propre mère pour aller travailler.

Françoise ne se souvient de rien de spécifique jusqu’à l’âge de ses 10 ans, période qu’elle associe à son premier souvenir d’inceste. Il reste néanmoins possible qu’il se soit passé des choses auparavant qu’elle aurait enfouie dans sa mémoire.

Un jour de ses 10 ans, sa mère s’affaire en cuisine en bas, ses frères sont à l’étage et Françoise s’ennuie.

Assise en haut des marches de l’escalier, elle demande à jouer avec ses grands frères, âgés de 12, 14 et 16 ans, qui sont enfermés dans la chambre. Cette chambre est aussi la sienne car elle dort habituellement dans la même pièce qu’eux dans son lit une place (seul l’ainé a une chambre pour lui tout seul).

Ses frères refusent qu’elle les rejoigne dans un premier temps puis changent d’avis 15 minutes plus tard, comme s’ils avaient réfléchi (ou manigancé ce qui suivra). Ils lui disent : « Si tu veux jouer avec nous, tu dois te laisser faire« . Françoise est toute contente et accepte bien volontiers les conditions. Ils lui demandent alors : « Allonge toi sur le lit« . Puis… ils lui enlèvent sa culotte.

Françoise est surprise mais elle a confiance dans ses frères. Elle voit le plus jeune faire le guet pour vérifier que leur mère reste en bas.

Et puis, les choses dérapent vraiment. L’ainé grimpe sur elle et la viole. Françoise ne comprend rien de ce qui se trame mais elle a mal, elle sent les va et vient dans son corps et elle demande qu’il arrête. Elle se souvient de lui avoir dit « Va-t’en« . Françoise est terrorisée. Le second de ses frères intervient, mais pas pour la sauver : « A moi maintenant” et tente à son tour de la pénétrer. Pareil pour le troisième ensuite mais ils ne savent pas vraiment y faire.

Françoise se souvient qu’ils étaient obsédés par être dedans « le trou » et qu’ils lui demandent sans cesse s’ils étaient “dedans”. Instinctivement, elle comprend qu’elle doit mentir pour se protéger et leur dit qu’ils sont bien dedans… La torture dure longtemps. Ses trois frères se relayeront 2 fois chacun jusqu’à ce que Françoise trouve le courage de dire : « J’entends maman, elle monte…« 

Elle profite de la confusion de ses frères pour remonter sa culotte et se sauver dans le salon. La fillette s’assoit sur un fauteuil, prostrée. Sa mère, qui est dans la cuisine, jette un œil et lui dit « Tu es bizarre« . Françoise ne répond rien, reste figée comme une statue. Ses frères arrivent rapidement après, le plus jeune s’approche d’elle et discrètement, la menace : « Si tu parles, on dira que tu mens et on te cassera la gueule« .

Françoise est persuadée que ses parents ne la croiront pas alors, terrifiée, elle garde tout sous silence.

Dès cet âge, elle culpabilise d’avoir participé à leurs jeux et d’avoir menti, comme si elle était responsable de ce qui lui était arrivé !

Parallèlement, Joël, le 1er enfant de sa mère, est devenu papa d’un petit Laurent. Il revient voir sa mère. L’histoire se répète, Joël et sa compagne abandonnent Laurent à sa mère.

Ils disparaissent pendant des mois. La mère de Françoise finit par aller voir la police pour abandon d’enfant et récupère la garde peu de temps après du jeune Laurent. Ce dernier dort dans la chambre de ses grands-parents durant ses premières années mais quelques mois après le viol de Françoise, ses parents décident qu’il doit déménager et dormir avec les autres enfants.

Il est prévu que Laurent dorme avec le plus jeune des frères de Françoise qui a un lit double. Mais Laurent est souvent malade, il passe des nuits compliquées qui perturbe le sommeil de son oncle. Un jour il vomit abondamment, alors le frère en profite et exige que ce soit Françoise qui dorme avec lui.

Rassemblant son courage, Françoise s’oppose fermement à cette disposition mais rien n’y fait, ses parents acceptent le changement.

Dès la première nuit, le frère tente à nouveau d’abuser d’elle. Il sait que Françoise ne veut pas dormir avec lui alors il met en place un chantage : « Si tu te laisses faire, je dis à Laurent de terminer la nuit dans mon lit et tu retournes dans le tien« . A vrai dire, dans tous les cas, Françoise n’a guère le choix… Et la violence sexuelle se remet en place… Toutes les nuits c’est la même chose. Son frère glisse son sexe entre ses cuisses pour tenter de la pénétrer. Et à chaque fois, elle lui fait croire qu’il y parvient.

Ce manège angoissant, traumatisant, va durer 3 ans. Pendant trois années, TOUTES les nuits, il vient se frotter contre elle et jouir contre son corps.

Ce qui mettra fin à cette horreur est un incident imprévu.

Françoise a 13 ans et ses premières règles arrivent. Elle file prévenir sa mère.

Celle-ci, pour une raison obscure, raconte l’événement à ses frères qui n’hésitent pas à retrouver Françoise pour se fiche de sa tête. Cela met Françoise en colère. Toute sa rage liée à son impuissance, tout ce qu’elle a subi la porte… Elle se lève face à ses frères et assène : “C’est fini, vous ne me toucherez plus ! »

Elle met son énergie à convaincre ses parents et elle récupère la chambre de son frère ainé, fraichement parti du domicile. Les violences sexuelles cessent enfin.

Aussitôt, le cerveau et sa mémoire amnésique font leur travail de protection. Françoise oublie ce qu’elle a subi les dernières années. Ses souvenirs disparaissent en surface.

Mais on sait bien que rien ne disparait réellement. Et le corps prend le relai, en dysfonctionnant, en criant sa douleur autrement.

Françoise grandit comme une cocotte-minute, toujours sous pression, régulièrement malade, apeurée. Il n’y a qu’à l’école puis au travail qu’elle s’épanouit, car elle s’y sent appréciée et reconnue pour ce qu’elle est.

A 27 ans, Françoise fait des crises d’angoisse, son sommeil est très perturbé, elle en vient à vouloir se suicider. Elle en parle à un médecin et au fil de l’eau, elle retrouve la mémoire de ce qu’elle a vécu ! Elle comprend enfin ce qui ne va pas et décide de se soigner, comme elle peut.

Elle participe à des séjours psychiatriques, pratique des séances d’EMDR, consulte des spécialistes… Des années durant, elle traine son mal-être sans trouver de solution miracle.

A la cinquantaine, elle se décide à tout raconter à sa famille, en commençant par sa mère qui lui reproche de ne pas lui en avoir parlé avant…

Elle a également une conversation avec un de ses frères des années plus tard, celui qui lui a fait subir des agressions sexuelles pendant 3 ans. Il reconnait son comportement et s’excuse, pensant ainsi être absout. Les autres diront plus tard ne pas s’en souvenir…

Alors il y a 6 mois, Françoise a décidé d’aller en justice, presque symboliquement. Elle se sent comme dépossédée de sa vie. Pour elle, ses frères ont tout eu, maison, femmes, enfants, petits-enfants. De son côté, tout a été compliqué, ses amours, sa sexualité… Françoise se sent seule.

Elle veut témoigner ici pour que sa parole aide d’autres victimes d’inceste de son âge, pour qu’elles trouvent le courage de dénoncer à leur tour les horreurs subies !

Le procureur de la république a transféré le dossier pour une enquête. On espère que la loi sur la prescription changera. Françoise demande justice !


Vous trouverez sur ce site d’autres témoignages d’anciennes victimes devenues majeures, elles témoignent courageusement de leur parcours chaotique : Ana Madet, victime d’inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans et Pierre, 39 ans, ancienne victime de violences sexuelles, physiques et psychologiques, assigne l’État pour fautes lourdes et déni de justice .

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

Les 82 recommandations de la CIIVISE (Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants)

La CIIVISE est une commission indépendante créée pour enquêter sur les violences sexuelles faites aux enfants en France et formuler des recommandations pour mieux protéger les enfants contre ces violences.

Le Président de la République a annoncé le 23 janvier 2021 le lancement de cette initiative pour deux ans.

La Ciivise a vu son mandat prolongé le 8 décembre 2022 jusqu’au 31 décembre 2023 et nous espérons qu’il le sera à nouveau.

Lundi dernier, elle a présenté son rapport, où elle restitue ces trois années d’engagement, livre son analyse des violences sexuelles faites aux enfants et présente 82 préconisations de politique publique selon 4 axes : le repérage des enfants victimes, le traitement judiciaire, la réparation incluant le soin, la prévention.

Update : la Ciivise a été renouvelée mais hélas avec une autre équipe à sa tête. Nous craignons que que cette version deux de la Ciivise ne soit pas du tout équivalente à la première.


AXE 1 de la Ciivise : Le repérage des enfants victimes

 1 : Organiser le repérage par le questionnement systématique des violences sexuelles auprès de tous les mineurs et auprès de tous les adultes par tous les professionnels

2 : Organiser le repérage pour les tout petits en s’appuyant sur le carnet de santé qui permet de vérifier le suivi médical

3 : Intégrer l’incestuel dans la pratique du repérage

4 : Intégrer les cyberviolences dans la pratique du repérage

5 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations de jeunes filles mineures pour une IVG et pour toute grossesse précoce

6 : Intégrer le repérage des violences sexuelles dans les consultations à la suite d’une tentative de suicide d’un enfant ou d’un adolescent

7 : Evaluer la mise en œuvre des 2 rendez-vous de dépistage et de prévention à l’école primaire et au collège

8 : Instaurer un entretien individuel annuel d’évaluation du bien-être de l’enfant et de dépistage des violences

9 : Veiller à l’utilisation effective du référentiel de la HAS d’évaluation du danger et du risque de danger et inclure le repérage systématique des violences sexuelles

10 : Rechercher, en cas de mort par suicide, si la personne a été victime de violences sexuelles dans l’enfance

11 : Former tous les professionnels au repérage par le questionnement systématique :

  • En garantissant une doctrine nationale par la formation avec l’outil « Mélissa et les autres » de la CIIVISE ; –
  • En mettant en œuvre le plan de formation initiale et continue des professionnels impulsé par la CIIVISE.

12 : Veiller au signalement des violences sexuelles faites aux enfants (plutôt qu’à la transmission d’une information préoccupante)

13 : Clarifier l’obligation de signalement par les médecins des enfants victimes de violences sexuelles

14 : Systématiser les retours du parquet sur les signalements émis par les administrations et les professionnels

15 : Clarifier et unifier la chaîne hiérarchique du signalement

16 : Créer une cellule de conseil et de soutien pour les professionnels destinataires de révélations de violences sexuelles de la part d’enfants

17 : Garantir l’immunité disciplinaire des médecins et de tous les professionnels

18 : Renforcer les moyens des services sociaux et des services de santé scolaires de la maternelle au lycée

19 : Veiller à prendre en charge le traumatisme vicariant des professionnels, via l’organisation d’un suivi psychologique individuel ou (et de préférence) collectif (analyse des pratiques)


AXE 2 de la Ciivise : Le traitement judiciaire

20 : Reconnaître une infraction spécifique d’inceste

21 : Créer par la loi une infraction spécifique réprimant l’incestualité

22 : Ajouter le cousin ou la cousine dans la définition des viols et agressions sexuelles qualifiés d’incestueux

23 : Elargir la définition du viol incestueux prévu à l’article 222-23-2 du code pénal et de l’agression sexuelle incestueuse prévue à l’article 222-29-3 du code pénal aux victimes devenues majeures lorsque des faits similaires ont été commis pendant leur minorité par le même agresseur

24 : Généraliser dans toutes les administrations le dispositif de prévention et de protection sur le modèle de la cellule “signal-sports”

25 : Faire appliquer, évaluer la mise en œuvre et renforcer les dispositions de l’article 6 du décret du 23 novembre 2021 afin de garantir la sécurité du parent protecteur en cas d’inceste parental

26 : Créer une Ordonnance de Sûreté de l’Enfant (OSE) permettant au juge aux affaires familiales de statuer en urgence sur les modalités d’exercice de l’autorité parentale en cas d’inceste parental vraisemblable

27 : Intégrer l’inceste et toutes les violences sexuelles faites aux enfants dans les schémas départementaux de protection de l’enfance

28 : Créer dans chaque département un service d’investigation, un service d’action éducative en milieu ouvert (AEMO) et une maison d’enfants spécialisée dans la protection et l’accueil des enfants victimes d’inceste et de toutes violences sexuelles

 29 : Garantir la protection des enfants victimes de violences sexuelles en suspendant toutes formes de visites médiatisées avec leur agresseur

30 : Envisager le domicile de la victime comme critère de compétence pour la procédure pénale

 31 : Veiller à l’information systématique des victimes en cas de dessaisissement d’une procédure par un parquet

32 : Assurer la mise en place de bureaux d’aide aux victimes dédiés aux violences sexuelles faites aux enfants

33 : Généraliser la réquisition aux fins de saisine d’une association d’aide aux victimes dès le début de l’enquête

34 : Garantir le respect des droits de l’enfant victime de violence sexuelle par l’intervention d’un administrateur ad hoc

35 : Assurer l’assistance de l’enfant par un avocat spécialisé dès le début de la procédure au titre de l’aide juridictionnelle sans examen des conditions de ressources

36 : Garantir que les enquêtes pénales soient conduites par des officiers de police judiciaire spécialisés

37 : Prioriser le traitement des enquêtes pour violences sexuelles faites aux enfants

38 : Désigner un interlocuteur référent accessible pour la victime ou ses représentants

39 : Poursuivre le développement des structures spécialisées dans l’accueil de la parole de l’enfant victime en :

  • Déployant sur l’ensemble du territoire national des unités d’accueil et d’écoute pédiatriques, à raison d’une UAPED par département conformément au second plan de lutte contre les violences faites aux enfants 2020-2022 ;
  • Déployant les salles Mélanie, à raison d’une salle d’audition par compagnie dans les zones de gendarmerie ;
  • S’inspirant des dispositifs « barnahus ».

40 : Garantir que toute audition d’un enfant victime au cours de l’enquête sera réalisée conformément au protocole NICHD par un policier ou gendarme spécialement formé et habilité

41 : Vérifier la réalisation de tous les actes d’investigation

42 : Poser un principe d’interdiction des confrontations des victimes avec les agresseurs

43 : Encadrer la pratique des examens médico-légaux intrusifs

44 : Assurer la réalisation des expertises psychologiques, pédopsychiatriques et psychiatriques par des praticiens formés et spécialisés

45 : Évaluer les stocks de procédures en cours en attente de traitement

46 : Renforcer les moyens de l’OFMIN notamment contre la cyber-pédocriminalité et assurer cette compétence dans les services enquêteurs de terrain

47 : Renforcer les moyens des forces de sécurité intérieure

48 : Systématiser le visionnage par les magistrats des enregistrements audiovisuels des auditions de mineurs victimes, avec mention en procédure

49 : Interdire le traitement en temps réel (TTR) en matière de violences sexuelles faites aux enfants

50 : Abandonner la terminologie du “classement sans suite” chaque fois qu’une suite est susceptible d’intervenir ou chaque fois que cette décision n’a pas vocation à être définitive

  • Informer de la possibilité d’une suite judiciaire en réparation devant le juge civil
  • Informer d’une suite administrative, notamment disciplinaire
  • Pour les suites de l’enquête pénale elle-même, créer un avis de suspension provisoire d’enquête qui en informe la victime

51 : Améliorer la notification du classement sans suite à la victime

  • Contrôler et sanctionner le respect de l’obligation légale de notification de l’avis de classement sans suite à la victime
  • Généraliser la pratique des avis de classement sans suite personnalisés
  • Systématiser la notification verbale du classement sans suite à la victime par le procureur de la République ou toute personne désignée par lui, notamment une association d’aide aux victimes
  • Au-delà de la mention des voies et délais de recours sur l’avis de classement sans suite, continuer à informer la victime de ses droits

52 : Prévoir, dans la loi, la suspension de plein droit de l’exercice de l’autorité parentale et des droits de visite et d’hébergement du parent poursuivi pour viol ou agression sexuelle incestueuse contre son enfant

53 : Assurer la préparation et la protection du mineur victime au procès en s’inspirant du dispositif québécois « Programme Témoin Enfant »

54 : Faire respecter à l’audience les obligations déontologiques de délicatesse et de modération des avocats de la défense

55 : Veiller à l’égalité des armes et au respect de l’interdiction des confrontations à l’audience

56 : Prévoir le retrait systématique de l’autorité parentale en cas de condamnation d’un parent pour violences sexuelles incestueuses contre son enfant

57 : Permettre à la partie civile de faire appel des décisions pénales sur l’action publique

58 : Veiller à ce que les victimes soient informées de la libération de leur agresseur

59 : Étendre la formation des magistrats sur les violences sexuelles sur mineurs à tous les magistrats spécialisés, siège compris, en cohérence avec la doctrine nationale

60 : Déclarer imprescriptibles les viols et agressions sexuelles commis contre les enfants


Axe 3 de la Ciivise : La réparation incluant le soin

61 : Garantir des soins spécialisés du psychotraumatisme aux victimes de violences sexuelles dans l’enfance en mettant en œuvre le parcours de soin modélisé par la CIIVISE

62 : Garantir la prise en charge par la solidarité nationale de l’intégralité du coût du parcours de soins spécialisés du psychotraumatisme

63 : Garantir une réparation indemnitaire prenant réellement en compte la gravité du préjudice en :

  • Reconnaissant un droit à l’expertise et en l’accordant systématiquement pour une plus juste reconnaissance des préjudices ;
  • Réparant le préjudice sous forme de provision pendant la minorité avec réévaluation du préjudice à l’âge adulte ;
  • Garantissant l’indemnisation par postes de préjudices conformément aux dispositions de la loi n° 2006-1640 du 21 décembre 2006 de financement de la sécurité sociale ;
  • Elaborant un barème d’évaluation de tous les préjudices prenant en compte les effets du psychotraumatisme ;
  • Reconnaissant de façon plus juste le préjudice sexuel ;
  • Reconnaissant un préjudice intrafamilial spécifique en cas d’inceste ;
  • Reconnaissant un préjudice de peur de mort imminente ;
  • Reconnaissant un préjudice spécifique en cas de grossesse issue du viol ;
  • Reconnaissant un préjudice spécifique d’altération handicapante des fonctions cognitives, mentales ou psychiques liée aux violences sexuelles.

64 : Renforcer les droits des victimes en :

  • Garantissant la spécialisation des experts sur les conséquences des violences sexuelles subies dans l’enfance ;
  • Assurant par l’Ecole Nationale de la Magistrature la formation des experts judiciaires sur le modèle de celle créée sur les traumatismes des victimes d’attentats ;
  • Élaborant une mission d’expertise type du dommage corporel en matière de violences sexuelles dans l’enfance ;
  • Utilisant en expertise l’enregistrement de l’audition de l’enfant victime ;
  • Remboursant l’intégralité des frais du médecin conseil ;
  • Rappelant aux psychologues qu’ils peuvent remettre une attestation descriptive à leur patient, et en rappeler les règles de forme et de fond.

65 : Faciliter l’accès aux avocats spécialisés tant dans les violences sexuelles qu’en réparation du dommage corporel :

  1. En référençant les avocats spécialisés ;
  2. En améliorant la prise en charge au titre de l’aide juridictionnelle.

66 : Améliorer le traitement judiciaire de la demande en réparation du préjudice en :

  1. Complétant systématiquement, pendant l’instruction, l’expertise psychologique par une expertise en évaluation provisoire des dommages ;
  2. Formant au psychotraumatisme les magistrats qui statuent sur l’indemnisation des victimes ;
  3.  Créant des chambres spécialisées sur intérêts civils en matière de violences sexuelles ;
  4.  Créant une commission d’indemnisation dédiée aux violences sexuelles ;
  5.  Dotant les CIVI d’outils de suivi de leur activité, incluant l’identification des indemnisations des victimes dont la plainte a été classée sans suite.

67 : Assurer un soutien durable aux jeunes majeurs confiés à l’Aide Sociale à l’Enfance victimes de violences sexuelles dans l’enfance

68 : Libérer les victimes d’inceste par ascendant de toute obligation à son égard (obligation alimentaire, tutelle)

69 : Inscrire dans la loi l’empêchement à reconnaissance par l’agresseur de l’enfant issu du viol


AXE 4 de la Ciivise : La prévention des violences sexuelles

70 : Généraliser le repérage des facteurs de risque par tous les professionnels, en particulier :

  • Violences conjugales
  • Grossesse.

71 : Dispenser rapidement des soins spécialisés du psychotaumatisme aux enfants victimes de violences sexuelles au titre de la prévention primaire

72 : Renforcer les dispositifs de prévention et d’écoute comme le numéro STOP des CRIAVS

73 : Renforcer les moyens des services spécialisés pour le suivi socio-judiciaire des agresseurs et garantir une prise en charge centrée sur le mode opératoire

74 : Renforcer l’efficacité du FIJAISV en :

  • Assurant l’effectivité de l’inscription au fichier ;
  • Allongeant la durée de conservation des données inscrites au FIJAISV pour les mineurs au-delà de la majorité ;
  • Permettant aux agents de police judiciaire d’avoir accès à la consultation du FIJAISV ;
  • Facilitant l’accès au FIJAISV lors des recrutements pour des activités mettant en contact avec des enfants et en permettant un contrôle régulier après le recrutement ;
  • Ajoutant l’état de récidive légale sur le FIJAISV ;
  • Créant la possibilité d’effectuer des recherches par zone géographique, afin de faciliter l’identification de suspects pendant les enquêtes.

75 : Interdire systématiquement l’exercice de toute activité susceptible de mettre une personne condamnée pour violences sexuelles en contact avec des enfants

76 : Renforcer le contrôle des antécédents lors du recrutement puis à intervalles réguliers

77 : Organiser le contrôle des établissements accueillant des enfants (de manière préventive, et en lien avec les remontées d’information relatives aux signalements, et les retours d’expérience/plans d’action qui y feront suite)

78 : Former les professionnels au respect de l’intimité corporelle de l’enfant

79 : Assurer l’organisation sur l’ensemble du territoire d’espaces d’écoute et d’échange accessibles à tous (Handigynéco)

80 : Assurer la mise en œuvre effective à l’école des séances d’éducation à la vie sexuelle et affective et garantir un contenu d’information adapté au développement des enfants selon les stades d’âge

81 : Organiser une grande campagne nationale de sensibilisation annuelle

82 : Assurer la continuité de la CIIVISE


Au sujet de la CIIVISE, nous vous conseillons de lire également Rapport CIIVISE du 31 mars 2022 : résumé et préconisations supplémentaires .

9 livres sur les violences sexuelles expliquées aux enfants

9 livres sur les violences sexuelles expliquées aux enfants

Voici 9 livres très utiles sur les violences sexuelles expliquées aux enfants.

Mon corps m’appartient !

de Isabelle Filliozat et Margot Fried-Filliozat

A partir de 7 ans

Pour aborder sans détour le corps, la sexualité et l’intimité pour prévenir les violences sexuelles envers les enfants. Les autrices aident les enfants à dire non et à protéger leur intégrité corporelle. Elles traitent de thèmes tels que les violences sexuelles, l’inceste et la pédophilie. Des exemples concrets et des explications simples accompagnent ces sujets délicats.


Et si on se parlait ?

d’Andréa Bescond et Mathieu Tucker

3 tomes adaptés à différents âges

Des enfants s’adressent à un lecteur de leur âge, sur des sujets qui peuvent le concerner directement : la jalousie après la naissance d’un petit frère, les parties intimes de l’enfant et le fait de les respecter, les parents, l’influence des médias. Des livres qui aident les enfants à comprendre l’indicible, ces choses importantes à aborder.


J’apprends à me protéger des abus sexuels

de Sébastien Brochot et PedoHelp

A partir de 8 ans

Une histoire illustrée pour apprendre des concepts aussi essentiels que l’amour, la séduction, l’intimité, la manipulation, la pudeur… Ce livre est un bon support pour les parents qui souhaitent aborder le sujet des abus sexuels avec leur enfant. Thème après thème, il y a tout ce qu’il faut savoir et comprendre pour se protéger et apprendre à dire NON ! NON ! NON !


Quand on te fait du mal

de Muriel Salmona et Sokhna Fall

A partir de 8 ans

Voici une brochure d’information gratuite et téléchargeable, illustrée par Claude Ponti. « Quand on te fait du mal » est un ouvrage permettant aux enfants de comprendre ce qui leur arrive ou ce qui arrive à leurs copains et de savoir quoi faire. Il apprend à identifier une violence, pour pouvoir s’en protéger et/ou savoir demander de l’aide. On peut recevoir gratuitement un exemplaire du livret en écrivant à memoiretraumatique@gmail.com.


Interdit dans la famille

de Catherine Dolto et Colline Faure-Poirée, illustré par Robin

De 3 à 7 ans

L’amour prend diverses formes : entre amoureux, envers les parents, frères, sœurs et amis, etc… Cependant, il existe des limites claires entre ce qui est autorisé et interdit, entre adultes et enfants. Parfois, des adultes proches, y compris les parents, peuvent se comporter de manière irrespectueuse. Ce livre explique que leurs comportements ne sont pas autorisés.


Touche pas à mon corps, Tatie Jacotte

de Thierry Lenain

A partir de 9 ans

Pas facile de s’affirmer et surtout de faire comprendre ça aux adultes… La petite fille de cette histoire est très polie. Tellement qu’elle laisse même Tatie Jacotte lui faire la bise alors qu’elle ne l’aime pas du tout. Un jour, à l’école, une dame est venue apprendre aux enfants que « mon corps est mon corps  » et qu’on a le droit de refuser un bisou… même un bisou des taties !


Le livre pour dire NON aux abus sexuels

de Rémy Chaurand et Delphine Sauliere D’Izarny-Gargas

A partir de 7 ans

Ce livre présente six histoires d’enfants (sous formes de BD) embêtés et harcelés par des plus grands (un cousin malveillant, un moniteur avec des gestes mal placés, un beau-père intrusif, etc.). À chaque fois, l’enfant trouvera des conseils pour bien réagir face à quelqu’un de dangereux et des solutions pour apprendre à se défendre en toutes circonstances et à dire NON tout simplement.


La princesse sans bouche

de Florence Dutruc Rosset

A partir de 5 ans

C’est l’histoire d’une petite princesse profondément blessée par le roi, son père, qui croit avoir tous les droits, y compris sur le corps et le cœur de sa fille… Heureusement la princesse courageuse trouve le chemin de la reconstruction et de la liberté… Un conte initiatique, dans la tradition de « Peau d’Âne », où les princesses sont plus fortes que la folie des rois.


Le loup

de Mai Lan Chapiron et Coralie Diere

A partir de 3 ans

Miette adore sa maison. On y invite les copains. On y joue aux cartes. On y mange bien. Seulement voilà, personne ne le sait, mais il y a le loup. Le loup n’est plus dans la forêt. Un album à hauteur d’enfant, juste et nécessaire, pour briser le tabou de l’inceste. En fin d’ouvrage, parents et professionnels de l’enfance trouveront un cahier rédigé par une psychologue, avec des outils concrets sur lesquels ils pourront s’appuyer.


Vous pouvez également consulter nos conseils de livres pour adultes.

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d’un père incestueux

Mariette, mère en lutte pour sauver sa fille d'un père incestueux

En 2013, alors qu’elle vit avec une personne qui a des addictions (alcool, etc.) et qu’elle gère au mieux leur petit garçon, Mariette fait la rencontre du locataire de sa sœur, Léo.

Rencontré à l’anniversaire de sa sœur, il tente immédiatement de la séduire. La jeune entrepreneuse part une semaine plus tard au Népal 3 mois pour son business avec son fils et son père. Léo lui écrit tous les jours, au début sous des prétextes pro puis plus intéressé. Mariette est engluée par ses jolis mots qui arrivent en masse.

Quand elle lui confie la violence qu’elle subit, il lui dit « Quitte le, tu mérites mieux« , se positionnant en sauveur. Comme il vit chez sa sœur, il connait plein de choses sur elle, il la sait fragilisée. Mariette décide de quitter le père de son fils et l’annonce à sa sœur malgré la réticence de Léo : « Ne lui dis pas, elle sera heureuse pour nous« .

Quand sa sœur l’apprend, elle semble horrifiée : « tous mais pas lui« . Elle se met en colère, expulse Léo sans s’expliquer ni à son mari ni à sa sœur. Mariette comprendra des années plus tard par son frère que sa sœur avait une histoire avec Léo et qu’il les manipulait toutes les deux. A ce moment, Léo se met en colère, se pose en victime, s’en prend à lui-même, se scarifie.

Mariette, dépassée, déjà sous emprise, a le syndrome de l’infirmière, elle décide de le croire.

Léo lui propose de passer la saison des marchés avec lui. Il loue une maison isolée sans la consulter. Tout va très vite. Même l’arrivée des critiques. Léo la dénigre continuellement, lui reproche sa façon d’être avec les hommes au marché. A la fin de la saison, elle rentre chez elle, là où vit le papa de son fils. Ça énerve Léo qui voudrait qu’elle s’éloigne de lui mais Mariette résiste 2 ans pour que son garçon continue de voir son père. Léo lui fait payer ce choix en étant très agressif et culpabilisant.

Mariette et Léo finalement s’installent 5 mois dans une maison sans vis à vis, à 2km du papa. 5 mois d’horreur où Léo achève de mettre en place son emprise par un yoyo émotionnel puissant. Hyper possessif, violent, il alterne des moments de douceur où il « réclame » un enfant et des crises de jalousie et de schizophrénie : il casse tout, écrit sur les murs, lance des couteaux, répète des trucs en boucle, espionne l’ordinateur de Mariette…

Des amis, passant à l’improviste, sont témoins de cette folie et d’une tentative d’homicide : après avoir projeté des chaises et autres objets sur Mariette, Léo lui lance une hache qui passe à quelques centimètres de son visage. Il menace d’aller tuer son premier compagnon dont il ne supporte pas la proximité. Sidération de la part de Mariette, qui met cela sur le compte de la fatigue ou la drogue. Elle finit par fuir chez son ex qui ne réagit pas à son appel à l’aide. Alors elle retourne chez sa mère et annonce à Léo que c’est fini.

Ce dernier réussit à lui retourner le cerveau, lui faire croire qu’il va changer car il l’aime.

Sous emprise, apeurée, elle cède. Et le cycle infernal recommence. Léo la culpabilise. Tout est de sa faute à elle car elle ne veut pas déménager. Aux violences psychologiques et sexuelles se rajoutent des violences financières. Dépendante, ficelée, elle accepte de déménager dans une autre maison isolée ; loin de s’apaiser, Léo passe aux violences physiques.

Isolée, Mariette subit des coups de poings, de couteaux, des crachats. Il pousse la perversion jusqu’à s’imposer à la cuisine pour la menacer d’empoisonnement. Mariette est dans un état constant de panique et d’hyper vigilance. Elle ne dit plus rien, ne parle à personne. Un jour, elle ose demander pourquoi Léo la frappe, il répond :  » tu m’as demandé d’arrêter de m’en prendre à moi alors je m’en prends à toi « . Manipulateur n’est pas un mot assez fort pour le décrire.

Quand elle lui annonce qu’elle est enfin enceinte, loin de bondir de joie, il lui demande d’avorter. S’en est trop pour Mariette qui tente de fuir. Mais elle se fait rattraper et la violence augmente encore, par représailles. Quand il apprend que c’est une petite fille, Léo décide de garder l’enfant. Il impose un prénom très dérangeant car il veut qu’elle soit une guerrière. L’enfant aussitôt née, c’est comme si Mariette devait disparaitre.

A peine rentrés, il insiste pour qu’elle aille travailler. 3 semaines après la naissance, il lui fait traverser la France pour acheter le camping-car d’un pédo-criminel. Les « vacances » sont horribles, les coups pleuvent, même devant les enfants. De surcroit, elle comprend que Léo maltraite aussi son fils, jusqu’à déchiqueter son doudou. Il ne supporte pas les réveils la nuit. S’en est trop. Pour la 4ème fois, Mariette part se réfugier ailleurs mais il finit toujours par la retrouver et la menacer du pire pour elle et les siens.

Elle rencontre aussi pour la première fois la mère de Léo qui lui dit  » Fuis, il a un dossier psychiatrique, méfie-toi de son intelligence « .

Mais c’est trop tard, Mariette est comme dans une prison mentale où il lui est impossible de dire les choses, voire même de les penser. Elle vit dans un état de terreur, son état est téléguidé par la violence de Léo. P

ar hasard, elle découvre qu’il navigue sur le darknet (il lui dit qu’il cherche un tueur à gage pour elle). Puis furieux de s’être fait découvrir, il achète une arbalète dans la foulée. Un jour où il cherche à la tuer, elle se met à hurler et ses cris attirent les voisins, qui se rassemblent pour la protéger de la violence. Léo, fou de rage, arrache sa fille des bras de la voisine et la jette dans la voiture pour partir en trombe. Dès qu’il revient avec le bébé, Mariette part habiter chez une des voisines qui lui a dit :  » C’est fini, tu ne restes plus avec cet homme « .

Il dépose une plainte aussitôt pour dire qu’elle l’a abandonné, il ment et inverse la situation.

La voisine reloge Mariette en urgence. Cette dernière est terrorisée, épuisée, toujours sous emprise mais elle sait désormais qu’elle ne veut plus retourner chez Léo. Lui la retrouve, défonce sa porte pour la frapper, heureusement, d’autres voisins interviennent et contactent les policiers. Sous leurs conseils, elle porte plainte pour violence conjugale puis pour agression sexuelle.

Léo cesse alors ses visites, mais il la harcèle par téléphone. Et lors de la confrontation, il parvient sans souci à mettre la police de son côté. Les policiers pensent que Mariette est folle. La jeune femme trouve du soutien auprès d’une association, qui l’aide à obtenir la garde de sa fille. Et puis, elle ose prendre contact avec l’ex de Léo qui lui raconte qu’elle a vécu le même calvaire et qu’elle est encore terrorisée.

Petit à petit, Léo se fait plus offensif, il parvient à obtenir des droits plus larges.

Pourtant un rapport d’expert affirme qu’il ne mesure pas l’ampleur de ses impulsivités. En août 2018, tout s’effondre. L’enfant raconte à sa mère que son papa lui met « les doigts dans les fesses » et lui « apprend à l’embrasser sur la bouche« …. Un médecin constate des pustules sur la bouche de l’enfant qui explique « Papa m’a mis un bâton noir dans la bouche, j’ai failli m’étouffer » (un gode).

Horrifiée et en colère, Mariette se démène pour empêcher sa fille de retourner chez son père. Léo se retrouve à nouveau en droit de visite médiatisée. L’association remet un rapport édifiant contre le père et témoigne que l’enfant continue de dénoncer l’inceste, même devant son père. Hélas, le rapport disparait et l’ASE s’acharne à maintenir les visites. Pire leur psy accuse la mère de SAP (syndrome d’aliénation parentale) !

Léo fait systématiquement appel et au troisième, tout bascule. Un juge aux affaires familiales le croit et il récupère la garde exclusive de sa fille qui ne l’avait pas vu depuis un an.

Pendant les deux années suivantes, omnipotent, il manipule l’enfant, qui se verrouille, silenciée comme un soldat.

Mais elle se plaint toujours d’avoir mal au ventre, a un comportement sexualisé avec son grand frère…

Les gendarmes continuent de mener l’enquête, auditionnent l’ex de Léo et comprennent qu’ils ont fait fausse route. Le vent tourne un peu. Il y a quelques jours, le procureur a classé sans suite les plaintes calomnieuses du père. L’instruction est toujours en cours. Mariette espère pouvoir désormais récupérer ses droits et protéger sa fille. Mais hélas, souvent rien n’est moins sûr que la Justice.


Notre association reçoit de nombreux témoignages de parents protecteurs qui ne sont pas écoutés par la Justice. Cliquez sur ce lien pour consulter l’ensemble de ces témoignages.

[Témoignage Vidéo] Dysfonctionnements judiciaires. Pour avoir tenté de protéger sa fille victime d’inceste, May a perdu la garde de son enfant.

Pour avoir tenté de protéger sa fille victime d'inceste, May a perdu la garde

May a perdu la garde de sa fille, elle partage son expérience :


• Non-représentation d’enfant : les conseilleurs ne sont pas les payeurs…
Brigade des mineurs : encore tellement de personnes non formées aux violences intrafamiliales !


Voici un article qui approfondit la question de la non représentation d’enfant.

[Témoignage Vidéo] Julie nous parle des dysfonctionnements rencontrés dans le combat pour protéger son enfant victime d’inceste

[Témoignage Vidéo] Julie nous parle des dysfonctionnements rencontrés dans le combat pour protéger son enfant victime d'inceste

Après 5 ans de procédures pour protéger son enfant, voici ce que Julie aurait aimé savoir AVANT de se lancer dans ce parcours au sujet 

  • de la gestion des preuves, des procédures,
  • des relations avec les avocats ainsi que le coût,
  • du quotidien avec un enfant éloigné de son parent protecteur. 

Elle partage son expérience

  • Que faire quand votre enfant vous raconte qu’il a été victime de violences sexuelles ?
  • Comment réagir face à l’agresseur quand on se retrouve avec les révélations de son enfant ?
  • Insistez pour que votre enfant soit reçu par les UMJ
  • Collecter les preuves, un travail préalable rigoureux essentiel
  • Récoltez un maximum de témoignages
  • Bien choisir son avocat et avoir conscience des coûts financiers
  • Ne pas hésiter à changer d’avocat (sans se faire avoir)
  • Comment accompagner son enfant après les révélations malgré la séparation ?

Témoignage de Tamara, maman en fuite depuis 5 ans pour protéger sa fille victime d’inceste

Témoignage de Tamara, maman en fuite depuis 5 ans pour protéger sa fille victime d'inceste

L’histoire de Tamara et de sa fille Ana est extrême, mais ressemble, hélas à bien d’autres dossiers de victimes d’inceste où la mère protectrice devient l’accusée…

Tamara a 37 ans lorsqu’elle rencontre Gérald. Elle est architecte, peintre, et mène une vie sociale épanouie. Le coup de foudre est immédiat, et pourtant l’instinct de Tamara lui indique que quelque chose ne va pas… A plusieurs reprises, elle tente de quitter Gérald, ne se sentant pas libre dans leur relation. Mais il insiste, lourdement, et trouve, à chaque fois, les mots pour la convaincre de l’importance de leur histoire…

Un an plus tard, Tamara est enceinte et les violences psychologiques se font sentir. Gérald lui explique qu’il veut que leur relation continue sans que l’enfant ne sache qu’il est le père…

Puis, vu le refus de Tamara, il la harcèle pour qu’elle aille avorter, sinon « il va devenir fou » et « se suicider »…

Tamara ne cède pas, prend des distances, et se prépare à accueillir l’enfant seule. Mais Gérald revient, s’excuse, explique que « la paternité c’est compliqué pour lui », se montrant, à nouveau sous son meilleur jour. La naissance d’Ana se passe dans un bonheur trompeur.

Alors que leur fille a 15 jours, Gérald est en proie à la 1ère d’une série de crises délirantes, où son rejet de l’enfant va littéralement exploser. Ses crises sont terrifiantes et il reconnaîtra par écrit avoir « terrorisé, montrant l’effrayant portrait d’un autre »…

Gérald séquestre Tamara et Ana, profère des centaines de menaces à leur encontre, et jette une chaise visant Ana qui aurait pu la tuer…

Le 18 mars 2014, il force Tamara à se réfugier dans la réserve d’un magasin, alors qu’il exige de se rendre chez elle pour « exploser sa tête et celle du bébé »…

Les vendeurs appellent la police, mais le traitement de la plainte est lamentable : celle-ci est classée sans suite en moins de 2 heures, alors même que Tamara et Ana sont placées en chambre d’urgence le soir-même…

Incohérence totale, dont Gérald va jouer pour retourner la situation contre la mère auprès du Juge aux Affaires familiales… En effet, en dépit des preuves, c’est elle qui est accusée, par 2 experts judiciaires, de « fantasmer » et de nuire au lien père/enfant. Comme souvent, les juges occultent les violences et parlent d’un « conflit conjugal », faute de poursuites pénales du mis en cause…

C’est de justesse que Tamara conserve la garde d’Ana. Mais, si elle évite le pire, la Justice établit qu’elle aurait « privé le père » de l’enfant alors qu’elle fuyait pour protéger leurs vies… Gérald obtient un droit de garde élargi, mais plus grave encore il obtient la mise en cause de la mère dans 2 expertises judiciaires, ce qui lui permet de perpétuer d’autres violences, impunément…

Ana victime d’inceste…

Ainsi, lorsque Ana, à 2 ans et demi, révèle avoir subi des violences sexuelles chez lui, rien ne va se dérouler normalement… Les associations sont formelles : Tamara doit confier Ana au père, faute de quoi, elle perdra tous ses droits en quelques semaines… Tamara attend donc la réaction du parquet, qui ne saurait tarder, car les dires d’Ana sont criants de vérité. L’enfant mime les faits qu’elle rapporte et revient de chez son père avec les traces sur son corps des violences dénoncées….

MAIS LA JUSTICE NE FAIT RIEN… si ce n’est permettre à nouveau à Gérald de retourner la situation contre la mère…

Et en dépit de 6 signalements judiciaires alertant le Procureur sur la crédibilité des dires d’Ana, aucune enquête sérieuse n’aura lieu…

Le procureur met plus d’un an à auditionner Gérald qui entre temps peut arguer auprès du Juge des enfants que les faits sont « irréels » puisqu’il n’a même pas été entendu ! Et c’est avec cet argument ainsi que les 2 expertises judiciaires à charge contre Tamara qu’il obtient que des investigations soient menées, visant Tamara ! Celle-ci, sur les conseils de 2 psychologues et les dires d’Ana ne laissant plus de place au doute, a cessé de la confier à Gérald. L’enfant, dès qu’elle ne séjourne plus chez son père, va mieux, retrouve son sommeil, sa joie de vivre, tandis que les maladies qu’elle faisait à répétition cessent…

Mais l’enquête du Juge des Enfants est à charge contre la mère et les associations lui conseillent alors d’enregistrer ses entretiens, ce qui va révéler de graves fautes commises par la Justice.

En effet, lorsque Ana est entendue, on lui demande 26 fois en 15 minutes si « c’est maman qui raconte ça ? », puis, alors qu’elle dénonce les faits (« papa, il me met le zizi dans la zézette. Tous les jours il fait ça, ça fait très très mal, tu sais »), c’est le contraire qui est indiqué dans le rapport.

Son « c’est la vérité ce que je dis » se transforme en « c’est maman qui raconte la vérité » !

C’est à l’appui de ce rapport truqué que Gérald obtient la garde d’Ana, le 17 mars 2018, tandis qu’en juridiction pénale, des vidéos « Mélanie » disparaissent, des prélèvements sont détruits, et le Juge d’Instruction s’abstient de toute instruction… Tamara a alors le choix entre accepter qu’Ana aille vivre chez Gérald, ou fuir avec elle… ce qu’elle fait, ne pouvant se résoudre à livrer sa fille à l’homme que l’enfant accuse de viol.

Depuis, les décisions civiles se succèdent où la culpabilité pénale de Tamara est affirmée avant même son procès… Or, la loi en France ordonne à une mère de protéger son enfant, et ôte tout caractère délictueux aux actes nécessaires à la sauvegarde d’une personne (art 122-7 du Code pénal). Pourtant, la Justice, pour l’instant, refuse de reconnaître les erreurs commises dans ce dossier, à savoir que toutes les preuves de l’inceste dénoncé ont été passées sous silence dans les ordonnances judiciaires.

Le combat de Tamara n’est pas fini, même s’il dure depuis 9 ans et lui a déjà coûté 150 000€. Depuis 5 ans, elle vit cachée avec Anna et mène de front une autre bataille : vivre et vivre bien, en dépit de la clandestinité, pour que sa fille grandisse sans violence… N’hésitez pas à la soutenir !


De nombreuses mères ont également témoigné des dysfonctionnements judicaires.

Comment les agresseurs continuent d’utiliser discrètement le controversé SAP

Comment les agresseurs continuent d'utiliser discrètement le controversé SAP

On le sait, on le répète, le syndrome d’aliénation parentale (SAP) est l’invention d’un psychiatre du siècle dernier, Gardner, par ailleurs critiqué pour ses positions soutenant la pédocriminalité. Le syndrome d’aliénation parentale (SAP) est censé décrire un comportement continu de l’enfant qui rabaisse et insulte l’un de ses parents sans justification. Par exemple, un enfant qui accuse son père d’inceste…  Selon Gardner, ce comportement qui ne nuit qu’au pauvre père est dû à une combinaison de facteurs, dont l’endoctrinement par l’autre parent, la mère manipulatrice et toute puissante…

Depuis, la science est passée par là, il a été prouvé que ce concept de SAP n’a rien de scientifique et que ses arguments sont vagues et subjectifs, sans parler du biais négatif important contre les mères qui dénoncent les abus.

Malgré sa nullité scientifique, le SAP reste un argument apprécié des avocats peu scrupuleux ou misogynes, ainsi que des « experts » et travailleurs sociaux. Mais depuis que des associations, des psychiatres compétents et d’autres professionnels éclairés dénoncent ce faux syndrome et ses conséquences dévastatrices sur les victimes, ces mêmes personnes tentent de jouer profil bas. Elles ont compris qu’il était facile de décrédibiliser cet argument, alors elles le contournent.

Fini le syndrome d’aliénation parentale ! Bienvenue… les synonymes !

La mère n’est plus aliénante. Elle est trop fusionnelle, trop rigide, sans concession, trop protectrice… Les mères influencent, insinuent, profitent, exploitent, utilisent l’enfant pour se venger, l’étouffent… Elles mentent…

Ces expressions ne sortent pas de nulle part. Ce sont celles employées par les défendeurs des agresseurs, celles qui sont martelées lors des plaidoyers et qui convainquent les juges. Sans aucune preuve et visiblement sans aucune honte non plus, ils accusent la « toute puissance maternelle » de n’avoir de cesse que briser la vie des pauvres agresseurs innocents…

S’appuyant sur une vision patriarcale de la société, ces gens affirment avec conviction que la mère place l’enfant dans un conflit de loyauté, qu’elle est atteinte du syndrome de Münchhausen (pour varier les plaisirs), qu’elle transfère son vécu et ses propres angoisses parce qu’elle est paranoïaque, surprotectrice, projective, toxique… Le champ sémantique de la folie est largement exploité :  hystérique, dépressive, manipulatrice. Bref la mère doit se faire soigner…

Voici un extrait de la plaidoirie de la partie adverse d’une maman protectrice, qui a tout perdu suite à cela :

« Madame ose MENTIR ». « Elle veut ÉLIMINER le père de la vie et du cœur de son fils ». « On demande à la justice de supprimer le père » « C’est un homme faible qui se couche devant la puissance de madame ». « Il n’y a qu’une seule façon de sauvegarder l’enfant et faire cesser cette puissance maternelle aliénante ». « Madame développe une argumentation délirante et fantasmée ». « Ce n’est pas la Cour qui va pouvoir lui donner le remède adéquat mais un autre professionnel, elle devrait consulter ». « Il y a beaucoup de choses d’affabulées et destructrices ». « Madame crée des scènes et des histoires inventées »

On pourrait en rire si ce n’était pas aussi pathétique et destructeur pour les victimes.

Il faut en finir avec ce syndrome d’aliénation parentale et toutes ses variantes anti-victimaires, non scientifiques invoquées dans les tribunaux.

Dans son rapport, la Commission Indépendante sur l’Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants (CIIVISE) préconise de proscrire le concept de syndrome d’aliénation parentale de tout l’appareil judiciaire. Elle rappelle que cette théorie, qui n’a pas de reconnaissance scientifique dans aucune classification internationale (ni à l’OMS ni au DSM américain), met en danger des enfants victime d’inceste.

Alors pourrait on enfin passer d’une culture de domination des femmes et des enfants à une culture de la protection ?


Vous pouvez aussi télécharger notre livret gratuit « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« , il fournit des ressources utiles pour les victimes. Et consulter notre articles sur le « Profil des agresseurs, dans les violences sexuelles faites aux enfants« .