La coparentalité avec un pervers : 6 conseils pour vous aider à naviguer dans les eaux troubles sans faire naufrage

La coparentalité avec un pervers

Par Caroline BREHAT

Psychothérapeute, psychanalyste, autrice

La coparentalité avec un pervers

Le titre de cet article peut surprendre. Il contient en effet un oxymore. Les termes « coparentalité » et « pervers » sont par définition antinomiques. Comment coordonner, partager l’éducation d’un enfant avec une personne dont la très forte tendance à l’auto centration l’empêche d’être dans le partage ?

Cela ne fait que quelques mois que vous avez signé l’accord de garde, mais, loin de pouvoir souffler et de laisser cette folie derrière vous comme vous l’espériez, vos pires craintes sont en train de se matérialiser. Votre ex, qui ne vous a pas pardonné de l’avoir humilié en le quittant et a obtenu la garde partagée, utilise déjà l’enfant comme un instrument de vengeance (ou de chantage tacite) sans se soucier des dégâts que cela pourrait occasionner sur son psychisme immature.

Et tout ce que vous avez tenté d’oublier rejaillit soudain avec fracas dans votre mémoire. Vous avez l’impression d’être de nouveau en tête à tête avec vote ex, l’être invivable que vous appeliez secrètement Staline, celui qui s’acharnait à contrôler vos faits et gestes, à créer des conflits, à vous accabler et, vous l’auriez parié, en tirait même une jouissance perverse.

Non seulement il recommence à vous attaquer en interprétant la réalité de manière biaisée et autoritaire, mais il ajoute une touche de perversion : il utilise votre petit Adam contre vous. Comment ? En lui racontant des histoires, en lui faisant croire que vous êtes mauvaise.

Et vous vous maudissez de ne pas vous être mieux battue pour protéger votre enfant de cette folie. Car vous passez une grande partie de votre temps à vous disculper aux yeux d’Adam qui, vous le voyez bien, ne sait plus très bien qui croire. Non, vous n’avez pas mis papa à la porte du domicile familial, enfin si, mais vous aviez les meilleures raisons du monde.

Comment expliquer à un enfant de 6 ans que c’est parce que son gentil papa vous maltraitait psychologiquement et que votre survie psychique, et donc la sienne également, étaient en jeu ? Cela atteint des proportions grotesques et vous craignez même que votre ex ne lave carrément le cerveau de votre enfant. Vous n’êtes clairement pas à armes égales puisque votre ex utilise la diffamation et le mensonge, mais vous avez plus d’atouts que vous le pensez. Et vous n’y laisserez pas votre peau, ni celle de votre enfant.

Voici quelques conseils qui devaient vous aider à naviguer dans les eaux troubles de la coparentalité avec un pervers narcissique sans faire naufrage, c’est-à-dire en veillant à ce que les dommages collatéraux (causés à l’enfant) soient minimaux.

1. Faire un travail psychique d’acceptation et de deuil

Entrer dans la coparentalité avec un pervers implique d’abord de réaliser un travail psychique. Cela veut dire accepter de faire le deuil d’une relation normale avec votre ex car sa structure psychique ne lui permet pas une coparentalité saine. Pourquoi ?

Parce que, premièrement, vous êtes son mauvais objet et que vous avez été choisie à votre insu pour être celle avec qui il va régler des comptes anciens, même très anciens. Lesquels ? Ceux qu’il a avec sa mère ! En effet, dans de nombreux cas de figures, la femme de ces hommes, la mère de leur enfant, est fantasmatiquement vécue comme un avatar maternel. Et vous n’avez pas pu ne pas remarquer que votre ex a une relation parfaitement ambivalente avec sa mère, une relation totalement fusionnelle (sur fond abandonnique, il est vrai) qui l’enrage car il a l’impression d’être plus ou moins consciemment captif de sa mère.

Bref, sa vision est irrémédiablement biaisée : vous êtes son bourreau, il est votre victime. C’est écrit dans le marbre de son psychisme. Vous le persécutez, il n’a donc d’autre choix que de vous persécuter à son tour. Et autant se le dire immédiatement, car cela vous fera gagner du temps : votre ex fera tout pour imprimer sa vision biaisée de vous dans le psychisme de votre enfant. Comprenez bien que rien de tout ceci n’est conscient, votre ex rejoue un scénario archaïque inconscient, lié aux maltraitances/négligences qu’il a subies pendant son enfance, mais sa vision actuelle de vous n’en est pas moins opérante.

Il y a autre chose que votre ex ne peut vous pardonner. Vous avez également mis à mal l’image d’homme parfait qu’il se plaisait à promouvoir. Vous n’êtes pas du genre à vous vanter, vous êtes même plutôt humble, prompte à vous effacer, mais reconnaissez-le, vous êtes tout simplement plus intelligente, plus diplômée, plus responsable, plus compétente professionnellement que lui (une sorte de femme trophée) … Et à votre insu, vous ne pouvez vous empêcher de lui renvoyer ses failles, ses faiblesses, ses fêlures même, c’est-à-dire sa veulerie, sa dépendance vis-à-vis de vous, et, cela lui est tout simplement insupportable.  

Selon le degré de pathologie de votre ex, vous devrez donc commencer par faire de nombreux deuils. Non, vous ne jouirez jamais d’une relation de coparentalité saine et normale. Exemples : vous ne pourrez pas compter sur lui pour aider Adam à faire ses devoirs (c’est bien trop barbant pour votre ex qui préfère jouer aux jeux vidéo avec son fils, ou sans lui, d’ailleurs). Vous ne pourrez pas compter sur lui pour administrer religieusement les médicaments nécessaires pour soigner le rhume d’Adam (votre ex est bien trop autocentré pour y penser). Et non, votre petit Adam ne mangera pas correctement ni ne se couchera à heures fixes.

Mieux vaut le savoir maintenant que de consacrer toute votre énergie à éduquer votre ex dont l’immaturité et la rigidité le rendent inéducable…

Que faire lorsque l’enfant est jeune et qu’il est impossible de responsabiliser l’enfant à la place du parent pervers ? Faire entrer en scène une psychologue a parfois des effets positifs. L’ex se sent surveillé, observé, il est sur ses gardes et fait plus attention.

2. Instaurer des limites à votre ex

Le pervers a une fâcheuse tendance à vouloir instaurer SA loi. Il faut le comprendre : fantasmatiquement, la loi c’est lui puisqu’il est Dieu. La loi judiciaire et la protection juridique sont donc indispensables pour faire contrefeu et le faire plier. Et vous ne connaissez que trop bien ses rages lorsqu’il n’obtient pas ce qu’il veut ou lorsqu’il interprète votre réaction comme du mépris ou du dénigrement.

Il faut absolument éviter que l’ouragan qui sommeille en lui ne se déchaîne devant votre enfant. Pour ce faire, il n’y a qu’une seule solution : instaurer des limites. Communiquez principalement par emails ou SMS ou par l’entremise de votre avocat. Cette méthode a également l’avantage de vous permettre de réfléchir à froid à ce qu’il faut dire. Souvenez vous que vous écrivez également pour le juge car avec votre ex hyper procédurier, vous n’êtes jamais qu’à quelques pas d’un tribunal.

Dans l’accord de garde, délimitez précisément, religieusement même, tous les contacts et les interactions possibles, de même que toutes les imprécisions qui pourraient lui permettre de s’engouffrer dans la brèche et de vous entraîner dans une dispute (heures et lieux exacts de prise en charge et de dépôt de l’enfant, calendrier ultra précis des vacances, nombre d’appels téléphoniques autorisés par jour…) N’oubliez pas que les zones grises représentent une opportunité pour le pervers de vous mettre à mal. Tout doit être écrit noir sur blanc.

Votre meilleur allié sera un avocat spécialiste de ces personnalités toxiques et chevronné. La convention de garde doit être ultra précise (ex) : blindée contre les manœuvres intrusives et explosives de votre ex.

Trop de mères célibataires en butte à ces hommes pervers choisissent des avocats maltraitants ou négligents qui finalement parachèvent à leur insu le travail de leur ex, soit parce qu’ils ne répondent jamais à leurs mails et appels soit parce qu’ils doutent de ce qu’elles racontent et pensent même qu’elles exagèrent. Ces avocats ne peuvent en aucun cas vous aider.

La première pierre consiste à trouver un avocat spécialiste des conflits de garde avec qui vous pouvez faite équipe. Un avocat qui a réellement à cœur de vous protéger ainsi que votre enfant. Ces avocats sont évidemment extrêmement minoritaires, mais ils existent.

3. Se rééduquer au bonheur

La guerre que votre ex livre contre vous est une guerre d’usure, une guerre des nerfs, semblable à celle des tranchées pendant la Première Guerre Mondiale. Le mot d’ordre est donc de prendre soin de vous, c’est-à-dire de votre psychisme et de votre corps car, bien sûr, les deux sont inextricablement liés.

La première démarche est évidemment de consulter régulièrement une psychothérapeute spécialiste des personnalités perverses. Ce psychothérapeute devra avant tout être empathique car aucun psychothérapeute non doté de cette qualité ne pourra vous aider réellement. C’est le minimum : un psy qui accueillera votre douleur avec compassion et ne vous renverra ni insensibilité ni froideur, ces défauts qui sont justement ceux de votre ex, que bien sûr vous n’avez aucunement envie de retrouver chez votre psy.

La mission de votre psy sera de vous aider à évacuer le trop plein de folie que votre ex expulse en vous car, oui, votre ex expulse sa folie en vous et c’est ce qui explique que vous avez si souvent l’impression de devenir folle. Il faut relire Paul-Claude Racamier, psychiatre et psychanalyste, le premier à avoir révélé et décrit, à la fin des années 1980, les perversions narcissiques et leur fonctionnement, pour comprendre ce qui se passe lorsqu’on est en contact avec ce type de personnalités  :

« Le mouvement pervers narcissique est une façon organisée de se défendre de toutes douleur ou contradiction internes et de les expulser pour les faire couver ailleurs, tout en se survalorisant, tout cela aux dépens d’autrui et non seulement sans peine mais avec jouissance. L’objet de la perversion narcissique est […] un ustensile. »

C’est dur à entendre, mais vous n’étiez en fin de compte qu’un réceptacle permettant à votre ex d’expulser de lui tout ce qui lui était insupportable et menaçait de le mettre à mal. Il va sans dire que cette intrusion forcée dans votre psychisme ne peut également que vous mettre à mal également.

La simple fréquentation de ces personnes génère une sorte de paralysie traumatique de la pensée. L’impossibilité de se le représenter, c’est-à-dire de l’inscrire dans une chaîne signifiante, est précisément ce qui rend le traumatisme pathogène. Le psychothérapeute vous aidera aussi à déculpabiliser car, bien sûr, inévitablement, vous culpabilisez d’avoir donné un parent pervers à votre petit Adam. Les groupes de soutien où l’identification bat son plein permettent également de rompre l’isolement physique et psychique.

Aller mieux passe par une reconnexion avec son désir, son corps afin de retisser le tissu de votre enveloppe de protection. Ne vous privez pas de la possibilité de faire ce qui vous fait plaisir, qu’il s’agisse d’un sport, de balades, d’un club de lecture, de yoga, de méditation, de cours de cuisine, de la fréquentation d’une association où vous avez l’impression de retrouver des personnes qui vous ressemblent et vous redonnent confiance dans le monde. L’entourage et le cercle d’amis ont évidemment un grand rôle à jouer pour vous empêcher de ressasser et de mariner dans la mélancolie et les regrets et vous aider à retrouver confiance dans le monde et dans la vie car, comme le dit un proverbe africain, l’homme est un médicament pour l’homme.

Et souvenez vous toujours qu’en vous aidant, vous aidez votre enfant car une mère faible ou dépressive risque de donner corps aux fantasmes de l’enfant qui pourrait se sentir responsable et en éprouver une grande culpabilité génératrice d’angoisses, ce qui, évidemment, ne favorisera pas la cohésion de sa personnalité

4. Imposer un cadre cohérent à votre enfant

Votre enfant est indéniablement le maillon faible de cette séparation. Votre ex va donc tenter de le transformer en votre ennemi numéro 2. Comment ? En lui « enseignant » ce qui l’a nourri, lui. Le chaos, le déséquilibre, la confusion, l’instabilité… tout ce qui vous insupporte chez votre ex.

Pour lutter contre ces fléaux, il vous faudra donc instaurer un cadre suffisamment strict propre à structurer la personnalité de votre enfant que votre ex s’emploie justement à déstructurer.

En effet, le pervers se plaît à saper les règles et les bases, à évacuer les interdits que vous vous appliquez à enseigner à votre enfant. Et vous l’avez compris, votre ex met du cœur à l’ouvrage car la guerre contre vous, c’est son Waterloo à lui. Non, vous ne vous faites pas de film, votre ex jouit véritablement de vous imaginer épuisée, en train de pester.

Vous n’aurez donc d’autre choix que celui de rappeler sans cesse les règles à Adam, de rééquilibrer les choses. Ce n’est pas parce qu’Adam a le droit de diner avachi sur le canapé devant l’émission de Cyril Hanouna (comme son père) qu’il peut le faire chez vous également. N’oubliez pas que faire respecter un cadre et établir des limites est sécurisant et structurant pour un enfant. Il ne faut pas y aller trop fort évidemment car un cadre trop rigide ou cadre trop laxiste peuvent avoir les mêmes effets.  

Votre enfant revient de l’école et vous demande : « C’est vrai, maman, que papa n’a pas assisté à ma rentrée de classes parce que tu le lui as interdit ? » Inspirez et expirez profondément et gardez votre sang froid. Réagir au quart de tout ne serait pas constructif. Faites une démonstration accessible à l’âge de votre enfant et répondez calmement : « Absolument pas, mon chéri. Papa est un adulte qui est libre d’assister à ta rentrée des classes. Je n’ai pas à lui interdire quoi que ce soit. » Vous pouvez poursuivre si vous souhaitez faire réfléchir votre enfant : « Je ne sais vraiment pas pourquoi papa dit des choses fausses qui, du reste, ne concernent pas les enfants. Je sais bien que ça te fait de la peine d’entendre ça sur maman, mais je ne veux pas que tu t’inquiètes. »

Votre enfant comprendra ainsi que vous êtes capable de vous identifier à ses ressentis et cela l’incitera à son tour à s’identifier à vous. Vous pouvez, bien sûr, envoyer un message à votre ex pour lui demander des comptes, mais rappelez vous que vous ne parviendrez pas à faire entendre raison à votre car le pervers narcissique (PN) n’admet jamais ses torts et, pire encore, quand il se sent attaqué, il se rigidifie et projette ses torts sur vous.

Adam est revenu de chez lui couvert de boutons de moustiques parce qu’il n’a pas pris soin de le recouvrir de lotion anti-moustiques ? Pas du tout, ces boutons étaient déjà là quand Adam est arrivé chez lui, c’est chez vous que les moustiques ont sévi, certainement pas chez lui. D’ailleurs, il n’a jamais vu de moustiques chez lui.

Vous êtes face à une « projection » ou « projection identificatoire ». La projection est la propension à attribuer aux autres ses propres défauts et désirs inavouables. C’est un mécanisme souvent paranoïaque qui est très « confusionnant », et extrêmement puissant et délabrant pour les psychismes.

5. Développer l’esprit critique de l’enfant

Il faut absolument développer l’esprit critique de votre enfant, l’entraîner à penser par lui-même, car cela permettra de lutter contre l’influence néfaste de votre ex. Votre enfant sera outillé pour analyser individuellement les situations.

Ne dîtes pas : « Ton père est vraiment méchant de dire ça sur moi », demandez plutôt : « Tu as pensé quoi, toi, quand papa a dit ça ? » ; « Qu’est-ce que tu as ressenti en entendant ça ? »

Comme dans la maïeutique socratique, aidez votre enfant à accoucher de ses propres conclusions en l’encourageant à se fier à ses émotions. Permettez à votre enfant d’explorer ses ressentis et discutez en avec lui. Vous lui apprendrez à penser, à aimer le débat, mais également à valider ses émotions, ce qui est toujours un problème pour l’enfant d’un parent pervers qui risque de douter de la fiabilité de ses perceptions. Or c’est justement la fiabilité de nos perceptions qui est à la base de notre capacité à appréhender le réel.

Autant dire que l’entreprise du pervers peut s’apparenter à une véritable mise à mort de l’appareil psychique et donc de l’intégrité psychique de l’enfant.

Trop peu d’enfants aiment penser de nos jours. Il est donc particulièrement important dans ces situations à fort risque de « décervelage » d’encourager l’enfant à penser en lui montrant notamment l’exemple par la lecture. Cependant, toutes les activités de « symbolisation » qui permettent de se représenter la réalité sont aidantes : écriture, dessin, peinture, danse, théâtre. De même que les jeux et les sports de plein air, bien sûr.

6. Etre le meilleur exemple possible pour l’enfant

Vous l’avez compris, l’empathie ne fait évidemment pas partie de cette équation. Pas même l’amour, d’ailleurs. L’enfant est une sorte de pion, un instrument de vengeance qui doit permettre à votre ex de gagner la guerre contre vous.

Sortez votre enfant de ce schéma en montrant à votre enfant ce qu’est un parent mature et en l’aidant à faire la part des choses. Car ce qui se joue ici c’est plutôt une sorte d’attachement toxique par lequel l’enfant est fantasmatiquement vécu comme une sorte de prolongement corporel (dynamique de fusion), ce qui exclut bien sûr toute idée d’individuation.

En tant que parent sain hélas contraint de « co-parenter » avec un pervers, il faut être le meilleur exemple possible pour son enfant. Pourquoi ? Parce que votre victoire ne sera pas de récupérer la garde exclusive. Récupérer la garde exclusive d’un enfant tellement identifié à son parent pervers qu’il en reproduit les comportements déviants serait évidemment une victoire à la Pyrrhus.

Contrairement à votre ex, vous n’utiliserez donc pas votre enfant comme un messager (si vous avez un message à faire passer à votre ex, faites le via un email ou votre avocat car avec un pervers, il est toujours important de garder des traces de vos échanges par écrit), un enquêteur (ce n’est pas à votre enfant de vous aider à assouvir votre curiosité) et surtout pas un défouloir (si vous êtes vraiment à bout, inscrivez vous à la boxe ou au kickboxing, faites du yoga ou de la méditation et consultez une psy spécialiste de la perversion).

Il importe que vous soyez à même de contrôler vos émotions devant votre enfant. N’oubliez jamais que le pervers excelle à vous provoquer et qu’une de ses plus grandes satisfactions est évidemment de vous voir vous mettre en rage et éventuellement perdre la face tandis que lui reste improbablement calme. Cela confirme ce qu’il se plaît à répéter à tout un chacun dans une dynamique on ne peut plus projective : vous êtes folle, il est sain d’esprit. Quelle jouissance pour lui de le voir confirmé dans ses certitudes, a fortiori devant Adam ! Ne lui donnez pas ce plaisir.

Quels sont donc ces comportements sains ? Nous l’avons déjà dit, il faut laisser la toxicité derrière vous. Une routine régulière aidera à assurer la stabilité émotionnelle de votre enfant et le rassurera. Bannissez toute dispute ou conflit devant l’enfant. Si votre ex vous prend à parti devant Adam, quittez immédiatement les lieux et dites que vous préférez qu’il vous envoie un message écrit (mail ou SMS) ou qu’il passe par votre avocat.

Pas de diffamation ou dénigrement derrière le parent pervers non plus. Laissez ces bassesses au parent pervers. Placez vous en contraste total avec la manière de faire de votre ex, votre enfant comprendra par lui-même que c’est vous qu’il doit émuler et il s’identifiera à vous. Comment ? Parce que c’est chez vous qu’il trouvera les ingrédients indispensables à son bon développement, à savoir :

  1. la tendresse, l’ingrédient de base, qui vous différenciera du pervers incapable de tendresse, évidemment, puisque la tendresse lui fait horreur et qu’il a la plus grande difficulté à la feindre ; 
  2. la communication et l’empathie : dites et montrez à votre enfant que chez vous, on ne frappe pas ni avec la main ni avec les mots, on s’explique poliment et respectueusement. Encouragez votre enfant à parler de ses émotions et lorsqu’il le fait, intéressez vous sincèrement à ce qu’il dit, et validez ses émotions. Sur ce terrain, vous allez gagner haut la main car votre ex n’a aucune empathie et tout comme la tendresse, il lui est bien difficile de la feindre. Un enfant qui se sent compris se sent également contenu ;
  3. la disponibilité tout court aussi d’ailleurs car les parents qui jouent et rient avec leur enfant créent une vraie complicité avec celui-ci ; 
  4. une certaine forme d’humilité et une capacité à se remettre en question. Le parent qui s’excuse montre qu’il sait avoir tort. C’est là encore une dynamique en contraste total avec celle du pervers qui a tendance à se gonfler et se faire valoir comme un paon.  Toutes ces qualités vous permettront donc de donner à votre enfant un refuge tant physique que psychique où il pourra s’abriter des intempéries causées par son parent pervers.

Attention, les choses doivent être bien claires dans votre esprit : vous ne luttez pas contre votre ex. Vous luttez pour le bien-être de votre enfant. Cela implique que vous ne fonctionnerez pas en miroir des comportements de votre ex.

L’être immature, c’est lui. Vous devez renvoyer une image de parent mature et solide à votre enfant. Votre grande victoire sera de voir votre enfant émuler vos comportements sains, votre façon de penser et adopter votre vision du monde. Une vision saine et non biaisée de la réalité.

Et franchement, sur ce plan, vous avez plusieurs longueurs d’avance car ce qui définit le mieux un pervers est peut-être son incapacité à s’identifier aux besoins et angoisses des autres, y compris de son enfant. Avouons le, sa personnalité ne lui facilite guère la tâche pour rallier l’enfant dans son camp. Pour que votre enfant s’identifie à vous, il faut absolument être un parent solide qui s’épanouit et jouit de la vie (voir chapitre « se rééduquer au bonheur »).


Cet article, qui a été publié dans France-Soir le 27 février 2023, est tiré des séances de groupe organisées par Protéger l’Enfant.

Si la forme masculine est utilisée («pervers ») dans cet article, c’est parce qu’il est tiré des situations où les mères sont accusées de « SAP » où le parent pervers est généralement le père, mais il va sans dire que les hommes n’ont pas l’apanage de la perversion et que les femmes aussi peuvent être perverses.


Caroline Bréhat

Psychothérapeute, psychanalyste, autrice


Autres articles de Caroline Bréhat :

Rencontre avec Caroline Bréhat

Le « Syndrome d’Aliénation Parentale » ou l’instrumentalisation du système judiciaire

Livre « Mauvais père » : l’importance de la plaidoirie

Témoignage d’Anne dont la fille est victime de violences intrafamiliales et d’inceste

Témoignage d'Anne dont la fille est victime de violences intrafamiliales et d'inceste

Dysfonctionnement judiciaire

Anne rencontre Greg au travail en 2011.

Elle le trouve gentil et prévenant. Il a déjà 2 enfants et prétend être séparé. Anne comprend que ce n’est pas vraiment le cas quand sa femme la contacte et l’accuse de briser leur couple. Greg convainc Anne que sa femme est folle, qu’il l’a bien quittée mais qu’elle s’accroche à lui. Anne a hélas confiance dans la parole de son collègue qui finit par se séparer réellement.

Ils se mettent ensemble un peu plus tard. Leur couple est aussi problématique auprès de la belle famille qui voit Anne comme la source de tous les problèmes. Elle n’est donc pas invitée à chaque fois ou délibérément mise de côté. Un week-end sur deux, Greg a ses enfants en garde. Dans ces moments, il fait beaucoup de reproches à Anne, il est très nerveux. Inversement, Anne, de nature très douce, recherche l’apaisement. Elle réalise en même temps l’alcoolisme familial.

En effet, Greg et les membres de sa famille se retrouvent en état d’ébriété avancé à chaque réunion de famille. En dehors de ce cercle, Greg ne boit presque pas. Souvent, il fait part à Anne de son malaise. Il consulte un psy et explique que l’alcool l’aide. En 2014, la naissance de leur fille Marie est suivie de la mort de la maman de Greg.

Cela amplifie son mal-être, pourtant les relations avec sa mère étaient très compliquées. Sur un coup de tête, il décide d’aller au château de Fougeret (lieu de croyances médium) car il veut parler avec sa mère. Il rentre métamorphosé, convaincu d’avoir effectivement réussi à converser avec elle. Il achète une table de ouija et se lance dans des séances de spiritisme en famille, avec sa sœur, son père et ses 2 ados, des enfants très réservés, très apeurés. Rien ne change. La vie continue remplie de conflits, d’agressivité quotidienne, d’alcoolisme, de frustration.

Anne est malheureuse mais encaisse car elle croit qu’ainsi va la vie.

Leur fille rentre en maternelle, elle a souvent des bleus sur les jambes mais Anne ne s’inquiète pas, c’est propre à l’enfance. Ils déménagent en 2017, Anne revend son appart et cette fois, ils achètent ensemble. Sauf que quand les remboursements entrent en jeu, Anne découvre une autre facette de son conjoint : il ne ne veut pas payer sa part.

Il s’énerve dès qu’elle aborde le sujet, il crie, devient agressif. Alors Anne prend tout en charge. Fin 2018, elle se rend compte qu’il voit une autre femme. Quand elle le confronte, il nie, devient verbalement violent et recommence à boire. Et puis à Noël, une preuve arrive qu’il ne peut pas réfuter. Mais même là, il s’énerve et refuse de se séparer pendant des mois. Puis il reproduit le même schéma qu’avec sa 1ère compagne : il lui annonce qu’il la quitte du jour au lendemain.

On est en juillet 2019. En partant, il l’accuse de tous les maux : elle ne s’est pas occupée de ses enfants, elle ne voulait pas payer la maison… Anne prend un avocat pour que la garde soit statuée car Greg fait ce qu’il veut, il débarque quand il le sent, tambourine à la porte, les insulte toutes les deux…

De son côté, il demande un report d’audience et en profite pour fabriquer des faux papiers disant qu’il a lancé l’assignation avant elle. Mais Anne n’est pas concentrée sur ses stratagèmes car depuis quelques temps, sa fille a changé. Quand elle rentre de chez son père, à chaque fois elle est terne, éteinte. Au retour des vacances, elle pleure, crie, hurle, elle a des bleus, elle a des vulvites à répétitions, elle fait des cauchemars. Hélas, l’enfant ne dit rien, Anne ne comprend pas ce qu’il se passe. Elle s’adresse à une pédopsychiatre où la parole de l’enfant se libère enfin.

Marie raconte que quand elle est chez son père, celui-ci la frappe sur les jambes, il lui met la main dans la culotte, il lui montre son zizi…

Anne se rend illico à la gendarmerie pour faire une déposition et recueillir les propos de sa fille. Elle est anéantie mais son avocate lui conseille de laisser Marie aller chez son père pendant les vacances. Quand elle rentre, l’enfant est prostrée. Anne l’emmène aux urgences qui font un signalement et lui demandent d’aller aux UMJ (Unité Médico-judiciaire).

Une étrange audition est organisée à la gendarmerie, loin du protocole Mélanie. Sans surprise, le dépôt de plainte est classé sans suite. En octobre, ils passent devant la Juge aux Affaires Familiales (JAF), pour une nouvelle audition en référé, qui soupire aux propos de la mère et écoute religieusement le père qui dénigre Anne et la fait passer pour folle (comme il le faisait avec sa première femme). Une expertise est demandée.

Anne prend la décision de ne pas laisser sa fille retourner chez son père, en prévenant les gendarmes. Ces derniers la recontactent pour l’injurier et l’accuser. Elle cède. Puis Anne apprend que sa fille dort sur un matelas gonflable, n’a pas de vêtements et demande l’intervention de la CRIP (Cellule départementale de Recueil des Informations Préoccupantes).

Grosse erreur. Le temps qu’ils se mobilisent, avec leurs gros sabots, Greg a tout réaménagé. Sur leur rapport est écrit qu’Anne propose bien trop de jouets et d’activités à sa fille et que l’enquêtrice a vu une araignée. Tout va bien côté paternel. Sans surprise, le rapport est donc à charge contre Anne. En parallèle, la psychiatre de l’enfant ainsi qu’un autre pédopsy font des signalements. Le lendemain d’un retour catastrophique de vacances, Anne dépose à nouveau plainte. Une seconde audition, vraiment aux normes Mélanie cette fois, permet à l’enfant d’expliquer que son père la frappe et l’étrangle.

Fin 2021, devant la juge des enfants, Marie déclare : « je veux vivre chez ma maman car mon papa est méchant« .

La juge intervient en disant « tu mens, c’est ta maman qui te dit de dire cela« . Elle menace Anne : « Maintenant vous arrêtez les dépôts de plainte, vous arrêtez d’emmener votre fille chez le médecin« . Le centre d’AEMOH (Action Éducative en Milieu Ouvert Hébergement) oblige Marie à voir LEUR psy. Par chance, celle-ci confirme les propos de Marie et contacte la pédopsy du CMP (Centre Médico Psychiatrique) qui fait une information préoccupante.

Mais la psy de l’AEMOH quitte brusquement le centre et cette information préoccupante est classée sans suite. Pour la troisième fois, Greg quitte sa compagne et déménage. L’AEMOH met en place un système de nuitée. En avril, une éducatrice vient chercher Marie qui refuse de la suivre, s’arrache les cheveux, se mord, se cache… La directrice contacte Anne pour la menacer de placement.

L’éducatrice revient le lendemain, elle embarque Marie en lui faisant la promesse de revenir vite. C’est un mensonge et l’enfant est coincée chez son père. La directrice convoque Anne le 21 avril mais celle-ci est tellement traumatisée qu’elle ne peut pas s’y rendre seule. Elle y va le 22 avec son avocat mais la directrice refuse de la recevoir accompagnée.

Anne y va seule mais enregistre tout. La directrice (qui est finalement une chef de service) propose de co-écrire une lettre mais n’accepte aucun changement. Anne comprendra que c’est juste pour se couvrir car le courrier (mensonger) est déjà parti, sans respecter la procédure. Dans le mois qui vient, l’expertise demandée a lieu. Devant la mère, la psy est élogieuse. Mais étrangement le rapport demande la garde chez le père, avec qui la psy s’est entretenue 30mn en visio. Le fait que Marie soit suivie par une pédopsy est vu comme de l’instrumentalisation…

On demande à Anne d’arrêter le suivi en la menaçant comme toujours.

Elle accepte. Dès lors une seule séance aura lieu et à charge bien sûr. Mi-2022, lors des audiences où l’avocate d’Anne démontre les dysfonctionnements, la Juge Des Enfants (JDE) déclare s’en remettre au jugement de la JAF. Celle-ci déclare que la relation mère enfant est trop fusionnelle et confie Marie à son père.

Dans le dossier, on peut lire un échange entre la JDE et l’AEMOH : « Avez-vous assez d’éléments pour placer l’enfant ?« . Anne réalise que tout ce petit monde se connait et n’a aucune formation sur l’emprise et les violences intrafamiliales. Marie part donc chez son père. Une visio (enregistrée) la montre avec un œil au beurre noir. Anne porte plainte et perd à nouveau. L’appel, qui a eu lieu il y a quelques jours, est aussi infructueux. Anne est en train de perdre sa fille parce que la Justice dysfonctionne complètement.


Vous pouvez lire notre article « En France protéger l’enfant est puni de prison et de menaces de placement de l’enfant » et télécharger notre guide « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Témoignage d’Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux

Témoignage d'Heidi qui risque la prison pour protéger sa fille de son père incestueux.

Un père parfait en apparence

Heidi rencontre Lucas en 2014 et c’est le coup de foudre. Tous les deux ont déjà un premier enfant d’une précédente union.

Un an plus tard, ils emménagent ensemble. Heidi démissionne de son travail, change sa fille d’école et s’éloigne de ses amis pour s’installer chez Lucas. C’est à ce moment-là que la lune de miel se termine. Une fois Heidi avec lui, Lucas change de comportement. Sa violence explose, il enchaine les crises de colère, les cris, il est humiliant, il casse des objets et instaure un climat de peur. Dès la première semaine, Heidi comprend qu’elle a fait une erreur mais elle se sent coincée. Sans argent, sans travail, sans logement, avec sa fille à scolariser, elle n’arrive pas à s’extraire de cette dépendance. A cette violence psychologique, se rajoute la violence sexuelle de viols conjugaux.

Un mois après son arrivée, elle tombe enceinte. A l’annonce de cette grossesse, elle s’effondre, encore plus coincée. Lucas dit « on va l’assumer » et il lui fait acheter une maison. Alors dépitée, résignée, elle suit un petit espoir de fonder une famille normale. Mais pas de miracle. Heidi passe une grossesse seule et voit sa vie se compliquer davantage : Lucas contrôle tout, les finances, sa vie sociale…

Les crises augmentent en puissance jusqu’à ce qu’un jour, voyant Lucas trouer un mur en frappant dedans, la fille ainée d’Heidi interroge sa mère : « et si un jour il fait un trou dans ma tête ? « . Cette phrase fait comme un électrochoc à Heidi, surtout avec la naissance de leur fille Rose. Et puis, un jour d’avril 2018, Lucas rentre dans une rage terrible. Ce qu’il se passe ? Heidi ne s’en souvient pas. Amnésie traumatique. Quand elle reprend conscience, elle devine qu’un truc grave s’est produit.

Elle a visiblement confié Rose à sa grande fille en lui demandant de s’enfermer, elle comprend aussi qu’elle a téléphoné à ses parents. Lucas, lui, est prostré sur le canapé et il marmonne « Je ne le referai plus… ». Le lendemain, il quitte la maison définitivement. Heidi profite de son départ pour reprendre un peu pied. Ils revendent la maison.

Mais Lucas ne change pas. Dans une volonté de maintenir son emprise, il lui annonce qu’il fera ce qu’il faut pour garder Rose. Au début, Heidi est conciliante pour la garde. Lucas récupère Rose quand il le souhaite. Mais il refuse de payer une pension alimentaire alors elle saisit le Juge aux Affaires Familiales (JAF). Lucas réplique en demandant la garde alternée. Elle lui est refusée car Heidi allaite mais il obtient 1 WE sur 2 + la moitié des vacances + 1 mercredi sur 2. De plus le JAF décide que « l’enfant est assez grande pour mettre fin à l’allaitement« .

Cette injonction est faite pour que le père puisse avoir les nuits.

Donc à partir de l’été 2019, Rose passe des nuits chez son père. Fin aout 2019, l’enfant explique à sa mère que son papa lui a mis un doigt dans la minette et que ça lui a fait mal. Heidi pense que c’est un geste brusque de Lucas et rassure sa fille. Mais celle-ci continue de se plaindre. Heidi contacte la Protection maternelle et infantile (PMI) pour avoir leur avis. Ils lui prennent un rdv aux Unités Médico-judiciaire (UMJ).

Là-bas le médecin examine l’enfant et dit qu’il n’y a pas de problème. Heidi ressort soulagée et continue de confier sa fille à son papa. L’enfant persiste dans ses plaintes mais Heidi croit le médecin. Novembre 2020, le comportement de Rose change radicalement. L’enfant refuse de dormir seule, fait des cauchemars, a de l’eczéma sur tout le corps, refait de l’énurésie nocturne et diurne, régresse et reste collée à sa maman.

Elle dit « tu ne comprends pas que papa est méchant ? ». La PMI conseille de consulter à nouveau. Le médecin traitant reçoit l’enfant seule et fait un signalement à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP). Il recommande à Heidi de porter plainte. Pour la jeune femme, le monde s’écroule.

Elle contacte le 119 qui, entre 2 leçons de morale culpabilisante, fait aussi un signalement. Le 4 décembre 2020, Heidi porte plainte pour violence par ascendant et prévient le père qu’elle ne lui remettra pas Rose (à ce stade, la police aurait déjà pu requalifier sa plainte pour violences sexuelles). Quelques jours plus tard, sa fille ne se sent pas bien. Les urgences les redirigent aux UMJ. Là-bas, dans la salle d’attente, Rose dessine le comportement explicite de ton père. Mais le médecin refuse de les recevoir car elles ne sont pas adressées directement par la police.

Heidi saisit le JAF en référé mais hélas celui-ci la somme de remettre l’enfant à son père car « c’est monnaie courante les mères qui saisissent la justice à noël pour ne pas remettre les enfants« .

Heidi obéit pour les vacances de Noël et voit Rose partir dans un silence de plomb. En janvier, Rose est auditionnée 3 jours de suite à la police, puis à la CRIP puis aux UMJ. A chaque fois, malgré des conditions d’écoute exécrables, la petite fille refait les mêmes révélations et raconte d’autres maltraitances : enfermements, coups, menaces.

Elle remet son dessins en disant : « c’est moi avec le doigt de papa tout au fond de moi avec les larmes qui coulent jusqu’au sol« . La CRIP fait un signalement au procureur. Janvier 21, le JAF ordonne des visites médiatisées chaque samedi + une enquête sociale et une expertise psy pour les parents. L’enquête sera à charge de la mère, trop fusionnelle…

Une garde alternée est demandée. Avril 2021 : Heidi repasse au JAF pour demander un report car l’expertise psy n’a toujours pas eu lieu. C’est là qu’elle apprend via le père que sa première plainte a été classée… En mai, Heidi décide de faire sa propre expertise psy puisqu’il ne se passe rien. L’expert conclut : « Présente un tableau clinique spécifique d’un état de stress post traumatique compatible avec les violences sexuelles incestueuses alléguées » .

Le JAF décide d’arrêter les visites médiatisées et met en place un passage de bras en lieu neutre. Cela protège la mère mais pas l’enfant alors Heidi décide de refaire de la non représentation d’enfant (NRE). Rose revit, elle consulte une psy (qui atteste d’un vécu traumatique impliquant son père) et reprend confiance en elle. En octobre l’expertise psy a enfin lieu et ne tire pas de conclusion alarmante !

Pourtant, elle reporte dans son rapport des phrases dites par l’enfant : « papa met un doigt dans la minette« . Elle indique en revanche ne pas avoir de doute sur la qualité du lien mère enfant. Fin décembre, la plainte est de nouveau classée sans suite (sans aucune enquête) ! En mars 2022, Heidi re-porte plainte avec constitution de partie civile pour viol incestueux. La JAF en même temps ordonne la mise en place d’une garde alternée. Heidi fait appel.

Le jugement de l’appel passe à un mode de garde classique : un WE sur 2 etc… + condamnation d’Heidi à verser 800€ (article 700) + une astreinte de 50€ par jour à compter de maintenant !! Tant pis, Heidi continue les NRE car elle estime que sa fille n’est pas à vendre. Sa vie vaut plus que 50€ par jour ! Le 10 octobre, Heidi est placée en garde à vue puis déférée menottée au tribunal en comparution immédiate. Puis le 14 novembre, elle est condamnée à 6 mois de prison avec sursis.

Elle a aussi une interdiction de déménager, une obligation de soin, une obligation de suivre un stage en parentalité + 5000€ au père + 800€ pour frais de justice. Elle fait appel. Le même mois, l’école de Rose fait une information préoccupante.

Le 6 janvier à 7h du matin, la juge d’instruction ordonne une perquisition et confisque des livres sur l’inceste, les violences conjugales et un carnet. Fin janvier 2023, Rose explique au Juge Des Enfants (JDE) convoqué par le procureur que « son papa lui a fait du mal, qu’elle ne veut pas aller chez lui, juste dans une maison protégée« . Pourtant le JDE laisse la garde au père et ordonne une mesure judiciaire d’investigation éducative (MJIE). Et le juge d’instruction rajoute 2 expertises (psychologique et psychiatrique) à Rose qui en aura subi 4…

Alors Heidi, actuellement, continue de protéger seule sa fille. Comme si la Justice préférait voir un simple conflit parental au lieu de vérifier la sécurité d’une enfant mineure.


Si comme nous vous souhaitez comprendre et aider, vous pouvez lire notre Manifeste et signer notre pétition.

Pour en savoir plus sur les violences sexuelles vous pouvez consulter notre article Prévenir et agir contre les violences sexuelles.

Pierre, 39 ans, ancienne victime de violences sexuelles, physiques et psychologiques, assigne l’État pour fautes lourdes et déni de justice

Pierre, 39 ans, ancienne victime de violences, assigne l’État pour fautes lourdes et déni de justice

Pourquoi Pierre assigne l’état ?

En 2020, Pierre dépose plainte pour viols, agressions sexuelles et maltraitances physiques et psychologiques contre ses deux parents.

Il ne se doute alors pas que des violences institutionnelles (policières et judiciaires) vont venir se rajouter aux violences qu’il a déjà subies.

En 2023, Pierre met formellement en cause l’État d’avoir failli à son devoir de rendre la justice dans des conditions acceptables, à savoir sans commettre de fautes lourdes et dans un délai raisonnable. Un signalement pour viols et maltraitances, pour lui et son frère, avait été fait il y a 20 ans. Celui ci n’a été suivi d’aucune audition des 2 frères ni d’aucune autre forme d’enquête, ce à quoi se rajoute un enchainement de dysfonctionnements sérieux depuis son dépôt de plainte fin 2020.

Il assigne l’état afin d’obtenir réparation des préjudices majeurs causés par la mauvaise administration de la Justice.

Pierre commence par porter plainte contre ses parents en novembre 2020, avec son frère.

Suite au dépôt de plainte, un harcèlement puissant, des pressions, du piratage se mettent en place de la part de ses géniteurs. La Justice, loin de lui tendre la main, prolonge la torture.

Rien n’avance. Pierre navigue entre attentes interminables et incohérence notoires de procédure. 2 ans et 3 mois après la plainte, c’est un véritable fiasco judiciaire.

La plupart des témoins importants n’ont toujours pas été auditionnés. L’expertise du plaignant sera faite 2 ans après son dépôt de plainte. Les mis en cause n’ont toujours été ni expertisés, ni interrogés. Pourtant les preuves sont abondantes, authentifiées. Mais plus de 20 ans après le 1er signalement, personne n’a été protégé. Pire, une plainte d’agressions sexuelles a été déposée par d’autres victimes mineures.

Pendant ce temps là, les mis en causes vivent la belle vie (lorsqu’ils ne sont pas en train de harceler les témoins ou les victimes)…

La mise en cause de l’État par Pierre porte sur le traitement que les autorités ont réservé à sa plainte (Police judiciaire, Parquet de Grenoble et Paris, Instruction de Grenoble). Ces services ont tous successivement failli dans leurs missions.

Pierre a donc décidé d’attaquer la responsabilité de l’État, qui est tenu de réparer les dysfonctionnements de la Justice.

  • Il invoque le droit d’être entendu dans un délai raisonnable (Art 6.1 de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme).
  • Il soulève de nombreuses fautes lourdes des services de police judiciaire, des Parquets et de l’Instruction.

L’étude de la chronologie de l’enquête menée par le Parquet dans cette affaire démontre, d’une part, que celle-ci a connu de longues périodes d’inactivité et, d’autre part, que l’enquête, au regard de l’affaire, aurait pu être clôturée très rapidement. Et encore, les questions et les actions tenaces de Pierre ont permis parfois à l’enquête de faire de petits soubresauts. Sans elles, le dossier serait encore plus vide. Le préjudice moral et psychologique de Pierre dû aux défaillances et aux dysfonctionnements du service public est immense. Pire, ces derniers ont possiblement empêché la protection d’autres victimes.

Ces dysfonctionnements sont intolérables et en totale contradiction avec les injonctions de révéler les faits à l’autorité judiciaire, aux belles paroles des communicants de police et de justice qui mettent en avant une écoute particulière et un traitement diligent pour les plaintes pour violences intrafamiliales et en particulier pour inceste. La réalité est toute autre ! Voilà pourquoi Pierre met formellement en cause l’État d’avoir failli à son devoir de rendre la justice et de protéger les victimes. Voilà pourquoi nous le soutenons.


Vous pouvez consulter notre livret « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Ana Madet, victime d’inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans

Ana Madet Victime d'inceste de la part de son père de ses 5 ans à ses 17 ans, Attention contenu très sensible

*** Attention contenu très sensible ***

Les premiers souvenirs d’Ana remontent à ses 5 ans.

Pour elle, c’est à partir de là que son enfance est devenue une torture au quotidien, traversant toutes les formes de violences, physiques, psychologiques, sexuelles et même économiques. Elle se souvient des coups, des douches froides, des tirages de cheveux, des humiliations, des menaces… Et bien sûr de l’inceste. Quand son père rencontre sa mère, il a déjà un enfant d’un premier mariage. Mais il a abandonné cette famille sans se soucier de leur avenir. La maman d’Ana est une femme brillante, qui a réussi à s’extraire d’un milieu modeste, qui reste fragile, pleine de doutes, manquant de confiance en elle. Elle tombe enceinte rapidement d’Ana.

La petite fille grandit avec une maman travailleuse, un père très absent. Elle est couvée par des grands-parents aimants.

Son père manifeste toujours un comportement violent et sa maman finit par vivre sans lui.

Il s’agit d’une séparation un peu floue où il réapparait de temps à autre. Sa maman tombe à nouveau enceinte. Parallèlement, elle se retrouve mutée en Creuse et c’est à cette période que son père décide de revenir au foyer et de les suivre dans cette nouvelle région. Il culpabilise sa mère : « je quitte tout pour toi donc tu vas tout gérer« . Effectivement, il ne travaillera plus. Son rôle sera donc uniquement de s’occuper des enfants. C’est cela qui lui donnera les pleins pouvoirs pour se conduire de manière abjecte sous couvert de père modèle.

Comme souvent avec les manipulateurs, il commence par isoler la maman et la retourne contre sa famille.

Quant à Ana, l’arrivée de son père dans son quotidien transforme sa vie en cauchemar.

En plus des nombreuses maltraitances psychologiques, les violences sexuelles font leur apparition.

L’inceste s’installe progressivement. Son père commence par s’occuper de sa toilette intime, il va lui mettre des doigts dans l’anus pour « bien nettoyer« . Il lui montre son pénis et a des questions manipulatrices :  » tu regardes, ça te plait ? « .

Ana a conscience que ce n’est pas normal car aucun autre adulte n’agit ainsi. Mais il lui fait du chantage : « c’est notre petit secret« , ou la manipule pour l’inclure dans la responsabilité de ce qu’il se passe : « Faut qu’on arrête nos bêtises, ça ne se fait pas, faut que ça s’arrête, je compte sur toi.« 

Il est donc très conscient du mal qu’il fait. Et il continue en passant à des gestes masturbatoires. La petite fille ne comprend pas ce qui lui arrive.

A côté de cette violence sexuelle, il tient des propos très toxiques sur le corps : « tu devrais moins manger pour être belle« .

Un peu avant l’adolescence, il impose les premières fellations. Il la « complimente » : « tu fais ça mieux que maman« , ce qui a pour conséquence de verrouiller encore plus la parole, par un effet de culpabilisation malsaine.

L’inceste quotidien ne cesse jamais de s’empirer. Il finit par sodomiser Ana, sans précaution aucune, de manière douloureuse et régulière. Et là encore, il rajoute : « Maman, elle n’aime pas ça« . Quand l’adolescente se plaint de blessures anales, il l’emmène chez un médecin. Il reste toujours présent pendant les consultations.

Le médecin ne voit que ce papa attentionné qui oriente le diagnostic vers des soucis de constipation et il lui dit qu’ « il faudrait qu’elle mange mieux« .

Vers les 15 ans de la jeune fille, son père finit par lui imposer des pénétrations vaginales (sans protection). Il se pose alors en professeur de sa sexualité « pour rendre son futur mari heureux« .

Il est possessif, parano, il cherche à tout contrôler et lui fait écrire une lettre où elle doit s’engager à ne parler à personne au lycée… Il va jusqu’à la surveiller pour vérifier. Et bien-sûr, les violences physiques ne sont jamais loin, toutes les semaines, Ana se fait taper dessus.

Vers 16 ans, Ana trouve le courage de s’opposer.

Un jour où ils se rendent ensemble au Maroc voir la famille de son père, il réclame des relations, parce qu’il se sent « nerveux » de retourner dans son pays. Elle lui dit « je n’ai pas envie, ça me dégoute, ce n’est pas bien ». Il rétorque : « Mais ce n’est pas le problème, j’en ai besoin là « .

Jusqu’à présent, Ana s’était protégée en se construisant une certaine logique de survie :

« Si j’accepte, il ne va pas me frapper.  Il continue parce que je ne dis pas non… »

Elle réalise qu’il se fiche complètement de son « consentement » et que les rares gentilles phrases auxquelles elle se raccrochait pour supporter cet enfer n’étaient que des mensonges.

A la même époque, sa mère qui subissait également cette violence commence à se rebeller également.

Les humiliations constantes deviennent insupportables. Elle aimerait partir.

Pour Ana, ce sont les études qui la sauvent car en quittant le foyer pour la Fac, l’inceste cesse.

Mais elle tombe dans une forme d’hypersexualisation, elle tombe « amoureuse » facilement, elle est dans une performance sexuelle maladive et perturbante.

Son rapport à l’alimentation est aussi compulsif. Ana fait face au surpoids, aux cauchemars, à une maladie de la thyroïde…

Elle constate que ça ne va pas.

En 2013, sur une impulsion, elle en parle à un amoureux, qui la croit immédiatement et qui lui apporte son soutien.

Elle en parle ensuite à sa mère, qui tombe des nues devant l’indicible horreur. Sa mère la croit aussi. Entourée de gens aimants, en juillet 2013, Ana décide alors de porter plainte. Elle a besoin que ça se sache, besoin de réparation aussi.

Au commissariat, elle est entendue et crue (au bout de 8 heures d’audition, avec des policiers pas franchement aimables au début et désolés à la fin). Pourtant ils conseillent à Ana et à sa mère de faire comme si rien n’avait changé.

Ainsi la maman est incitée à rester chez elle et à protéger au mieux la sœur d’Ana pendant que les policiers montent un dossier.

Les délais judiciaires étant hyper longs, cette situation dure des mois. Puis en février 2014, le père est convoqué au commissariat où il est confronté à toute la famille. Ana et son frère témoignent, ainsi que la mère. C’est une épreuve pour tous car le phénomène d’emprise est toujours actif. Même la petite sœur se retrouve auditionnée, elle que sa famille avait tenté d’épargner. Elle sortira en disant : « on a mis papa en prison« . Effectivement, il est incarcéré dans la foulée pendant 2 ans. Et même si l’emprise continue sur la mère et la petite sœur de la prison, c’est une étape symbolique.

Hélas, il sort au bout de 2 ans, en liberté surveillée en février 2016.

Il doit pointer et ne jamais se rendre dans le département d’Ana.

Rapidement après, il tombe malade et meurt en aout 2017. Ana ressent des émotions complexes, avec une forme de tristesse, un grand soulagement mais aussi l’horrible frustration d’une absence de procès et par conséquent d’une terrible impunité.

Ana témoigne à visage découvert parce qu’elle souhaite passer des messages importants aux victimes :

  • Gardez espoir. Si vous vivez l’enfer, ce ne sera pas toute la vie. Survivre pour lutter plus tard est possible ;
  • Autant que possible, libérez votre parole.

Quant à l’entourage, croyez les victimes.

Acceptez leur parole et entrez en vigilance pour les aider. Soyez courageux pour ne pas rajouter de la violence à ce que ces personnes subissent déjà.

Ne détournez pas le regard.


Vous pouvez consulter notre guide « prévenir et agir contre les violences sexuelles« .

Si vous êtes un professionnel vous pouvez télécharger l’outil de formation de la Ciivise (Violences sexuelles faites aux enfants : repérer et signaler. » Livret de formation des professionnels « Mélissa et les autres »).

Quand les sciences comportementales aident à mieux repérer les victimes de violences conjugales

Quand les sciences comportementales aident à mieux repérer les victimes de violences conjugales

Depuis quelques années, la Haute Autorité de Santé (HAS) ainsi que les équipes en Sciences comportementales de la DITP (Direction interministérielle de la transformation publique) se sont alliées pour aider à la détection des violences faites aux femmes.

Les sciences comportementales explorent les activités et les interactions entre les humains. Ces expérimentations rigoureuses mettent en lumière des processus de décision et des fonctionnements individuels. Ensuite, ces scientifiques proposent des protocoles plus adaptés à la réalité de certains groupes d’humains pour aller vers un mieux-être collectif. Dans ce cadre de cette mission, leur travail consiste à trouver des outils performants pour aider les pros à mieux diagnostiquer les violences intra-familiales.

Cela participe à une meilleure capacité des professionnels à détecter des violences conjugales, avec ou sans signe d’alerte et renforce leur implication dans cette lutte. Il s’agit de recommandations adressées plus particulièrement aux hommes et aux femmes médecins, pédiatres, gynécologues, infirmier(e), puériculteur(trice), etc… susceptibles de croiser des victimes. L’enjeu de travailler sur le processus de diagnostic des violences intra-familiales est hyper important. C’est une façon puissante de multiplier les prises de conscience des professionnels de la santé, de les alerter, les former à une vigilance nécessaire, de favoriser la coordination avec les autres intervenants et in fine de venir en aide aux des victimes.

Ces spécialistes en sciences comportementales ont mis au point 2 nouveaux outils, mis à disposition des praticiens afin que ceux-ci puissent les expérimenter.

  1. Une recommandation simplifiée

Au contact de cette fiche pratique pour repérer, évaluer et agir, les professionnels ayant testé les conseils de cet outil ont su détecter 4.4 victimes par semaine contre 2.5 pour ceux qui qui n’avaient pas eu les éclairages. C’est une excellente nouvelle pour augmenter le nombre de dépistage.

2. Un questionnaire de prévention

Bien moins utilisé, parce que jugé trop chronophage et contraignant, il s’agit néanmoins d’un outil de plus en cas de soupçon.

Voici les conseils qui ont été sélectionnés par les scientifiques, spécialistes en sciences comportementales :

  • Mettre des affiches et des brochures à disposition des patients dans la salle d’attente. Questionner systématiquement, même en l’absence de signe d’alerte.
  • Penser aux violences particulièrement en contexte de grossesse et de post-partum.
  • Considérer l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger.
  • Expliquer les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir.
  • Évaluer les signes de gravité.
  • Établir un certificat médical ou une attestation professionnelle pour faire valoir les droits de la victime et obtenir une mesure de protection.
  • Si besoin faire un signalement avec ou sans l’accord de la victime (si celle-ci est mineure ou jugé vulnérable), porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations constatés, sans nommer l’auteur des faits.
  • Informer la victime qu’elle est en droit de déposer plainte, les faits de violence sont interdits et punis par la loi.
  • L’orienter vers les structures associatives, judiciaires et sanitaires qui pourront l’aider.
  • S’entourer d’un réseau multi-professionnel

Et dans tous les cas, adopter une attitude empathique et bienveillante sans porter de jugement pour favoriser la libération de la parole.

Avec ces conseils, les patientes peuvent être mieux accompagnées dans l’appréhension de tous les différents types de violences (récurrentes et cumulatives bien trop souvent) : psychologiques, verbales, physiques, sexuelles, économiques qu’elles rencontrent.

Après analyse, tous les professionnels ayant reçu ces outils questionnent davantage les femmes et déclarent augmenter leur dépistage. Néanmoins, ils continuent de témoigner être mal à l’aise à aborder le sujet des violences conjugales de manière systématique et privilégient un discours plus ciblé.

Voici un extrait des recommandations diffusées aux professionnels de la santé :


Sources


Pour explorer d’autres recherches et d’autres outils vous pouvez consulter les articles suivants : le violentomètre, violences sexuelles et trouble alimentaire, Repérer prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants, L’EMDR, une solution pour guérir des traumatismes ?

Conseils pour éviter le piratage (en cas de violences intra-familiales ou non…)

Conseils pour éviter le piratage (en cas de violences intra-familiales ou non…)

Le piratage, ça arrive… comment s’en prémunir ?

Quand on souhaite déposer plainte pour se protéger d’une personne violente, on va devoir fournir des preuves auprès de la Justice. Hélas, contrairement aux espoirs des victimes, le dépôt de plainte est souvent le début d’un enfer qui se déchaine et d’un surcroit de violences. Et parfois, la partie adverse n’hésite pas à jouer les hackers pour récupérer toutes les informations compromettantes.


Voici donc quelques conseils…

…pour garder en sécurité les infos importantes comme vos preuves ou les éléments personnels que vous aimeriez garder secrets pour votre protection (votre nouvelle adresse, celle de l’école de vos enfants, etc.) et éviter le piratage.

Piratage
  1. Choisissez un « bon » mot de passe. Oubliez votre date d’anniversaire et passez à la longue « phrase de passe » plus sécurisée :
    Ex n°1 : #Tuesb1enCurieuxMon@mi!!!
    Ex n°2 : lharmonienexercepasdecontrole
  2. Utilisez un mot de passe différent pour chacun de vos comptes. Si vous avez mis le même partout, complexe ou non et si il est percé à jour, le hacker aura accès à tout.
  3. Dès que possible, utilisez la double authentification que proposent maintenant les sites sérieux.
  4. N’enregistrez pas vos mots de passe dans votre navigateur. C’est alors très simple de les récupérer.
  5. Méfiez vous des messages louches que vous recevez par sms ou par mail qui vous demandent de vous identifier. L’immense majorité est un moyen de récupérer vos mots de passe. Ne cliquez jamais sur le lien. Si vous avez un doute, allez directement sur le site qui vous sollicite pour vérifier qu’une actualisation est nécessaire.
  6. Surveillez votre téléphone ou votre ordinateur portable car les mesures de sécurité les plus folles ne sont d’aucune utilité si on peut accéder à votre ordinateur ou à votre téléphone pour y installer un logiciel-espion. Donc si votre agresseur a les clefs de la maison, rajoutez des mots de passe à vos affaires.
  7. En plus d’un système de sauvegarde de vos données sur un cloud bien sécurisé, n’hésitez pas à mettre régulièrement à jour un disque dur physique. C’est contraignant mais ça peut servir en cas d’attaque.
  8. Utilisez des systèmes sécurisés comme Proton ou Signal pour envoyer vos messages et/ou mails.
  9. N’utilisez pas les Wifi publics, qui sont de vraies passoires et gardez votre 4G perso. De même, autant que possible, naviguez via un VPN. Votre IP sera moins visible et donc moins traçable. Votre identité sera davantage préservée.

Mais surtout pour éviter le piratage, ce qu’il faut garder en tête, c’est le bon sens. On imagine toujours le piratage comme un procédé complexe, demandant des connaissances peu accessibles aux communs des mortels. Ce n’est pas forcément le cas. Avec Internet, des ressources sont mises facilement à disposition.

Piratage


Néanmoins, ne perdez pas de vue qu’il est beaucoup plus simple de mettre en place des stratagèmes extérieurs pour récupérer des informations (caméras, complices) que d’aller sur le dark-web payer un hacker russe de 15 ans en cryptomonnaie…


Faites attention à ce que vous partagez sur internet, même à vos amis. Soyez vigilants et réactifs.


N’hésitez pas à nous laisser dans les commentaires vos propres conseils pour éviter le piratage.

Nous vous conseillons également la lecture de notre article Le violentomètre, un outil d’alerte (un outil pour mesurer la violence dans une relation).

Je veux protéger mon garçon de son père violent et la Justice m’empêche

Témoignage Je veux protéger mon garçon de son père violent et la Justice m'empêche Victoria

Un mari violent

Victoria tombe amoureuse de Axel via une application de rencontre. Elle a 20 ans, lui 22 ans. Ils se mettent rapidement en ménage. Victoria enchaine les petits boulots alors qu’Axel a du mal à garder du travail. Elle le découvre colérique, il boit beaucoup.

Victoria, apeurée, se retrouve vite sous son emprise, jusqu’à accepter des actes sexuels qu’elle ne désire pas. Très exigeant, dominateur, il l’entraine dans des clubs échangistes, la contraint à faire l’amour avec d’autres partenaires. Lui-même a pourtant des problèmes réguliers d’impuissance qu’il ne vit pas bien et dont il fait porter le poids à Victoria.


L’autorité et la manipulation, Axel les connait bien car il a grandi sous la coupe d’un père difficile et violent.

Sa mère est décédée jeune et le mal être du garçon se confirme quand il fait une tentative de suicide un peu avant de rencontrer Victoria.

Comme souvent dans ces situations, Victoria prend en charge son compagnon, elle essaye de compenser les blessures liées à ses parents défaillants, elle paye tout, le loyer, le quotidien, elle travaille, elle supporte. Elle se définit alors comme « un bon petit soldat ».

Axel lui sombre dans l’alcoolisme et avec cette maladie, la violence s’installe, de plus en plus forte. Tout est une occasion de dénigrement, de rabaissement. Elle a peur de lui, de ses mots, il casse des trucs, il crie, la menace et l’accuse de tous les maux. Les viols conjugaux deviennent quotidiens, accentués par une sexualité problématique.


A cette époque, Victoria vit dans le déni de son propre mal-être, préoccupée qu’elle est à tenter de juguler la violence d’Axel.

Pour être heureuse, elle s’imagine maman. Axel accepte le projet d’un enfant et également l’assistance médicale nécessaire dû à ses soucis d’impuissance.

Si la grossesse se passe bien, Victoria doit supporter Axel, qui ne travaille pas beaucoup et qui prend des cachets pour soigner son anxiété. Leur fils Louis arrive en juin 2012. Deux mois plus tard, le jour de l’anniversaire de sa mère décédée, il décide de les quitter, déclarant qu’il ne les aime pas.

Après un temps de déprime, Victoria réalise qu’elle est finalement mieux sans lui.

Elle reprend le travail et comme toute maman solo, accumule de la fatigue. Axel est aux abonnés absents, il rechigne à payer quoi que ce soit ou alors réclame des factures pour tout, les couches, les repas, etc… Au final, Victoria ne reçoit aucune aide.


En novembre 2013, exaspérée de devoir toujours lutter pour qu’il prenne ses responsabilités, elle lance une première requête auprès d’un Juge aux affaires familiales (JAF). Celui-ci statue qu’Axel a la garde un WE sur deux + la moitié des vacances et qu’il doit s’acquitter de 100€ de pension.

Si dans un premier temps, Victoria est heureuse de confier Louis à son papa, elle réalise rapidement que ce n’est pas si une si bonne idée que cela pour l’enfant, livré à lui-même. La crèche confirme le problème.

Alors en juin 2015, elle se tourne devant la Justice à nouveau. Elle dénonce l’insécurité dans laquelle se trouve son fils quand il revient de chez son père, épuisé, désorienté… Hélas, elle n’a pas les sous pour se payer un avocat et cela joue contre elle. Pire, le juge rajoute un mercredi supplémentaire de garde à Axel.


L’été 2016, la tante d’Axel, gendarme, prévient Victoria qu’elle va faire une information préoccupante contre son neveu car elle s’est rendue compte de dysfonctionnements. Louis est parti en vacances chez elle sans Axel. Et au retour de son fils, Axel fait une tentative de suicide devant lui. Victoria ouvre une nouvelle requête en décembre 2016 et l’autorité paternelle est retirée ainsi que ses droits d’hébergement.

Axel est sensé voir son fils 2h une fois par mois dans un lieu neutre jusqu’en mars 2018 où la fréquence augmente. Il ne viendra qu’à la moitié des visites et parfois alcoolisé.


En septembre 2019, il fait pourtant une requête pour retrouver des droits de garde car il se sent mieux.

La Justice lui redonne des droits progressifs. Il est un peu perdu, il a du mal à comprendre ses jours, débarque quand il ne le faut pas et réciproquement.

Et puis en novembre 2021, Louis rentre de chez son père très chamboulé. Il explique que son père l’a plaqué au sol violemment, l’a étranglé parce qu’il faisait trop de bruit. Quelques mois plus tard, il surprend son père en plein ébat sexuel. Victoria porte plainte contre ces faits traumatisants mais ces accusations lui valent une amende de 200€ ! Elle fait la supposition que c’est dû à la tante gendarme.

A l’audience JAF, plus tard, les droits de visites d’Axel sont limités à la moitié des vacances car il a déménagé sans prévenir personne. On lui demande de payer 60€ de pension (alors qu’il ne payait pas celle d’avant).


La violence sur Louis recommence, l’exhibition sexuelle aussi.

Victoria ne porte plus plainte car elle voit bien qu’on ne l’écoute plus. Elle en parle à l’AEMO mais ils ne font rien. En juin 2022, l’école appelle, Louis est en pleurs car il a peur d’aller en vacances chez son père. La mairie fait une information préoccupante.

Au rdv suivant avec l’AEMO, Victoria emmène son fils qui y dessine un grand bonhomme et un petit rayé. Il dit que si il n’était pas là, il n’y aurait plus de soucis.
La médiatrice présente ne réagit pas. Louis refuse désormais d’aller chez son père. Victoria appelle le 119 enfance maltraitée qui lui conseille d’avoir un certificat médical pour faire une non représentation d’enfant ou d’aller aux urgences pédiatriques.

Elle part aux urgences où la psy constate qu’il ne va pas bien. Victoria refuse alors de remettre Louis à son père puis contacte l’AEMO. Ces derniers décident à leur tour de garder Louis 3 semaines dans leur centre.

Louis se sent protégé. Sa mère vient le voir régulièrement et lui apporte des affaires. Cependant, au fur et à mesure, les droits de visite de la maman s’amenuisent étrangement.


Une audience a lieu en urgence le 25 juillet et là, Victoria apprend que Louis est placé car il y a « un trop fort conflit parental ».

Cela fait 10 ans que Victoria est séparé d’Axel. De plus, pendant la séance, Louis intervient grâce à son avocat : « moi j’ai une vie à vivre, je ne veux pas être placé ». Il rajoute « je ne veux pas aller chez mon père, je veux aller chez maman ».
Rien n’y fait. Plus tard, en consultant les dossiers, Victoria verra un mail ayant circulé entre la psy et la juge qui avaient peur qu’elle kidnappe son fils !

Victoria fait appel et en novembre 2022, Louis peut revenir à la maison un WE sur deux chez sa mère. Hélas, l’Aide Sociale à l’enfance (ASE) intervient et décide que le père a le droit à des visites libres et que la mère non car elle est trop stressée…

Le 18 janvier 2023 aura lieu l’audience des 6 mois de placement. Victoria espère de tout son cœur l’arrêt du placement car son fils ne va pas bien. A la difficile situation qu’il vit, s’ajoutent des violences à l’école, du harcèlement et sans surprise, des soucis scolaires. Même sa famille d’accueil est intervenue. Inversement, l’ASE juge que Louis se pose en victime…

Partagez l’histoire de Victoria pour aider Louis à rentrer chez sa maman, comme il le demande.


Pour mieux comprendre ces dysfonctionnements, nous vous conseillons la lecture des articles Juge Édouard Durand : violences conjugales et parentalité, En France protéger l’enfant est puni de prison et de menaces de placement de l’enfant ainsi que notre manifeste.

Violences intrafamiliales : Vanessa a besoin d’aide pour protéger sa fille victime d’inceste

Violences Intrafamiliales : Vanessa a besoin d'aide pour protéger sa fille victime d'inceste

Violences intrafamiliales : d’abord les violences conjugales…

Vanessa est une jeune femme hyper sensible, avec un grand imaginaire. Élève modèle, enfant sans souci, elle devient avocate par idéalisme. Ses rêves de princesse chutent une première fois à la suite d’une relation néfaste qui dure 6 ans. Elle réussit à quitter cette personne malaisante mais se retrouve fragilisée.

C’est dans ce contexte qu’elle rencontre Raphaël.

Celui-ci la poursuit de ses assiduités pendant 18 mois où il s’arrange pour lui offrir du rêve. Rapidement, il lui explique que son regard sur le monde n’est pas le bon et qu’il est là pour lui permettre de mieux le juger. Cela fonctionne. Vanessa passe désormais par son filtre pour savoir quoi penser. Parce qu’elle gagne plus que lui, elle le prend financièrement en charge : restaus, billets de train, etc. Elle se sent au fond d’un seau et Raphaël lui semble si attentionné… Avril 2010, il la convainc de quitter son bureau d’avocat pour le rejoindre à Béziers.

Le jour de son arrivée a lieu la première scène de violence.

Dans la voiture, il la frappe et lui dit : « Maintenant ça suffit, tu te tais, c’est moi qui décide« . Sous le choc, Vanessa est tétanisée. Elle vient de quitter un super emploi, de dépenser 10.000€ pour déménager, elle ne connait personne à Bézier. Dans sa tête, elle est coincée et elle a honte de comprendre qu’elle s’est trompée.

C’est le début du silence et des violences intrafamiliales. Pendant 6 ans, elle va cacher à sa famille et à ses amis la violence morale, psychologique qu’elle subit tous les jours. Quand Raphaël souffre, c’est de la faute de Vanessa.

Elle quémande son amour, elle cherche son approbation, paye tout, de la nourriture à sa société et son redressement judiciaire. Toujours dans la culpabilisation extrême, il est infect sauf devant ses amis. Chaque engueulade dure 3 jours et même quand elle essaye d’aller dans son sens, il lui dit qu’elle le prend pour un con.

Au fil du temps, elle apprend qu’il a grandi dans une secte, où avaient lieu des pratiques libertines, voire des orgies sexuelles devant les enfants. Il a vu son père imposer des relations sexuelles tous les jours à sa mère et trouve normal de faire pareil.

Ce qu’il aime, c’est sa dévotion, il ne veut la partager avec personne.

Il cherche même à devenir le meilleur ami de ses meilleurs amis et manipule tout le monde, avec brio. Pour cette raison d’exclusivité, il ne veut pas d’enfant, ce qui rend Vanessa malheureuse. Et puis un jour, elle a un accident de voiture et elle réalise qu’elle se désintéresse de sa propre vie. Elle entame une psychanalyse qui la réveille. Elle se réaffirme doucement ce qui rend Raphaël fou !

En 2015, elle est prête à le quitter. Alors Raphaël se rend chez ses parents et leur demande la main de Vanessa, sans la consulter. Vanessa ne parvient pas à sortir de son emprise.

Ils se marient en 2016. Il déclare devant tout le monde :  » Maintenant tu m’appartiens, je fais ce que je veux de toi « , sans que personne ne réagisse. Le calvaire de Vanessa continue. Elle est violée tous les jours, la violence explose. Il la menace et lui explique que si elle meurt, personne ne la pleurera.

Vanessa s’étiole, elle n’a plus de travail, plus de sous, ne veut plus d’enfants. Novembre 2017, en rentrant de chez des amis, elle lui fait « l’affront » de le laisser attendre 10mn. Dans la voiture, il explose de violence. Il l’attrape par la gorge. Vanessa voit son regard de haine, il n’arrive pas à desserrer ses mains de son cou et la plaque au sol dès qu’elle se débat. Vanessa part à Paris le lendemain. Il lui dit  » casse toi « .

Sa famille et ses amis enfin au courant l’enjoignent de le quitter. 15 jours après elle apprend qu’elle est enceinte.

On lui conseille d’avorter ou de ne rien dire au père.

Vanessa décide de le prévenir et de rester dans le sud dans un logement séparé. Elle propose une séance de médiation qui se passe mal. Vanessa fait une crise de panique. Raphaël reconnait ses actes mais pas de réaction de la médiatrice. Il lui dit  » je vais te laisser bien seule dans ta merde et comme ça tu vas perdre le bébé  » et ainsi s’achève la médiation.

Pendant la grossesse, Vanessa compartimente, pour pouvoir travailler. Elle fait ce qu’on appelle de l’amnésie traumatique. A la naissance de sa fille, Raphaël s’est déjà remis en couple. Mais il tente immédiatement de reprendre son emprise. Il veut la contrôler. Pendant 4 mois, Vanessa accepte qu’il vienne tous les jours, sans prévenir. Il surveille ses faits et gestes. Elle retourne au travail au bout de 4 mois, en 2018. Jusqu’à mars 2020, il est sensé avoir la garde de sa fille de 14h à 17h le vendredi. Vanessa continue de subir sa violence, il vient chez elle, l’injurie.

Violences intrafamiliales : puis les violences sur l’enfant…

Dès mars 2019, le comportement de leur fille change brusquement. Elle revient énervée de chez son père, elle hurle, elle tape, jusqu’à réussir à s’apaiser. Pendant le confinement, Vanessa s’installe à Paris chez sa sœur. Raphaël s’en fiche et la contacte peu. Leur fille va mieux.

Vanessa décide alors de se réinstaller à Paris. En juillet, la petite fille part une journée chez son père. Quand elle revient, elle est dans un état effroyable : crise de rage, énurésie, elle se griffe, elle se mord, elle ne sait plus parler. L’enfant refuse d’aller voir son père le lendemain. Quand Vanessa demande des explications, Raphaël répond :  » Moi j’ai passé un excellent moment avec ma fille « .

Elle emmène sa fille voir une pédopsy qui lui explique que l’enfant a besoin de connaitre les concepts de bien et de mal, alors qu’elle témoigne :  » Papa est méchant, papa m’a tapé très fort sur la couche et enfermée dans le noir« .

Vanessa se rend aux UMJ en septembre 2020 où on la met en garde contre une violence incestueuse. Vanessa ne veut pas y croire.

En mars 2021, un juge aux affaires familiales refuse une expertise mais ordonne des visites médiatisées pour le père.

L’enfant revoit alors son père en médiation où les intervenants ne brillent pas par leur formation dans la gestion des violences intrafamiliales. Et bien sûr, ils adorent Raphaël… Vanessa fait alors appel pour obtenir une expertise car sa fille est toujours perturbée par les visites.

La Cour prononce l’expertise et les droits évoluent mais pas l’état de sa fille à chaque fois qu’elle revient de chez son père. Sa fille lui explique :  » Tu sais maman, j’ai fait une bêtise. Moi je me caresse la nénette quand je suis stressée. Quand j’étais chez papa, je me suis caressée car j’avais peur et papa, il est venu me voir et il s’est caressé aussi le zizi « . Elle refuse alors par la suite d’appeler son père « papa ».

Quand l’expertise arrive, Raphaël ment avec aisance. La psy conclut que Vanessa manipule sa fille. Il n’y a pas de contradictoire. La petite fille raconte tout pourtant, mais la psy dit que ce sont les paroles de la maman. Lors de l’audience en juin 22, la juge est tellement agressive que l’avocate de Vanessa repart en pleurs et démissionnera ensuite. Les violences intrafamiliales sont niées.

Vanessa refuse néanmoins de laisser sa fille retourner chez son père. Elle est alors convoquée pour non représentation d’enfant. Le même jour, elle apprend que Raphaël est venu chercher leur fille à l’école et qu’elle est partie sans affaire à Bézier. Quand Vanessa parle à sa fille, celle-ci lui redit que son père la tape sans explication et qu’il la caresse car  » il a le droit « . Son avocat et le juge des enfants lui conseillent d’exécuter l’arrêt d’appel. En octobre, une médiation est mise en place pour  » rétablir le contact avec monsieur « . Et la psy de l’enfant fait un 2nd signalement et envoie Vanessa aux urgences à Necker.

Pour la première fois, elle est crue. Le viol de sa fille est aussi confirmé aux UMJ.

Elle porte plainte avec ces deux rapports et continue la non représentation d’enfant. Hélas, avant l’audience, l’avocate découvre que l’ASE a rendu un rapport préconisant le placement, même s’ils n’ont vu Vanessa qu’une heure et jamais l’enfant. Pendant l’audience, c’est le procès de la mère qui est fait. La juge refuse d’entendre l’enfant et demande un placement immédiat.

Quand Vanessa dit au-revoir à sa fille en larmes et lui déclare :  » Personne ne peut nous séparer « , la juge rétorque :  » Ah si, moi « . Vanessa s’insurge : « Ce n’est pas la Justice, c’est de la maltraitance, vous n’avez rien à me reprocher « , la juge lui assène :  » Si, vous êtes un danger à son développement psychologique. »

Depuis, la « Justice » a tranché.

Vanessa a le droit de voir sa fille une fois par mois à cause de ses « débordements émotionnels ». Mais pour Raphaël, il y a présomption d’innocence…


Pour comprendre ces problématiques lors de violences intrafamiliales nous vous conseillons la lectures de l’article « Pourquoi faut-il réformer le délit de non représentation d’enfant ? » et de notre Manifeste. Enfin si vous souhaitez en savoir plus sur un type particulier de violences intrafamiliales que sont les violences sexuelles n’hésitez pas à consulter notre article « Repérer, prévenir et agir contre les violences sexuelles faites aux enfants« .

Priscilla n’arrive pas à protéger son fils du viol et des agressions sexuelles qu’il a subis par son géniteur

Témoignage de déni de Justice Priscilla n'arrive pas à protéger son fils des viols et agressions sexuelles qu'il a subis par son géniteur.

Dans une période émotionnelle difficile de sa vie, Priscilla rencontre Xavier qui lui semble si parfait les premières années.

Mais au fil du temps, Xavier se révèle un manipulateur qui installe une emprise sur la jeune femme, l’éloignant des siens et sapant sa confiance. Quand Priscilla tombe enceinte, cela empire. Les menaces et agressions se multiplient. Xavier ne supporte pas l’attention qu’il estime perdre. Priscilla est dans un état de stress important et la grossesse se passe mal. Leur fils nait à 6 mois prématurément. Le jour de l’accouchement, alors que Xavier connait l’allergie à la cortisone de la jeune femme, il insiste pour qu’on lui prescrive un médicament risqué. Heureusement, Priscilla s’en rend compte et alerte le personnel avant de l’ingérer.

Elle réalise qu’il a tenté de lui nuire une fois de plus. Elle entre alors en vigilance constante, pour protéger elle et son fils.

Priscilla résiste comme elle peut à cet homme qui continue ses agressions quotidiennes, parfois armé !

Au bout de 2 ans, elle trouve la force de demander le divorce.

Elle pense quitter l’enfer mais Xavier ne supporte pas de la voir échapper à son contrôle et continue de la harceler. Il ira jusqu’à tenter de les tuer. La garde de l’enfant est accordée à la mère. Le père n’a que des visites en lieu neutre au départ, du fait de sa violence. Une enquête sociale est ouverte. Et puis, l’impensable se produit. De retour d’une visite chez son père, sans surveillance, le petit garçon de Priscilla, âgé de 4 ans, revient terrorisé, épuisé, amorphe. Il ne tarde pas à raconter à sa maman qu’il a été victime de viol par son papa. Priscilla le croit et alerte un médecin.

Ce dernier constate hélas l’agression sexuelle et rédige un certificat avec une lourde ITT. Il recommande une seconde expertise.

Deux jours plus tard, la police envoie Priscilla vers un médecin légiste qui constate aussi les lésions et recueille la parole du garçon. 5 jours plus tard, une enquêtrice sociale se rend au domicile de Priscilla. C’est la première fois que l’enquêtrice se déplace malgré de nombreuses maltraitances antérieures déclarées. Elle reste 15 minutes et ne s’intéresse qu’aux origines de la maman de Priscilla. Quand elle part, le petit garçon explique à sa mère qu’elle est déjà venue chez le papa, le jour du viol et qu’elle est « méchante ». Au second rendez-vous, l’enquêtrice sociale déclare : « Monsieur n’est pas coupable des faits qui lui sont reprochés ».

Non seulement elle ne signale pas le viol mais elle se positionne clairement en faveur du géniteur.

Priscilla demande une ordonnance de protection au juge des affaires familiales (JAF).

10 jours après la plainte, une gendarme la contacte en colère. Elle attendait le fils de Priscilla pour une audition Mélanie mais Priscilla n’avait pas été avertie du rendez-vous. Elle arrive en urgence avec son fils à la gendarmerie où elle est reçue fraîchement. Peu rassuré, son enfant est emmené dans une salle froide et intimidante, loin  des recommandations du protocole Mélanie. Le garçon, apeuré, refuse de parler.

19 jours après la plainte, 5 policiers, et 2 personnes se présentant comme des services sociaux dépendant de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), cherchent à défoncer la porte du logement de Priscilla. Ils ont une ordonnance de placement provisoire, non datée, non signée, non tamponnée,  convoquant la maman pour une audience devant le juge pour enfant.

Mais surtout, ils viennent récupérer l’enfant pour le placer. Voici ce qui est indiqué sur l’ordonnance :

  • Existence d’un signalement et d’un bilan de l’enquêtrice sociale JAF à charge contre Priscilla (mais inconnu d’elle)
  • Critiques étranges : l’enfant ne saurait pas manger seul, il serait isolé car Priscilla a du faire l’école à la maison du fait de sa phobie scolaire (avérée et attestée d’un expert médical). Il a un strabisme de naissance ??
  • Condamnation du comportement de Priscilla « agressive avec les professionnels” qui l’interrogent.

Il est aussi écrit que Xavier sera convoqué au tribunal correctionnel fin de l’été 2022 pour “détention d’arme non autorisée” (suite à l’une des plaintes soit disant classée sans suite sur l’Ordonnance de Placement Provisoire (OPP)). De plus, il est noté 2 fois également que monsieur devrait répondre de faits de viol sur son fils.

Le lendemain du placement de son fils par l’ASE, le JAF lui apprend que son ordonnance de protection est refusée au motif que l’enfant vient d’être placé. Trois jours plus tard, Priscilla est convoquée par l’ASE en vue de discuter de la situation dans un lieu étrange : un site de vente aux enchères. Elle réexplique le contexte de violences, de maltraitances et de viols. L’interlocuteur parle du père par son prénom, avec une connivence affichée. Elle peine à obtenir l’adresse pour revoir son fils en visite médiatisée et obtient une entrevue d’une heure, 6 jours après son placement (Xavier, lui, a pu le voir le lendemain). L’enfant est dans un état de stress intense, il dit qu’il a faim et qu’il veut rentrer avec sa maman. 8 jours plus tard, le bilan de l’enquêtrice apparait enfin ! 40 pages non datées, non signées mais tamponnées du greffier 8 jours plus tôt.

L’avocat de Priscilla peut témoigner que le dossier était vide jusque-là. Un éducateur de l’ASE contacte la jeune femme et lui explique ce qui sera dit à la juge à l’audience :

  • remise en cause totale du viol constats inquiétants :
  • enfant avec des troubles du sommeil, blanc et cerné + retard de développement psychomoteur (il ne met pas seul ses baskets)
  • scolarité à domicile problématique
  • grand mère envahissante
  • conflit parental massif
  • Priscilla remet toutes les fautes sur le père.

Avec tous ces éléments en main, le jour de l’audience, la juge des enfants apostrophe Priscilla de manière incisive : “Madame, où est le danger ? ”. Priscilla tente de parler de son choc dû au placement.

Mais l’enquêteur de l’ASE remet en cause les plaintes pénales contre le père, sans légitimité. L’avocat dit que Priscilla « michtonne », malgré les 3 plaintes. La juge finit par statuer la poursuite du placement pour 6 mois, précisant quand même qu’à la vue de l’enquête pénale, elle ne peut laisser l’enfant à son géniteur.

Depuis cette audience, Priscilla n’a pu revoir son fils que 3h en trois mois.

Pourtant la juge stipulait 1h de visite médiatisée par semaine et 2 appels téléphoniques. Quand Priscilla contacte l’ASE le lendemain, la personne au téléphone ne la trouve pas dans les dossiers. Elle ne comprend pas Priscilla qui lui dit que son fils est pourtant déjà placé chez eux. Elle l’avertit néanmoins qu’il y aura des différences entre le jugement et son application et qu’elle ne peut pas contacter quotidiennement son fils, même 2mn, pour savoir comment il va.

Effectivement, 11 jours après l’audience, l’ASE décide que Priscilla ne peut appeler son fils que les lundis et mercredis à 18h et qu’elle ne verra son enfant qu’une fois par mois. Pire, comme c’est les vacances et que la personne en charge du dossier est absente 2 mois, Priscilla devra attendre son retour pour voir son fils.

Priscilla souffre d’un tel déni de justice.

Pourquoi son fils se retrouve-t-il placé, obligé de voir la personne qui l’a violé et interdit d’être avec celle qui le protège ? Pour elle, le placement est la conséquence des mensonges du géniteur pour détourner l’attention sur son viol.

Elle témoigne également de ne pas faire confiance à l’ASE, qui soutient bien trop souvent les parents maltraitants. Enfin, elle souhaite rappeler qu’un « classement sans suite » n’est pas la fin et qu’il faut continuer de se battre pour prouver la culpabilité des agresseurs !


Pour en savoir plus sur les dysfonctionnements de la Justice et les préconisations de l’association Protéger l’enfant vous pouvez consulter notre Manifeste.